L'un des signaux les plus flagrants qui indique que vous avez été parentifié lorsque vous étiez petit, c'est cet étrange sentiment de ne pas vous souvenir d'avoir été vraiment un enfant. . .
C'est comme si un morceau de votre vie vous avait été dérobé. Ou bien peut-être que vous n'avez que quelques bribes de souvenirs du sentiment d'insouciance qui caractérise la vie d'un enfant. Et peut-être que ces bribes de souvenirs vous reviennent lorsque vous-vous rappelez votre grand-mère, votre tante, la mère d'un ami.
. . en tout cas une présence bienveillante qui vous a permis de vivre cette innocence pendant un certain temps.
. . Une personne qui n'est pas l'un de vos parents en tout cas.
. . Lorsque vous essayez de vous remémorer votre enfance, vous n'avez pas l'impression d'avoir été un enfant, mais plutôt d'avoir toujours été un adulte responsable quelque part.
Aujourd'hui j'aimerais vous parler de la parentification de l'enfant. Dans cette capsule je m'adresse aux ex-enfants, aujourd'hui adultes, qui ont été parentifiés et qui ont endossé la responsabilité d'adultes depuis leur tendre enfance. Mon objectif ici est double : d'abord vous expliquer les principaux signaux de la parentification.
Et ensuite de partager quelques pistes de travail pour prendre le chemin de la guérison. D'une manière générale, on parle de parentification lorsqu'un jeune enfant est contraint d'endosser le rôle d'un adulte avec ses parents. Et la dimension de la contrainte est très importante à souligner d'emblée pour distinguer ce phénomène qu'on peut qualifier d'abusif, et de ce qui relève de la délégation normale de tâches dans une famille et de l'apprentissage de prise de responsabilité à un enfant.
Parce que pour ceux qui sont parents à leur tour aujourd'hui, mon but n'est surtout pas de vous culpabiliser. Il est normal et tout à fait sain d'apprendre aux enfants le sens des responsabilités. En grandissant, il est normal que l'enfant apprenne petit à petit à prendre des petites responsabilités, à hauteur de ses capacités et appropriées à son âge.
Les petits enfants trouvent même ça amusant de contribuer occasionnellement à faire un gâteau par exemple, à faire des crêpes, de passer l'aspirateur, de ranger leurs chambres. . .
Et ça leur donne confiance en eux en plus. Mais ça reste largement encadré par les adultes. Mais ce n'est pas vraiment de ça dont je parle.
Ce n'est pas ça la parentification. Il s'agit plutôt de la contrainte - souvent implicite - de devoir s'occuper des adultes ou bien à endosser complètement la responsabilité de ses parents. Les rôles sont inversés.
L'enfant devient le parent de sa mère ou bien de son père, voire les deux. Dans certains cas, la parentification peut se présenter sous forme d'inceste émotionnel, en ce sens que l'enfant remplace quelque part le conjoint d'un parent au niveau émotionnel. Parfois, l'enfant peut même intervenir en tant que médiateur pour essayer de réconcilier ses parents.
Dans la recherche, la parentification est définie comme étant une perturbation des frontières générationnelles dans laquelle l'enfant sacrifie ses propres besoins d'attention, de confort et d'orientation pour s'adapter et prendre soin des besoins logistiques et/ou émotionnels d'un parent et/ou ceux d'un frère ou d'une sœur. La parentification c’est une dynamique familiale très toxique dont on parle rarement et qui est même acceptée comme une norme dans certaines cultures. Mais la parentification entraîne des répercussions négatives non négligeables.
En général, il existe deux types de parentification qui peuvent coexister en même temps : Le premier type c'est la parentification instrumentalisée. C'est lorsque l'enfant assume des "responsabilités de type fonctionnel", un travail physique, comme le ménage, la cuisine, la prise en charge de la responsabilité des jeunes frères et sœurs, les visites chez le médecin et d'autres responsabilités d'adultes. Le 2ème type c'est la parentification dite émotionnelle et ce type de parentification se produit lorsque l'enfant devient quelque part le conseiller, le confident ou bien le psy de ses parents.
C'est le cas lorsque le parent est incapable de se prendre en charge au niveau psychologique. Ce parent était peut-être malheureux, ou bien insatisfait de la vie, de son mariage, de son travail. .
. enfin de presque tout. .
. Et donc il ou elle fait part à l'enfant de ses frustrations, ses déceptions, son dégoût de la vie. .
. Il ou elle pleure excessivement, se plaint continuellement de ses relations, de son travail, ou même se fait du mal devant l'enfant. La parentification émotionnelle peut également découler des propres difficultés d'attachement du parent et des traumatismes transgénérationnels.
Dans certains cas, il n'est pas nécessaire de faire part de tout ça d'une façon directe. Mais ça peut être un parent qui est dépressif, incapable de se prendre en charge, qui passe peut-être sa journée à crier, ou bien à dormir, un parent alcoolique, ou bien sous antidépresseur, en tout cas un parent qui a un comportement similaire à une personne sous emprise d’alcool ou sous addiction. .
. Un parent qui a tout simplement abandonné son rôle de parent. .
. La parentification se fait alors d'une façon implicite. Car lorsque l’enfant intervient pour sauver et pour aider, pour endosser certaines responsabilités, le parent n'intervient pas pour empêcher cet enfant d'endosser les responsabilités d'adultes.
Il le laisse faire. . .
Et parfois il le récompense. Donc l’enfant se dit bon bah c’est une bonne chose, je vais continuer. Quelle que soit la forme de la parentification ou bien ses raisons, c'est tout simplement trop pour l'esprit d'un jeune enfant.
Souvent, les ex-enfants parentifiés, aujourd'hui adultes, ne peuvent pas identifier facilement l'origine de leur blessure d'enfance, mais ils savent que quelque part qu'ils ont raté quelque chose. Parfois cela peut s'exprimer à travers l'impression de passer à côté de sa vie, ou bien l’impression ou le sentiment de vivre une vie qui est fausse, qui n'est pas authentique, je ne sais pas si ça vous parle, le sentiment de ne pas appartenir, de venir d'ailleurs, l’impression d'avoir été éjecté d'un avion en plein vol et atterri dans cette vie sans comprendre ce qu'on fait vraiment ici. .
. Soyons clairs, je ne parle pas de formes sévères ou graves de dissociation ou bien de dépersonnalisation au sens clinique, mais ça peut être quelque chose dans ce spectre-là. Le sentiment qu'on n'est pas vraiment à sa place, comme si on n’était pas pleinement en train de vivre sa propre vie, mais celle d'une autre personne.
Le sentiment étrange d'être souvent à côté de la plaque. . .
C'est comme s’il y a avait des morceaux du puzzle de votre vie qui vous manquaient, et vous ne savez ni quoi ni pourquoi vous ressentez ça. . .
Un mal-être profond que l'on cache souvent derrière de grands sourires, on prétend que tout va bien, ou bien qu'on évite de confronter en étant constamment occupé à faire des choses, à travailler, à résoudre des problèmes d'autres personnes. . .
Et vous avez peut-être même fait des années de psychothérapie sans avoir pu mettre le doigt sur ce mal-être. . .
L'enfant parentifié a une vie familiale chaotique et ponctuée par des responsabilités énormes. Il se trouve dans l'obligation de s'occuper en permanence des besoins du parent, voire d'anticiper ses besoins pour lui éviter de se faire du mal. Et l'exposition répétée à ces situations lui dérobe sa joie de vivre, son insouciance, ses rêves, ses ambitions, son imagination.
. . Tout ce qu'un enfant devrait normalement vivre lorsqu'il est petit.
C'est ainsi, entre autres, que l'on développe le syndrome du sauveur-satisfacteur. Si vous ne savez de quoi il s'agit, je vous invite à visionner la vidéo que j'ai réalisée à ce sujet. Vous trouverez le lien en suggestion.
En devenant le confident, le gardien, le médiateur, le psy et le protecteur de son parent ou bien de ses frères et sœurs, l'enfant a l'impression que sa famille ne peut pas survivre sans son aide. C'est ainsi aussi que l'on développe ce fâcheux besoin d'être indispensable et nécessaire autour de soi. Mais aussi la croyance que lorsque ça ne va pas dans la famille, c'est que quelque part c’est de sa faute.
Le fait d'être accablé par ces responsabilités excessives c’est un terrain fertile pour faire germer les graines de la honte et de la culpabilité qu'on porte lourdement à l'âge adulte et qui nous empêchent de nous épanouir. L'enfant parentifié peut avoir des parents immatures et émotionnellement limités. Ces parents ne sont pas forcément mauvais.
Mais force est de constater que leur immaturité émotionnelle les a empêchés de répondre aux besoins d'amour et d'affection de leur enfant. Dans notre société, il s'agit d'un sujet assez tabou, car les parents se sont fait attribuer un statut presque divin, exempt d'erreurs. En étant sacralisés et placés sur un piédestal, il est presque interdit de leur en vouloir ou bien de décider de mettre une distance à l'âge adulte.
Bah non, il faut continuer de sacrifier vos besoins sur l'autel de ceux de vos parents. Vous leur devez votre vie, votre argent, vos ressources, votre bonheur, votre temps, votre succès. .
. tout, absolument tout. La parentification est une blessure invisible qui fait mal, très très mal.
Il ne s'agit pas de ce qui a été dit ou fait à l'enfant. . .
Mais de ce qui n'a pas été dit et fait à cet enfant. C'est l'absence de présence d'adultes dans sa vie de. Il n'y a peut-être pas eu de mal explicite qui a été fait directement à cet enfant, mais au fond cet être, cet enfant parentifié ne s'est pas senti le bienvenu au monde.
Et les enfants hypersensitifs, doués et empathiques sont particulièrement susceptibles d'être parentifiés. Ce n'est pas parce que les adultes essaient délibérément de leur faire du mal, mais parce que l'enfant hypersensitif est capable de détecter intuitivement les dysfonctionnements émotionnels. Et naturellement il va prend sur lui et intervient en tant que sauveur de la famille.
Sur le long terme, on développe une anxiété accablante, voire une hypervigilance aux sentiments et aux besoins d'autrui. Le bon côté des choses, c'est que la parentification fait apparaître des qualités qui peuvent vous être très bénéfiques dans certains domaines de votre vie, bien sûr si vous apprenez à vous en servir et à les déployer à bon escient et dans les situations appropriées. C'est ainsi qu'on peut devenir un super soignant, un thérapeute extraordinaire, un pompier hors du commun, un médecin remarquable, un avocat extrêmement brillant, un manager d'équipe exemplaire et une source intarissable de motivation autour de soi.
Mais il faut d'abord trouver un certain équilibre entre, d’un côté, l’aspect personnel, les intérêts personnels légitimes et éclairés, et la responsabilité envers les autres, et notre désir d’être présent pour les gens qui sont importants dans notre vie. Les ex-enfants parentifiés n'ont pas appris à trouver cette limite. Ils sont constamment orientés vers les autres.
Dans un premier temps, je pense qu'il est nécessaire de comprendre ce que vous avez vécu à travers votre regard à vous et non pas comme ce que les adultes ont essayé de vous faire croire. Beaucoup d'adultes, dans un effort de reconstituer le puzzle de leur vie, demandent des clarifications à leurs parents ; et ces parents nient en bloc tous ces souvenirs. Vous avez d'abord besoin de vous réapproprier ces souvenirs et votre histoire tels que vous les avez vécus.
Car c'est votre expérience et non pas celle de vos parents. Et peu importe ce qu'ils en pensent, c'était votre réalité, votre vécu, vos sentiments. Et c'est primordial de pouvoir valider cette réalité, valider en quelque sorte les sentiments de cet enfant que vous étiez, et que vous portez toujours en vous.
Si vous avez été parentifié, votre vision de vous-même et de votre vécu était très probablement alignée sur celle des adultes. Et il n'est pas étonnant que vous soyez constamment dans l'autocritique et les jugements sévères envers vous-même. Mais aujourd'hui j'aimerais vous inviter à porter un regard d'amour et de compassion pour cet enfant qui a fait du mieux de ce qu'il pouvait et pensait.
Cette voix autocritique n'est pas la vôtre, mais c'est la voix de tous les messages négatifs que vous avez intériorisés. Il est temps de reformuler ces jugements négatifs et de modifier votre dialogue intérieur. Et en effectuant ce travail, vous allez sûrement éprouver de la tristesse, la tristesse d'avoir été dérobé de son enfance.
Mais on ne peut pas rattraper le passé. . .
Guérir c'est aussi faire le deuil de cette enfance idéale et rêvée que vous n'avez jamais eue. Et aujourd'hui, vous pouvez vous offrir certaines de ces expériences que vous n'avez pas pu avoir dans le passé : c'est à dire vous amuser, jouer, faire des activités ludiques, vous offrir des moments d'insouciance, faire des activités qui vous auraient fait vraiment plaisir dans le passé, improviser, imaginer créer. .
. Dans le passé, votre valeur était définie d'une façon erronée par votre capacité à apporter des soins aux autres, à vous occuper des autres, à les aider. Mais il est temps aujourd’hui de vous défaire de cette croyance et d'apprendre à vous recentrer sur vous au lieu d'être exclusivement guidé par les besoins des autres.
Cela pourrait vous sembler étrange au début, voire extrêmement inconfortable et erroné. Mais en vous recentrant sur vous, vous allez enfin vous occuper de votre enfant intérieur qui a été négligé et laissé de côté. Cet enfant mérite votre amour et toute votre attention.
J'espère que cette capsule vous a permis de voir plus clair et vous a donné envie de poursuivre votre chemin de guérison. Je vous transmets ma compassion, mes encouragements. Enfin, un petit pouce bleu pour booster l'algorithme et faire en sorte que YouTube suggère cette vidéo à des personnes qui ne connaissent pas encore ma chaîne.
Merci pour votre écoute, à bientôt.