Tu sais qu'il existe ce qu'on appelle en psychologie sociale l'effet témoin ? C'est le fait que, plus il y a de personnes témoins d'une situation de harcèlement ou de danger, moins les gens vont agir. En fait, tout le monde est en train de se dire qu'il y aura bien une personne qui va agir, ou qu'il y aura bien une personne plus qualifiée que moi pour agir.
Cela provient d'un fait divers qui est arrivé aux États-Unis dans les années 60, et cela s'appelle l'affaire Kitty Genovese. Kitty Genovese s'est fait assassiner en bas de son immeuble, et il y avait plusieurs dizaines de voisins qui ont été témoins : soit ils entendaient les bruits, soit ils étaient à leurs fenêtres, et en fait, personne n'a appelé les flics. Le mec a continué à la poignarder, mais personne n'a réagi parce que tout le monde était persuadé que quelqu'un avait déjà appelé les flics.
Je pense que ce principe en psychologie sociale est important à comprendre, que l'on soit une femme harcelée ou un homme témoin d'une scène de harcèlement. Il est essentiel de réaliser que cela peut avoir un impact sur tout le monde autour de cette situation bizarre. Tout le monde autour des situations de harcèlement qui ne fait rien, qui ne réagit pas, qui reste même avec un visage impassible, cela veut dire qu'il n'y a rien de grave.
Cela s'appelle aussi l'ignorance pluraliste. Cela signifie que, lorsque l'on est face à une situation de danger, les gens vont se comporter de manière la plus impassible possible pour montrer qu'ils gardent leur sang-froid. Ils ne veulent pas montrer qu'ils panique ou qu'ils sont stressés, ou qu'ils ont peur.
C'est notamment le cas dans les grandes villes ; regardez les visages impassibles des gens dans les grandes villes. Du coup, comme personne ne réagit et que tout le monde garde un visage neutre, tout le monde pense qu'il ne se passe rien de grave. Ils ont fait une expérience dans une salle d'attente : ils ont mis un participant avec un compère qui devait rester impassible.
Lorsqu'un feu se déclenchait dans la salle, les participants accompagnés du compère, qui regardait poker face la situation, ne s'inquiétaient pas ; ils n'agissaient pas en rapport avec le feu qui était en train de se déclarer. À l'inverse, la même personne, lorsqu'elle se retrouvait seule dans la même situation, avait plus de chances de prévenir quelqu'un, ou de sortir de la pièce, d'intervenir. Un dernier point clé à comprendre, c'est l'appréhension de l'évaluation.
C'est-à-dire que, lorsqu'ils sont en groupe, les gens vont avoir peur de ne pas être qualifiés pour agir, ou de passer pour des idiots. Cela les empêche d'agir. Cela s'appelle l'appréhension de l'évaluation.
Ils ont peur de faire n'importe quoi ou, au final, de s'exciter pour rien alors qu'il n'y avait pas de problème. Tous ces éléments prennent en compte le fait que les gens peuvent avoir peur. Même si tu as tes amis avec toi, il est normal d'avoir peur de s'interposer lorsque l'on voit plusieurs gars frapper une femme ou un homme, surtout si on est seul.
Cela peut mener à une forme de paralysie. Je pense que, pour intervenir, il faut que la victime désigne quelqu'un et dise : « Vous, monsieur, aidez-moi s'il vous plaît ! » De cette manière, elle indiquerait à cette personne qu'elle est qualifiée pour l'aider.
L'individu ne peut pas refuser, car cela lui éviterait de passer pour un lâche. De plus, le témoin doit également prévenir d'autres personnes et dire : « Venez avec nous, nous allons agir. » Évidemment, c'est très dur, car dans une situation de stress, il est difficile de réfléchir soudainement.
Mais il est bon de prévoir un peu ces méthodes. Voilà, ce serait comme ça que l'on peut agir de manière efficace en cas de danger.