Bonjour à tous, ici Stephen de la chaîne Asian Boss Même si nous voulons vous donner un aperçu authentique de l'actualité et des tendances d'Asie. . .
Nous n'avons pas renoncé à vous fournir des interviews percutantes. L'un des sujets les plus demandés traite des Femmes de réconfort. Des femmes réduites à l'esclavage sexuel par l'Armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Après des mois de recherches nous avons réussi à joindre une des dernières survivantes des Femmes de réconfort coréennes. Voici son histoire. Merci de nous accorder cette interview Nous avons beaucoup de questions à vous poser Nous voulons vraiment vous entendre afin de rétablir la vérité.
Puis-je vous demander quel âge avez-vous? J'ai 93 ans. (âge coréen) Où êtes-vous née?
À Yangsan dans la province du Gyeongsang du Sud. Je suis née et j'ai grandi dans une famille très soudée À ce moment là, tous les jeunes coréens étaient enrôlés dans l'armée japonaise. Comme nous étions sous domination japonaise ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient de nous.
Quand la Seconde Guerre Mondiale commença, ils enrôlèrent même des garçons en pleines études en tant que "soldats étudiants" pour le Japon. Malheureusement, ils ne furent pas les seuls enlevés Ils arrachèrent aussi les jeunes Coréennes. "Arracher" c'est-à-dire, venir chez vous et vous enlever?
- Oui c'est ça. Même si nous ne voulions pas y aller, nous y étions forcées. Quand j'ai demandé à ma mère où j'allais, elle m'a répondu qu'à cause de la Seconde Guerre Mondiale, j'irais travailler dans une usine à uniformes militaires.
Parce qu'ils manquaient de main-d'œuvre, ils avaient apparemment besoin de jeunes femmes. Ils ont promis à ma mère que je serais de retour à l'âge de me marier. Et que je n'avais donc aucune raison de refuser de partir.
Et si vous aviez refusé? Nous aurions tout perdu, et aurions été expulsés de Corée. C'était du chantage.
Comment aurions-nous survécu sans tous nos biens? Je me suis dit qu'en travaillant là-bas, au moins, je ne serais pas tuée. Donc j'ai décidé d'y aller.
On m'a amenée à un port, à Busan. Là-bas j'ai pris un ferry nocturne, et je suis arrivée à Shimonoseki dans la matinée. Nous étions entre 30 et 32.
-Il y avait uniquement des femmes? -Oui. Elles avaient aux alentours de 18, 19, 20 ans.
J'étais sans hésiter la plus jeune. Si j'ai bien compris vous aviez 14 ans à l'époque? C'est ça, j'avais 14 ans en âge occidental soit 15 en âge coréen.
Après quelques jours, on nous a dit de prendre un autre bateau, celui-ci nous a amenées à Taïwan. Une fois descendues, nous avons dû attendre un autre bateau. Jusque là rien ne vous avait semblé étrange?
J'étais trop jeune pour voir que quelque chose clochait. La seule chose que je savais était que nous avions encore du chemin à faire. J'étais loin de me douter de ce qui se préparait.
Après des jours de voyage, nous avons encore pris un autre bateau, qui nous a amenées dans la province du Guangdong en Chine. Quand nous sommes descendues du bateau, nous avons été accueillies par des hauts gradés japonais. Ils m'ont demandé mon âge.
Quand ils ont su que je n'avais que 14 ans, Ils ont discuté entre eux se disant : "N'est-elle pas trop jeune? " Mais bon, ils m'ont quand même dit d'entrer dans un bâtiment. Là, j'ai été accueillie par une équipe d'aides-soignants militaires, qui m'a examinée.
Après ça, ils m'ont dit de rejoindre mon dortoir. Je ne sais pas si c'était à l'origine une grande école ou une usine. .
. Mais c'était très grand. On pouvait voir ce qu'il se passait dans beaucoup de pièces depuis l'extérieur.
Vous pouviez voir des gens avoir des rapports sexuels La première fois, on m'a traînée dans une chambre et battue, pour que je me soumette. Je saignais abondamment lorsqu'il eût terminé parce que c'était ma première fois. Les draps baignaient dans le sang.
Quand ils eurent tous terminé, je suis remontée dans mon dortoir. Là-bas, j'ai vu deux autres filles pleurer parce qu'elles venaient de subir la même chose. Nous nous sommes dit : "Comment sommes-nous censées vivre ainsi?
" "Plutôt mourir. " Nous avons cherché à savoir comment nous suicider. J'avais entendu dire qu'on pouvait mourir d'un coma éthylique.
Mais il nous fallait de l'argent pour acheter de l'alcool. Heureusement, j'avais reçu 1KRW (0,00078€) de ma mère. C'était beaucoup d'argent à l'époque.
Cet argent était destiné à m'acheter à manger si j'avais faim. J'ai décidé de l'utiliser pour mourir. Il y avait une femme de ménage qui travaillait là-bas.
Je l'ai appelée, puis lui ai donné l'argent, et lui ai demandé de m'acheter quelque chose de fort, qui m'assommerait pour de bon. Elle a rapporté une énorme bouteille Kaoliang (vin chinois 38-63°) Elle m'a dit de boire ça, et de prendre de l'eau après. Dès que j'ai bu, ce fut comme si ma bouche avait pris feu.
Ensuite je ne pouvais même plus sentir ma gorge. Mais nous avons fini la bouteille à trois. Vous avez bu toute la bouteille?
Bien-sûr que oui. Nous étions toutes inconscientes. Nous serions mortes si personne n'était intervenu.
Mais comme nous avions été absentes toute la journée, on a commencé à nous chercher. Et on nous a trouvées au sol, inconscientes. Les aides-soignants sont arrivés et nous ont ranimées en pompant nos estomacs.
À cause de ça, aujourd'hui encore je suis incapable de bien digérer la nourriture. Mon estomac est endommagé à vie. Je me suis réveillée dix jours plus tard.
C'était comme si la pièce tournait autour de moi, j'étais mentalement absente. Voilà pourquoi je suis encore en vie. Dès lors j'ai décidé que, nous devions survivre pour tout raconter quoi qu'il en coûte.
Afin de survivre et rentrer chez moi. . .
Je n'avais d'autre choix que de me soumettre. Et comme nous nous soumettions, nous n'étions pas battues. Que vous-ont-ils infligé?
Avoir des rapports sexuels quotidiens avec des soldats japonais Combien de fois par jour? Le samedi, je commençais à midi et finissais à dix-huit heures. Ils faisaient la queue.
Ils étaient en rang? Oui. Si c'était trop long, le suivant frappait à la porte.
C'était donc un fil continu? Oui, l'un après l'autre. Ils utilisaient des préservatifs, et du lubrifiant.
Le lubrifiant leur facilitait la tâche. Je le supportais déjà mal une ou deux fois par jour. Mais il y en a eu tant que j'ai cessé de compter.
Aux alentours de dix-sept heures, je ne pouvais même plus me lever. Ni marcher droit. Toute la partie inférieure de mon corps me faisait mal.
En fin de journée les aides-soignants venaient, pour soigner ces parties douloureuses. Ils nous faisaient des piqûres, et nous disaient de prendre des médicaments. Le dimanche, c'était de huit heures à dix-sept heures.
Ça c'était le dimanche. Et ça a continué comme ça. .
. On m'a transférée du Guangdong à Hong Kong. .
. en Malaisie. .
. en Indonésie. .
. et à Singapour. .
. Je pense toujours que c'est un miracle de ne pas avoir été abattue et de m'en être sortie vivante. À Singapour, suite à la défaite japonaise, les soldats japonais ont tenté de cacher l'existence de ces endroits en nous reconvertissant en infirmières pour l'hôpital militaire.
J'ai donc travaillé en tant "qu'infirmière" pendant. . .
environ un an. Même si le Japon avait capitulé, les soldats japonais à Singapour refusaient de s'admettre vaincus. Et ont tenté d'empêcher le débarquement américain à Singapour.
Finalement, l'hôpital fut fermé. Une fois l'hôpital fermé, on dit aux Coréens de se rassembler au camp de prisonniers américain. Alors, je m'y suis rendue.
À ce moment là, personne ne dirigeait. On m'a dit que je pouvais aller où je voulais. Mais où aller?
Après nous avoir gardés là-bas pendant quelques jours, Un bateau est arrivé pour les réfugiés. Je l'ai donc pris. Enfin, nous arrivâmes en Corée.
Et j'ai donc retrouvé mes parents et ma famille. Je leur ai demandé combien de temps s'était écoulé. Ils m'ont dit huit ans.
Entre mon départ à l'âge de 14 ans. et mon retour à 21 ans. Huit ans s'étaient écoulés.
Et vous avez pu être réunis au complet? Même si nous étions réunis, ils ne savaient rien de ce que j'avais enduré. Comment aurais-je pu.
. . leur raconter ce que j'avais vécu?
On m'avait fait subir l'inconcevable pour une femme. Il m'était donc impossible d'en parler à qui que ce soit. Tout le monde pensait que j'avais travaillé dans une usine.
Mais comme je refusais de me marier même si je vieillissais. Ma mère a voulu savoir pourquoi je ne voulais pas me marier. Elle m'a poussée à lui dire la vérité.
Par conséquent je lui ai dit qu'étant donné tous les viols que j'avais subis, je ne voulais pas ruiner la vie de quelqu'un d'autre. Ça devait rester mon problème. Je lui ai dit que je ne pouvais donc pas me marier.
Quand elle l'a su, ma mère non plus n'a pas réussi à en parler à qui que ce soit. Elle était abattue. Elle en fit une crise cardiaque.
Et elle mourut des suites de celle-ci. Après avoir traversé tant de peine, quand avez-vous trouvé le courage d'en parler publiquement? À 60 ans.
J'étais révoltée et amère chaque fois que j'y pensais. Et j'ai pensé que ça pourrait s'arranger, si je rétablissais la vérité. Mais aujourd'hui encore, rien n'a été résolu.
Le Japon affirme que, vous étiez des prostituées rémunérées. Et non des victimes, seulement des filles en recherche d'argent. C'est ce que certains pensent.
Comment réagissez-vous face à ces propos? Est-ce ainsi que les adolescentes de 14 ans gagnent de l'argent? Comment aurais-je pu penser à vendre mon corps à cet âge?
Les preuves sont là, mais ils persistent à vouloir le cacher. Si le gouvernement japonais continue à dire que ce n'est jamais arrivé, que puis-je faire? En 2015, la Corée et le Japon ont signé un accord.
Selon cet accord, le Japon devait verser 10 milliards de wons sud-coréens de réparations. Chaque fois que je tente d'évoquer le problème, on essaie de me faire taire. Quand Park Geun-hye était encore présidente, si elle nous avait consultées pour savoir comment résoudre ce problème.
C'est avec joie que nous lui aurions proposé des solutions. Cependant, sans même nous en parler, les gouvernements précédents sont arrivés à un accord entre eux. Et se sont débarrassés du monument aux Femmes de réconfort.
Comment est-ce possible? Quel genre de salauds pourrait signer un accord aussi partial ? Je n'ai cessé de jurer quand j'ai appris ça.
Nous ne nous sommes pas battues pour un tel accord ! Que demandez-vous? Ce que je demande.
. . Des excuses de la part du Japon de nous avoir enlevées et pour les souffrances endurées.
Je veux des excuses officielles. Ils devraient dire : " Ce que nous avons fait est épouvantable, et nous allons corriger nos livres d'Histoire. " Et nous présenter leurs excuses les plus sincères.
S'il présentent ce genre d'excuses officielles, alors nous pourrons les pardonner. Ce n'est pas une question d'argent. Ils continuent d'essayer d'étouffer ce problème.
Et nous nous battons pour ne pas que cela arrive. Ça fait partie de l'Histoire ! Avez-vous des regrets aujourd'hui ?
Des regrets? Bien-sûr que j'en ai. Si j'avais su que ce problème durerait si longtemps.
Je n'aurais jamais partagé mon histoire. Si personne n'avait su, alors j'aurais pu mourir en paix. À 14 ans, alors que j'aurais dû étudier, on m'a enlevée.
Ne pas avoir pu étudier est mon regret le plus profond. Si jamais je recevais de l'argent du gouvernement japonais. .
. Avec cet argent, je financerais les études d'étudiant. e.
s qui n'en n'ont pas les moyens. Afin qu'ils puissent étudier. C'était mon idée.
Mais j'ai 92 ans maintenant, il n'y a plus d'espoir en vue. Alors. .
. Si le Japon reconnaissait ses méfaits vous sentiriez vous le cœur de pardonner? Oui.
On dit bien "Détestez le péché, pas le pécheur. " Ce n'est pas S. Abe (premier ministre du Japon) le responsable.
C'est l'ancien empereur. Je pense que, la vérité finit toujours par éclater. Ça doit être la première fois que vous entendez cette histoire.
Mais pour moi, c'est si difficile de la raconter. Alors qu'à mon âge, je devrais être en paix, le gouvernement japonais continue de faire traîner cette affaire. Alors devoir raconter ça, encore et encore, me brise le cœur chaque fois un peu plus Nous tenions à remercier sincèrement Madame Kim d'avoir partagé son histoire avec nous.
Cette interview a été très difficile à vivre pour elle. Étant donné qu'elle est en phase terminale d'un cancer, et qu'il ne lui reste que 3 mois à vivre. Pour autant que nous sachions, elle a mis toute son énergie dans cette interview.
Dans l'espoir que les souffrances de centaines de milliers de Femmes de réconfort puissent obtenir la reconnaissance qu'elles méritent. Nous pensons que la communauté d'Asian Boss, est pleine de jeunes débordant. e.
s de curiosité intellectuelle et venant du monde entier. Et savons que vous voulez faire changer les choses. Alors partagez cette vidéo, et faites ce que vous pouvez pour sensibiliser à ce problème.
Merci d'avoir regardé cette vidéo, et à la prochaine.