pourquoi c'est si compliqué de faire une bombe atomique attention je me plains pas au contraire je trouve ça plutôt bien que ce soit pas à la portée du premier venu mais pourquoi presque 80 ans après la première explosion ça reste quasiment inaccessible pour la plupart des pays de se doter d'une arme nucléaire et bien c'est notamment parce que les contraintes physiques et chimiques sont telles qu'il reste extrêmement compliqué teologiquement de se procurer même simplement la matière première nécessaire à la confection d'une bombe atomique aujourd'hui on va passer en revue une partie de ces étapes de
fabrication alors attention on est loin d'un tuto faites votre bombe à la maison hein mais je trouve que c'est intéressant pour deux raisons la première c'est que ça permet de parler de pas mal de phénomènes physiques importants et ça c'est bien la deuxième raison c'est que plonger dans les détails de la fabrication d'une bombe ça permet de comprendre comment une opération comme le projet manatan a pu coûter si cher environ 1 % du PIB des États-Unis à l'époque mais aussi ça éclaire certains enjeux actuels de géopolitique par exemple autour de la question des fameuses centrifugeuses
le phénomène qui est à la base du fonctionnement de la bombe atomique c'est celui de la fission nucléaire et hasard de l'histoire il n'a été découvert que quelques mois avant le début de la deuxème guerre mondiale en décembre 1938 deux chimistes allemands Otto Anne et Fritz Strassman travaille à Berlin et s'amuse à bombarder de l'uranium avec des neutrons leur but c'est d'essayer de créer de nouveaux éléments chimiques plus lourds que l'uranium on n'en connaissait pas encore à l'époque le truc c'est qu'à la suite de l'opération ce qu'il met en évidence ça n'est pas un nouvel
élément plus lourd comme il l'espérait mais plutôt la présence de barium un élément déjà connu et sensiblement plus léger que l'uranium comme ils ne savent pas trop comment interpréter le phénomène il décide de faire appel à la physicienne liise mener Liz mener avait déjà collaboré avec ottoanne par le passé mais étant juive elle avait fui l'Allemagne Nazi pour la Suède quelques mois auparavant en se basant sur les données de l'expérience de Anne et Strassman LZ mener travaille alors avec Auto Frich pour démontrer que ce qu'il s'est produit est en fait un processus qu'il baptise fission
nucléaire leur interprétation c'est qu'un noyau d'uranium percuté par un neutron peut se scinder en deux noyaux plus petits par exemple du barium et du krypton et lis mener estime par des calculs qu'une telle opération de fission dégagerait des millions de fois plus d'énergie qu'une simple réaction chimique ordinaire pour bien comprendre le phénomène de fission nucléaire il est important de faire la différence avec la radioactivité à l'époque la radioactivité était déjà bien connue depuis une quarantaine d'années notamment grâce aux travaux de maricuy sur le radium dans la radioactivité un élément peut se désintégrer de façon spontanée
en donnant un élément qui est juste un tout petit peu plus petit par exemple le radium 226 peut se désintégrer en radon 222 en émettant un noyau d'hélium dans le cas de la fission d'une part elle n'est souvent pas spontanée il faut l'impact d'un neutron pour la déclencher d'autre part elle produit deux fragments de taille relativement comparables ce qui libère sensiblement plus d'énergie qu'une simple désintégration radioactive quelques mois après la découverte de ce phénomène de fission nucléaire en avril 1939 au Collège de France à Paris Frédéric jolio et son équipe démontrent que la fission d'un
noyau d'uranium peut libérer à son tour deux à tro neutrons supplémentaires et c'est un fait essentiel car il ouvre la possibilité de faire une réaction nucléaire en chaîne sur le papier le principe d'une réaction en chaîne est assez simple c'est l'idée qu'un noyau qui fissionne peut libérer de nouveaux neutrons qui vont à leur tour pouvoir fissionner d'autres noyaux et ainsi de suite le terme de réaction en chaîne est très associé dans notre imaginaire à la physique nucléaire mais il faut réaliser qu'une simple combustion c'est aussi une réaction en chaîne prenez disons une molécule de mé
CH4 et 2 de dioxygène O2 dans l'absolu ces molécules aimeraient bien réagir entre elles ce qui donnerait du CO2 et de l'eau et aussi de la chaleur mais cette réaction ne peut pas se produire de façon spontanée pour qu'elle a lieu il faut commencer par lui filer un peu d'énergie par contre une fois que c'est parti chaque réaction dégage suffisamment de chaleur pour en allumer une deuxè une trè et ainsi de suite donc quand du papier ou du bois brûle c'est une réaction en chaîne une réaction en chaîne de nature chimique la grosse différence entre
une réaction chimique et une réaction nucléaire c'est l'énergie libérée en physique des particules on compte souvent les énergies avec une unité particulière l'électronvt une réaction chimique comme la combustion d'une molécule de méthane c'est environ une dizaine d'électronvolts la fission d'un noyau d'uranium c'est plutôt 200 millions d'électrovolts grosse différence et donc en 1939 suite à la publication des résultats de jolio et son équipe de nombreux physiciens réalisent qu'avec une fission nucléaire en chaîne il serait possible en théorie de fabriquer une bombe dévastatrice d'un genre nouveau et tout le monde comprend que l'Allemagne Nazi vu le niveau
de sa recherche en physique ne serait pas la plus mal placée pour se lancer dans cette entreprise en août 1939 pour alerter sur ce danger Albert Einstein signe une lettre adressée au président américain Roosevelt et rédigé not notamment avec son collègue léo silard je cite un passage de la lettre une seule bombe de ce type transportée par bateau et explosant dans un port pourrait très bien détruire l'ensemble du port ainsi qu'une partie de la zone aux alentours toutefois de T bombes pourrait très bien s'avérer trop lourde pour un transport aérien comme vous le voyez à
l'époque ça reste spéculatif et la question de la taille que devrait faire de telle bombe est encore incertaine et c'est essentiel on y revient alors moi connaissant juste vaguement cette histoire je m'étais longtemps imaginé que la lettre d'Einstein avait secoué le président américain et qu'à partir de là ça avait été le branlebas de combat du projet manatan avec des milliers de personnes des millions de dollars débloqués openheimer tout ça mais en fait pas du tout à la suite de la lettre d'Einstein le gouvernement américain décide de la création d'un comité consultatif sur l'uranium bon bah
très bien faisons des réunions ça occupe et il alloue un budget à silard et Fermi pour qu'il creuse un peu la question un budget de 6000 dollars autant dire qu'ils ont pas pu faire grand-chose au début et pour comprendre pourquoi ça a commencé si petit en 1939 avant de s'accélérer souainnement seulement en 1942 il faut vraiment se pencher sur la physique de la fission nucléaire alors imaginons que vous vouliez faire une bombe àion nucéaire qu'est-ce qu'il vous faut bon un élément qui peut fissionner sous l'impact d'un neutron et qui quand ça se produit libère d'autres
neutrons pour qu'on ait au moins sur le papier une chance d'avoir une réaction enchane déjà si on fait la liste des éléments disponibles pour faire ça bah il y en a pas beaucoup ce sont ceux du bas du tableau périodique et le seul qui existe à l'état naturel c'est l'uranium on l'a dit l'uranium libère en moyenne entre deux et tr neutrons à chaque fission donc il a l'air du candidat idéal pour une réaction en chaîne sauf qu'il y a une subtilité supplémentaire imaginons une réaction de fission dans un morceau d'uranium et disons que trois neutrons
sont libérés al souvent on représente ça comme si chacun de ces trois neutrons allait tout de suite rencontrer un autre noyau et automatiquement provoquer une nouvelle fission et ainsi de suite mais en vrai c'est loin de se passer comme ça déjà vous savez peut-être que le volume occupé par le noyau dans un atome est tout petit hein les atomes ce sont surtout du vide un neut qui se déplace dans la matière va surtout se déplacer dans le vide et croiser un noyau seulement de temps en temps et ensuite si c'est le cas le neutron ne
va pas de façon systématique provoquer une fission il n'a qu'une certaine probabilité de le faire et au total il se peut très bien qu'un neutron émis par une fission finisse par ressortir intact du morceau d'uranium sans avoir provoqué de nouvelles fission pour avoir une vraie réaction enchaîne soutenue si disons chaque fission émet TR ne neutron il faut qu'en moyenne au moins un de ces neutrons finisse par provoquer une nouvelle fission et au maximum on peut se permettre d'en perdre de qui sortirait de l'échantillon sans avoir réagi comment on fait pour augmenter cette probabilité qu'un neutron
émis provoque à son tour une nouvelle fission alors de façon intuitive ça va dépendre de la distance que ce neutron va parcourir dans le matériau plus il parcour de distance plus il a de Chan de finir par taper un autre noyau et donc pour minimiser les neutrons perdus et augmenter le nombre de fissions bah il y a une solution très simple prendre un morceau d'uranium plus gros et il existe en fait une taille minimum au-delà de laquelle on sait que chaque fission provoquera par la suite au moins une autre fission et qu'on aura donc une
réaction en chaîne la masse de matériaux nécessaire pour atteindre ce point de maintien de la réaction en chaîne c'est ce qu'on appelle la masse critique si vous voulez provoquer une explosion nucléaire il y a une masse minimum d'uranium qu'il faut réunir et d'ailleurs si vous la réunissez la réaction devrait normalement démarrer toute seule et c'est un concept assez bizarre quand on y pense comparer ça avec la combustion chimique on l'a dit la combustion est une réaction chimique enchaîne mais là il y a pas de masse critique un petit tas de bois est tout aussi facile
à enflammer qu'un grand tas de bois il y a pas une quantité minimale de bois à réunir avant d'espérer pouvoir démarrer un feu ou au contraire et bien avec les réactions nucléaires en chaînne il y a une notion de masse critique de masse minimum à réunir et c'est pour ça souvenez-vous que dans sa lettre einstein disait qu'on nétait pas certain de la masse de matériaux qu'il faudrait il parlait d'une bombe dissimulée dans un bateau et disait ne pas savoir si une bombe suffisamment légère serait faisable pour qu'elle soit transportable par un avion pour résoudre cette
question et lever l'incertitude mentionnée par Einstein il faut déterminer la masse critique de l'uranium pour essayer de faire cette estimation les physiciens de l'époque avaient entrepris des mesures sur le comportement des noyaux d'uranium et les résultats étaient peu concluants il semblait que la masse critique nécessaire était d'au minimum plusieurs tonnes et certains pensaient même qu'elle devait être tellement grande qu'il n'y avait aucun sens à poursuivre ce programme nucléaire peut-être que les bombes atomiques étaient tout simplement infaisaes de cette façon en 1940 aux États-Unis les recherches sur le sujet piétinaient un peu et on était encore
très très loin du projet manatan tel qu'on l'a connu par la suite et l'événement déclencheur vint de Grande-Bretagne au cours de l'année 1940 autofrich le physicien qui avait collaboré avec l'ismeitner fit à Birmingham avec son collègue Rudolph pers une découverte qui allait changer le cours de l'histoire il réalisèrent que les deux isotopes naturels de l'uranium l'uranium 235 et l'uranium 238 avait des comportements vraiment bien différents l'uranium 238 possède en effet une fâcheuse tendance à absorber les neutrons mais sans fissionner derrière on dit qu'il les capture et quand tout à l'heure je vous décrivais la situation
en disant qu'il fallait estimer la probabilité qu'un neutron provoque une fission ou au contraire s'échappe de l'échantillon il y avait en fait une troisième possibilité un neutron émis peut-être capturé et donc définitivement perdu pour la réaction pour estimer la critique nécessaire pour obtenir une réaction nucléaire enchaîne il faut donc tenir compte de ces deux phénomènes laffission et la capture or ces deux comportements sont très différents pour l'uranium 235 et l'uranium 238 aujourd'hui pour estimer les probabilités de ces deux phénomènes on a recours à la mesure d'une quantité qu'on appelle la section efficace et voici les
valeurs typiques pour les deux isotopes ce qui nous intéressent ce sont les valeurs à ce niveau-là vous voyez qu'il y a une sacrée différence ça veut dire que les probabilités de capture sont similaires pour les deux isotopes mais pour la fission il y a un facteur 100 et donc plutôt que d'estimer la masse critique sur de l'uranium naturel on peut essayer de la calculer indépendamment pour de l'uranium 238 et pour de l'uranium 235 pour l'uranium 238 bah c'est simple elle est infinie il y a 10 fois plus de capture que de fission donc jamais il
y aura de réaction en chaîne mais si on considère uniquement de l'uranium 235 alors là ça change tout en mars 19 140 frish et PS estimèrent que la masse critique d'uranium 235 nécessaire pour provoquer une réaction nucléaire en chaîne était de seulement 600 g si on pouvait séparer l'uranium 235 il en suffirait finalement d'une toute petite quantité pour en faire une bombe largement transportable par avion contrairement à ce qu'avait pensé Einstein bon il se trouve que leur mesure n'était pas exacte et que la vraie valeur c'est plutôt 50 kg mais bon 50 kg d'uranium 235
vu sa densité d'environ 19 bah c'est simplement une sphère de 17 cm de diamètre suite à leur découverte sur la masse critique de l'uranium 235 ot Frich et Rudolph pers qui étaient à l'Université de Birmingham écrivèent alors un mémorandum secret qui conduisit à la création d'un programme nucléaire britannique la commission modude alors petite ironie étant donné qu'ils étaient respectivement allemands et autrichiens fris et PS furent immédiatement exclu de ce programme en juillet 1941 la commission britannique publia deux rapports l'un concernant l'usage de l'uranium pour en faire une bombe et l'autre son utilisation à des fins
de production d'énergie ces rapports avaient été transmis quelques mois plus tôt aux États-Unis mais semblait avoir été ignoré par les Américains et il a fallu que le physicien Marcus olifant aille en personne aux États-Unis rencontrer le comité pour l'uranium pour les convaincre de l'urgence de la situation à l'époque le programme nucléaire britannique était manifestement bien plus avancé que le programme américain bon il faut dire que le Royaume-Uni était en guerre alors que les États-Unis toujours pas mais comme vous le savez quelques semaines plus tard en décembre 1941 c'est per l'arbor et là les choses s'accélèrent
et le comité consultatif pour l'uranium devient rapidement ce qu'on connaît sous le nom de projet Manathan bien maintenant qu'on maîtrise les principes scientifiques de la fission nucléaire en chaîne et qu'on sait que pour ça il nous faut 50 kg d'uranium 235 comment on fait et ben c'est là que ça devient vraiment vraiment compliqué on l'a dit he l'uranium existe à l'état naturel et la bonne nouvelle c'est que c'est un élément relativement abondant 40 fois plus abondant que l'argent et 500 fois plus que l'or on le trouve principalement sous la forme d'oxyde UO2 dans des minera
comme la pêche blinde à des teneurs qui peuvent varier beaucoup entre 20 % et moins de 01 %. donc pour commencer on va déjà chercher à isoler l'oxyde d'uranium alors pour ça on broie le minerai et on a recours à un certain nombre de réactions chimiques qui permettent par précipitation ou dissolution de se débarrasser de tous les éléments annexes à l'issu de ces étapes on obtient cette substance jaune ou noire qu'on appelle du yellow cake de formules chimique u3o8 alors malheureusement pour nos affaires on l'a dit l'uranium dans sa forme naturelle existe en deux isotopes
l'uranium 238 c'est 99,3 % et l'uranium 235 seulement 0 7 % et c'est cette petite part là qui nous intéresse et qui va falloir récupérer et pour faire cette séparation cette fois on ne va pas pouvoir recourir à des réactions chimiques la seule légère différence entre l'uranium 235 et l'uranium 238 c'est leur masse environ 1,2 % d'écart mais sur le plan chimique ils sont presque identiques hein ce sont deux formes d'uranium qui subissent les mêmes réactions quasiment de la même façon donc on a aucune chance de trouver des réactions chimiques qui permettent par exemple spécifiquement
de l'uranium 235 pour séparer les deux isotopes il va falloir avoir recours à un procédé physique qui exploite la différence de masse vous allez voir ça va être vraiment laborieux cette étape de séparation des isotopes c'est ce qu'on appelle généralement l'enrichissement de l'uranium mais c'est plutôt trompeur comme dénomination enrichissement ça laisse penser qu'on ajoute quelque chose mais c'est l'inverse on va plutôt essayer de retirer un maximum d'uranium 238 pour ne conserver que l'uranium 235 au total pour produire nos 50 kg d'uranium 235 on va devoir traiter environ 7 tonnes d'uranium naturel et trouver le moyen
de se débarrasser des 6,95 tonnes d'uranium 238 qu'ell contiennent pour ça on l'a dit il va nous falloir un procédés physiques qui permettent de jouer sur la différence de masse et il y en a justement un c'est la diffusion gazeuse l'idée c'est que dans un gaz les molécules bougent de façon aléatoire et plus elles sont légères plus elles vont bouger vite en moyenne et on peut exploiter ça en utilisant une membrane poreuse imaginons qu'on a notre uranium dans un contenant avec une barrière au milieu qui soit une membrane de ce genre l'uranium 235 un peu
plus léger va légèrement plus facilement passer la barrière que l'autre et donc de l'autre côté la teneur en uranium 235 se trouvera augmenté enrichie le souci pour ça c'est qu'il nous faut un gaz la température d'ébulition de l'uranium c'est 4000 1° c'est pas gagnéin une alternative ce serait de trouver une molécule qui contienne de l'uranium et qui soit gazeuse à température pas trop élevée sauf qu'il y a des critères la molécule ne doit comprendre qu'un seul atome d'uranium si elle en contient par exemple de on pourrait avoir un 235 et un 238 qu'onarait pas à
séparer bon il y a par exemple le tétrachlorure d'uranium ucl4 température d'ébullition 791° B mais il pose un problème le chlore lui-même existe sous deux isotopes naturels le chlore 35 et le chlore 37 don des proportions 3/4 1/4 à peu près si on utilise ça les variations de masse du aux isotopes du chlore vont complètement brouiller notre opération donc ça va pas il nous faut un gaz avec un seul atome d'uranium et dont les autres atomes n'ont qu'un seul isotope naturel heureusement il existe un gaz miraculeux qui coche toutes les cases l'hexafluorure d'uranium UFC 6
non seulement le fluor n'a qu'un isotope naturel donc il vient pas induire des différences de mat mais en plus il a un diagramme de phase super sympathique ce diagramme de phase le voici il nous donne la phase solide liquide ou gaz en fonction de la température et de la pression il ressemble un peu à celui de l'eau sauf qu'on est là à température et pression ambiante l'UF6 est solide et vers 55°r il va se sublimer et passer direct à l'état gazeux idéal voilà on va donc utiliser de l'UF6 et faire de la diffusion gazeuse à
travers une membrane afin d'enrichir l'uranium alors comment ça se passe on prend de l'UF6 à base d'uranium naturel il contient précisément 0,721 % d'uranium 235 on met une membrane et on laisse diffuser de l'autre côté et on peut calculer que de l'autre côté à l'issue de l'opération la teneur en uranium 235 sera de 0,722 % pas beaucoup mieux bon la solution c'est de remettre une seconde membrane derrière et de recommencer on dit qu'on ajoute un deuxième étage et on va passer à 0,723 %. 3è étage 0,724 % puis 0,725 et cetera au bout d'un moment
ça commence à augmenter un peu plus mais il faut quand même quelques milliers d'étages successives de ce genre pour espérer enrichir l'uranium jusqu'à un niveau utilisable dans une bombe pour le projet manatan l'objectif n'était pas d'avoir de l'uranium 235 parfaitement pure bien bien sûr mais dans des proportions d'au moins 90 % et un reste de seulement 10 % d'uranium de 138 pour réaliser ces étape d'enrichissement par diffusion gazeuse les responsables du projet ont ordonné la construction d'une usine surnommée K25 à oakriidge dans le Tennesse une usine gigantesque vous envoyez quelques photos ici il s'agissait à
l'époque tout simplement du plus grand bâtiment du monde 500000 m² sur quat niveaux réalisé en moins d'un an et alimenté par sa propre centrale électrique construite aussi pour l'occasion à l'intérieur le bâtiment abritait 3000 cellules de diffusion reliées les unes aux autres avec pour chacune une barrière poureuse un compresseur tout ça opérant sous vide avec ces 3000 étages de diffusion l'objectif de l'usine K25 était d'enrichir l'uranium à environ seulement 20 à 30 %. malgré le gigantisme de l'installation on était encore très loin de l'objectif l'uranium 235 qui sortait de K25 était donc ensuite envoyé dans
une autre usine chargée des étapes finales de l'enrichissement et qui reposait sur un principes différents le calutron calutron c'est un acronyme pour California University cyclotron et c'est une méthode qu'on appelle parfois la séparation électromagnétique en gros l'idée est de ioniser l'uranium pour lui donner une charge électrique puis de l'accélérer et le dévier avec un champ électromagnétique lorsqu'une particule chargée est dans un champ magnétique on sait qu'elle adopte une trajectoire circulaire dont le rayon dépend notamment de sa masse et comme l'uranium 238 est environ 1 % plus lourd que le 235 il a un tout petit
peu plus d'inertie et donc le rayon de courbure de sa trajectoire est un tout petit peu plus grand si on injecte un mélange des deux isotopes en entrée il suffit alors de collecter l'uranium 235 à un endroit et le 238 à un autre enfin ça c'est la théorie évidemment comme pour la diffusion gazeuse il s'agit d'un procédé très lent et progressif et il a fallu en construire des centaines avec tout ce que ça implique le vide et des champs magnétiques suffisant produit par des gros électroéants et pour ça il fallait des milliers de tonnes de
fil conducteur et le cuivre devenait de plus en plus rare sauf qu'à part le cuivre l'argent aussi est un très bon métal conducteur de l'électricité le meilleur même le projet manatan a alors demandé à réquisitionner 15000 tonnes d'argent des réserves du trésors américains pour en faire des fils pour ces électroaimants vous voyez le niveau d'investissement à la fin de la guerre les électroaimants furent démonté remplacé par du cuivre et l'argent fut rendu au trésor grâce à cette étape d'enrichissement par les calutrons de l'uranium 235 à 90 % a pu être produit en quantité suffisante pour
fournir les 64 kg nécessaires à Little Boy la bombe A larguée sur Hiroshima vous connaissez la suite du récit on voit donc avec l'histoire de cette C partie du projet manatan à quel point il est compliqué d'enrichir l'uranium naturel jusqu'à obtenir un taux d'uranium 235 suffisant pour faire une bombe A et on comprend pourquoi le club des puissances nucléaires est resté si fermé pendant des décennies et pourtant la production d'uranium enrichie est aujourd'hui un petit peu plus simple grâce à une invention soviétique dont on parle de temps en temps dans l'actualité géopolitique la fameuse centrifugeuse
[Musique] on l'a vu l'enrgissement de l'uranium c'est une galère car il faut séparer deux isotopes de l'uranium quasi identique sur le plan chimique en jouant seulement sur leur subtile différence de masse juste après la guerre les Soviétiques travaillèrent d'arrachepied pour combler le retard qu'ils avaient sur les Américains et pour ça il s'appuyaient notamment sur des scientifiques allemands qu'ils avaient capturé à la fin de la guerre et ils avaient aussi l'aide de quelques espions chez les Américains le premier test de bombe atomique S tique eu lieu quelques années plus tard en 1949 en 1956 les scientifiques
capturés par l'Union soviétique après la guerre furent remis en liberté l'un d'ux Gernot zipe un physicien nucléaire autrichien retourna alors à Vienne dans les années qui suivirent zipe comprit que les technologies d'enrichissement d'uranium utilisées à l'ouest étaient très en retard par rapport à ce qu'il avait pu réaliser avec son équipe quand il était captif en Union soviétique avec AC les connaissances dont il disposait encore Gernot zipe pu alors aider les Américains à mettre au point le procédé d'enrichissement de l'uranium qu'il avait développé pour les Soviétiques et qu'on utilise toujours aujourd'hui la centrifugation vous connaissez sans
doute le principe d'une centrifugeuse on place un mélange dans un contenant en rotation rapide et les éléments les plus lourds se trouvent éjectés vers l'extérieur c'est ce qu'on utilise par exemple dans les analyses biologiques pour séparer certains constituants puisque l'uranium 230 5 et l'uranium 238 ont une légère différence de masse on peut espérer les séparer par ce moyen sauf que comme vous vous en douter il va falloir y aller fort pour ça on travaille avec le même gaz que pour la diffusion l'exa fluorure d'uranium UF6 et on l'injecte dans des cylindres en rotation rapide on
chauffe pour créer un mouvement de convection et il n'y a plus qu'à collecter l'uranium 238 qui s'accumule contre la paroi et l'uranium 235 un peu plus vers le centre enfin c'est très très théorique qui dit comme ça en pratique c'est comme pour la diffusion gazeuse on collecte un gaz dont la concentration en uranium 235 est très légèrement supérieur à ce qu'on avait injecté et donc il faut enchaîner des centaines d'étages de centrifugation pour espérer atteindre le taux d'enrichissement nécessaire et là quand on parle d'une centrifugeuse on parle pas d'une oruse à salade he plutôt d'un
grand cylindre de plusieurs mètres de haut 20 30 cm de diamètre et qui tourne à environ 1500 tour par seconde 50 à 100 fois plus qu'une machine à laver ou qu'un moteur de voiture sur les bords du cylindre ça fait une accélération centrifuge d'environ 1 million de G autant vous dire que ces centrifugeuses pour les fabriquer et les faire fonctionner c'est vraiment de la mécanique de précision le moindre défaut ou déséquilibre et tout peut partir en vrille les centrifugeuses aujourd'hui c'est donc le point clé à maîtriser si vous voulez fabriquer une bombe atomique et c'est
pour ça qu'on en entend parler par fois dans l'actualité géopolitique qu' s'agisse de la Corée du Nord ou de l'Iran la question des centrifugeuses est au cœur des capacités de production nucléaire des pays et donc des mesures de contrôle de la prolifération des armes atomiques c'est pour la même raison que ce sont les centrifugeux Iraniennes qui ont été prises pour cible par le verre informatique Stuxnet vraisemblablement conçu par la NSA pour saboter le programme nucléaire iranien autour des années 2010 si l'histoire vous intéresse il y a une super vidéo sur le sujet ce qui est
compliqué avec le contrôle de ces centrifugeuses c'est que ce sont possiblement les mêmes qui peuvent être utilisé pour faire de l'enrichissement d'uranium à des fins de production d'énergie nucléaire donc un usage non militaire mais la grosse différence c'est le taux d'enrichissement à atteindre pour faire une bombe on cherche à atteindre 90 % ce qui nécessite énormément d'étapes et de matériel comme on l'a vu pour faire du combustible nucléaire pour une centrale c'est seulement typiquement 3 à 5 % donc c'est beaucoup plus simple la raison de cette différence c'est que le mécanisme de fonctionnement de la
réaction n'est pas le même entre une bombe atomique et une centrale nucléaire et donc contrairement à ce qu'on pourrait penser ce qu'on met dans une centrale c'est pas du tout le même uranium que celui qu'on met dans une bombe ah oui une conséquence parmi d'autres de cette différence c'est que quand il y a un accident comme à Tchernobyl ce qui se produit n'est pas une explosion nucléaire analogue à celle d'une bombe atomique hein c'est un phénomène différent mais bon ça nous emmènerait un peu loin aujourd'hui de parler de tous ces sujets bien entendu tout ce
que je vous ai raconté là est uniquement valable pour les technologies à base d'uranium vous savez sans doute qu'on peut aussi faire des bombes à base de plutonium mais là le procédé est vraiment pas le même puisque le plutonium n'existe pas à l'état naturel et aujourd'hui bien sûr il existe aussi les bombes thermonucléaires qui sont encore différentes et qui peut-être feront l'objet d'un prochain tuto sur la chaîne voilà c'est tout pour aujourd'hui merci d'avoir suivi la vidéo si ça vous a plu abonnez-vous pour augmenter les chances que YouTube vous repropose mes autres vidéos rejoignez aussi
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