Vous trouvez pas que j’ai changé ? Regardez un peu. Vous avez vu, là ?
Tous ces changements ? C’est fou non ? [Rick : J'en sais rien moi !
J'suis comme vous, je découvre le truc, là ! ] Bah si ! Bah si, parce que je sais pas si vous êtes au courant, mais il ne se passe pas un moment sans qu’on change en fait, rien qu’à cause du temps qui s’écoule : notre corps change, mais aussi notre caractère, nos opinions… Mais est-ce qu’il n’y a pas quand même quelque chose en moi qui résiste à tous ces changements ?
S'il y a bien une question à laquelle c’est un peu difficile de répondre c’est “Qui suis-je ? ” Et j’espère que vous êtes bien accrochés, parce que c’est parti pour une nouvelle Antisèche ! ♫ Générique ♫ Avant de commencer, on va bien faire attention aux concepts qu’on va utiliser.
Aujourd’hui on va parler de conscience, mais au sens psychologique. Et au sens psychologique, la conscience c’est la capacité de représentation de nous-même et du monde extérieur. C’est à la fois ce qui nous met en contact avec le monde et avec nous-mêmes, et à la fois ce qui nous permet de prendre du recul par rapport au monde et par rapport à nous-mêmes.
Une autre notion super importante qu’on va utiliser, c’est l’inconscient. L’inconscient, c'est une hypothèse formulée par Freud et qui désigne une instance du psychisme extérieur et indépendant de la conscience et qui nous détermine à notre insu. Et cette hypothèse elle est plutôt pas mal, parce qu’elle permet d’expliquer ce dont la conscience ne peut rendre con.
Pardon, ce dont elle peut rendre compte ! Comme les lapsus par exemple, ou les rêves. Comme on vient de bien définir nos concepts, on peut revenir à nos moutons et poser notre problématique du jour : Y a-t-il une réponse exacte à la question “Qui suis-je ?
” ? ♪ Musique ♪ Le fait de vivre en société, ça donne à chaque individu une identité déterminée : par exemple moi, je suis une date de naissance, un prénom, un nom, un sexe, un statut social, familial, une nationalité… C’est ce qu’on appelle l’identité sociale. Et elle semble pouvoir répondre à notre question “Qui suis-je ?
” D’ailleurs je sais pas si vous avez remarqué, mais cette identité sociale, c’est la première qu’on donne de nous quand on se rencontre quelqu’un. “Salut, j'suis Cyrus, je suis français, et je suis un homme, Et toi ? ” Cette identité nous permet de vivre en société.
Grâce à elle on se situe facilement les uns par rapport aux autres. C’est pas suffisant pour se définir. Parce que d’abord, c’est pas suffisant pour bien connaître quelqu’un, on tombe pas amoureux d’un métier ou d’un numéro de sécu Ou alors t’es un peu chelou, mais en plus, on s’est déjà tous posé des questions sur son identité profonde, ou alors t’es vraiment chelou.
Par exemple, on a déjà tous pu : se sentir super mature alors qu’on a que 12 ans, se questionner sur son orientation sexuelle, se sentir aliéné dans un taf' qui ne nous correspond pas… C’est très dur de faire coïncider identité sociale et identité intérieure. Car oui, on peut essayer de trouver une réponse à notre question "Qui suis-je ? " en se détachant des apparences extérieures, pour trouver une vérité intérieure.
[You are bizarre (tu es bizarre)] Y a un mec un peu connu, René Descartes qui a dit un jour : “Je pense, donc je suis”. Ce qui veut dire que même si je ne sais pas exactement qui je suis, je sais au moins que je suis une pensée. C’est la seule certitude que je peux avoir sur moi-même, je peux douter de tout, mais pas du fait que moi je doute, pas du fait que moi je pense pas du fait que j’existe.
Notre ami Descartes, il a aussi dit ça : Alors dans le vocabulaire de Descartes, la pensée c’est ce que nous on appelle la conscience, c’est à dire la faculté de se représenter ce qui se passe dans notre esprit. Donc pour lui, l’homme se connaît comme conscience, c’est à dire que la seule chose dont il est vraiment certain, c’est d’être une conscience. Descartes pose donc une équivalence : Si on accepte cette idée, on a notre 1ère réponse à la question : “Qui suis-je ?
" Je suis une conscience. [Applaudissements] Mias du coup, y a quand même quelques trucs qui me chiffonnent. Dire que je suis une conscience, est-ce que c’est suffisant comme réponse ?
Parce que ok, la conscience définit l’être humain, mais elle ne m’aide pas à me définir moi comme être unique. Est-ce que mon intériorité, elle se réduit à la conscience ? Regardez, tout à l’heure je vous parlais de lapsus.
Un lapsus révélateur, c’est un mot qu’on ne voulait pas prononcer à la baise, et qu'on dit à la place d’un autre. Mais il est appelé “révélateur” car il dévoile une pensée inconsciente, cachée, que la conscience ne voit pas. Du coup, on peut se demander : " Quel est alors le statut de cet inconscient par rapport à notre identité ?
" ♪ Musique ♪ Est-ce que comme l’a dit Descartes, conscience = psychisme ? On a un rapport imaginaire à nous-même. Par exemple quand on dit “je” ou “moi”, on pense être transparent à nous-même.
Et c’est pas Freud qui va dire le contraire, contraire, car il dit dans son Introduction à la psychanalyse, Avoir conscience de soi, ça ne suffit pas à répondre à la question “Qui suis-je ? ” car la conscience c’est qu’un effet de surface de l’inconscient, la partie émergée de l’iceberg. On cohabite avec un autre en nous.
Une sorte de coloc qu’on n’a pas trop trop choisi, quoi. L’inconscient est une zone de notre intérieur, inconnue de la conscience. Mais Freud montre que c’est notre inconscient qui détermine notre pensée consciente.
Et pour y parvenir, il va distinguer 3 instances du psychisme : D’abord le Ca. Il cherche constamment à satisfaire les pulsions sexuelles, la libido et les pulsions mortelles. Elles sont inconscientes et obéissent à ce que Freud appelle En gros, c’est là que vont naître toutes nos pensées les plus inavouables.
Puis Freud va distinguer le Surmoi. C’est le gendarme en gros. Il prolonge en nous l’influence de nos parents et de la société, c’est l’intériorisation inconsciente des interdits parentaux et sociaux.
Son rôle, c'est d’empêcher les pulsions du Ça de se réaliser. C’est lui qui va, par exemple que coucher avec ta mère, ça se fait pas trop trop. [Cris d'effrois] Et enfin, dernière instance, le Moi.
C’est l’être de surface qui fait l’arbitre entre les exigences du Ça et les interdits du Surmoi. Et il faut bien adapter les pulsions du Ça aux règles de la société, et ce processus s’appelle la sublimation. Sublimer, ça consiste à transformer une pulsion du Ça, en un désir moralement et socialement accepté.
Par exemple, selon Freud, l’amour de Dieu ou de ses parents, se sont des sublimations de la libido. C’est un peu gênant. .
. Et le sport de compétition ou l’ambition politique, ce sont des sublimations de l’agressivité. Mais il peut arriver que l’adaptation de ces pulsions à la réalité soit impossible.
Le Moi refoule alors les pulsions du Ça, et les oublie. Mais attention ! Oubliées ne veut pas dire effacées !
Elles sont toujours là, dans le Ça, et continuent de déterminer notre identité. Je peux donc dire que je suis déterminé malgré moi, par un inconscient qui décide tout pour moi. Si on suit cette hypothèse de l’inconscient, la seule manière de se connaître serait de réussir à interpréter cet inconscient.
Et ça, c’est possible que par la médiation de la psychanalyse, qui permet de faire remonter à la surface l’inconscient pour en prendre conscience. On peut donc dire que la psychanalyse permet de comprendre ce qui me détermine pour mieux me connaître. [Applaudissements] Mais coup, y'a des nouvelles questions qui se posent : Est-ce que la lucidité que j’ai sur ce qui me détermine suffit à me connaître ?
Et est-ce que je suis seulement ce que mon inconscient fait de moi ? ♪ Musique ♪ On vient de voir qu’avec Freud, se connaître soi-même c’est savoir ce qui nous détermine. Mais l’homme est-il vraiment déterminé à être ce qu’il est ?
Genre, est-ce que je ne suis pas libre de devenir ce que je veux ? ♪ Musique Jazz ♪ ♪ Jamiroquai - Canned Heat ♪ Pour Sartre, l’homme ne se définit QUE par sa liberté. Et pour l’expliquer, il va analyser un objet super simple : le coupe-papier.
Le coupe-papier, c’est un objet qui possède une utilité que l’artisan connaît avant de le fabriquer. L’essence, c’est le concept du coupe-papier, qui précède et détermine son existence. Il faut qu'il soit pensé et défini avant d’être fabriqué.
Comme ça, son existence correspond à son essence, parce que sinon ce ne serait pas un coupe-papier. On ne peut pas fabriquer un coupe- papier si on ne sait pas ce que c’est. Donc là, l'essence précède l’existence.
Mais bon, c’est bien beau de prendre cet exemple, mais jusqu’à preuve du contraire, l’homme c’est pas un objet. Car l’homme c’est pas un concept conçu par un grand artisan. [Il commence à m'agacer !
À m'agacer ! ] Oui, Sartre est plutôt athée. Pour lui l’homme n’est donc pas défini à l’avance.
Il n’est pas déterminé à être ce qu’il est car tout simplement, au départ il n’est rien. L'homme est donc le seul être pour qui “l’existence précède l’essence”. Il n’a pas de nature déterminée, il se construit tout au long de son existence.
On ne naît pas pour devenir boucher ou Youtubeur par exemple, on le devient au fur et à mesure de sa vie. Et même si on le devient un jour, ça veut pas dire qu’on le restera toute sa vie. On peut toujours être autre chose si on le veut.
♪ Un jour, je serais le meilleur dresseur ♪ Mais du coup, ça m'embête un peu cet histoire, parce qu’on dirait qu’il n’y a aucune réponse à la question “Qui suis-je ? ” Et si y a pas de réponses, y a aucun moyen de se rassurer : exister en fait c’est être dépourvu d’essence. Il n’y a pas de “nous-mêmes”, fixe, auquel on peut se référer.
Au lieu d'une essence, ou d’un modèle… il n’y a qu’un vide. . .
Et ça, c’est un peu flippant on est d’accord. Mais Sartre définit cette angoisse comme le sentiment de liberté. Et le propre de l’angoisse, contrairement à la peur, c’est qu’elle ne porte pas sur un objet précis.
On a peur des araignées par exemple, ou des clowns. ♪ Un clown chantant dans un opéra ♪ Mais dans l’angoisse, on découvre que ce qui nous angoisse, Et pour Sartre, y a une autre donnée importante, c’est la mauvaise foi. Pour lui, être de mauvaise foi, c’est nier sa liberté pour fuir l’angoisse, s’inventer une essence, imaginer un inconscient qui nous détermine, pour apaiser cette angoisse d’être libre.
Par exemple, on a tous entendu au moins une fois quelqu’un nous dire “Je suis timide, mais c’est pas ma faute, c’est ma nature”. Et bien ça pour Sartre c’est un mensonge ! La mauvaise foi c’est une tentative de mensonge vis-à-vis de soi-même.
Mais c’est juste une tentative, parce que au fond, on sait qu'on n’est pas déterminé, et qu’on est totalement libre. Du coup Sartre nous aide pas trop à répondre à la question “Qui suis-je ? ", car comme il l’a montré, il n’existe aucune essence de ce que nous sommes.
♪ Musique ♪ Donc prendre conscience de soi, c’est douter de toute réponse exacte et définitive à la question “Qui suis-je ? ”. Cette phrase tu me l'apprends par coeur et tu la cales en soirée.
Effet garanti mon pote ! Mon conseil, c’est que si le sujet : “La question qui suis-je admet-elle une réponse exacte ? ” tombe au bac, il faudrait analyser un peu plus qu’ici, ce qu’est une “réponse exacte”.
Mais si les notions de conscience ou d’inconscient tombent, alors là peu importe le sujet, il faut citer sans hésiter Descartes, Freud, et Sartre. Allez, ton récap. Si t'es là pour tes révisions, te souhaites bon courage, et si t'es juste là pour le kiff, racontes moi ton rêve d'hier soir, ça m'fera plaisir !
Si tu vas rêver maintenant, j'te souhaites de. . .
Fais de beaux rêves ! Fais de beaux rêves vraiment. Voilà !
Tu passes le bac cette année ? T'inquiètes ! L'Antisèche est là !
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