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[Musique] olá boa noite sejam muito bem-vindos ao Roda Viva estamos no AR para todo o Brasil pela TV cultura e emissoras afiliadas e NAS telas do mundo todo pelas diferentes plataformas digitais e pelo épico play na última flip a Feira literária de Parati um jovem escritor de apenas 32 anos foi aplaudido de pé em um auditório lotado ao fazer um relato cortante e sem rodeios a respeito de como a violência atravessou sua história e a da sua família desde a infância pobre Numa cidadezinha no Norte da França até o rompiment [Musique] E familiar mas sobretudo
social e política que aparece toda a sua crza em seis romances biográficos a maioria deles lanada no Brasil pela Editora todavia o mais recente a chegar por aquí e que está comigo Monique se Liberta queata segunda fuga de sua mãe das humilções que er submetida por um homem depis de terito o mesmo rela a P autor expor de forma t explícita a realid qual cresceu l rendeu contestaçes e rompimentos com familiares mas ele Agora diz que E tema está encerrado é um privilégio para nós receber aqui no estúdio um dos nomes mais relevantes da literatura
Mundial contemporâa então se preparem porque ouvilo é t impactante quanto lêlo no centro do Roda Viva o escritor Fran [Musique] eduari 2an Norte da franç primiro 21os de Ed uma referciaome princiis no Brasil Moni se Liberta P Editora toavia formado em sociia escola normal superior de Paris e foiteronal de Para para entrevistar o edar lui nós convidamos Gabriela Mayer apresentadora do podcast café da manhã da Folha de São Paulo marina de la Vale jornalista e tradutora Pedro Pacífico Advogado e produtor de conteúdo digit literáo Paula Jacob jornalista e pesquisadora Roberta Martinelli apresentadora da TV cultura
e da rádioorado conta ver les boa noite edard prazer receblo aquí prazer tamb ouvlo flipons quer dis todo mundo arrepiado quando você diz que a violência que permeou a sua infância e o levou a fugir da sua vida ela aconte como umarente elérica um ciclo em que não havia violentadores E violentados SIM um fluxo que circula entre os corpos ISO disse num contexto em que você afirma também que escreve sobre a sua família para vingálos queria que você disse qual foi esse caminho que você precisou percorrer para entender essa questão de como a violência era
um fluxo que se espalhava entre todos para perdoar os seus pais e a você mesmo e de certa forma fechar as Contas acertar as Contas e passado se é queo possív oui je dirais que le la violence c'est la chose que j'essaie de de comprendre de livre en livre d'où vient la violence comment elle se produit comment elle émerge comment elle traverse les corps et au fond le monde dans lequel j'ai grandi c'est un monde ouvrier du Nord de la France un monde extrêmement pauvre extrêmement précaire où la plupart des individus dans ma famille avaent
pas fait d'études ont arrêté l'école à 13 14 ans on travaillait à l'usine on travaillait comme femme de ménage on travaillait comme les dans des McDonald's dans les plateformes Amazon des formes de travail très très précaaires et au fond la la violence que les individus recevaient sur leur corps ce que je raconte dans mes livres c'est qu'il la reproduiser sur les autres justement comme un courant électrique et ça c'est si vous voulez une loi sociologique qui est aussi une loi psychologique c'est quelque chose qui arrive à tout le monde qui vous arrive à vous qui
m'arrive à moi c'est que parfois vous avez une mauvaise journée dans votre vie parfois vous avez une journée stressante au travail vous avez quelque chose qui se passe mal et le soir quand vous rentrez chez vous vous êtes agressif ou vous êtes agressive avec une personne que vous aimez et après vous vous vous en voulez parce que vous comprenez que cette violence elle vient pas de vous qu'elle vous a utilisé qu'elle vous a traversé et donc cette cette cette cette situation là qu'on peut traverser quand on a des vies privilégiées comme les nôtres les individus
du monde de mon enfance les ouvriers les pauvres les précaires c'est quelque chose qui vivait tous les jours tous les jours est-ce que je vais pouvoir payer mon loyer est-ce que je vais pouvoir donner de la nourriture à mes enfants est-ce qu'on va me chasser de ma maison est-ce que je vais pouvoir continuer à mettre du feu dans la cheminée pour chauffer la maison évidemment cette situation produisait une anxiété permanente qui produisait une violence entre les individus parce que la vie était une forme de de déséquilibre permanent d'être au bord du précipice de dire on
va s'effondrer et et c'est ça que j'essaie de comprendre c'est cette cette violence qu'on reçoit et qu'on produit au moment où on la reçoit et ça c'est quelque chose que tout le monde connaît mais que très souvent on analyse en terme psychologique et qu' on interprète pas en terme sociologique d'essayer de comprendre à quel point on reproduit la douleur qu'on reçoiteve o seguinte no vilarejo não bastava ser um Durão era preciso também saber fazer de se filhos durões um pai reforçava sua identidade masculina por meio de seus filhos aos quais ele devia transmitir seus valores
viris você cresceu nesse ambiente rodeado por uma masculinidade opressora você acredita que a fuga desse ambiente te salvou ao mesmo tempo em que condenou outros que não conseguiram fugir talvez como seu pai e seu irmão totalement c'està que tout de suite quand je suis né quand je suis venu au monde quand j'ai appris à parler quand j'ai appris à bouger quand j'ai appris à me déplacer j'ai brisé les rêves de mon père j'ai détruit tous ses rêves mon père rêvait d'avoir un fils masculin dur qui ferait du football qui aimerait les [Musique] filles et j'étais
un petit garçon gay eff féminé qui désiraient les autres garçons qui avait horreur du sport et au fond le corps que j'incarnais était une forme de de trahison pour mon père je trahissais sa masculinité parce que pour comme vous disiez pour pour lui-même produire sa masculinité il avait besoin d'avoir un fils masculin être un vrai homme c'était emmener son fils au football avoir des conversations masculines avec lui l'apprendre à bricoler et moi j'étais pas ça moi j'ai jamais réussi à être ça j'ai jamais réussi à être la personne qu'on attendait et j'ai beaucoup souffert de
cette violence ce que je raconte dans mes livres à partir du moment où je suis arrivé au monde on m'a on m'a appelé péd tantous tapè mais finalement ce que j'essaie de comprendre c'est la façon dont dont cette violence m'a sauvé parce que j'avais pas d'autre choix que que de partir parce que j'étais exclu j'avais pas d'autre choix que de de m'en aller d'aller dans une ville d'aller faire des études de lire des livres et tout ça je l'ai pas fait parce que j'étais plus intelligent que les autres ou parce que j'étais plus sensible que
les autres mes livres sont aussi une forme de de querelle avec l'histoire littéraire une guerre contre la littérature dans laquelle on raconte toujours les les histoires de personnes qui fuiti leur milieu qui fuiti leur enfance comme étant des personnes plus intelligentes plus libres plus sensible moi j'étais pas plus sensible j'étais simplement exclu et j'ai dû partir à cause de ça et mes livres racontent ce ce paradoxe de la domination et le fait que si aujourd'hui je pouvais voyager dans dans le temps si aujourd'hui je pouvais retourner en arrière je ferai en sorte que les gens
crachent sur moi encore je ferai en sorte que les gens me traitent de péd encore parce que c'est ce qui m'a poussé à partir et en même temps j'en souffrais terriblement évidemment et qu'est-ce que c'est que d'être d'être sauvé par la viol par la violence qu'est-ce que c'est d'être sauvé par l'exclusion espèce de paradoxe que j'essaie de comprendre en littérature bien a noite é umazer aqui eu I come por outro caminho mas V embarcar na pergun do Pedro você esceve também no que você repetia para mesmo hoje eu V ser um Durão hoje o que
repete para [Musique] meso je [Musique] réète au'h faut se battre c'est ce que je pense aujourd'hui ce que j'essaie de ce que j'essaie de produire c'est une une littérature de combat une littérature qui affronte le monde une littérature qui affronte toutes les questions qu'on vient d'évoquer de la violence de l'exclusion de la dépossession sociale et au fond c'est cette littérature c'est une littérature qui est très difficile à construire très très difficile à concevoir parce que le fait est que sociologiquement en littérature la plupart des personnes qui écrivent la plus personne la plupart des personnes qui
lisent viennent de milieu privilégié viennent de classe privilégié dans l'histoire de la littérature presque tous les grands écrivains toutes les grandes écrivaines venaient de milieu privilégiés Marcel prou William folkner Virginia Wolf c'était tous des grands bourgeois qui ont créé des œuvres magnifiques qui ont créé des œuvres sublimes qui ont créé des œuvres euh très importantes euh mais mon corps mon expérience et ma voix viennent d'autre part et je dois essayer au quotidien de trouver une place à l'intérieur de cet espace littéraire aussi parce que j'ai l'impression que toutes les normes de la littérature toutes les
règles de la littérature euh tout ce qu'on dit de la littérature euh m'empêche de raconter l'histoire que je veux raconter vous savez une des choses qui une des choses qui me frappe c'est quand par exemple j'ai commencé à écrire des livres je lisais toujours dans des articles de presse ou dans des journaux ce livre est un bon livre parce qu'il est sans pthos parce qu'il y a pas de paatos c'est une une formule que que je voyais très souvent que je lisais très souvent et au fond je me souviens que je lisais ça à l'intérieur
de l'espace littéraire à l'intérieur du monde littéraire et moi je me disais mais mon père a 50 ans il peut plus marcher parce qu'il a travaillé à l'usine toute sa vie parce qu'il a été balayeur mon frère a 38 ans il est mort parce qu'il buvait de l'alcool il s'est effondré sur le carrelage de sa cuisine à 38 ans à cause de l'alcool qu'il buvait ma mère a vécu toute sa vie dans un monde dans lequel on lui disait tu restes à la maison tu fais la cuisine tu élèves les enfants tu te tais tu
travailles pas tu passes pas le permis de conduire parce que c'est pas le rôle d'une femme et moi si j'écris pas un livre qui fait pleurer alors je trahis ses vie alors je raconte pas entièrement ces vies et tout à coup je me rendais compte que toutes les R rgle implicite de la littérature toutes les normes de la littérature m'empêcher de raconter le corps de ma mère le corps de mon père le corps de mon frère parce que si le monde littéraire me disait un bon livre c'est un livre sans pthos alors ça voulait dire
que j'avais pas le droit de raconter l'histoire de mon frère parce que l'histoire de mon frère c'est l'histoire d'une vie de Patos d'une vie triste d'une vie tragique et c'est ça que je dis quand je je raconte que je dois affronter la littérature au quotidien c'est que toutes les normes de la littérature elles ont été inventées par des gens qui venaient pas du même monde que le mien et je dois me battre avec la littérature et contre la littérature pour pouvoir faire ce que je fais donc c'est çaase que me da parte da cultura né
a sua experiência com a diferença de classe de vida tem um lugar muito particular que para mim parece que tá no meio né você não tá nem Ali nem cá um lugar que me lembra inclusive a questão da tradução de lnguas Mas acho que nesse caso de linguagens de signos culturais um jeito de comer um jeito de se vestir um jeito de se pensar tudo como forma de conquistar um espaço de pertencimento a cultura então me parece como um forte marcador dessa diferença como você tava comentando então eu queria que ouvir um pouco mais de
você sobre essa cultura também como um marcador de violência não só a opressão né do do seu pai dessa coisa do machismo mas também a cultura quando você tem acesso a ela isso também te causa esse lugar como uma oui la culture pour moi ça a été deux choses la culture ça a été l'émancipation et la libération parce que la culture c'est la première fois quand j'ai lu des livres quand j'ai vu des films c'est la première fois que j'ai trouvé d'autres langages que l'injure ou que l'insulte pour parler de moi-même pour parler de mon
corps pour parler de ce que j'étais pour parler de mon désir dans mon enfance le seul mot qu'on connaissait pour dire ce que j'étais c'était l'injure c'était salpéd c'était sal et tout à coup quand j'ai découvert la culture quand j'ai découvert prou quand j'ai découvert Pedro almovard quand j'ai découvert gusv sent quand j'ai découvert Simone de Beauvoir je me suis rendu compte qu'il existait un autre langage pour parler de moi qui était pas un langage de l'injure mais qui était un langage qui me disait que j'avais le droit d'exister qu'il y avait d'autres gens comme
moi qui avaient existé qu' avait d'autres gens comme moi qui avaient désiré de la même manière que moi qu' avait d'autres gens qui avaient dû s'enfuir et donc la culture elle a évidemment représenté la fuite une fuite totale mais en même temps la culture et ça pour moi c'est très important de le dire c'était aussi le lieu de la violence la culture c'était le l'écart entre la classe dominante et la classe dominée je me souviens que quand que quand j'étais enfant quand ma mère voyait un livre quand elle voyait un grand journal culturel comme le
monde ou ou ou libération euh quand elle voyait un roman que je ramenais de la de l'école parce qu'on étudiait Émile Zola ou Victor Hugo à l'école ma mère se sentait agressé parce que quand elle voyait un livre le livre était comme le symbole de la vie à laquelle elle aurait jamais accès la vie de ceux qui ont le temps de lire qui ont le privilège de lire qui ont les compétences pour lire parce que lire c'est difficile lire Tony Morrison William fulkner Claude Simon c'est difficile et je me souviens que que quand j'avais un
livre à la maison ma mère me disait tu te crois mieux que nous tu crois que tu es meilleur que nous parce qu'elle se sentait agressé terriblement c'était comme un marqueur absolu de la différence alors que bizarrement l'argent était moins violent bizarrement quand on voyait le la maison kit dorée de Donald Trump ma mère rêvait elle se disait j'aimerais j'aimerais avoir ça un jour j'aimerais avoir quelque chose comme ça évidemment ce rêve c'était une aliénation c'était ce que le capitalisme lui faisait croire qu' qui qu'il fallait vouloir mais au moins elle rêvait alors que quand
elle voyait un livre le livre était un verdict définitif qui lui disait tu ne fais pas partie de ce monde tu ne feras jamais partie de ce monde des gens qui qui parlent bien parce qu'ils lisent des livres qui parl doucement parce qu'il livent des livres qui savent bien se tenir parce que ils ont appris à s'asseoir au théâtre à l'opéra et et et c'est vrai que quand je suis arrivé dans le monde littéraire quand j'ai commencé à écrire des livres j'entendais partout autour de moi le une sorte d'idéologie de la bourgeoisie sur la littérature
qui disait toujours la littérature ça réunit les individus ça construit des ponts ça nous ouvre l'esprit moi la littérature avait rien fait pour ma mère la littérature avait humilié ma mère la littérature avait humilié mon père leur avait fait comprendre que ils étaient pas légitimes ce qui fait que quand j'ai commencé à écrire j'avais encore une fois cette espèce de de double position de double opposition d'être avec la littérature mais d'être contre la littérature de ne pas oublier que la littérature elle nous avait aussi produit de la violence sur nous et je pense qu'un des
meilleurs un des meilleurs moyens de de rendre hommage à la littérature c'est de c'est aussi d'avoir cette distance avec elle de de la critiquer de pas la prendre pour acquise quando desceve a sua mç deasse você US termo transf Deass portugu ao que seria trfo de classe o termo que FO classificado que foi que foi etizado e e terode de certae também serentendido comoeror social nosros da eu ve quea tem um sentimento de culpa de uma certa uma certa traição da classe que ela tava antes mas eu não vejo isso muito nos seus livros como
que é essa diferença você sente algum tipo de de culpa por ter mudado de classe ou então algum sentimento de traição DA classe como ela coloca ou é isso que isso não existe mais isso desapareceu entre as gerações de vocês né porque ela Ali Lidou com o tempo isso tem a ver com a identificaçãoum eh de uma pessoa com a a classe operária isso mudou hoje a a posição política de identificação je j'ai jamais eu le sentiment de j'ai jamais eu le sentiment de trahir parce que j'ai jamais eu le sentiment de d'appartenir et pour
trahir il faut appartenir on peut trahir que quelque chose à quoi on appartient et et la différence de de de de Annie hernaud qui avait une relation proche avec ses parents qui avait même si cette relation était difficile avait elle avait une complicité avec avec ses parents dans mon enfance j'ai pas eu cette complicité avec mes parents à cause de la sexualité à cause de l'homosexualité à cause du fait que mes parents me disaient pourquoi tu parles comme une fille pourquoi tu marches comme un péd pourquoi tu es pas normal pourquoi tu parles pas normalement
etce qui fait que que quand je me suis enfui quand je suis devenu un transfuge de classe j'ai pas eu ce sentiment de trahison j'avais l'impression de de de de me sauver tout simplement d'essayer de me d'essayer de me sauver la vie et et et sans doute on a un rapport annieernaud et moi très différent à ça mais qui est aussi lié comme vous disiez à l'histoire de la classe ouvrière c'est-à-dire qu'au moment où Annie hernaud euh a grandi euh elle vivait dans un contexte où la classe ouvrière était très forte en France et dans
le monde il y avait des grosses usines il y avait des syndicats il y avait des partis politiques qui représentaient la classe ouvrière il y avait le Parti communiste en Europe qui était qui était très puissant et moi j'ai grandi dans un monde dans lequel ces syndicats avaient presque totalement disparu dans mon enfance presque toutes les les usines avaient été fermées elles avaient été délocalisées en Chine en Asie dans d'autres pays où la main d'œuvre est moins cher et au fond le sentiment de solidarité dans la classe ouvrière avait avait presque totalement disparu la fierté
de classe avait presque totalement disparu et donc c'est aussi un un un autre monde que celui de de Annie hernaud que que je décris et et au fond quand on parle de de la classe ouvrière il faudrait justement il faut toujours recommencer parce que cette classe change parce que cette classe se transforme et parce que la classe ouvrière que je décris dans mon livre dans mes livres elle ressemble plus à la classe ouvrière de anerna elle ressemble plus à la classe ouvrière de de Émile Zola et donc c gens unete pour moi ces gens m'ont
permis d'écrire sans eux j'aurais jamais écrit mais la question que je me suis posé c'est qu'est-ce qui a changé aujourd'hui et en effet la solidarité de classe a disparu et comment pe est-ce qu' on peut la recréer autrementér c'est une questionimportant saiu entreas Asaro ningémitorios de violência Mas de alguma maneira tem muita gente que nunca sai da vicia eu sou uma eu Cresci nos anos 80 e aqui no Brasil a gente falava-se muito ah essa criança sofreu muito mas bom porque ela aprende e com o tempo todo mundo sabe que não que uma criança que
sofre muito não aprende é uma criança que depois tem que resolver muitas coisas você acha que escrever sobre a violência ajuda a parar a violência a literatura éaz de chegar aonde vive a violcia oui je pense qu'on peut en tout cas on peut en tout cas essayer et et c'est vrai que une des questions que je me suis souvent posé quand j'ai écrit mes livres où je raconte comment je me suis enfui comment je suis devenu un transfuge de classe c'était aussi d'une certaine façon comment en racontant l'histoire de quelqu'un qui s'est enfuuit je peux
aussi raconter en philigrane l'histoire des personnes qui se sont pas enfuis et c'est presque un un une question éthique qui traverse mes livres c'est de me dire à chaque fois que j'écris comment je trouve le ton le style la manière d'écrire qui fait que même quand je raconte une histoire joyeuse on ressente de la colère que quand je dis je me suis enfui le lecteur ou la lectrice se disent mais pourquoi d'autres se sont pas enfuis j'ai pas envie qu'on regarde ma vie comme l'histoire de quelqu'un qui a réussi c'est formidable il a réussi à
sortir de son enfance pauvre j'ai envie que quand quelqu'un lit mes livres que cette personne soit en colère voilà donc la question aussi de la littérature c'est comment on peut créer de la de la colère avec de la beauté vous raconter une belle histoire l'histoire de quelqu'un qui a réussi à s'en sortir mais avec cette belle histoire vous allez créer de la colère parce que les gens vont se dire pourquoi c'est pas arrivé à d'autres et c'est souvent ce qui m'arrive dans les rencontres littéraires comme comme un PARAD des gens viennent me voir et me
disent moi mon père a pas réussi à s'en sortir ma mère a pas réussi à s'en sortir et ça c'est un équilibre qu'il faut réussir à trouver dans l'écriture pour que l'histoire des transanfug devienne pas une histoire de satisfaction de soi-même qu'on dise pas regarder comme je m'en suis sorti mais qu'au contraire ce soit des livres de colère de rage et de révolte primeiro bloco dessa conversa maravilhosa com Edu vai para um breve intervalo e volta já já com [Musique] cultura que aproxima [Musique] Bradesco estamos deta ho receo o escritor eduar li no centro do
Roda Viva na flip você descreveu de uma maneira brilhante esse paradoxo da dominação que você falou Agora a pouco que é como as pessoas dominadas da sua família conseguiram empreender uma fuga e se libertar e os dominantes acabaram absolutamente arrasados destruídos eh e com isso você estabelece que não dá pra gente falar da violência da mesma maneira entre os indivíduos e o sistema que que os Tor que eles são e você culpa os políticos nominalmente pelo que aconteceu com seu pai uma espée de morte em vida queria saber esse seu posicionamento político tão contundente levou
a que tipo de reações plus puisess j'essacon dans dans mon livre et notamment dans le livre sur mon père qui s'appelle qui a tué mon père c'est la manière dont pour nous dans les classes pauvres la politique était une question intime était une question de vie ou de mort était une question qui traversait notre vie notre corps tous les jours je me souviens que quand j'étais quand j'étais enfant mon père qui avait eu un accident à l'usine un poids était tombé sur son dos à l'usine avait broyé son dos et mon père pouvait plus travailler
et à ce moment-là mon père a touché une une petite pension un petit welfare qui touchait tous les mois parce qu'il pouvait plus travailler qu' a touché pendant plusieurs années et puis un jour le gouvernement de de Nicolas Sarkozy en France a décidé de changer la politique des aides sociales et a dit on va couper les aides sociales aux personnes qui perçoivent des aides et qui ne cherchent pas assez de travail qui ne font pas assez d'efforts pour trouver du travail qui font pas assez d'efforts pour sortir euh de la situation de de nonactivité dans
laquelle ils sont et quand Nicolas Sarkozi a fait passer cette cette réforme tout à coup l'administration française a téléphoné à mon père tous les jours lui envoyé des lettres disait est-ce que vous cherchez du travail est-ce que vous allez trouver un autre travail et si vous cherchez pas un nouveau travail on vous enlèvera cette aide sociale minuscule que vous touchez et moi c'est un moment où j'avais 8 ou 9 ans 10 ans je sais plus mais je savais pas ce que c'était la gauche la droite je connaissais rien à la politique j'ai était un enfant
mais pourtant la politique je voyais que tout à coup une décision de Nicolas Sarkozi elle faisait partie de la vie quotidienne de mon père qu'elle était aussi intime que son premier baiser que la première fois qu'il a fait l'amour avec une femme que sa relation d'amitié avec son voisin que sa relation avec son fils c'était l'histoire de son corps et au fond ce que j'essaie de montrer dans mes livres c'est que plus vous êtes dominé socialement plus vous êtes exclus et plus vous êtes exposé à la politique moi quand je suis arrivé dans la bourgeoisie
à Paris quand j'ai commencé à écrire des livres quand j'ai commencé à faire partie du monde littéraire je me rendais compte que en fait la politique voulait voulait rien dire pour la bourgeoisie parce que quand vous avez des diplômes quand vous avez de l'argent quand vous avez des connaissances vous pouvez vous protéger de la politique moi si aujourd'hui Emmanuel Macron coupe les aides sociales je peux quand même acheter de la nourriture je j'écris des livres je gagne de l'argent je voyage dans le monde je peux quand même acheter des médicaments j'ai pas besoin de la
politique je dépends pas de la politique et ce qui fait qu'en fait il y a une sorte de paradoxe de la politique qui fait que les dominants sont ceux qui décide en politique c'est eux qui ont le pouvoir en politique alors que la politique elle veut rien dire pour eux elle influence pas leur corps elle transforme pas leur vie et comment on fait avec ça comment on fait si les personnes qui choisissent en politique n'ont aucune conscience de ce que la politique veut dire pour un corps quand Jacques Chirac quand Emmanuel Macron arrêter de rembourser
des médicament pour les pour les pauvres en disant on peut plus rembourser ça parce que l'État dépense déjà trop d'argent mon père pouvait plus soigner donc mon père avait mal au ventre à cause de Nicolas Sarkozy mon père avait mal au ventre à cause d'Emmanuel Macron et donc dans mon livre j'essaie de montrer ça j'essaie de montrer cette chosel et c'est quelque chose évidemment que la que les classes dominantes ont beaucoup de mal à comprendre et quand j'ai publié ces livres ils étaient foudrage ils ont écrit des livres contre moi ils m'ont insulté ils m'ont
attaqué mais mais j'ai pris ces insultes comme des médailles je me suis dit c'est parce que je les ai mis mal à l'aise alors j'ai gagné quelque chose en les mettant mal à l'ais maravilhoso tá aberta a Roda Gabriela eu queria perguntar sobre algo que tem a ver com que a Paula perguntou antes essa coisa da cultura queria falar da estética e nos seus livros você você traz uma dimensão estética desse rompimento e aí eu não tô falando da linguagem eu tô falando da aparência você descreve nos seus livros uma aparcia né vou usar a
palavra estética aqui mas uma estética da pobreza da precariedade você fala dos dentes você fala das roupas você fala do Tom de voz dos modos qual é a estética da ascensão a estética do rompimento com ISO e o quanto essa estética importa para você iàdire que pour écrire sur le monde dominé sur lequel j'ai écrit j'ai tout de suite impression que je devais rompre avec les critères habituels de l'esthétique en littérature de ce qui est beau ou de ce qui est pas beau de ce qu'on a le droit de dire ou de ce qu'on a
pas le droit de dire et au fond une sorte de manière de de transformer la définition de ce que c'est que l'esthétique en littérature je sais que par exemple tout à l'heure je parlais de la règle du Patos une des autres grandes règles en littérature c'est la règle de l'implicite très souvent en littérature on va dire d'un livre qu'il est très beau parce qu'il est implicite on lit très souvent dans une dans une dans une critique ce livre est merveilleux parce que rien n'est dit parce que tout est suggéré voyez c'est quelque chose qui revient
souvent je l'ai dans plein de pays dans plein de contextes différents et et je me souviens que quand j'étais confronté à cette à cette règle je me suis dit mais comment est-ce que la littérature a pu produire un monde dans lequel moins on dit de choses et plus c'est beau qu'est-ce qui se passe pourquoi on a créé cette règle évidemment la réponse elle est évidente c'est que la littérature elle est majoritairement comme je l'ai dit tout à l'heure produite par les classes dominantes produite par la bourgeoisie et ils ont pas envie de connaître le monde
dans lequel ils habitent parce qu'ils sont responsables de ce monde ils sont responsables de la pauvreté ils sont responsables des combats qu' ne mènent pas contre la pauvreté contre la violence de classe contre la domination sociale et donc ils ont un intérêt objectif à rester à distance du monde à ne pas trop décrire le monde à ne pas trop décrire la vérité sur le monde donc ce que j'essaie de faire dans mes livres c'est une forme d'esthétique de l'ultra explicite de dire la domination de dire la violence de dire les injure de dire la saleté
de dire la pauvreté de dire les combats quotidiens et de pas produire une forme de de style ou de forme littéraire qui m'éloignerait de ces réalités là et et ça aussi j'ai l'impression que c'est un que c'est un un combat contre un combat contre la littérature oui literatura no corpo nos modos na forma como você se apresenta o quanto isso importa para você e o quanto há uma marcação também da diferença entre os corpos da sua origem e os corpos de Agora [Musique] oui ça c'est une différence totale et absolue c'est ce que j'ai essayé
de raconter dans mon livre qui s'appelle changer méthode où je raconte comment je j'ai fui mon milieu et comment j'ai commencé à à faire des études à écrire des livres et au fond ce que j'essaie de décrire c'est à quel point la différence de classe elle est partout parce que très souvent de l'extérieur dans le discours politique traditionnel dans le discours disons marxiste traditionnel quand on va décrire la différence de classe on va la décrire en terme de de revenus d'accès au logement de place à l'intérieur du monde du travail de place à l'intérieur du
monde capitaliste alors qu'en vérité la violence de classe c'est beaucoup plus que ça beaucoup plus que ça c'est comment on parle comment on se présente aux autres comment on s'habille comment on se coiffe comment on tient son verre quand on boit comment on soigne ses dents est-ce qu'on soigne ses dents ou est-ce qu'on les soigne pas est-ce qu'on parle avec un accent ou est-ce qu'on parle sans accent est-ce qu'on parle avec un accent des petites provinces ou est-ce qu'on parle avec un accent des grande ville et au fond c'est pour ça que la différence de
classe elle est aussi violente c'est parce queentre une classe et une autre classe entre la classe dominée et la classe dominante il y a pas une porte il y a 800 portes il y a 800 portes fermées la façon dont vous parlez la façon dont vous vous habillez la façon dont vous vous tenez et moi dans mon expérience c'est quelque chose que j'ai ressenti de manière intime parce que quand je suis arrivé de la classe ouvrière de mon enfance dans un milieu bourgeois dans un milieu privilégié tout le monde me disait mais pourquoi tu parles
aussi fort comme les pauvres qui parlent trop fort pourquoi tu as les dents abîmées comme les pauvres qui s'abîment les les les dents pourquoi est-ce que tu parles avec un accent pourquoi est-ce que tu t'habilles avec des sports de Soare par exemple parce que les les classes populaires dans mon enfant s'habill en sport Sare parce qu'on regardait les clips de rap à la télévision on imitait les club les gens disent mais pourquoi tu t'habilles comme ça et tout à coup je me rendais compte que pour survivre dans ce milieu je devais tout changer tout changer
de mon corps tout changer de mon apparence et en écrivant cette histoire ce que j' essayé de faire voilà c'est de de donner aussi une nouvelle approche de ce qu'est la violence de classe et de montrer qu'elle est beaucoup plus profonde et beaucoup plus difficile que ce qu'on pourrait traditionnellement penser depuis l'extérieur et c'est pour ça que les classes populaires elles sonont aussi exclu c'est pour ça que c'est si difficile de trouver un travail de trouver un logement d'être pris au sérieux par les autres parce que dès que vous arrivez devant un bourgeois il vous
dira toujours que vous parlez pas de la bonne manière que vous parlez trop fort que vous riez trop fort que vous avez pas de jolie dents que vous êtes pas bien habillé et et je pense que les transfuges de classe aujourd'hui produisent une nouvelle littérature qui permet de complètement repenser les classes sociales de complerto nébre gente fala sobre democratização de acesso à arte e como a Arte Deveria ser para todos e Fico pensando se esse não é um discurso também mentiroso uma vez que a Arte de alguma maneira também é uma uma ferramenta de poder
e de dominação você a que E discurso de Vamos fazer chegar emo oui je pense que c'est un discours idéologique qui ne se pose pas les bonnes questions il existe un un très un très beau texte de de Jean-Paul Sartre sur le théâtre qui a été publié en France au moment où Sartre était était vivant et à un moment donné un journaliste pose la question à à Sartre en lui disant pourquoi est-ce que le théâtre est bourgeois pourquoi est-ce que c'est la bourgeoisie qui va au théâtre pourquoi est-ce que le théâtre est un lieu où
les gens de la classe dominante vont et ensuite vont dîner parlent des spectacles qu'ils ont vu se distinguent parce qu'ils ont vu plus de spectacles que les autres connaissent mieux les noms des metteurs en scène que les autres connaissent mieux l'histoire du théâtre que les autres et donc quelqu'un demande à Jean-Paul Sartre à ce moment-là pourquoi le théâtre est bourgeois et Jean-Paul Sartre répond la question c'est pas pourquoi le théâtre est bourgeois c'est comment le théâtre est devenu bourgeois puisque Sartre dit si vous regardez l'histoire du théâtre antique par exemple la tragédie grecque de sopocle
de heripide de eschil si vous regardez le le théâtre de Shakespeare c'était des grands spectacles populaires dans lequel des gens de milieu très différents venaient dans lequel des gens de milieu très dominés venaient aussi des gens de de la haute société et puis des gens qui étaient des travailleurs et donc Sartre dit si on fait l'histoire du théâtre il faut pas faire l'histoire d'une forme l'histoire d'une essence ou l'histoire d'une définition il faut faire l' histoire d'un vol comment la classe dominante a volé le théâtre pour en faire un objet de distinction pour en faire
un objet qui est distingré de la classe ouvrière eux ils vont au théâtre et les ouvriers il vont pas eux ils sont meilleurs que les ouvriers parce que eux ils vont et au fond c'est cette attitude critique qu'il faut avoir aujourd'hui par rapport à par rapport à l'art par rapport à la culture comment est-ce que la culture a été volée comment est-ce que l'art a été volé par une certaine classe et comment on peut essayer de transformer l'art à partir de cette question c'est pas facile je sais pas je suis pas d'avoir la réponse mais
en tout cas c'est à partir de cette question là qu'il faut se poser la question de l'art eduar em mudar método você comenta sobre um elogio que recebeu de que você estaria se aburguesando e naquele momento esse elogio foi a coisa mais Bela que você poderia TER escutado de alguém eu queria saber porque naquele momento você relata que essa suaensão de uma certa forma causou uma desonexão com a sua família eu queria saber se ESS esse sentimento de desconexão ainda persiste e também hoje em dia qual a palavra mais Bela cont tu n'es pas un
bourgeois alors que dans dans mon enfance et dans mon adolescence c'était le mot qui me faisait rêver parce que bourgeois c'était la promesse d'une fuite cétait la promesse de de la possibilité de de s'échapper d'échapper au destin de mon père d'échapper au destin de mon frère et au fond c'est ce que je raconte dans dans Changer méthode c'est que je raconte comment euh j'ai fait tout ce que la bourgeoisie voulait de moi la bourgeoisie se moquait de moi parce que je parlais avec un accent j'ai corrigé mon accent je m'entraînis à parler devant un miroir
tous les jours pour parler sans accent la bourgeoisie disait que je rigolais trop fort ce qui était c'est quelque chose qui était considéré comme populaire de rire très fort avec la bouche grande ouverte je me suis entraîné à rire autrement il me disait pourquoi tu t'habilles comme ça je me suis habillé autrement et et j'ai posé aucune question sur ce qu'on me demandait j'ai fait tout ce qu'on voulait de moi je me suis totalement soumis aux attentes sociales de la classe dominante et et parce que je devais survivre parce que j'avais tellement peur d'aller à
d'aller à d'aller à l'usine j'avais tellement peur d'avoir la vie de mon père j'avais tellement peur d'avoir la vie de mon frère qui est mort à 38 ans encore une fois de mon cousin qui est mort en prison à 30 ans de mon autre voisin qui est mort de l'alcoolisme à 30 ans je devais échapper à cette vie et c'est étrange d'ailleurs parce que quand vous êtes un transuge de classe quand vous changez de monde social très souvent des gens vous disent tu as trahi ton milieu tu as abandonné ton milieu tu les as laissé
derrière toi comme si c'était une comme si c'était une décision esthétique comme si vous aviez dit ah ben en fait il a a le choix entre deux classes sociales je vais aller dans une autre plutôt que que dans celle de mon enfance mais changer de classe sociale être un transfuge c'est pas une question esthétique c'est pas une question de choix c'est une question de survie c'est une question de ne pas aller à l'usine de ne pas mourir avant 65 ans en France si vous êtes un ouvrier vous avez deux fois plus de chance de mourir
avant 65 ans qu'une personne privilégiée 50 fois 50 % de chance en plus de mourir avant 65 ans et donc les classes sociales c'est pas une question symbolique les classes sociales c'est une question de vie ou de mort et c'est ça que j'essaie de faire aussi dans mes livres de rappeler cette question là de rappeler que quand les gouvernements prennent des décisions contre les pauvres quand ils coupent des aides sociales quand ils enlèvent l'accès à l'hôpital quand ils coupent le budget de l'éducation ces gens-là ont du sang sur les mains parce que la politique ça
veut dire mourir avant quelqu'un d'autre être exposé à une mort Prémat si vous êtes noir en France ou au Brésil vous pouvez être tué par la police si vous êtes une femme vous pouvez vous faire tuer par l'homme avec qui vous vivez si vous êtes une personne gay trans lesbienne vous avez SEP fois plus de chance de vous suicider qu'une personne hétérosexuelle si vous êtes ouvrier vous Mourer avant 65 ans en France en Suède en Angleterre il y a pas d'exception et donc ce qui veut dire que la politique c'est une question de vie ou
de mort et encore une fois les personnes qui font la politique ont tendance à nier ça ont tendance à nier le fait que les décisions qu'ils prennent vont tuer des gens que c'est pas simplement une question de gestion d'opinion d'avoir une idéologie plutôt qu'une autre c'est qui est exposé à la mort c'est ça la politique et c'est ça que raconte mes livres je par a mtod que qu descr proc transformação você também passa por um processo de uma autodpreciação então você fica o tempo todo ah esse não não é o suficiente tô errando preciso melhorar
Numa cobrança muito grande né e muito forte também de ser Lida eh eu Fico pensando o quão difícil foi para você escrever sobre esses sentimentos né revivê-los posteriormente a aos acontecimentos eh você Fez as pesigo Mo nesse sentido não que c'est ce qu'on disait aussi tout à l'heure c'est que être un transfuge de classe c'est c'est ne plus appartenir au monde dans lequel on vient et ne pas appartenir dans le monde dans lequel on est arrivé presque par accident à la suite aussi de combat à la suite de d'effort mais aussi dans une sorte de
fuite qu'on a à peine compris soi-même parce qu'à ce moment-là il faut s'en fuir à toute vitesse et donc on n'est pas exactement conscient de ce qu'on fait et et et dans Changer méthode j'ai voulu aussi j'ai voulu raconter cette cette mélancolie du transfuge de classe cette mélancolie de la personne qui s'est arrachée au monde dont il ou elle vient pour devenir autre chose et quelles sont les traces que ça laisse à l'intérieur de soi et c'est une anecdote que je raconte souvent parce qu'elle est importante pour moi mais ce qui est drôle c'est que
quand j'ai terminé la première version de changer méthode j'en ai écrit 14 15 16 j'ai j'ai beaucoup réécrit euh quand j'ai fini cette cette version je l'ai montré à des à des amis autour de moi où je un livre dans lequel je parle de cette mélancolie de classe de cette mélancolie du transfuge et des personnes autour de moi m'ont dit euh mais tu as pas le droit d'être mélancolique tu as pas le droit de dire ça parce que tu as de la chance tu t'en es sorti tu écris des livres tu voyages au Brésil pour
parler de tes livres tu peux pas être mélancolique et moi quand on m'a dit ça c'est quelque chose que j'ai vécu comme une quelque chose de très violent je me suis dit qui a le droit d'être mélancolique si les si les dominants sont mélancoliques c'est de la poésie c'est toute la tradition romantique c'est gut c'est les écrivains allemands par contre si un enfant pauvre est mélancolique on lui dit qu'il se plaint ou qu'elle se plaint et qu'elle a pas le droit d'être mélancolique et donc quelle est la différence aussi d'accès à la mélancolie dans nos
sociétés très souvent les femmes dans nos sociétés ont pas le droit à la même à la même mélancolie que les autres vous avez une famille vous avez un mari des enfants le mari s'en va trompe sa femme les enfants veulent plus aller à l'école font n'importe quoi et on attend toujours de la femme qu'elle se taise qu'elle maintienne les gens ensemble qu'elle garde toujours le sourire et mes livres posent aussi cette question de la du droit à la mélancolie et qui est un droit politique parce que encore une fois vous vous pouvez aller dans la
rue et dire je suis une femme je veux que ça change je suis gay je veux que ça change je suis pauvre je veux que ça change mais vous pouvez pas aller dans la rue et dire je viens d'un milieu dominé je suis arrivé dans un milieu dominant et je suis mélancolique il y a pas d'espace politique pour ça il y a pas de manifestation pour ça il y a pas de groupe politique pour ça et j'essaie de produire une littérature qui qui donnerait cet espace politique qui l'offrirait qui permettrait de de le rendre dis
Maron Noal de monqueberta quando essa libertação já está já está quase pronta eh você Olha para sua mãe é é um é um pedaço que eu achei muito bonito que você Olha pr sua mãe e diz eh nada mais vai poder machucá-la Agora nada mais pode de machucála Agora eh ao mesmo tempo quem conhece a sua obra sabe que você passou por grandes transformações e já com um sucesso muito grande no primeiro livro muito no olho do público graças à suas também a sua a sua militância política eh e eu queria saber hoje em dia
10 anos depois tem algumaisa que consegue machucar o Eduard há algo que ia machucar o Eduardo porque a mãe já está Numa pela sua visão ela já está Numa fase que nada mais poderia machucá-la ela passou por todas aquelas dificuldades e foi vitoriosa você também muito no olho do público né pelos sucesso dos livres pela pelas questões políticas você acha que ainda tem alguma coisa depois dessa trajetória que pode te machucareans de par le fait est aussi que on n'échappe jamais totalement au milieu dont on vient et la violence peut toujours vous rattraper et c'est
pour ça que j'ai écrit plusieurs livres sur la violence sur la violence dans ma famille sur la violence que ma famille a vécu parce que une des natures de la violence c'est sa répétition un des principes de la violence c'est qu'elle peut toujours revenir voyez quand vous êtes quand vous êtes une femme ou un gay par exemple et que vous êtes agressé dans la rue que vous êtes agressé sexuellement qu'on vous traite de péd ou qu'un homme commet une agression sexuelle sur vous vous devez ensuite vivre avec l'idée que cette chose peut se reproduire quand
vous marchez dans la rue vous savez que ça peut recommencer que la violence peut revenir et au fond c'est ce que c'est ce que Jacques derid qui était un immense philosophe français appelit la spectralité Jacques derida disait il y a des spectres dans nos vies et un spectre c'est quelque chose qui annule l'opposition entre ce qui est présent et ce qui est absent un spectre c'est à la fois quelque chose qui est là et qui est pas là et la violence c'est un spectre parce que parfois même si vous êtes pas agressé même si vous
êtes pas insulé vous savez que ça peut recommencer et vous y pensez à chaque instant et donc ce qui fait que ce qui n'est pas là est là quand même et quand vous êtes une femme vous devez faire attention à comment vous vous habillez souvent dans la rue pour pas vous faire agresser à quelle heure vous sortez est-ce que vous pouvez sortir seul est-ce que quelqu'un doit vous accompagner et donc la violence c'est comme dirait des ridas spectral c'est qu'elle est là et pas là et et on sait jamais quand elle va revenir et c'est
la même chose qui se passe dans l'histoire de ma famille ma mère j'avais écrit un premier livre sur elle qui s'appelait combat et métamorphose d'une femme dans lequel je racontais que elle avait fui mon père après 20 ans avec lui pendant 20 ans elle avait vécu avec mon père mon père lui disait tu restes à la maison tu t'occupes des enfants tu fais la cuisine tu parles pas tu sors pas tu te maquilles pas après 20 ans elle avait réussi à à s'enfuir elle a pris toutes les affaires de mon père elle les a mises
dans un sac poubelle elle les acheté par la fenêtre elle a fermé la la porte elle a dit à mon père de plus jamais revenir et je me souviens que quand elle a réussi cette évasion j'ai écré un livre sur elle en disant ça y est elle a réussi à partir et mon nouveau livre Monique s'évade a lieu quelques années plus tard quand ma mère a rencontré un nouvel homme elle s'installe avec un nouvel homme et une nuit elle m'appelle elle me téléphone j'étais en résidence d'écriture en Grèce et ma mère me dit ça recommence
ça recommence comme avant comme avec ton père l'homme avec qui j'habite bois de l'alcool tous les soirs il est ivre et une fois qu'il est ivre il me traite de de il m'empêche de sortir il m'empêche de manger il me dit c'est moi qui paye la nourriture tu la prends pas dans le réfrigérateur et je me souviens quand ma mère m'a téléphoné cette nuit-là je me suis dit mais c'est pas possible ça revient encore et donc est-ce que ça va revenir ou pas on peut essayer de faire en sorte que ce soit pas le cas
mais mais on sait jamais on sait pas bloc [Musique] cultura que aproxima [Musique] Bradesco estamos de Volta escritor Fran EDI ACIA como dis cíclica e muitos dos integrantes da sua família entenderam como uma forma de perpetração de violcia sua em relação a eles a maneira como você descreveu a sua família e a casa em que você viveu e a sua infância muitos negaram que as coisas tivessem acontecido daquela maneira outros tiveram manifestações inclusive físicas eh para confrontar você eh você tinha calculado que isso aconteceria você achou que era um preço a pagar e que era
necessário e você faz algum tipo de meia culpa por tê-los exposto dessa maneira ou você acha que era absolutamente je Jer rien et et oui je savais que ce serait je savais que ce serait difficile parce que d'une certaine façon dans dans l'histoire de la littérature et dans l'histoire de la représentation des classes populaires les classes populaires sont toujours représenté de deux manières soit elles sont représenté par la la manière de droite la façon conservatrice la façon réactionnaire qui va représenter les pauvres comme dangereux comme paraisseux comme des fénéant comme des gens qui font pas
assez de d'effort donc ça qui est la vision de de bolsonaro d'Emmanuel Macron de Donald Trump qui est une un discours sur les classes populaires qui revient tout le temps en politique et puis de l'autre côté vous avez une autre perception qui va très souvent représenter les classes populaires comme authentique comme étant plus gentil commet étant plus vrai comme étant des bons vivants contrairement à la bourgeoisie qui est hypocrite qui est menteuse qui est manipulatrice et au fond très souvent les les pauvres sont représentés soit comme des sauvages par la droite ou soit comme des
bons sauvages par la gauche c'est exactement la perception classiste est exactement la même que la perception colonialiste vous savez à la grande époque affreuse du colonialisme la manière dont les peuples colonisés étaient représentés c'était soit des sauvages c'est des cannibales c'est des méchants c'est des inférieurs ou soit c'est des bons sauvages ils ont une connaissance de la vie un secret sur la vie que nous on possède pas et en fait ces deux idéologie elles font semblant de s'affronter mais en vérité elles sont complices elles sont ce que Bourdieu appelle des adversaires complices deux mots opposés
en fait ces adversaires complices et je savais que quand j'ai commencé à écrire sur le monde ouvrier je voulais échapper à ces à ces deux vision qui traverse tout même même chez Pasolini même chez un grand écrivain comme Pasolini les pauvres ils sont toujours plus gentils plus agréable il Rigolle toujours ils vivent la vraie vie et je savais qu'en échappant à ces deux idéologies j'allais faire plaisir à personne parce que la droite allit m' vouloir et la gauche allim m' vouloir ceux qui parlent de sauvage all m' vouloir ceux qui parlent de bon sauvage allim
m' vouloir et c'estes deux manière elles sont deux manières de faire disparaître la classe ouvrière parce que personne n'est un sauvage et personne n'est un bon sauvage mais uma coisa est desagradar à direita et isquerda et autra desagradar mãe pai e irmão e isso nenhum momento te conteve oui euh c'est c'est certain que à un niveau individuel c'était quelque chose de euh extrêmement extrêmement violent enfin quand j'ai quand j'ai publié mon premier livre mon frère et mon grand frère est venu à Paris pour me tuer il a pris une batte de baseball j'ai dû m'enfuir
de chez moi j'ai dû aller me cacher dans un hôtel pendant plusieurs jours donc c'était une situation extrêmement compliquée mais je voulais pas que je voulais pas que l'idéologie familiale m'empêche de dire la vérité je voulais pas j'écrivais pas pour mon père ou pour ma mère à ce moment-là j'écrivais pour les dominés en général j'écrivais pour les pauvres j'écrivais pour les Gay j'écrivais pour les femmes et c'était plus important pour moi que mon père ou que ma mère donc je me suis pas posé cette question mais paradoxalement c'est ce que vous disiez aussi paradoxalement cette
ce conflit que ça produit avec ma famille m'a permis ensuite d'avo avec eux des discussions que que j'avais jamais eu et donc ça aussi c'est la complexité de la violencegta de Liv que lanado P to também da Tatiana sal Levi que Chama melhor não contar e já que sei tanto da sua vida né meu pai morreu recentemente eu e meus irmãos brigamos muito e foi umaisa horrorosa e uma frase que eu ouvia muito era título desse livro melhor não contar e eu sempre acho que as pessoas quando falam isso elas colocam contar como o ato
tipo se você contar vai ser muito violento pra Família como se o violento fosse contar e não o ato que foi feito priamente né eu ficensando se cont é escudo ferramentaa que gente c'est un un élément de discours qui revient toujours c'est comme quand une femme porte plainte pour une agression sexuelle on va toujours dire c'est la femme qui est violente de porter plain et de détruire la vie de cet homme comme si le celui qui était responsable c'était pas celui qui l'avait agressé donc encore une fois il y a un parallèle entre l'expérience de
classe et l'expérience de genre en fait qui se ressemble qui se ressemble beaucoup et puis de toute façon vous savez moi je crois que on choisit pas de raconter enfin c'est pas c'est pas un choix individuel c'est que à un moment donné on on n'a pas le choix on doit raconter moi je devais raconter et c'est pour ça aussi que que l'autobiographie c'est c'est l'art des survivants l'autobiographie c'est l'art des dominés en si vous regardez l'histoire de la littérature une fois de plus qui a écrit de l'autobiographie c'est les femmes c'est les homosexuels c'est les
rescapés des camps de concentration c'est les rescapés de guerre parce que il y a une forme de de lien direct entre la violence et la parole en tout cas dans certaines configuration parfois la violence elle écrase la parole elle la rend totalement impossible et dans d'autres cas la violence elle elle produit la parole et enfin moi je me souviens que vous s il y a aussi une très belle réflexion de à un niveau beaucoup plus violent que ce que je raconte moi dans mon expérience qui est ce que raconte Primo Levi qui est un survivant
des des camps de concentration de de de de hwiitz et qui raconte dans un de ses essais qui s'appelle Les Naufragés et les rescapés il raconte j'ai pas survécu au camp puis raconter l'histoire ensuite mais j'ai survécu parce que je devais raconter en fait quand j'étais dans le camp je me disais je dois raconter quelque chose et je me rappelle encore une fois un niveau beaucoup beaucoup beaucoup moins violent que c'était le sentiment que j'avais quand j'étais enfant quand on était pauvre ou quand quand des garçons me crachaient dessus à l'école me disait péd j'avais
9 ou 10 ans mais je me disais un jour je vais raconter cette histoire et ce sera ma vengeance de raconter cette histoire ce qui veut dire je termine là-dessus quelque chose de très intéressant c'est que la violence malgré tout elle est vulnérable parce que si la violence elle produit dans certains cas la parole alors la violence elle contient le risque de sa propre destruction la violence elle est comme un vous savez comme un un virus dont on prend une petite partie pour faire un vaccin et pour détruire le le virus lui-même la violence quand
quand elle pousse des gens à a parler elle pousse des gens à raconter la violence à la voir et donc à pouvoir la combattre et et ça c'est un espace politique et littéraire dans lequel on a une marge de manœuvre si la violence nous fait parler alors elle est en danger et on peut essayer de la combattre et c'est ce qui s'est passé avec l'histoire des femmes des noirs des peuples opprimés c'est eux qui ont écrit des livres c'est Tony Morrison qui a écrit des livres c'est pas les colonisateurs c'est pas les esclavagistes c'est elle
c'est elle la grande écrivaine c'est pas eux maravilleose Pedro eduar ainda sobre o contar não pra Família nesse caso mas contar pro mundo contar por meio dos livros você disse um documentário feito sobre você cada vez que você diz que muda eu Mudo você dá possibilidade de alguém dizer eu quero mudar assim como você eu também sou gay mas demorei muito tempo para me aceitar e nunca tive muitaesentatividade na minha infância seus livros hoje em dia são uma forma Mo importante deesent id eu queria entender na sua opinião como você enxerga o momento atual que
a gente vive para essa mudança para quem quer mudar entimismo oente momento para poder qu optimisme c'est difficile en ce moment on connaî tous la situation politique mondiale dans laquelle on situation de néolibéralisme ultravolent de guerre de domination de classe qui s'empire au 20e siècle on a tous eu l'idée que la domination de classe allait allait s'apaiser un petit peu allait se calmer qu'on était sur la route du progrès et puis en fait on voit aujourd'hui que les choses reviennent en arrière en France vous avez tout un ensemble de d'individus qui travaillent sans contat qui
travaillent sans contrat de travail par exemple les personnes qui travaillent pour uber qui travaillent pour les plateformes de livraison au au 20e siècle on a pensé que tout ça se serait terminé justement qu'on on avançait vers une société euh plus juste plus égalitaire avec des contrats avec de la sécurité avec et donc non être être optimiste c'est c'est difficile mais je crois aussi que mieux vaut être réaliste qu'optimiste mieux vaut si vous regardez l'histoire des dernières décennies du dernier siècle peut-être les discours qui ont changé le monde c'était les discours qui parlaient de la violence
du monde c'était pas des discours nécessairement optimistes c'est le discours de de l'antiracisme du féminisme de la lutte des classes qui ont parlé de choses violentes qui ont dit voilà la vie des femmes et c'est insupportable voilà la vie des pauvres et c'est insupportable et c'est grâce à ça qu'on a pu changer quelque chose et donc paradoxalement on crée de la beauté avec la laideur c'est quand on parle de la laideur du monde qu'on crée la beauté puisquen parlant de la laideur on peut essayer de de fixer cette laideur de la faire disparaître et de
créer un peu plus de beauté c'est pour ça qu'en tant qu'écrivain j'ai jamais réussi à écrire vraiment de de très belles histoires d'histoires d'amour j'ai toujours eu honte des belles histoires j'ai jamais réussi à les raconter parce que je me disais si je parle de la beauté je m'adresse aux gens qui ont déjà accès à la beauté qui ont déjà le privilège de la beauté dans leur vie quotidienne alors que si je parle de choses ideuses si je parle de choses problématiques je peux essayer de produire un peu plus de beauté dans le monde parce
qu'on verra les problèmes et on pourra essayer de les les de les améliorer de changer quelque chose donc oui je suis je suis pas quelqu'un d'optimiste non non pas du tout mais mais mais c'est une bonne chose a vera trouxe uma parte da sua fala na flip que você disse como essa violência circula né e uma das coisas que você falou na sua Mesa é justamente por causa disso que a violência tá em tudo é como se fosse a estrutura eh que ninguém é exatamente responsável pela violência você até Citou cafca sua fala falou somos
todos inocentes no fundo eh quando você pensa isso Numa dimensão coletiva como é que dá para pensar a responsabilização porque a responsabilização é algo importante do nosso acordo social do nosso pacto civilizatório e quando você fala que ninguém é exatamente responsáv há uma forma de responsabilizar os que cometem violência o seu discurso é também um discurso oui je pense qu'il y a pas il y a rien de plus opposé que un tribunal et la littérature le tribunal c'est le lieu où on juge où on punit o on rend responsable et la littérature c'est le lieu
où on analyse où on comprend et à partir du moment où on comprend la réalité on est forcé de voir que que la violence elle vient pas des individus mais qu'elle vient de quelque chose de beaup coup plus grand si on lit encore une fois fulkner ou ou Morrison ou prou on est très loin de l'idée de la responsabilité c'est c'est autre part que sit tu quelque chose et je peux en parler parce que je l'ai vécu d'un point de vue intime je l'ai vécu dans ma dans ma famille et c'est aussi pour ça que
j'ai écrit plusieurs livres sur ma famille comme une fresque parce que ma famille a représenté pour moi une sorte de de laboratoire sociologique et l'histoire de ma mère par exemple qui est la dernière histoire que j'ai écrite moi je me souviens que dans mon enfance ma mère elle vivait avec mon père donc et avec mon père qui l'opprimait énormément au quotidien qui l'empêchait de sortir qu' l'empêchait d'être libre et ma mère elle était une femme très dure ma mère était une femme très violente elle était une femme très sombre qui me disait toujours pourquoi tu
es comme ça pourquoi tu es pas le fils que j'aurais voulu avoir pourquoi tu es pas normal et le jour où ma mère le jour où ma mère a réussi à s'évader de sa relation avec mon père et où elle a plus cette violence qui arrivéit sur elle elle est devenue quelqu'un de totalement différent quelqu'un de totalement de beaucoup plus tendre de beaucoup plus douce de beaucoup plus compréhensive et en fait je me suis rendu compte que sa violence était le fruit de la violence qu'elle recevait de mon père et la violence de mon père
était le fruit de la violence qu'il recevait parce qu'il allait à l'usine parce qu'il était balayeur parce qu'il avait d'argent parce qu'il était humilié par la classe dominante qui disait toute la journée à la télévision les pauvres font pas d'efforts les pauvres sont dangereux les pauvres sont un problème et il y avait une sorte de de circulation comme ça de la violence et je me rendais compte que si on coupait le cycle de la violence les individus devenaient quelque chose de totalement différent et c'est ce que je disais tout à l'heure encore une fois c'est
quelque chose qu'on connaît tous et toutes on a tous des moments où on a une mauvaise journée et on est agressif avec quelqu'un qu'on aime le soir o on sent qu'on est plus soi-même on sent qu'on est comme manipulé par la violence on devient on devient des fils conducteurs on devient des marionnettes de la violence mais si vous coupez ça alors il se passe autre chose et c'est pour ça que sans doute si on sans doute si on voulait faire une société meilleure il faut pas aller chercher du côté de la de la responsabilité mais
des questions collectives comment on améliore le bien-être social comment on améliore les conditions de vie comment on améliore le les salaires des individus et je vous jure que si on fera ça on vivra dans une société beaucoup moins violente et pas si on met des gens en prison pas si on punit des gens pas si on pointe quelqu'un du doigant tu es responsable ça ça a jamais rien changé ça jamais rendu la société meilleure et c'est aussi voilà cette cette chose là que j'essaie de raconter dans mes livresc o terceiro bloco vai para mais uma
pausa e voltamos já já com a pergunta da Paula Jacob da Marina del lav [Musique] cultura que aproxima Bradesco [Musique] o rod viv está de Volta e eu vou chamar para perguntar para Eduard lu Agora Paula Jacob eh na sua trajetória literária você cita bastante todas as bibliotecárias e os livros o quanto que isso te ajudou de alguma forma a compreender o mundo a conhecer novos horizontes enfim eu queria saber se você tem alguma ideia ou algum projeto a Longo prazo de também retornar a isso para estudantes de repente jovens crianças o seu o o
seu ganho com a literatura oui je j'essayie et est-ce que ça la question que ça pose aussi c'est la question de de la responsabilité de de l'écrivain de la responsabilité des écrivaines de comment on fait pour pour faire de la littérature quelque chose qui qui transforme le monde autour de soi et et et et c'est comme ça que je j'essaie de d'articuler au quotidien ma ma pratique de d'écrivain par exemple en allant manifester dans les rues par exemple en signant des pétitions par exemple à la télévision pour parler de mon travail par exemple aller dans
les lycées les universités pour parler avec des étudiants je pense que quelqu'un un écrivain qui dirait j'écris pour les dominer en écr en se battant pour eux en écrivant sur eux et qui ferait rien d'autre à côté cette personne serait un menteur ou une menteuse euh on se bat pas si on fait que écrire on se bat pas si on fait que écrire parce que tout le monde n'a pas accès à la lecture tout le monde n'a pas accès à la littérature et et souvent d'ailleurs il y a une question justement qui me semble naïve
qui est posé souvent en en littérature on fait on dit comment faire pour que les dominés aient accès au livre comment faire pour qu'ils ont accès à qu'ils puissent avoir accès à la littérature mais cette question elle est sociologiquement naïve parce que ces personnes sont précisément sociologiquement défin comme dominé parce qu'elles n'ont pas accès à la littérature donc vous pouvez pas simplement dire comment on fait pour qu' liseent puisque c'est précisément leurs conditions qui leur empêche de lire et donc à partir de là la question c'est comment réinvente le rôle de l'écrivain comment on réinvente
le rôle de de de de la personne qui tient un discours littéraire et c'est quelque chose qu'il faut complètement réinventer au 21e siècle il y a toute l'idée par exemple selon laquelle pour un écrivain ce serait pas ce serait pas bien d'aller dans les médias que ce serait un peu vulgaire que ce serait un peu euh populaire que ce serait marketing que ce serait commercial parce qu'en fait ça voudrait dire quoi ça voudrait dire que tout à coup il y aurait des pauvres qui pourraient voir un écrivain il y aurait des pauvres qui allumeraient la
télé qui verrai un écrivain s'exprimer et là la bourgeoisie perdrait son privilège d'être la seule à connaître les écrivains d'être la seule à connaître la littérature et donc il faut essayer de de transformer vraiment ce que ça veut dire aujourd'hui c'est quelque chose que Jean-Paul Sartre et Simone de beauauvoir avaient essayé de faire et je pense que après Sart et beauoir en France peu d'écrivains avaient essayé de de repenser cette question et aujourd'hui on est quelquesuns quelquesunes a essayé de reposer cette question moi Annie herna didieribon mais on n pas très Mar Liv você de
de lado um projeto que era um livro sobre o seu irmão que que morreu muito jovem né hojeeveo que Esteves se livrortunidade de reagir responder sejam familiares ou sejam políticos né nomeados ao longo dos seus textos essa é a primeira vez que você vai escrever então abordar colocar no centro do livro alguém que já tá morto que não vai reagir o que que ISO muda na hora de escrever na hora de pensar o livro especialmente sendo um irmão né que é uma irmã que FO o irmão que que que o do basbol certo oui moi
là-dessus j'ai une opinion à qui est assez controversé dans le monde de la littérature c'est que je pense que les écrivains et les écrivaines sont sont plus légitime à parler de la vie des gens que les gens eux-mêmes je crois beaucoup à je crois beaucoup à la littérature de ce point de vue là et c'est encore plus vrai quand on pose la question des classes parce que justement une des formes de la violence de classe c'est la manière dont elle nous empêche de voir notre propre vie dans le milieu de mon enfance dans le monde
de mon enfance que je décris la violence elle était tellement quotidienne elle était tellement reproduite on voyait tout le monde être pauvre autour de nous nos voisins nos cousins notre grand-mère tout le monde avait vécu dans le même dans la même vie tout le monde avait une maison abîmée avec le toit qui s'effondrait ce qui fait qu'à la fin du compte la violence on l'appelait plus la violence on l'appelait la vie elle était normale elle faisait partie du côti qutidien et ce qui fait que quand moi j'écris j'écris contre les gens sur lesquels j'écris qui
eux diraient cette violence ça va elle est pas si grave elle est normale et je me souviens sur d'ailleurs sur l'histoire de ma mère que lorsque j'écrivais Monique sévade je parler de ce qu'elle avait vécu avec des hommes dans sa vie avec mon père qui avait été dur avec elle avec un nouvel homme qu'elle avait rencontré après mon père qui avait été dur avec elle et je me souviens lui avoir dit je suis désolé de de ça je suis désolé de voir comme les beaucoup d'hommes dans nos sociétés traitent les femmes et quand j'ai dit
ça à ma mère elle m'a dit ah non c'est pas la manière dont les hommes se conduisent avec les femmes c'est juste ton père qui est chiant qui est comme ça il est toujours de mauvaise humeur parce que ma mère a pas fait d'études elle a pas lu de livre elle a pas lu Simone de Beauvoir elle a pas lu Judit Butler et ma mère elle connaît pas le concept de domination masculine ce qui fait que si ma mère écrivait son autobiographie elle mentionnerait pas la domination elle dirait que ça existe pas ce qui veut
dire que si ma mère écrit sur sa vie elle sera mon ennemi politique je la combattrai je la combattrai elle sera à côté de la vérité elle sera à côté de la réalité elle cachera des choses qui sont trop importantes et donc le quand quand j'écris je crois absolument à l'importance d'écrire sur les autres d'écrire à la place des autres et aujourd'hui il existe en littérature justement toute cette question est-ce qu'on a le droit de parler pour les autres est-ce qu'on a le droit de parler à la place des autres c'est une question qui est
très à la mode dans la littérature contemporaine or pour moi ça c'est une question justement de c'est une question de bourgeois parce que la bourgeoisie voit pas justement que dans les classes dominées on nous vole même la possibilité de raconter notre propre vie Eduard você disse que depois desse livro conflito você não pretende mais escrever a palavra Família não quer mais escrever sobre a sua família mas ao mesmo tempo na resposta Gabriela você diz que não consegue se imaginar escrevendo sobre coisas edílicason eere o a gente [Musique] proj malheureusement pour moi pour nous et pour
vous la violence et les problèmes s'étendent hors de la famille dans nos sociétés donc j'ai j'ai l'impression au contraire de de pas avoir assez d'une seule vie pour écrire tout ce que je veux écrire donc je voudis sur d'autres sujets que que la famille par exemple sur par exemple sur la sexualité par exemple sur l'homosexualité plus précisément par exemple sur l'amitié par exemple sur sur les voyages j'aimerais écrire des choses et et dans lesquel il y a évidemment toujours quelque chose à à raconter malheureusement et continuar sendo biogrfico autobiogrfico algum medida ou você partir para
algo absolutamente ficcial non ce sera autobiographique parce que l'autobiographie elle est insupportable et ça c'est ce que j'aime dans l'autobiographie c'est que quand la personne est en train de lire l'histoire qu'elle lit sur son petit fauteuil son joli fauteuil ou dans son canapé l'autobiographie produit une forme d'agression où on se dit ce que je suis en train de lire c'est en train de se passer ça vient juste de se passer et on peut difficilement détourner le regard comme on fait parfois quand on est dans la rue on voit un SDF on voit un personne dans
une tente et on tourne la tête parce qu'on veut pas être confronté et l'autobiographie elle produit une forme de confrontation politique qui pour moi est immense l'autobiographie est une arme politique qui est immense et d'ailleurs c'est très étonnant aujourd'hui de voir que il y a beaucoup d'écrivains qui disent et beaucoup de journalistes qui disent aujourd'hui l'autobiographie est partout tout le monde veut faire de l'autobiographie tout le monde veut écrire sur soi c'est un discours qui est très présent en France aujourd'hui ou des journalistes écrivent toute la journée tout le monde veut raconter sa vie alors
qu'en fait quand vous regardez statistiquement qu'est-ce que publient les maisons d'd qu'est-ce qui reçoit les prix qu'est-ce qui a des prix littéraires si vous prenez l'histoire du prix Nobel de littérature par exemple Annie Ernaud doit être la seule écrivaine entièrement autobiographique avoir reçu ce prix pour 100 ou 120 écrivains de fiction et ce qui se passe avec l'autobiographie c'est qu'elle est tellement dérangeante que les gens ont l'impression qu'elle est partout vous savez c'est comme moi j'ai grandi dans un petit village du nord de la France où le racisme était très présent les gens votaient pour
l'extrême droite tous les gens autour de moi avaient jamais vu une personne noire ou arabe de leur vie mais répét quotidien il y a des Noirs partout parce qu'ils avaient peur deux parce qu'ils étaient racistes et l'autobiographie elle produit la même panique dans le monde littéraire on a l'impression qu'elle est partout parce qu'elle nous dérange et je veux pas me priver de ce plaisir de déranger donc je vais continuer à faire ça sensação para quem não leu é exatamente essa Gabriel mas a imaginação tem espaço para você qual é o espaço e o lugar da
imaginação nos seus livros e na sua vida se você escreve h ouijour une part de je sais pas si l'imagination est le mot précis mais de toute façon une part de une part de choix une part de décision quand on raconte on raconte pas tout quand on écrit onécrit pas tout donc on décide donc une opération esthétique une opération de sélection une opération de cadrage et donc éidment je sais pas inventer je sais pas c'est que de toute façon la réalité est comme ça c'est pas seulement quand on écrit c'est que même quand vous faites
l'amour avec quelqu'un vous voyez pas tout de la personne vous voyez peut-être son bras puis son oreille puis ses lèvres puis son sexe puis vous avez son odeur puis vous avez le bruit que cette personne produit la réalité c'est toujours une sélection de la réalité on on la voit jamais totalement entièrement et donc tout tout tout ressemble à ça mais c'est vrai que quand j'écis je choisis ce que j'écris parce que il y a quelque chose que je veux raconter en fait je vois la littérature aussi comme un comme un combat stratégique pour gagner un
combat particulier quand j'ai écrit Monique svade Monique c'est Liberta j'ai voulu raconter l'histoire d'une femme dans les classes populaires aujourd'hui et les histoires que j'ai raconté les anecdotes que j'ai raconté la manière dont j'ai écrit agencer structurer le livre c'était pour raconter cette histoire là j'aurais pu raconter d'autres choses mais là c'était l' stratégique de ce livre mais ça ça s'oppose pas à la vérité ça s'oppose pas à l'autobiographie parce qu'encore une fois tout n'est que ça et vous pouvez avoir plusieurs plusieurs faits objectifs qui coexistent à un même moment et si vous en choisissez
un plutôt qu'un autre ça n'annule pas la vérité de ce que de ce que vous dites voyez mon père il était autant un bourreau queune victime et les deux sont objectifs s'il y a un livre dans lequel je raconte mon père était une victime du système capitaliste du travail à l'usine il avait le dos broyé c'est vrai et si je raconte dans un autre livre mon père disait à ma mère tu restes à la maison tu bouges pas tu te tais c'est vrai aussi et donc il faut aussi rompre avec l'idée selon laquelle parce que
il y existe une multitude de points de vue il y aurait pas d'objectivité il existe de l'objectivité émil Zola disait je veux faire de la littérature scientifique la littérature vrai et c'est aussi ce que j'essaie de faire et de livre en livre je raconte une histoire différente mais toutes les histerait me Rober né mas eu Fico você falando sobre autobiografia né e sobre as pessoas falarem de escrever sobre você e acho que esse é dos rodas vivas que eu participei né maisletivos e com mais questões que eu Fico com vontade de votar em você queass
isso parte depois que você tá escrevendo você entende essa coletividade ou ela tá com você desde o início você sabia oui c'est une des forces je trouve aussi de l'autobiographie en plus de son côté dérangeant et subversive c'est comment tout à coup il autorise des personnes à parler d'elles-même deeux-même comment il autorise plein de gens à dire jeu et très souvent quand je fais des présentations en librairie ou dans dans les universités les gens qui viennent me voir me parle pas beaucoup de moi me parle pas beaucoup d'Édouard Louis il me parl de leur vie
à eux de ce qu'il y a eu de différent de ce qu'il y a eu de similaire et et ça c'est aussi évidemment un un acte collectif parce que c'est qui a le droit de dire jeu c'est aussi une controverse à à l'intérieur de de l'histoire de la littérature c'est que à plein de moments l'histoire de la littérature elle autorise des personnes à parler d'elle et d'autres personnes à pas parler d'elle c'est ce que disait Tony Morrison beaucoup un moment elle disait une grande littérature c'est une littérature qui parle des blancs qui parle du point
de vue des blancs et moi ce que je vais faire en raconant la vie des Noirs la vie des personnes qui ont été esclavagisées c'est d'essayer de mettre au centre de la littérature une vie qui normalement ne devait pas être racontée et moi quand je dis je en parlant d'un monde dominé en parlant d'un monde ouvrier ce que j'espère faire ce que j'essaie de faire c'est que d'autres personnes se sentent soudainement autorisé à dire jeu et à comprendre que leurs expériences elles ont aussi le droit d'être raconté hein vous savez enfin je finis là-dessus pardon
je suis un garçon bavard mais quand quand Simone de beauovvoir a écrit le Dee sexe qui est son grand livre féministe où elle parlait de la condition des femmes au quotidien à l'époque ce que lui ont dit des des critiques ce que lui ont dit même des grands intellectuels comme Albert Camu c'était ces histoires de femmes c'est pas intéressant qu'est-ce que font les femmes à la maison qui nettoie les chaussettes qui fait la cuisine on s'en fiche ça c'est pas politique et à l'époque on savait pas qu'on avait le droit de raconter ça et Simone
de Beauvoir l'a fait et tout à coup plein de femmes se sont rendus compte qu'elles avaient le droit de parler de ça que c'était aussi politique et l'histoire de la littérature c'est l'histoire de cette frontière entre ce qui est politique et ce qui ne l'est pas parce que le conservatisme met du côté de l'intime des choses dont il veut pas entendre parler et quand vous en parlez tout à coup plein de gens se disent j'avais le droit de raconter ça en fait j'étais pas seul c'était pas psychologique c'était collectif c'était pas que moi c'était pas
que mon histoire c'est tout le monde et c'est ce que j'essaie de faire oc do rod Viva vamos nosso último intervalo e voltamos para encerrar infelizmente a conversa [Musique] ed cultura que aproxima Bradesco [Musique] estamos de Volta Roda Viva quem pergunta Eduard lu pedroacífico eduar se libertaag que menciona que a liberdade tem um PREO fugir tem um preço que sua mãe por muito tempo nãodeer Nessa obra a gente entende um pouco porber inus n out genteent teve que pagar durante a sua adolescência infância para em busca de uma Liberdade hoje em dia você que já
conquistou uma Liberdade já conquistou um reconhecimento você ainda precisa pagar um preço para manter essa Liberdade e qual preço seria esse c'est un prix qui est qui est matériel aussi justement c'est le prix de c'est le prix de l'argent moi c'est un sujet auquel je pense beaucoup comme transfuge de classe j'ai toujours peur j'ai toujours peur de de pas gagner d'argent de d'avoir du mal à me nourrir comme c'était le cas dans mon enfance d'avoir du mal à payer l'appartement dans lequel je vis comme dans mon enfance et et c'est ce que j'essaie de faire
aussi dans dans Monique svad de parler de l'argent qui est souvent considéré comme un sujet un peu un peu vulgaire en littérature alors que quand ma mère s'est évadé de chez cet homme l'histoire que je raconte dans le livre cet homme qui l'insultait qui buvait ce soir-là elle me téléphone c'est la scène d'ouverture du livre et moi je lui ai dit tu dois partir tout de suite il faut que tu tévade il faut pas que tu revives encore ce que tu as vécu avec mon père pendant 20 ans et à ce moment-là pour rendre cette
fuite possible il a fallu de l'argent il a fallu pouvoir payer un appartement à ma mère lui acheter des meubles lui donner de l'argent pour qu'elle puisse acheter de la nourriture pour qu'elle puisse acheter des vêtements et cet argent j'ai pu lui donner parce que j'écris des livres et et quand j'ai écrit Monique sévad j'ai voulu mettre cette question de l'argent au cœur de l'écriture en me basant notamment sur le le livre de Virginia Wolf qui est un livre absolument magnifique euh une chambre à soie il s'appelle en en en français euh et c'est un
livre qui est en fait tiré d'une série de conférences que donne Virginia Wolf en Angleterre elle est elle est invitée à parler des femmes et de la littérature pour une série de conférences et Virginia Wolf arrive et elle dit j'imagine que vous attendiez à ce que je parle des grandes femmes écrivaines de l'histoire des grandes femmes poètes peut-être je vous déccrive la tombe des femmes poètes qui sont morte que je serai allé visiter mais moi je vais vous dire autre chose je vais vous dire que littérature et les femmes c'est 500 livres l'argent 500 livres
sterling par mois et une chambre dans laquelle une femme peut avoir sa propre clé s'enfermé pour pas être dérangé par les autres et tout à coup Virginia Wolf elle convertit la question de la liberté en une question matérielle et ça je trouve que c'est un acte d'une radicalité extraordinaire vous imaginez quelqu'un qui irait faire le discours du prix Nobel de littérature et qui dirait la clé de la littérature c'est augmenter les aides sociales c'est augmenter les salaires parce que c'est à cette conditionl qu'il y a des femes qui pourront écrire qu' a des femmes qui
pourront se détacher de l'urgence matérielle au quotidien qui pourront payer quelqu'un pour s'occuper de leurs enfants de temps en temps et et Monique sévade c'est un livre qui oui qui essaie de remettre cette question au centre parce que dans la bourgeoisie on a tendance à parler de la liberté comme quelque chose de de psychologique il faut se libérer soi-même il faut faire du yoga il faut il faut faire de la psychanalyse il faut il faut il faut décider de se libérer or la liberté c'est pas çaou à so ân política é muito forte a gente
viu na França NAS últimas eleições um risco muito grande de a extrema direita realmente vencer e foi precisa Ali um arranjo um uma Aliança do Emmanuel Macron com outras foras para evitar que isso acontecesse nesses momentos eh você acha que é necessário um certo pragmatismo e se escolhe o menos pior ou você Evita se manifestar especificamente em eleições e manifestar o seu voto você acha que você tem que fazer o para evitar mal maior por exemplo que seria Vita marine lepenou de algra forç de exema direita oui il faut il faut tout faire pour empêcher
l'extrême droite il faut tout faire pour la bloquer je toute ma vie j'ai voté pendant pour des gens que je détestais simplement pour pouvoir bloquer l'extrême droite et je continuerai à le faire toujours ce serait un discours extrêmement problématique et égoïste de dire je vais pas voter pour quelqu'un que j'aime pas parce que ça me convient pas quand on vote on vote pas pour soi-même il faut voter pour les autres moi quand je me quand je vais voter je me demande quelle sera la vie d'un migrant en France sous marine Le Pen ce sera largement
pire que même sous quelqu'un comme Emmanuel Macron que j'aime pas donc il faut pas voter pour sa petite personne il faut voter pour le monde qui nous entoure c'est pas un acte individuel le vote et et et et il y a aussi mais c'est lié à tout ce qu'on se raconte depuis tout à l'heure il y a aussi une guerre politique qui est celle de de la guerre de la de la narration parce que une des raisons pour laquelle beaucoup de gens votent pour l'extrême droite aujourd'hui c'est qu'ils ont l'impression que que la gauche que
les progressistes les représentent plus moi dans mon enfance toute la famille vota pour l'extrême droite mon père ma mère mes frères tout le monde votait pour Marine Le Pen parce qu'il disait c'est les seuls qui parlent de nous les autres ils s'en fichent de nous et voter c'était comme une manière désespérée de d'essayer d'exister dans les yeux des autres et donc si on veut comprendre la montée de l'extrême droite autant en France que au Brésil que aux États-Unis qu' en Angleterre il faut pas simplement faire la l'histoire l'exme droite ême il faut ai faire l'histoire
des autres de la gauche de la littérature des artistes du cinéma qui ont arrêté de parler d'eux qui ont arrêté de les représenter qui ont arrêté de leur donner une place et la victoire politique elle est aussi conditionnée à cette guerre de la narration de donner un autre espace dans lequel les individus puissent se reconnaître dela né é impossível escrever sem a força de um corpo fecha aspas o seu processo de metamorfose aconteceu antes dos seus livros você sente que a literatura estava se escrevendo em você no seu corpo antes de virar um livro Fico
n que en fort entre entre témoigner de la violence et et survivre à la violence donc à partir du moment où j'ai rencontré de la violence dans ma vie elle a commencé à s'écrire dans ma tête et cette écriture à l'intérieur de moi elle était elle était le premier pas de la résistance après quand on se confronte à l'acte d'écrire lui-même évidemment Marguerite Duras a raison c'est une forme de d'impossibilité c'est une forme de de difficulté extrême de trouver la forme de trouver la manière de trouver le style de trouver et moi ce que je
crois fondamentalement et c'est pour ça que c'est difficile et ça c'est quelque chose que Marguerite Duras a fait c'est une des très rares écrivaines à l'avoir fait c'est que moi je crois que chaque histoire mérite sa propre forme littéraire et moi tous mes livres je les écris d'une manière extrêmement différente quand j'écris qui a tué mon père où je parler de l'influence de la politique sur le corps de mon père j'ai essayé de d'écrire un livre qui ressemblerait à un panflet je lisais jaccuse de Zola je lisais la douleur de Marguerite Duras où elle attaque
le général de Gaulle et ce qu'il a fait pendant la guerre quand il parlait jamais des Juifs et jamais de ce qu' donc la littérature très politique quand j'ai écris le livre sur la libération de ma mère au contraire qui était quelque chose de très beau parce que ma mère fuyait un homme d'un seul coup elle se libérait je voulais une forme beaucoup plus douce donc à ce moment-là je lisais de la poésie je lisais ÉIE Dickinson j'écouté de la musique j'écouté Patti Smith j'écoutis l'anad Ray je voulais quelque chose de très doux et à
chaque L j'ai essayé de trouver une forme extrêmement différente et ça ça c'est une difficulté qui est très grande parce que j'ai une querelle avec la littérature romanesque classique traditionnelle qui va utiliser en fait une même forme pour tous les livres vous avez tellement de livres qui se ressemblent quand vous allez dans une librairie vous ouvrez vous avez une première description ce jour-là Paola sorti dans la rue point la veille elle avait vu son cousin point et puis un dialogue et puis 80 pages de narration et puis ensuite une deuxième partie comme si noré et
la glisser dans une forme littéraire qui était préconstruite moi je crois qu'on peut pas faire ça si on fait ça on parle pas vraiment de la vie et il faut radicalement transformer la forme littéraire de chaque livre qu'on écrit et Marguerite dur une des rares personne àir avoir fait ça je trouveobiogric também é normal falar de beet pelo estilo eh ouve a gente ouve muito falar de Pierre Bier pelas ideias mas você em especial você menciona muito a Tony Morrison que é uma pessoa que eu não vejo as outras pessoas por o que qual é
o teu afeto pela o o que que te atrai na Tony Morrison e como que esses dois e essas duas realidades que parecem de fora parecem BEM diferentes se conectam a sua e a dela por exemplo euh oui mon admiration pour Tony Morrison elle est infinie je pense qu'elle a elle a fait quelque chose en littérature que que personne d'autre n'a fait elle a poussé la littérature jusqu'àun niveau où personne depuis sopocle avait fait ce qu'elle a fait euh j'ai eu la chance de la rencontrer quand elle était vivante un jour elle m'a invité à
venir manger avec elle et on a beaucoup discuté elle et moi euh et c'est drôle elle m'a dit euh la question que je me pose c'est comment un garçon français homosexuel blanc de 20 ans s'intéresse à une femme noire américaine hétérosexuelle de 85 ans à ce moment-là je sais plus exactement et je lui ai dit la réponse elle est dans la question c'est justement parce qu'on est aussi différent parce qu'on a des histoires aussi différentes aussi éloignées que j'arrive à voir dans vos livres des structures de la domination de la violence que j'ai rrouver une
dans une expérience très différente qui est la mienne c'est justement parce que c'est éloigné de ma littérature que ça m'inspire c'est comme quand vous montez dans un avion et que d'un seul coup vous voyez une une ville vue du ciel et quand vous voyez la ville vue du ciel tout à coup vous pouvez voir les découpages entre les quartiers privilégiés les quartiers pauvres les favelas les les centres commerciaux alors que quand vous êtes à l'intérieur de la ville c'est beaucoup plus difficile de comprendre comment il la V vous avez juste vos deux yeux pour voir
mais quand on s'éloigne on voit quelque chose et moi l'éloignement que m'a faire Tony Morrison m'a aidé à comprendre quelque chose et justement Tony Morrison on en parlait tout à l'heure elle avait cette vision de la violence comme quelque chose d'absolument pas lié à la responsabilité individuelle un des plus grands romans de Tony Morrison c'est billovood dans lequel une femme fuit une plantation esclavagiste avec ses enfants elle est maintenue comme esclave elle a des enfants elle s'enfuit avec les enfants et un jour les esclavagistes la rattrapent ils la retrouvent et au moment ils vont la
retrouver Tony maison elle coupe la tête de sa petite fille elle va tuer sa propre enfant parce qu'elle est terrifiée à l'idée que sa petite fille devienne une esclave et donc couper la tête de son enfant c'est un acte extrêmement violent évidemment mais est-ce qu'elle est responsable de cette violence ou est-ce que c'est pas plutôt les esclavagistes qui en la mettant dans cette situation l'ont poussé à cette violence et Tony Morrison elle décrit la violence comme un flux immense et comme quelque chose de d'extrêmement complexe et peu de gens l'ont fait comme elle como ninguém
quer deixar de perguntar pro ed a Roberta e a Gabriela vão fazer uma pergunta conjunta eu tô contando que vai ser rápida sim a minha é muito rápida eu vou ler aqui no mudar método que tem será que estou condenado a sempre esperar uma outra vida é o presente que me faz falta hoje você vive o presente Agora joga para ela tem tudo a ver com isso e você diz que essa esse essas escritas da sua família são a antropologia da fuga como você encerra essa antropologia da fuga alors je vais essayer de répondre aux
deux questions en même temps le présent oui il est il est difficile à il est difficile à trouver parce que ce que je crois c'est que quand on a passé toute une partie de sa vie à vouloir fuir comme ça a été le cas dans mon enfance la fuite devient presque une partie de son ADN moi j'ai passé toute mon enfance à dire il faut partir il faut partir il faut partir et aujourd'hui c'est quelque chose qui m'a jamais quitté tous les les jours je pense j'aimerais bien être autre chose qu'eddouard Louis j'aimerais bien être
quelqu'un d'autre j'aimerais bien fuir ce que je suis et c'est lié à votre question c'est c'est vrai que dans mes livres j'essaie de construire une forme de d'anthropologie de la fuite où je raconte comment des individus essayent de de fuir leur vie et et et et je le racontais aussi à flip ce que j'aime beaucoup chez les écrivains c'est les écrivains qui se sont consacrés à une figure de l'humanité comme par exemple Kafka qui a représenté la figure de l'être humain bloqué dans l'administration ou bequet qui a représenter la figure de l'être humain bloqué dans
son corps bloqué dans son corps vieillissant bloqué dans son corps qui peut plus bouger et j'adore ces écrivains et je me suis toujours demandé com comment est-ce que je pourrais décrire l'être humain et ce qui m'intéresse à moi c'est justement cette question de la fuite comment on essaie de s'évader et comment au fond certains individus au moment où ils essayent de s'évader c'est à ce moment-là qu'ils s'effondrent et c'est ça un peu l'histoire de de personnes comme mon frère ou comme mon père c'est qu'en fait ils ont toujours essayé de s'évader ils étaient pas contents
d'être pauvres ils étaient pas contents de mal manger ils étaient pas contents de leur vie mais au moment où il ils tentaient de s'évader comme dans la tragédie grec c'était à ce moment-là qu'il s'effondrait parce qu'il buvait beaucoup d'alcool en se disant je vais fuir ma réalité parce qu'il devenait violent et en devenant violent il disait je regagne du contrôle sur ma réalité la violence qu'est-ce que c'est la violence c'est pour beaucoup de gens une manière de dire je reprends du contrôle sur ma vie je suis pas seulement une victime et donc quand quelqu'un est
violent c'est pas la personne qui est violente qui est responsable c'est la personne qui a tout enlevé à cette personne qui est responsable parce qu'elle la met dans une situation dans laquelle cette personne manifeste de la violence pour retrouver sa vie pour retrouver du pouvoir et au fond tout le monde essaie de fuir et c'est quelque chose qui m'a pris beaucoup de temps à comprendre parce que quand j'étais un jeune transfuge de classe à 15 ou à 16 ans je pensais que j'étais le seul à vouloir fuir j'avais une forme d'arrogance de penser moi je
veux partir et eux ils veulent pas partir moi je veux m'enfuir ils veulent pas s'enfuir et aujourd'hui dans les livres que j'écris j'essaie de corriger cette erreur et de mon comment tout le monde ESS de partir dans tous les sens mais simplement il a des fuites qui libè a des fuites qui des fuites qui condamn merci merciade tamb cond comabri [Musique] Mo obrigada sobretudo a pela sua audiciaana a semana em programa sobre os mais variados assuntos é impossív sair meso daitura das obras do edar ao mesmo tempo que el cutuca feridas pessoais e familiares daquelas
que todos trazemos em algum Grau el a elas uma dimens social e polític queic BEM evidente no progama ISO nos la odo tamb a identificação e a reflexão e íeto por Mudan é a Toa que a busca por Liberdade que só se d com o rompimentos vezes violento com estruturas Mo arraigadas é o tema que une toda a sua obra rod vivta próxima segundafea comopreper [Musique] [Musique] cultura que aproxima Bradesco [Musique]
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