Mon modèle en séduction, c'est mon père. Mon père n'a pourtant jamais été bon dragueur, comme il le disait souvent, et pourtant ça n'a jamais empêché d'être entouré de femmes, de femmes qui souriaient, qui riaient beaucoup, et à commencer par ma mère. Mon père était un bon tchatcheur, alors le terme exact est "badiner".
Mon père badinait, il parlait avec tout le monde, il était très sociable. Il adorait briser la glace avec les gens et jouer un petit peu avec eux, taquiner. Et c'est alors que partout où on allait, il fallait que mon père rigole avec la caissière, philosophe avec le clochard, négocie avec l'agent de maintien de l'ordre pour éviter de payer la prune.
Il y avait toujours des interactions, et très souvent, elles commençaient de la manière suivante : ils nous regardaient et disaient : "Tiens, regarde, moi, fais rigoler la dame d'Arnoul," avec mes frères et sœurs. On s'échangeait des regards posés, genre "Merde, mais qu'est-ce qu'il va encore nous sortir ? " et on était un peu mal à l'aise parfois.
Sauf qu'en fait, chaque interaction se passait plutôt bien, d'après ce que je me souviens de ma petite tête d'enfant. J'avais l'impression que ça se passait plutôt bien. Souvent, on avait des avantages, et à chaque fois, il concluait l'interaction comme une commune, comme si la messe était dite.
Voilà, ils disaient : "Tiens, tu vois, les gens n'attendent qu'une chose, c'est que tu viennes parler avec eux. " Alors cette phrase, il nous l'a tellement répété comme un mantra que j'ai fini par y croire. C'est peut-être faux, cela peut être pas vrai, les gens n'ont peut-être pas forcément envie de parler avec moi, et pourtant, moi, j'ai fini par y croire.
J'ai appris, grâce à lui, à associer les interactions avec des inconnus à quelque chose de positif. Bien que j'étais très timide lorsque j'ai commencé la drague de rue en 2010, eh bien ça m'a, je pense, aidé à avancer plus rapidement, à vaincre ma timidité. Parce qu'en fait, j'ai très vite, je me suis justement débarrassé de cet état d'esprit de dragueur de rue.
J'ai très vite arrêté de draguer et pour commencer finalement à badiner, c'est-à-dire à appliquer et un petit peu répéter ce que j'avais vu faire mon père pendant des années. Alors, c'est quoi le problème avec la drague ? Le problème, c'est que beaucoup d'hommes ont une vision très binaire d'une interaction avec une femme.
Ils disent : "Je vois une jolie fille. Soit elle est en face de moi, soit je ne lui parle pas et je suis une baltringue parce que je n'ai pas osé me lancer. Soit je prends mon courage à deux mains, je prends mes couilles, je fais le grand saut dans le vide, voire parfois même je cours après, je la rattrape, je fais trois pas devant elle, je lui fais un compliment et je prie pour gratter son numéro à la fin de l'interaction.
" C'est un état d'esprit très personnel, presque un état d'esprit de combattant où j'affronte la personne qui est en face de moi pour essayer de me choper un truc. La drague, comme je dis souvent, c'est le devoir de performer ou la punition du râteau. Voilà, il n'y a pas d'autre issue.
Il y a deux issues possibles et ça, je crois que ça empoisonne beaucoup de mecs. Je crois que le poison, c'est l'anxiété de la performance qui est inexorablement associée à la drague, d'avoir cet état d'esprit. Mais le mec, non seulement dans un état d'esprit de performance, mais en plus de culpabilité.
Dans la définition, je vous la mettrai à l'écran, je suis tombé sur une phrase qui disait : "Le charlatan, essayant d'attirer, prend des victimes comme dans une nasse. " Il y a énormément de culpabilité dans la tête du dragueur, parce qu'il se dit qu'il est là pour arracher un truc, le prendre et pour lui-même. Le voyez-vous ?
Il est là pour arracher, et ça, c'est très mauvais comme état d'esprit. Alors que l'état d'esprit du badinage, d'antan, la tête, il y a une nana qui s'assoit en face d'un badin nord, en face d'un gars comme mon père, je suppose que dans sa tête, il se disait : "Mais quelle connerie je vais bien pouvoir lui sortir. " Que ce soit un homme ou une femme, il observe le contexte et regarde.
Il n'est pas en train de se concentrer sur la beauté de la vie ou sur le numéro qu'il pourrait lui arracher ou le râteau qu'il pourrait se prendre. Il est juste en train de regarder : "Est-ce qu'il y a un truc drôle sur lequel je pourrais rebondir ? " S'il y a quelque chose dans le contexte qui m'amuse, c'est le contexte qui prime sur le résultat.
Si le mec est concentré sur le numéro de téléphone ou le potentiel râteau, c'est-à-dire s'il est en train d'anticiper ce qui peut venir, il n'est pas dans le moment présent. Donc il n'est pas concentré sur ce qui est en train de se passer, il n'est pas concentré sur le contexte. Je dirais que cette vision absolument tout ou rien des rapports hommes-femmes, des rapports humains, eh bien c'est très anglo-saxon, finalement.
Ça ne correspond pas du tout à notre vision latine. Cette vision donc tout ou rien, c'est soit je lui parle et je suis un dragueur, soit je ne lui parle pas et je suis une baltringue. Je ne fais pas de compliments aux hommes, parce que je ne suis pas un homosexuel.
D'ailleurs, les Anglo-saxons ont cette phrase, que je trouve débile au plus haut point : dès qu'ils disent un truc bien, il faut préciser "No homo. " Je te fais un compliment, "no homo". Un mec, bonne, on voit bien qu'ils aient une influence des Américains.
Il suffit de regarder les mots qu'on utilise en game, le "game frenzen". Même moi, je lutte avec ce mot, je dois, je le reconnais. Pourtant, je ne suis pas fan des mangles, et quand on regarde l'étymologie du mot "drague", eh bien, ça vient de l'anglais.
Toute blague, tout jalce, et c'est un succès du champ lexical de la pêche. Ça veut dire prendre des filets et tirés vers soi. Ce n'est pas beau et ce n'est pas très joli, le charlatan essayant d'attirer, prendre des victimes comme une menace.
Toute cette culpabilité, en plus, à l'état, alors que "badiner", ces Français, c'est un vieux mot français. Ça veut dire plaisanter avec enjouement, folâtrer, s'amuser, se livrer à des jeux puérils. Et c'est tout à fait léger.
J'ai trouvé une définition où ils donnaient un texte de la littérature française pour illustrer un peu ce terme, mais je les trouvais très bien. Je joue la lie : "Il crut pouvoir y réussir en badinant avec l'inconnu à la faveur de cette amabilité française, de cet esprit parfois léger, parfois sérieux, toujours chevaleresque, souvent moqueur. " Et ça, ça vient de Balzac, "Les Chouans", page 124.
Badiner, c'est léger, badiner, et il n'y a pas d'engagement. On peut partir quand on veut, on rentre quand on veut. Badiner, c'est comme un doigt de pied trempé dans l'eau, c'est comme un petit job en sparring, voyez, ça n'implique pas grand-chose.
Et je trouve que regarder les définitions de ces mots clés, eh bien, ça en dit long sur finalement l'état d'esprit à voir. Parce que si vous regardez le mot "flirter", par exemple, "flirter" qui a été repris par les Anglais, à la base, il menait des Français à conter fleurette. Donc on a quand même des bonnes idées en séduction.
Donc voilà, il faut essayer, les amis, de se réapproprier cette capacité à badiner qui est propre à notre culture latine, ou peut-être même dans nos gènes, qui sait ? Et donc, quand je vois une fille à côté de moi, ma première réaction est évidemment de me dire : "Tiens, elle est plutôt mignonne. " Oui, comme n'importe quel mec.
Mais très, très vite, je retrouve les automatismes qui viennent de mon père. Finalement, j'entends sa voix à nouveau : "Il tient, on va les faire rigoler. " Et moi, je le répète, cette phrase : "Il tient, on va les faire rigoler.
" La dalle, tiens, on va faire rigoler la dame. Et en fait, chut, je suis très curieux de voir la réaction qu'elle va avoir. Et je n'ai absolument pas peur, en fait, de la réaction.
Je m'en fiche royalement, parce que je n'ai rien à perdre. J'ai strictement rien à perdre et je n'ai rien à gagner non plus. Je me dis : "Voilà, je me dis, il n'y a rien à gagner.
" Donc il n'y a rien à perdre. Une démarche part du principe que, de toute manière, il n'y aura rien de plus que moi qui vais sortir ma connerie. Il n'y aura rien de plus.
Et parfois, bon ben, c'est reçu avec politesse. Parfois, la personne est assez froide, elle n'a pas envie de parler, et dans ce cas-là, pas de soucis. On a proposé un jeu, la personne n'a pas voulu rentrer dedans, on passe à autre chose, et aucun problème.
Mais parfois, la personne, elle rentre dans le jeu. D'ailleurs, jeudi, la personne, ça peut être un homme ou une femme, encore une fois. Moi, je me suis fait des amis comme ça, des amis mecs.
Et parfois, donc la fille, la personne, rentre en jeu. Bonjour, ensemble, et savoir sur une autre conversation, sur une longue interaction. Et à la fin, en fait, ça serait juste, on ne se reverra pas, en fait.
C'est la suite logique des choses. Et là, à ce moment-là, ça devient tout à fait cohérent. Absolument pas "forter" entre guillemets.
"Devenir", écoute, il faut qu'on se revoie, quoi, parce que la loi est là, ça colle. Là, on s'entend bien. Et c'est exactement ce que j'ai voulu vous montrer dans ma dernière formation, qui s'intitule "30 jours, 30 rencontres", où j'ai été le plus transparent possible sur toutes les interactions.
On en a fait un bon paquet, je dirais une cinquantaine à peu près, un peu plus peut-être. Des interactions en caméra cachée qui ont été toutes filmées avec quasiment aucune coupure. On les a quasiment toutes mises pour vous montrer quelles étaient les réactions sur une trentaine de défis.
Il y a plein plein de réactions différentes. Il y a des filles qui sont blasées, il y a des filles, comme je vous ai dit, qui réagissent avec froideur, qui savent qu'elles ne s'arrêtent pas, qui répondront avec politesse, et certaines avec qui ça colle super bien. Il y a une superbe interaction qui se crée, mais ça dépasse toutes nos attentes, en fait.
On ne pouvait absolument pas le prédire, et ça nous amène dans des directions, parce qu'on réalise qu'on a des points communs sur plein de sujets différents à partir d'une petite connerie. La fille a joué un peu avec moi, et derrière, on s'est rendu compte qu'on avait plein de points communs, des valeurs en commun, des passions en commun. Ça, on ne pourrait pas l'avoir avec un état d'esprit de dragueur, en fait, parce que l'avantage quand on badine, c'est qu'on badine un peu avec tout le monde, on n'y a pas de filtre.
On ne regarde même pas le sexe ou la beauté de la personne, on parle un peu avec tout le monde. Des fois, même, on parle avec une fille, pas forcément jolie de prime abord, sur laquelle on ne se serait pas forcément retourné, mais en parlant, on réalise qu'en fait, on a une très belle compatibilité, qu'on s'entend super bien tous les deux. Badiner, ce n'est pas un état d'esprit dans lequel on se met le samedi, entre 15 heures et 18 heures.
Heures pour aller draguer des filles dans la rue, ou alors le samedi soir quand on va en boîte de nuit pour aborder les filles, ou anbar, peu importe. Badiner, c'est un état d'esprit que vous avez tout le temps. En fait, c'est ce que j'ai essayé de développer dans la formation "30 jours, 30 rencontres" : d'aider les gens à sortir, se libérer de la prison sociale.
Très souvent, on est dans une forme de bulle, surtout dans les grandes villes. Encore une fois, pour tout cela, je me suis basé sur mon expérience de psychologue. Le but de cette formation, ce n'est pas juste de rencontrer des femmes, évidemment.
"30 jours, 30 rencontres", on a compris de quoi ça voulait parler. Le but du jeu, c'est de développer en vous des compétences transversales. On a vu par exemple l'intelligence sociale et des compétences qui vont vous servir dans n'importe quel autre domaine.
Pour ce programme, j'ai décidé de faire 20 % de réduction pendant 48 heures, parce que mon but, c'est que le maximum de personnes commence maintenant pendant l'été, notamment jusqu'à début août, pour pouvoir avoir les 30 jours pendant le mois d'août afin de mettre en pratique tous les défis du programme. À 8h30, il y a en tout du contenu vidéo : vous verrez expliquer les défis, démontrer les défis, donner des conseils de psy de manière plus générale. Je n'en dis pas plus ici, je vous mets un lien en bas, dans la description, vous pourrez aller regarder.
Là, je vais un peu plus présenter la formation. Et pour ceux qui veulent rester sur du contenu gratuit, écoutez, vous pouvez également vous inscrire sur la gazette "Philo Gines", dont je vous donnerai le lien, évidemment, comme d'habitude. En attendant, j'espère que cette courte vidéo vous aura plu.
Une vidéo un peu moins travaillée que d'habitude, il est vrai, mais bon, on a le droit de se reposer un petit peu aussi, de temps en temps. Voilà, bientôt les amis.