Pour ne rien rater de nos programmes, n'oubliez pas de vous abonner à nos deux chaînes YouTube, le Média TV et le Média 247, et d'activer la cloche. L'État a-t-il couvert une multinationale qui a fraudé pendant des années en vendant, au prix d'une bouteille d'eau minérale naturelle de l'eau pas très différente de celle du robinet ? Oui, répondent les pôles investigation du monde et de Radiofance, ainsi qu'une commission d'enquête sénatoriale dont le rapport est paru lundi après 6 mois de travaux.
Ces conclusions sont accablantes. L'État, y compris jusqu'à l'Élysée, ont dissimulé volontairement des pratiques trompeuse et illégale de Nesle. Après des mois de travail et 73 auditions, la commission d'enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l'eau a rendu ses conclusions ce lundi 19 mai avec au cœur de son travail le scandale des traitements illicites utilisés pour certaines eaux minérales par le groupe Nesley Waters.
Un rapport aux révélations accablantes qui met notamment en lumière une dissimulation délibérée de ses pratiques par l'État qui aurait laissé les industriels poursuivre cette fraude. Ces liaisons dangereuses selon les termes du rapport débouchent sur un scandale à plusieurs dimensions industriel, environnemental et politico-administratif. C'est une affaire qui soulève la question qu'est-ce que pour l'État et pour ses membres et comment pouvons-nous savoir qu'il sait ?
Je vais essayer de vous faire une synthèse en évitant de donner trop de noms et d'acronymes. Pour résumer très très vite, quand on achète de l'eau minérale naturelle, on paye cher de l'eau mise presque directement en bouteille, mais les sources se sont retrouvées polluées. Nesle s'est mis à appliquer les mêmes filtres et les mêmes traitements qui d'ordinaire sont utilisés pour traiter l'eau du robinet.
Le géant suisse filtre ces eaux censées être minérales et naturelles depuis des années. Des systèmes de purification tels que les ultraviolet et le charbon actif, ce qui est interdit par le droit européen. C'est donc une tromperie pour les consommateurs.
Écoutez, ça fait des années en effet même des dizaines d'années que les EOS de ces marques de Nesle Water sont traitées. Or l'inverse de naturel c'est traité. Donc lorsque vous achetez une eau minérale naturelle, vous achetez la minéralité et le fait qu'elle est naturelle.
Et cette eau minérale naturelle, elle est vendue 100 à 400 fois le prix de l'eau du robinet. Donc vous avez une fraude lorsque vous traitez vos eau. Et si vous le traitez, c'est ce que vous avez dit il y a un instant, c'est pas pour rien.
C'est parce qu'il y a un problème sur les eaux brutes, sur les eaux à la source et le montant de la fraude quand même évalué par la DGCRF, c'estàdire la répression des fraudes, c'est plus de 3 milliards d'euros à minima. Donc on parle d'une fraude massive. Ce contournement de la réglementation est d'abord une affaire de fraude commerciale au consommateur, mais c'est aussi un problème de risque sanitaire.
Il faut insister là-dessus. L'eau a été filtrée, elle a été désinfectée. Mais les filtres euh qui sont utilisés dans les usines avec la sentiment de l'État ne désinfecte pas totalement l'eau.
Ils ne la désinfectent que partiellement. Ils peuvent ils peuvent laisser passer jusqu'à 30 % des bactéries et ces bactéries se retrouvent parfois dans les bouteilles. Selon la RS, Nesle continuerait d'utiliser des microfiltres non réglementaires, des filtres qui ne garantiraient donc pas la qualité de l'eau distribuée au consommateur.
Il ne serait pas toujours efficace pour éliminer certains virus contaminant les sources. Heureusement, depuis que la fraude depuis que l'État est au courant de cette fraude, et bien il y a eu il y a des contrôles renforcés. C'est une affaire à tiroir.
Il y a énormément de sous-affaires, mais on peut isoler quelques moments clés qui montrent que non seulement l'État savait, mais a activement couvert. Je vais en donner trois ou quatre. D'abord 2021, une première rencontre entre Nesle et le ministère de l'industrie.
2022, le secrétaire général de l'Élysée rencontre le PDG de Nesle. 2023, une réunion interministérielle autorise une microfiltration pourtant illégale. Et fin 2023, le caviardage d'un rapport de l'Agence régionale de santé Occitanie.
On peut reconstituer tout cela grâce aux nombreux échanges mails et notes ministérielles dévoilées par les enquêtes journalistiques ou sénatoriales. Premièrement, été 2021, des lanceurs d'alerte et des premières enquêtes s'activent. Nessle prend les devants et demande un entretien avec le cabinet de la ministre de l'industrie.
C'était alors Agnès Panier Runachet dans le but de reconnaître avoir des pratiques illégales depuis des années. Du coup, vous vous en tenez là. En fait, il y a Nesle qui vient vous voir a priori vous vous doutez bien.
Enfin, je sais pas comment vous avez vécu les choses. Le cabinet. Le cabinet.
Oui, c'est c'est un vous. En août 2021, Nesley Waters rencontre le cabinet de la ministre déléguée chargée de l'industrie Agnè Panier Runaché. La PDG de Nesley Waters reconnaît l'utilisation de traitements interdits.
C'était une situation héritée du passé dont je ne connais pas l'origine. Nesley avait caché son système de filtration. Ils avaient créé des fausses armoires électriques, de fausses pièces avec de fausses cloisons et ils avaient créé des bâtiments annexes.
Les filtres étaient aussi cachés en sous-sol. Donc en fait quand les agents de contrôle sanitaire venaient dans les usines et bien ils ne pouvaient tout simplement pas se rendre compte que l'eau était polluée. Et immédiatement Nesley Waters demande à l'État une interprétation plus large de la réglementation afin de pouvoir continuer à appliquer une certaine microfiltration.
Dans ces deux usines, Nesley avait installé la même des filtrations UV, charbon et microfiltration, c'est-à-dire les mêmes filtres que ceux qui sont utilisés pour l'eau du robinet. Mais après discussion avec le gouvernement, ils ont retiré une partie des filtres. Ils n'ont laissé que la microfiltration.
Donc ça ça nous permet de savoir que l'État sait depuis au moins 2021. Du coup, il a des aveux sur la tromperie mais ne saisit pas la justice ni n'avertit les consommateurs. Non, il prend son temps et lance de longues procédure de contrôle.
Voici maintenant un deuxième épisode qui prouve que non seulement des ministères étaient au courant mais ont aidé à frauder. On est en février 2023. Il y a une concertation interministérielle santé, industrie et matignon sur le cas des usines d'embouteillage de Nestley dans les Vauges et dans le gare.
Cette concertation a lieu au cabinet de la première ministre Élisabeth Borne sans pour autant qu'elle en soit informée selon le rapport des sénateurs et est placé sous la direction de deux conseillers de l'Élysée et de Matignon. Donc, il y avait bien un conseiller de l'Élysée. La pratique illégale d'une microfiltration avait déjà court, mais la concertation aboutit à l'autoriser de manière implicite mais claire et ce contre les avis des autorités de contrôle sanitaire.
Par exemple, il y a un rapport de juillet 2022 de l'inspection générale des affaires sociales, LIGAS, qui dit que les traitements mis en place pour compenser l'arrivée des pollutions dans les sources constituent une fausse sécurisation. Vous avez des eaux brutes en effet qui sont contaminées avec des bactéries avec à l'intérieur avec et chez cololi. Aujourd'hui, il y a des filtrations qui sont mises en place pour quelque part s'assurer que ces bactéries sont éliminées.
Or, les filtrations qui existent aujourd'hui, elles sont considérées comme une fausse sécurité par le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales. De son côté, l'ANES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire explique aussi en 2022 qu'on a là non seulement une désinfection frauduleuse mais aussi un risque de contamination virale. Cette eau, elle a besoin d'être traitée comme l'eau du robinet par des filtres à charbon, des lampes à UV.
Elle a elle a besoin d'être traitée. Or, elle ne l'est pas parce que aujourd'hui l'appellation au minéral naturel ne fait en sorte qu'elle ne le soit pas et que il y a une difficulté de Nestelé à renoncer à cette appellation au minéral naturel. Il faut aussi citer le directeur général de la santé Jérôme Salomon qui s'opposa fermement à l'autorisation.
En janvier, il avertit le cabinet du ministère de la santé qu'il demeure un risque sanitaire et il recommande de suspendre l'exploitation des sites des Vauges et du gare. Donc l'État ne peut pas dire qu'il a pris ses décisions sans disposer d'avis contraires. Il savait pour la fraude commerciale mais aussi pour le risque toujours présent de contamination.
Scandale d'État, ça veut dire en réalité que les ministres savaient, que Matignon savait et que l'Élysée savait que Nestley trichit. À toutes les échelles politiques aujourd'hui, nous pouvons affirmer avec certitude que l'information était connue. 3è gros événement, nous sommes en décembre 2023.
Un rapport de l'agence régionale de santé ARS Occitani soulligne qu'il y a des contaminations dans les sources perriées dans le gare, ce qui déplaît à Nesley. Le groupe va alors se tourner vers le cabinet de Roland l'Escur, alors ministre de l'industrie. Et c'est ce cabinet qui va jouer un rôle de facilitateur.
Ce qu'il faut bien voir, c'est que l'État, tout comme Nesley, a plutôt intérêt à garder secrète la pollution des sites de forage où on prend l'eau. Alors, le ministère de l'industrie alerte celui de la santé. Écoutez bien, il écrit "Le risque serait qu'on nous reproche d'avoir autorisé pendant 3 ans l'exploitation en eau minéral naturel de ces forages alors qu'il y avait une contamination circonscrite par des traitements non réglementaires.
L'État pourrait être accusé de cautionner sans rien faire. " Donc ils écrivent le truc noir sur blanc. Ils savent très bien.
Plusieurs ministères, mais aussi un préfet et le directeur de l'ARS Occitani vont alors discuter au calme avec les gens de Nesley pour édulcorer le rapport. Oui, c'est très grave ce qui s'est passé dans ce rapport parce qu'en effet vous avez un industriel qui devient co-auteur du rapport. C'estàd qu'il y a des paragraphes entiers du rapport l'udateur pour Nestley qui sont rajoutés à la demande de l'industriel.
Nous, on retrace les mails, on voit les envois de Nestle. Ah bah les mails, ils sont ils sont édifiants. Les mails, ils sont édifiants.
Vous avez donc des envois et les paragraphes, on fait un avant après dans le rapport. Donc vous pouvez bien vous rendre compte des choses, quel ce qu'aurait dû être le rapport normalement et ce qu'il a été. Et dans sa première version, il mentionne entre 2020 et 2023 la présence de bactéries eu cololié dantérocoque.
La version finale note simplement que les échantillons étaient conformes 97 % du temps. Cette liste de pesticides retrouvés dans l'eau a elle aussi disparu du rapport final. Modification tellement gênante que le fonctionnaire qui instruit le dossier décide de retirer sa signature.
Pour faire modifier ce rapport, Nesle s'adresse d'abord directement à l'ARS. qui refuse. Selon l'enquête des sénateurs, l'entreprise contacte donc les ministères de la santé et de l'industrie qui donnent raison à l'industriel et demandent à la RS de procéder au changement sur le document.
Un article de Mediapart décrivait le lobbying tentaculaire de Nesley qui utilise tant les leviers locaux, des moyens de pression considérable sur certaines municipalités qu'étatiqu et à leur niveau, les conseillers ministériels achètent le discours du groupe sur l'emploi, sur l'absence de risque sanitaire et cetera et ce jusqu'à la tête de l'État. Et voilà mon 4è point clé. Le premier contact prouvé avec l'Élysée se déroule le 11 juillet 2022.
À l'occasion du sommet Chose Friends, le PDG de Nesley rencontre Alexis Coler, secrétaire général de l'Élysée, bras droit d'Emmanuel Macron. Les rencontres et les échanges entre l'Élysée et les équipes de Nesley se sont poursuivies au moins jusqu'en janvier 2025. Coler fournit même au nouveau PDG de Nesley les bons contacts au sein des différents ministères.
Donc, on voit que l'État via certains de ses membres entre dans une logique transactionnelle avec le groupe. Il adopte ses éléments de langage et même va chercher des failles dans l'arsenal réglementaire, notamment européen. La manière dont l'État est rentré dans une logique transactionnelle.
L'État ne s'est pas comporté comme l'édicteur de la norme garant de l'intérêt général qu'il doit être. Il est rentré dans une discussion avec Nesley. Il a dissimulé au grand public cette fraude.
L'Élysée est au courant depuis 2022. Le ministère de l'industrie l'est depuis 2021. Alexis Colleur a refusé de témoigner malgré la convocation devant la commission d'enquête.
Par représaille, les sénateurs ont décidé de rendre public les différents documents que leur ont transmis l'Élysée. Ils déduisent de la lecture de ces documents que la présidence de la République savait, au moins depuis 2022, que Nesley trichait depuis des années, avait conscience que cela créait une distorsion de concurrence avec les autres minéraliers et avait connaissance des contaminations bactériologiques voire virologiques sur certains forages. Emmanuel Macron lui bien sûr nit toute entente avec Nesle.
Non, je vais pas faire des commentaires sur des ça il faut que chacun fasse son travail. Moi je suis pas au courant de ces chosesl par les cancers, je suis venu par les santé et la constance qu'on doit avoir. Non, il y a de l'entente avec personne de connivance avec qui que ce soit.
Il y a un travail qui est fait mais je veux je me permets quand même de revenir au sujet du jour. En somme, dans cette affaire somme toute très classique, on voit une multinationale surpuissante nouer des relations personnelles avec des membres de cabinet ministériel, faire du chantage à l'emploi et fait comprendre à l'État que son intérêt n'est surtout pas de reconnaître que les sources sont de plus en plus polluées et que elles sont de plus en plus impropres à en extraire ces eaux minérales naturelles françaises si réputées. Personne de conivence et qui ce soit.
Ce qu'on voit alors dans tous ces documents, c'est que l'État se met à sa disposition, préférant couvrir une fraude et même laisse l'entreprise coécrire la norme. Moi, je suis pas au courant de ces choses-là. J'ai quand même envie de finir avec une remarque, c'est que la grille de lecture qui est celle de ceux qui ont rédigé le rapport d'enquête sénatoriale, la grille de lecture qui consiste à voir un état garant de l'intérêt général qui cède aux pressions d'une multinationale qui l'agresse de l'extérieur en quelque sorte, cette lecture est plutôt insatisfaisante, insuffisante quand on voit le niveau d'intrication entre l'État et les intérêts privés.
Je vous laisse avec ça. On se retrouve dans de semaines.