ALBERT CAMUS - L'étranger

558.88k views7660 WordsCopy TextShare
Le Précepteur
REJOIGNEZ-MOI SUR PATREON POUR ACCÉDER À MON CONTENU INÉDIT : ▶️ https://www.patreon.com/leprecepte...
Video Transcript:
rejoignez-moi sur patronne pour accéder à l'ensemble de mon contenu inédit des épisodes spéciaux des cours en visio des apérophilos un moyen simple de soutenir mon travail tout en vous donnant matière à penser je vous attends sur pas créole le lien est dans la description bonjour à tous aujourd'hui on va parler de l'étranger d'Albert Camus l'étranger et le premier roman d'Albert Camus publié en 1942 c'est un roman très court mais aussi très dense reconnue tant pour ses qualités littéraires que pour sa profondeur philosophique et ce qui fait la particularité de l'étranger sur le plan littéraire c'est
la simplicité du style des phrases courtes des descriptions minimalistes on n'est pas chez Proust et pourtant derrière cette apparente simplicité d'écriture on va trouver dans l'étranger un véritable itinéraire philosophique l'itinéraire de Meursault un homme dont on ne sait presque rien si ce n'est qu'il vit en Algérie on est encore avant l'indépendance et qu'il vient de perdre sa mère c'est même sur cette annonce que s'ouvre le roman avec cette citation bien connue aujourd'hui maman est morte ou peut-être hier je ne sais pas l'étranger c'est l'histoire d'un homme qui apprend que sa mère vient de mourir qui
n'en n'est pas affecté ou plutôt qui semble ne pas en être affecté et qui portait par le hasard des circonstances va commettre un meurtre Meursault va être jugé et condamné à mort et paradoxalement c'est cette condamnation à mort qui va lui permettre de trouver un sens à l'existence comment et bien c'est ce qu'on va essayer de comprendre dans cet épisode alors pour ceux qui suivent cette chaîne vous savez que j'ai déjà eu l'occasion de vous parler d'Albert Camus et de sa philosophie de l'absurde une philosophie de l'absurde qui nous a livré au travers de trois
grandes œuvres l'étranger Caligula et le mythe de Sisyphe et donc dans mon précédent épisode sur Camus j'ai pris le parti de vous parler de ces trois œuvres à la fois justement du fait de leur unité philosophique mais l'inconvénient de cette approche c'est qu'elle ne permet pas de rentrer dans le détail or chacune de ces trois œuvres mériterait un épisode à part entière donc ce que je vous propose c'est qu'aujourd'hui on se concentre uniquement sur l'étranger et vous allez voir à quel point cette œuvre nous offre matière à réflexion et pour ce faire on va commencer
par dresser le portrait du personnage principal Meursault pour ensuite progressivement nous demander ce qu'il incarne ce qui l'incarne philosophiquement parlant Meursault est un homme entouré de mystère on ne connaît pas son prénom on ne connaît pas son âge ni son passé on sait juste qu'il travaille comme employé de bureau à Alger et qu'il fréquente une femme Marie qui semble amoureuse de lui mais sans que ce soit tout à fait réciproque par exemple quand Marie lui demande s'il aime il lui répond il me semble que non quant à lui demande s'il veut l'épouser il lui répond
ça m'est égal la grande place alors on pourrait se dire que c'est juste un goujat pas besoin de recourir à une analyse philosophique et bien c'est pas aussi simple parce que on pourrait se dire que c'est juste un goujat si Marie était la seule personne avec qui il se comportait comme ça or Meursault est comme ça avec tout le monde et qu'est-ce qu'il faut entendre par être comme ça il faut entendre d'une intransigeante sincérité Meursault est incapable de ne pas être sincère c'est ça qu'il caractérise quand Meursault dit à Marie qu'il ne l'aime pas il
ne cherche pas à la rendre triste autrement dit ce n'est pas par sadisme qui lui dit ça c'est par souci de vérité et d'ailleurs il aime bien Marie il aime son rire il aime sa peau il aime sa présence mais il ne l'aime pas au sens où on entend habituellement le verbe aimer l'usage veut que quand on est en couple on se dit je t'aime et que si l'un des deux dit à l'autre je t'aime l'autre doit dire la même chose en retour et bien pas Meursault Meursault ne dit pas ce que l'autre veut entendre
il lui dit ce qu'il doit dire et ce qu'il doit dire c'est ce qu'il pense vraiment c'est ce qu'il ressent vraiment tant pis si ça blesse tant pis si ça déçoit c'est la vérité la ligne conductrice de Meursault c'est l'imperméabilité aux conventions leur souhait est étranger au convention et notamment à cette convention qui veut que dans certaines situations on dit pas ce que l'on pense Meursault c'est celui qui est incapable de jouer le jeu de jouer le jeu c'est à dire me dire quelque chose qu'il ne pense pas il ne dit sans doute pas tout
ce qu'il pense mais il pense tout ce qu'il dit et ça ça pose problème pourquoi ça pose problème ça pose problème parce que la société estime qu'il y a des choses qu'on ne peut pas dire c'est qui la société ben la société c'est tout le monde c'est vous c'est moi c'est toute personne avec qui on entretient une interaction sociale et entretenir une interaction sociale ça suppose que dans certaines circonstances il soit nécessaire d'en rabattre sur sa sincérité qu'il soit nécessaire de faire semblant pour ne pas créer de malaise pour ne pas gâcher le moment pour
ne pas passer pour un pas pour Meursault c'est celui qui refuse de passer pour autre chose que ce qu'il n'est et quand je dis qu'il refuse en réalité c'est presque un abus de langage il refuse pas il est comme ça dans le verbe refuser il y a l'idée d'une intentionnalité il y a l'idée d'un devoir refusé c'est se dresser contre en Meursault ne se dresse contre rien du tout il se contente juste d'être ce qu'il est son refus des conventions ce n'est pas un refus d'ordre moral ou politique ce n'est pas un refus qui s'appuie
sur un discours c'est un état physiologique ce qui caractérise leur sceau c'est l'indifférence physiologique au conventions comme me reçoit apprend que sa mère est morte son premier réflexe c'est de se dire qu'il va devoir faire deux heures de bus pour aller à la maison de retraite préoccupation pratique pas affective quand il demande deux jours de congés à son patron pour aller à l'enterrement il ajoute ce n'est pas de ma faute une phrase d'enfant une phrase de quelqu'un qui ne comprend pas que dans une situation pareille personne ne lui en voudra que la famille passe avant
le travail et qu'il y a même une désignation pour ça un cas de force majeure Meursault est étranger au désignation quand Marie le voit vêtu de noir elle lui demande s'il est en deuil et lui répond oui maman est morte pas ma mère maman un mot d'enfant Meursault est un enfant c'est un enfant au sens où il n'a pas intériorisé les conventions sociales au sens où son rapport à l'existence est placé sous le signe de l'immédiateté et convention sont un intermédiaire entre nous et le monde elles sont le vêtement de nos comportements on recouvre notre
corps de vêtements pour recouvrir les organes de notre animalité et ses vêtements instaure une distance entre chacun de nous qu'on appelle le respect étymologiquement respecter c'est regarder en arrière pour qu'il y ait respect il faut qu'il y ait mis à distance par exemple le vouvoiement c'est à la fois une marque de distance et une marque de respect donc de la même façon qu'on habille notre corps au nom du respect on habille nos comportements au nom de ce même respect Meursault c'est celui qui n'abille pas son comportement c'est celui qui considère qu'habiller c'est déjà travestir c'est
déjà déguisé et déguisé c'est falsifié c'est en cela que morceaux et l'homme de l'immédiateté et cet immédiateté on la retrouve non seulement dans son comportement mais aussi dans son intériorité mentale dans son psychisme l'étranger est un roman écrit à la première personne point de vue interne donc on est censé être immergé dans la conscience de Meursault dans les moindres replis de sa pensée et pourtant ces pensées on ne les connaît pas comme si il n'en n'avait pas alors en réalité c'est pas tout à fait vrai parce qu'à certaines occasions Meursault a dépensé par exemple quand
il se rend compte que Marie a été blessée par sa non déclaration d'amour ou quand ils se sont jugés par son avocat quand il dit il m'a regardé d'une façon bizarre comme si je lui inspirais un peu de dégoût donc il y a des pensées chez Meursault mais ces pensées sont ponctuelles elles sont le prolongement de ses impressions et elles ne vont guère plus loin que nos deux phrases Meursault n'est pas un spéculatif c'est un pragmatique et sa pensée se limite à la formulation de ces impressions une pensée par bride par touche l'esprit de Meursault
c'est une toile impressionniste autrement dit Meursault n'est pas un introverti qui parle peu mais qui pense beaucoup c'est un pragmatique qui dit ce qu'il pense mais qui ne pense pas grand chose et ça c'est intéressant parce que ça permet de prolonger ce qu'on disait tout à l'heure à savoir que Meursault et l'homme de l'immédiateté autrement dit de la même façon que ces paroles ne vont jamais plus loin que ces pensées ces pensées ne vont jamais plus loin que ces impressions en résumé Meursault est un homme aligné son comportement est aligné avec ses pensées autant que
ses pensées sont alignées avec ces impressions et ça c'est pas rien parce que ça veut dire qu'à bien y réfléchir ces Meursault le plus normal le plus normal au sens où une s’oblige pas à des contorsions entre ce qu'ils pensent et ce qu'il dit il ne s'oblige pas à penser au-delà de ce qu'il perçoit c'est à dire ajouter des intermédiaires entre lui et le monde des intermédiaires artificiels superficiel donc mensonger et c'est ça qui fait de lui un étranger Meursault était étranger à la corruption qui fait loi dans la société en société il est bien
vu d'apparaître comme un esprit sophistiqué comme quelqu'un qui réfléchit plutôt qui résonne mais si raisonnée ces pensées toujours au delà de ce qui est si raisonné c'est s'éloigner d'autant de la réalité qu'à l'arrivée on est sorti de la réalité alors Meursault et l'homme de l'anti raisonnement si ces pensées semblent pauvres c'est parce que sa conscience n'est pas encombrée elle n'est pas surchargée d'artifice dont la finalité est de se détourner de la réalité le raisonnement nous aide à nier la réalité agnez les évidences au point que pour certains l'intelligence ce serait précisément la capacité à nier
les évidences mais ça pour Meursault c'est le summum du renversement des valeurs faire passer la négation de la réalité pour de la lucidité faire passer l'illusion pour la vérité raisonner ça vient de ratio en latin qui signifie calcul Meursault et l'homme de l'antical réfléchir ça veut dire se courber se plier en revenant sur soi comme quand on dit que la lumière se réfléchit et le résultat de la réflexion c'est le reflet c'est le dédoublement quand on réfléchit on se dédouble on se divise c'est la dissociation interne et la société fait de nous des êtres dissociés
dissocier entre ce que nous sommes et ce que nous devons être dissociés entre l'être et le paraître nous sommes dissociés parce que nous sommes constamment dans la projection mentale de nous-mêmes à nous demander comment nous devons nous comporter qu'est-ce qu'il faut dire ou ne pas dire qu'est-ce qui se fait et qu'est-ce qui ne se fait pas et cette dissociation est une torture quotidienne en plus d'être une trahison quotidienne de ce que nous sommes Meursault n'est pas dissocié il est entier et le propre des individus entiers c'est d'être regardé par les individus dissociés comme des individus
anormaux parce que le système de convention qui repose sur la dissociation fait que nous avons intériorisé cette dissociation comme normal nous faisons oublier au passage que normal ça veut dire conforme à la norme nous avons fini par croire que normal voulait dire naturel mais c'est justement le contraire le normal c'est le normé et le normer c'est l'artificiel donc dès lors qu'on a intégré comme normal la dissociation l'homme entier qui est Meursault ne peut passer que pour un homme anormal et si Meursault est un étranger c'est dans la mesure où parce qu'il reste entier il ne
peut être que séparé du monde des conventions il ne peut être exclu Meursault c'est le bouc émissaire Meursault a conscience de ne pas être tout à fait comme tout le monde il en a conscience parce qu'il voit bien que les gens le jugent la thématique du jugement est omniprésente dans l'étranger le jugement dont on parle c'est le jugement comme déconsidérations le jugement comme mépris ils se sont jugés par le directeur de la maison de retraite comme s'il lui a été reproché de ne pas être un bon fils ils se sont jugés par son avocat quand
celui-ci lui demande s'il a été triste le jour du décès de sa mère et que Meursault lui répond la vérité à savoir que non Meursault n'admet pas d'être jugé pour avoir dit la vérité il considère qu'il ne devrait pas culpabiliser pour avoir dit la vérité et quand l'avocat lui dit qu'il ne peut pas dire ça au tribunal qu'il va devoir feindre la tristesse ne se répond à nouveau non non parce que c'est pas vrai et que je ne vois pas pourquoi je devrais mentir c'est ça le crime de Meursault son véritable crime ce n'est pas
d'avoir tué un homme on va en parler c'est de ne pas voir pourquoi il devrait mentir c'est de ne pas comprendre pourquoi il devrait faire semblant c'est de ne pas jouer le jeu social de l'apparence Meursault vit comme s'ils ne savait pas que la vie en société c'est une vie en représentation on n'est pas on apparaît on joue son rôle au sens où Sartre disait que nous avions tous besoin de jouer un rôle pour nous conférer une identité pour Meursault il n'y a pas de relater et le comble c'est que ce soit quelqu'un qui se
moque des conventions qui sont obligés de le rappeler pourquoi c'est un comble parce qu'au sommet de tous les principes sur lesquels repose la société il y a la vérité l'éducation est basée là-dessus on apprend à l'enfant à ne pas mentir à ne pas tricher à ne pas jouer la comédie les escrocs sont envoyés en prison les imposteurs sont livrés à la réprobation sociale et voilà que tout à coup on s'offusque quand enfin quelqu'un décide de dire la vérité oui ma mère est morte et je n'étais pas triste et alors qu'est-ce que vous allez faire vous
allez me jeter en prison vous allez me condamner parce que je n'ai pas pleuré à l'enterrement de ma mère vous allez me condamner parce que je refuse de faire semblant et bien oui c'est exactement ce qu'il va se passer Meursault va être condamné à mort la société va exécuter un homme parce qu'il a pris au mot les soi-disant principes qui font de la vie en société elle va exécuter un homme parce qu'il a dit la vérité Camus a écrit dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné
à mort qu'est-ce que ça veut dire ça veut dire que celui qui ne joue pas le jeu social le jeu de la simulation affective mais en péril les conditions de la vie en société parce que celui qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère sera fatalement jugé comme inhumain comme un monstre et un monstre c'est un danger pour la société la société juge parce que la société se protège elle se protège contre les individus quel juge malfaisant sauf quand vous lance se protéger elle transforme la vie en comédie sociale on fait des démonstrations d'indignation
on parle à la place des gens on brandit le bâton du savoir-vivre lors de son procès Meursault est interpellé par le fait que son avocat par la sa place allant même jusqu'à utiliser le pronom je Meursault ne comprend pas il demande aux policiers qui est assis à côté de lui pourquoi il fait ça le policier lui dira tous les avocats font ça traduction c'est normal c'est normal de parler à la place des autres c'est normal de ne pas s'intéresser à l'intéresser c'est normal de juger quelqu'un dont on ne sait rien à partir de l'image qu'on
s'est construite de lui c'est normal dans l'étranger le tribunal représente l'archétype du cirque social les événements serait toriques l'affichage émotionnel l'extrapolation et l'enfermement dans des cases l'accusé et dans un box une boîte Meursault Les finalement pas coupable du meurtre qu'il a commis il est coupable d'inhumanité ça peut aller très vite de passer pour une humain et ce que nous dit Camus c'est que pour être jugé humain il n'y a pas besoin de l'être il suffit d'en avoir l'air de le paraître encore et toujours le paraître vous savez quand un tueur en série se fait arrêter
et que les médias en font le portrait on entend souvent dire ça avait l'air de quelqu'un de tout à fait normal un homme sans histoire comme si on pouvait être sans histoire un homme que personne n'aurait soupçonné parce qu'on juge aux apparences c'est comme ça donc évidemment le tueur en série ne s'affiche pas comme tueur en série il se fait discret il se fond dans la masse il cherche à passer pour monsieur tout le monde il va au travail il paye ses impôts il salue ses voisins quand il les croise parce que le paraître social
et sa meilleure protection d'ailleurs tous les grands malfrats ont ce qu'on appelle une couverture un faux non un faux métier le plus banal possible une voiture passe partout ce qui ne veulent pas attirer l'attention sur eux c'est la scène d'American gangster dans laquelle Frank Lucas est vu au Madison Square Garden avec un manteau de fourrure sur le dos un cadeau de sa femme et à cause de ce manteau il est repéré par un policier qui enquête sur lui et qui se dit qui est ce type qui porte un manteau comme celui là ça doit être
quelqu'un d'important parce que c'est le genre de manteau que porte les gens importants c'est le genre de manteau qui envoie un message socialement et quand Franck Lucas comprend qu'il a attiré les soupçons à cause de ce manteau cadeau de sa femme ou pas il le jette au feu et il s'en veut il s'en veut parce qu'il savait que porter ce manteau était une erreur c'était paraître ce qu'il était un gangster dans le cas de Meaux c'est l'inverse Meursault ne cherche pas à soigner les apparences il est prêt aucune importance et que c'est à cause de
ça qu'il a été condamné et vous qui m'écoutez même si vous vous dites que vous vous ne jugez pas sur les apparences c'est pas vrai on juge tous sur les apparences même si ensuite on se ravise même si ensuite on modifie notre jugement mais en première intention on juge sur le paraître et on cesse de juger sur le paraître quand on commence à découvrir l'être c'est exactement ce qui se produit quand la fiancée de Meursault Marie est interroger lors du procès rappelons que Marie aime Meursault et lorsque le procureur lui demande de décrire le comportement
de Meursault au lendemain du décès de sa mère là aussi elle lui raconte la vérité qu'ils sont allés à la plage qu'ils sont allés au cinéma qu'ils ont passé la nuit ensemble bref elle a décrit comme un homme charmant elle pensait sans doute que son témoignage allait casser l'image que le procureur avez-vous dû construire de Meursault celle d'un homme insensible et ben c'était raté vous voyez a-t-il procureur un homme dont la mère vient de mourir et qui s'amuse qui badine avec sa maîtresse qui va rire devant des films comiques ai-je besoin d'en rajouter il n'avait
pas besoin d'en rajouter parce qu'il savait que tout le monde dans la salle d'audience allez en conclure Meursault n'a pas de cœur car s'il avait un cœur il aurait été triste il n'aurait pas eu le cœur à s'amuser c'était ça son crime s'amuser s'amuser quand la société attendait de lui qu'il pleure depuis tout à l'heure je vous parle d'un homme meurto qui a commis un meurtre et qui est jugé pour ce meurtre la réalité c'est que Meursault n'est pas jugé pour son meurtre mais pour sa personne le meurtre n'est quasiment jamais évoqué lors du procès
ce qui est évoqué c'est la personnalité de Meursault son insensibilité son détachement mais le meurtre qu'il a commis et bien réel et il faut qu'on en parle donc de quoi s'agit-il Meursault se lit d'amitié avec l'un de ses voisins d'immeubles Raymond et Raymond a un problème il est suivi par un homme qui visiblement veut lui rectifier le portrait Raymond sait très bien qui est cet homme c'est le frère de sa maîtresse une Algérienne qu'il maltraite et qui a fini par le quitter on apprendra plus tard que Raymond était son souteneur un jour Raymond est Meursault
se promène sur une plage et là il tombe sur deux hommes le frère de la maîtresse et un ami à lui une bagarre se déclenche mais le frère un couteau et il blesse Raymond au bras un peu plus tard me ressort retourne sur la plage et il retombe sur le frère et là au lieu de simplement passer son chemin il s'approche de lui il sort son revolver de sa poche et tire l'homme est abattu Meursault laisse passer quelques secondes et tire à nouveau 4 balles quatre balles sur ce corps inerte cette scène que je viens
de vous résumer brièvement habituellement nommé la scène du meurtre de l'arabe se situe au milieu du roman une manière de dire qu'il y a un avant et un après effectivement ce meurtre c'est l'événement qui va faire basculer le destin de Meursault on ignore pourquoi Meursault a tiré sur cet homme alors oui il y avait une bagarre peu de temps avant l'homme n'avait pas l'air animait par les meilleurs intentions mais là ces morceaux qui est allé vers lui en le voyant s'approcher l'arabe a sorti son couteau comme pour lui signifier de ne pas s'approcher davantage mais
ces Meursault qui est allé au devant lui ce n'était donc pas un cas de légitime défense est-ce que ça aurait pu être de la vengeance venger Raymond pour le coup de couteau qui l'a reçu c'est peu probable d'abord parce que l'amitié entre Meursault et Raymond était très relative il ne se connaissait que depuis peu et puis surtout une plaie dans le bras ça lui suffit pas un meurtre en tout cas pas pour Meursault d'ailleurs ces Meursault qui a dit que ce genre de problème devait se régler à la loyal un contre un et pas d'armes
Raymond voulait utiliser le revolver ces Meursault qu'il en a dissuadé et pourtant il l'a tué lorsqu'il sera interrogé me ressent finira par dire que la véritable raison tu meurtre de l'arabe c'était le soleil une réponse absurde une réponse absurde et qui justement parce qu'elle est absurde va nous éclairer sur le sens de cet acte et au-delà sur le sens de l'étranger tout au long du roman Meursault semble souffrir d'une hypersensibilité sensorielle il est sensible à la lumière il en est question à maintes reprises dans le livre il est sensible à la chaleur au bruit aux
odeurs autrement dit autant c'est un personnage qui a l'air insensible émotionnellement autant c'est un personnage extrêmement sensible corporellement il aime le contact de l'eau quand il se baigne il aime le contact de la peau de Marie quand il la caresse il aime le café que lui sert le concierge c'est ce qu'on appelle un hédoniste et d'ailleurs lorsqu'il est en prison il explique que le plus dur pour lui ce n'est pas l'isolement le plus dur c'est la privation de femmes et de cigarettes en clair c'est le manque physique au point qu'il en arrive à la conclusion
que ça doit être ça la privation de liberté l'absence de plaisir physique donc Meursault a un rapport corporel à la vie et ça c'est très révélateur c'est très révélateur parce que ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure à savoir que Meursault est dans l'immédiateté Meursault ne pense pas il éprouve dans une interview qu'il a donné en 1955 Camus dit de lui-même qu'avant d'être un homme qui pense il est d'abord un homme qui éprouve et que sa pensée ce n'est finalement que la mise en forme de son vécu sensoriel ça s'applique parfaitement à Meursault Meursault
est un homme qui éprouve et qui pour ainsi dire se confond avec ses sensations il y a un passage extrêmement intéressant à la fin du roman c'est qu'en morceaux explique que pour passer le temps en prison il s'amuse à se souvenir de chaque détail de son ancienne chambre et qu'au début ça ne prenait que quelques minutes mais qu'au bout d'un moment ça pouvait durer des heures meurt soda il suffit de vivre une seule journée pour avoir des souvenirs pendant 70 ans mais si vous faites l'expérience vous allez voir que c'est très difficile comme exercice faites
le test partez d'un angle de votre chambre ou de votre salon et passons en revue tout ce que vous voyez vous allez voir que vous n'allez pas tenir des heures pas par impatience mais juste par manque de souvenirs on ne se souvient pas de chaque détail de sa maison parce qu'on n'y est pas attentif c'est d'ailleurs le propre de tous les environnements familiers on y fait pas attention donc pour que Meursault soit capable de se souvenir de chaque détail de son ancienne chambre il faut nécessairement que ce soit quelqu'un d'attentif de sensoriellement attentif mais donc
pas détaché du monde au contraire ce qui définit morceau c'est la présence au monde l'ultra présente et s'il semble détaché c'est au sens où il est détaché de ceux qui en sont détachés Meursault n'est pas détaché du monde il est détaché du monde des humains du monde social précisément parce que le monde social et la négation du monde le monde conventionnel et la négation du monde réel et c'est ce détachement au monde conventionnel qui fait de Meursault un étranger donc on aurait tort de dire que Meursault est étranger au monde il était étranger à ce
que les êtres humains veulent faire du monde et qu'est-ce que les êtres humains veulent faire du monde ils veulent faire du monde quelque chose qui a du sens meurto était étranger à tous les systèmes qui prétendent donner du sens pour Meursault le monde n'a pas de sens la vie n'a pas de sens elle est absurde est-ce que cherche à faire les hommes ces données du sens à quelque chose qui n'en a pas c'est le rôle des conventions c'est le rôle du contrat social le contrat social nous dit tu dois respecter ton prochain car ton prochain
est ton compagnon d'existence ok très bien mais dans ce cas là vous me demandez de faire comme si mon existence avec l'importance comme si son existence avec l'importance encore une fois vous me demandez de faire semblant c'est ça la réponse de Meursault au contrat social vous me demandez de croire que les choses ont du sens pire de faire semblant de le croire mais c'est vous qui faites semblant vous faites semblant de croire que votre vie a un sens et c'est pour ça que vous te détend à ce que les autres y croient aussi pour qu'il
continue à respecter vos conventions vous croyez que vos conventions vont vous faire oublier que vous savez que votre vie est absurde c'est ça le rôle de vos tribunaux de vos prisons de vos maisons de retraite comprennent la vie au sérieux qu'on fasse semblant de croire que tout ça ça a une importance viens moi je ne veux pas faire semblant et je veux dire tout ça n'a aucune importance la vie n'a aucune importance parce qu'elle n'a pas de sens Meursault est dans l'immédiateté avec la vie et c'est pour ça qu'il refuse de disserter sur le sens
de la vie ce qui discerne sur le sens de la vie sont ceux qui veulent oublier que la vie n'a pas de sens et pour l'oublier il remplisse le vide de considération encore plus vide pour Meursault les discours sur le sens de l'existence c'est encore plus absurde que l'existence elle-même parce que ces discours prétendent avoir quelque chose de pertinent à dire sur quelque chose qui part définition ne peut que nous échapper donc pourquoi faire des discours c'est la phrase de Meursault devant le juge d'instruction quand on lui dit que les gens le décrivent comme quelqu'un
de renfermé et qu'il répond je n'ai jamais grand chose à dire alors je me tais ce à quoi le juge d'instruction répond c'est la meilleure des raisons tout le monde a son opinion sur le sens de la vie même ceux qui pensent que la vie n'a pas de sens et qui ont d'ailleurs souvent un discours très argumenté sur le non sens de la vie mais ce faisant il continue d'accorder de l'importance au discours il continue d'incarner sans quoi il prétendent ne pas croire à savoir que les choses ont du sens quand la vie n'a pas
de sens il n'y a rien à dire rien à démontrer pas même qu'elle n'a pas de sens il suffit d'en être conscient il suffit de ne pas faire semblant d'accepter cette vérité les gens n'aiment pas le silence parce qu'il n'aime pas le vide le vide et source d'angoisse il nous rappelle que tout ça n'a aucun sens c'est dangereux les silences dans le mythe de Sisyphe Camus écrit l'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence des raisonnable du monde l'appel humain c'est le besoin de sens le silence du monde c'est l'absence de réponse
un silence des raisonnable parce que l'absence de sens peut rendre fou on peut être raisonnable qu'à partir du moment où notre vie est structuré par du sens c'est la vie n'a plus de sens la société n'a plus de sens les lois n'ont plus de sens ma présence à ce tribunal n'a plus de sens aux yeux de Meursault la société est régie par le déni elle est régie par l'illusion illusion au sens de ce qui recouvre la réalité pour la rendre supportable car il y a plus absurde que l'existence il y a le recouvrement de l'absurde
la société est une structure de camouflage Meursault c'est celui qui a compris que la vie n'avait pas de sens et qu'il accepte et c'est cet acceptation qui le rend étranger au monde de l'illusion du sens à la société des hommes qui vivent comme si leur vie avait du sens qui font semblant qui masque la réalité de l'absurde par les ombres du sens Meursault c'est le prisonnier de la caverne qui est sorti de la caverne qui a vu le soleil qui a vu l'organe cosmique de la vérité et qui dorénavant connaît la vérité à savoir que
la vie est absurde et semblable aux prisonniers de la caverne de Platon s'il redescend dans la caverne pour dire aux autres prisonniers que le monde est absurde il risque la mort car les gens le prendront pour un fou c'est ce qui va lui arriver et c'est là qu'on en revient au soleil ce soleil dont meurtsau dira qu'il est la cause de son crime pourtant le soleil n'a pas tenu le revolver le soleil n'a rien ordonné à Meursault non mais il a exercé sur lui une pression une pression physique et l'hypersensibilité sensorielle de Meursault c'est la
porte par laquelle le soleil s'est introduit pour le pousser à commettre son crime si le soleil est bien l'organe cosmique de la vérité et que la vérité du monde c'est l'absurde alors le soleil s'est emparé de Meursault pour se manifester au monde Meursault c'est le Christ du soleil son crime c'est la vérité l'absurde peut se manifester sous de multiples formes mais l'une de ces formes privilégiées c'est la mort plus particulièrement la Morgane innocent quoi de plus absurde que la mort d'animaux sont la mort d'un enfant par exemple à quelque chose d'effroyable et c'était froid et
renforcé par le fait que même si toute vie aboutit à la mort dans la logique de la vie elle-même un enfant ne devrait pas mourir ce n'est pas dans l'ordre des choses une personne âgée qui meurt même si c'est triste ça reste dans l'ordre des choses ça reste dans l'ordre du sens donc pour se manifester au monde l'absurde par l'intermédiaire de Meursault devait se matérialiser dans une mort absurde et si je dis que c'est l'absurde lui-même qui s'empare de Meursault pour se manifester c'est parce que cette idée d'appropriation cette idée que le soleil a pris
possession de Meursault elle est présente dans le texte la phrase la plus explicite étant en même temps la plus déterminante dans le meurtre la gâchette à céder pas j'ai tiré la gâchette a cédé comme pour dire je n'y suis pour rien ce n'est pas moi c'est le soleil la conscience de la mort et sans doute le mode de manifestation de l'absurde le plus abouti on va mourir et on le sait mais pourquoi le savoir quel intérêt de le savoir si ce n'est de nous plonger dans une angoisse telle qu'on soit obligé de créer des conventions
pour l'oublier comme si la civilisation était la finalité de notre mortalité l'absurde naît du conflit entre deux impossibilités comprendre le sens de l'existence et faire taire en nous la voix qui s'interroge les conventions et au-delà des conventions la civilisation ont pour fonction de faire taire la voix qui s'interroge la voix qui a conscience que tout ça est absurde alors on élève des tours on est riche des temples on crée des lois et on y investit du sens on se crée des situations à gérer des problèmes à résoudre et ça nous occupe le travail et le
meilleur rempart à la conscience de l'absurde le travail occupe l'esprit il rend la conscience silencieuse et quand la mort se présente à nous pour nous rappeler de temps en temps que la vie est absurde il faut vite s'en emparer pour la mettre dans un système de sens les obsèques la succession les registres la mort devient une partie de la vie elle devient un dossier que l'on peut classer il faut rapatrier la mort dans le champ du sens pour qu'elle cesse d'être une source d'angoisse il faut en faire une affaire administrative une affaire sociale raison pour
laquelle la seule mort qui ne soit pas absurde du point de vue de la société c'est la mort d'un condamné une mort dont on pourra alors se dire qu'elle a du sens parce qu'elle est juste quand Meursault est condamné à mort sa mort est un moyen de donner du sens au monde on tue les criminels on tue les tueurs donc on neutralise l'absurde tuer un condamné c'est prendre l'absurde à revers c'est tué au nom de la prohibition du meurtre prohibition du meurtre qui donne du sens à la vie la vie doit forcément avoir de la
valeur pour qu'il soit interdit de la supprimer la seule mort dont on veut croire qu'elle a du sens c'est la mort qu'on inscrit dans la loi une mort acceptable parce qu'elle est censée exclurger le crime donc expurger l'absurde la ritualisation de la condamnation à mort est un exorcisme contre l'absurde c'est ce que dit Meursault avec un peu de sarcasme le président m'a dit que j'aurai la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français ou comment donner l'illusion du sens à quelque chose qui n'en a pas Meursault n'a pas seulement tu es un
homme il lui attire et dessus alors qu'il était déjà mort 4 fois un geste encore plus absurde que le meurtre en lui-même quand le juge d'instruction demande à un morceau pourquoi il a tiré quatre balles dans un corps inerte Meursault n'a pas répondu il s'est tue le silence déraisonnable du monde Meursault ne pouvait pas répondre il l'ignorait on ne peut comprendre le sens de ce meurtre qu'en comprenant comme un saut a été manipulé par l'absurde lui-même pour lui faire commettre ce dont la société a le plus peur à savoir la monstruosité silencieuse le geste de
Meursault n'était pas absurde il était le geste de l'absurde face à son silence le juge d'instruction devient fou pourquoi mais pourquoi pourquoi ces quatre coups il veut comprendre il a besoin de comprendre son équilibre en dépend sa vie en dépend il le dit même voulez-vous que ma vie n'est pas de sens drôle de phrase pour un juge d'instruction voulez-vous que ma vie n'est pas de sens parce que oui notre vie ne repose que sur notre capacité à donner du sens aux choses enlever du sens c'est enlever une raison de continuer à vivre et c'est là
qu'intervient la question de Dieu le juge d'instruction demande à Meursault s'il croit en Dieu Meursault répond que non il est atteint e ce qui fait bondir le jeu d'instruction et on peut le comprendre il passe ses journées à interroger des criminels donc à interroger des gens qui se sont illustrés par un geste de négation du sens de la vie Dieu est son dernier rempart son dernier rempart face à l'absurde tous les criminels qui passent dans son bureau il veut lire sur leur visage le remord la culpabilité la culpabilité étant un moyen a posteriori de sauvegarder
le sens oui j'ai commis l'absurde mais je le regrette le regret c'est quand on demande pardon au sens Meursault n'a aucun remords il ne regrette pas son geste il est juste ennuyé par les répercussions de son acte le procès la prison tout ça Meursault ne croit pas en Dieu et c'est même le seul sujet qui arrive à le mettre en colère parce que pour lui Dieu est le plus grand des mensonges collectifs celui qui prétend détenir le sens ultime vous ne comprenez pas le sens de l'existence n'ayez crainte la réponse est en Dieu vous avez
des regrets demandez pardon à Dieu on a tué vos enfants Dieu est à vos côtés lorsqu'il est en prison en attente de son exécution il refuse les visites de l'aumônier et finalement au bout de la quatrième fois il accepte d'échanger quelques mots avec lui l'aumônier joue son rôle de Monnier il tente de le convaincre une dernière fois d'ouvrir son cœur à Dieu et là me ressources emporte il lève la voix il insulte et lui dit que croire en Dieu c'est être déjà mort parce que c'est nier le fait que l'existence se vit au présent pour
Meursault la vie c'est d'ici est maintenant ce n'est que ici et maintenant il sait qu'il va mourir mais il sait aussi que tout le monde va mourir et la différence entre lui et les autres c'est que lui en a conscience et qu'il ne cherche pas à se voiler la face derrière des illusions comme Dieu oui je vais mourir mais je le sais et je l'accepte je n'ai pas peur parce que j'aurais vécu c'est la seule chose qui compte avoir vécu avoir vécu et se dire que si je devais avoir une deuxième vie je voudrais la
passer à me souvenir de celle-ci il y a du Nietzsche chez Camus l'éternel retour vivre comme si nous pouvions souhaiter que notre vie se répète indéfiniment au départ meurto est-ce qu'on pourra appeler un absurde négatif un absurde passif un nihiliste il n'a pas d'ambition c'est un désillusionné comme il le dira quand j'étais étudiant j'avais beaucoup d'ambition mais quand j'ai dû abandonner mes études j'ai très vite compris que tout cela est sans importance réelle sans importance c'est ça qui définit le rapport à l'existence du premier morceau un morceau qui dit de lui-même qu'il n'est pas malheureux
que sa vie ne lui déplaît pas que les choses n'ont pas de valeur pas de signification la grammaire du premier Meursault est négative la grammaire du deuxième morceau le morceau d'après la colère contre l'aumônier est positive Meursault devient heureux positivement heureux après avoir vaincu Dieu après avoir vaincu l'illusion suprême qui nous maintient dans le déni la cause des causes n'existe pas elle nous échappe bien qu'elle s'échappe on n'a pas besoin de cause quand on est dans la présence je cite c'était comme si j'avais attendu pendant tout le temps 7 minutes et cette petite eau bouge
serait justifiée rien rien n'avait d'importance et je savais bien pourquoi lui aussi savait pourquoi du fond de mon avenir pendant toute cette vie absurde que j'avais menée un souffle obscur remonté vers moi à travers des années qui n'étaient pas encore venu et ce souffle légalisé sur mon passage tout ce qu'on me proposait alors dans les années pas plus réelles que je vivais comme un portait la mort des autres l'amour d'une mère comme importait son Dieu les vies qu'on choisit les destins qu'on élits puisqu’un seul destin devait mellir moi-même et avec moi des milliards de privilégiés
qui comme lui se disait mes frères comprenait-il comprenait-il donc tout le monde était privilégié il n'y avait que des privilégiés les autres aussi ont les condamnerait un jour lui aussi on le condamnerait qu'importer si accusé de meurtre il était exécuté pour en avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère le chien de Salamano valait autant que sa femme la petite femme automatique était aussi coupable que la Parisienne que maçon avait épousé ou que Marie qui avait envie que je l'épouse qu'importer que Raymond fut mon copain autant que céleste qui valait mieux que lui qu'importe comment
Harry donna aujourd'hui sa bouche à un nouveau meurto comprenait-il donc ce condamné et que du fond de mon avenir j'ai tout fait en criant tout ceci mais déjà on m'arrachait l'aumônier des mains et les gardiens me menaçaient lui cependant les a calmés et m'a regardé un moment en silence il avait les yeux plein de larmes il s'est détourné et il a disparu lui parti j'ai retrouvé le calme j'étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette je crois que j'ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage des bruits
de campagne monté jusqu'à moi des odeurs de nuit de terre et de sel rafraîchissait mes tempes la merveilleuse paix de cet été endormie entrée en moi comme une marée à ce moment et à la limite de la nuit des sirènes ont hurlé elles annonçaient des départs pour un monde qui maintenant mettait à jamais indifférent pour la première fois depuis longtemps j'ai pensé à maman il m'a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d'une vie elle avait pris un fiancé pourquoi elle avait joué à recommencé là-bas aussi autour de cet asile ou des vies seignées
le soir était comme une trêve mélancolique si près de la mort maman devait s'y sentir libérer et prête à tout revivre personne personne avait le droit de pleurer sur elle et moi aussi je me suis senti prêt à tout revivre comme si cette grande colère m'avait purgé du mal vider d'espoir devant cette nuit chargée de signer d'étoiles je m'ouvrais pour la première fois à l'attendre indifférence du monde de l'éprouver si pareil à moi s'y fraternel enfin j'ai senti que j'avais été heureux et que je l'étais encore Camus a écrit Meursault et le seul Christ que
nous méritions le Christ a été crucifié devant une foule qui lui criait sa haine Meursault sera guillotiné sur une place publique avec l'espoir que la foule lui criera sa haine si la foule vous exécute sous des cris de haine c'est que la société du faux de l'illusion vous aura identifié comme son ennemi c'est que vous êtes porteur d'une vérité que la société ne peut pas vous laisser propager elle vous tuera donc et elle jettera sur vous la honte et le déshonneur Meursault accepte de mourir pour incarner la plus profonde vérité de ce monde à savoir
que la vie est absurde et c'est à partir du moment où il accepte son sort où il l'accepte du plus profond de son être qu'il se réconcilie avec la vie car après tout la vie est pour rien le suicide n'est pas une solution à l'absurde la solution à l'absurde c'est la révolte la révolte c'est le choix d'une troisième voie entre l'angoisse et le mensonge l'acceptation qui nous fait nous sentir en vie qui fait que chaque parcelle de notre peau vibre d'une intensité infinie peut-être que le meurtre qu'a commimero n'était qu'un suicide différé tu es pour
être tué me reçois tu allais au devant de la réprobation il est allé au devant de la fatalité parce que c'est le seul moyen de conjurer l'absurde de le pousser à son extrémité pour finalement l'évacuer dans un cri de colère contre Dieu l'absurde et comme le mal il ne se combat pas il s'embrasse je vous remercie [Musique]
Copyright © 2024. Made with ♥ in London by YTScribe.com