Excuse-moi, en fait, je ne sais pas si tu as vu, mais il y a un écureuil qui est mort là-bas. [Musique] Excuse-moi, salut ! Je ne sais pas si tu as vu, mais il y a un écureuil qui est mort là, que tu es passé devant, mais tu as passé comme ça.
Toi, qui l'a tué ? Mais ah non, je n'ai pas marché dessus quand même ! Non, non, tu n'as pas marché dessus.
Mais je ne sais pas, les gens, ils s'en fichent, ils passent devant comme ça. Et j'ai rien vu, j'ai rien vu. C'est où ?
C'est plus haut là-haut ? Parce que j'étais là-haut tout à l'heure. Après, je suis redescendu.
D'accord ? Les gens, ils s'en fichent, tu sais, c'est pareil, ils s'en battent les couilles, quoi. Tu sais, les gens, ils laissent crever les sans-abris.
Donc je peux dire que, ouais, ils laissent crever les sans-abris. C'est sûr que les écureuils, ils ne vont pas s'intéresser à ça. Ils laissent crever des rats aussi, des souris, des pigeons.
Ah, ça ouais, pigeon, tous les jours, on en voit qui meurent. Ouais, c'est triste, quoi. Du coup, tu es venu à Paris pour quoi ?
Pour ça ? Pourquoi j'ai l'air de ne pas venir de Paris ? Non, pas du tout.
Tu veux dire un homme qui se préoccupe des. . .
Non, mais c'est la première fois que je vois ça. Des souris, des pigeons, ce n'est forcément pas un Parisien, quoi. Non, pas du tout, pas du tout.
Non, je ne sais pas, je m'intéresse un peu à la faune et à la flore, donc là, je me promène un peu, quoi. D'accord, ça marche. Mais c'est un écureuil gris.
Un écureuil gris, ça, c'est typique de Paris, quoi. Et toi, tu fais ? Tu es américaine, du coup ?
Non, pas du tout. D'accord, ok, je. .
. C'est bien, ça fait plaisir. Déjà, le fait que tu t'excuses auprès de moi, je trouve ça bien.
C'est comme si, d'une certaine manière, tu t'excusais auprès de l'écureuil. Je suis un peu messager, tu sais. D'un côté, on dit aussi souvent que quelque chose ou quelqu'un est mort, il vit à travers ceux qui pensent à lui, tu vois.
D'accord. Et je me dis que si on pense à l'écureuil ensemble, bah, d'une certaine manière, il vit un peu. Ok, il vit.
J'y penserai bien deux heures alors. Tu veux bien y penser deux heures ? Ouais, même plus, on verra.
Je vais y repenser ce soir avant de dormir. Bah, ça serait sympa. Ouais, ça serait sympa.
On ne va pas aller jusqu'à lui donner un prénom parce que ça, c'est très humain. Ça sera encore plus difficile, je pense, de l'oublier. Ouais, oui, mais on ne veut pas l'oublier, justement, parce qu'on veut rendre cet écureuil immortel.
Le meilleur moyen de rendre quelque chose ou quelqu'un mortel, c'est de penser à lui, au final. C'est vrai, mais c'est vrai, hein, ce truc. D'ailleurs, on dit souvent que le pourquoi les gens veulent construire des grandes choses dans le monde, c'est au final, c'est pour que les gens, que le monde continue à penser à eux.
Une sorte de forme d'héroïsme, en fait. L'héroïsme pour vaincre la mort, quoi. Tu vois, si tu es un héros, tu es immortel.
J'adore les gens qui viennent philosopher comme ça. Après, je ne veux pas gâcher ton samedi. Ah non, du coup, non, j'allais jeter un petit agenda.
Voilà, un petit agenda tranquille. Je me suis baladé pendant que des écureuils crèvent. Toi, tu vas t'acheter un agenda ?
Agenda ? Ouais. Et puis, je suis bien à la bourre, en plus, parce qu'on est bien en fin février, donc je ne sais pas ce que je vais faire pendant deux mois.
Ah ouais, d'accord. Tu veux dire pour les cours ? Non, pas pour les cours, non, je travaille.
Écoute, bah, si tu veux, on pourra échanger nos numéros pour. . .
Ouais, pour parler des écureuils, truc. Mais tu as quel âge ? Tu fais quoi dans la vie ?
Tu peux avoir un petit briefing, quand même, ou pas ? Non, c'est un bon petit tempérament, quoi. Ou c'est national ?
En tout cas, c'est quoi ? Genre, dès qu'on touche un écureuil, tu t'énerves, par exemple ? Mieux vaut pas être autour.
Tu serais capable de tuer un homme ou d'écraser un ornithorynque, par exemple, avec une poussette ou un truc comme ça ? Pas les ornithorynques. Non, je ne peux pas.
Tu mets des coups de pression, toi. Tu as 25 ans, psychologue, et tu mets des coups de pression ? Non, je ne mets pas de coups de pression.
Je ne suis pas très psychologue. Ecoute, prends ton. .
. Tu as été cheerleader, quoi. Tu as été cheerleader ?
J'ai pas compris. Tu as été cheerleader ? Non, juste.
. . Qu'est-ce que tu fais ?
La veste ? D'accord, alors dis-moi. 06, je te vends un carnet à 200 €.
Ok, voilà, voilà. Tu peux. .
. Bah écoute, ça m'a fait plaisir, c'était sympa d'échanger avec toi. Ouais, je ne m'attendais pas.
. . On adore, on adore !