Ça, c’est un vieil Atlas qui date de 1929. Et en me baladant dessus j’ai trouvé quelque chose d’intéressant. Regardez, quand on va sur la double page où on trouve la carte de l’Afrique, on voit que le continent a été totalement colonisé.
En même temps vous le savez maintenant j’avais fait une vidéo sur comment les européens s'étaient emparé de l’Afrique. Mais en y regardant de plus près y’a un truc étonnant, deux endroits semblent avoir échappé à la colonisation. D’abord à l’ouest, le Libéria, mais ce n’est pas un pays vraiment indépendant puisque c’est en fait un territoire acheté par une société américain.
En revanche, à l’est, il y a ce grand pays, cerné par des colonies françaises, anglais et italiennes et qui pourtant semble toujours indépendant. Ce pays, c’est l’Ethiopie, et aujourd’hui j’avais envie de vous raconter son histoire. Car à la fin du XIXe siècle, alors que les puissances européennes se lancent dans une course effrénée pour coloniser l’entièreté du continent Africain, l’Empire éthiopien fait figure d’irréductible, le seul à ne pas avoir été conquis.
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Encore merci à Holy de soutenir la chaîne, bonne vidéo. CHAPITRE I : L’Ethiopie : un empire millénaire Pendant longtemps, les européens ne connaissaient pratiquement pas l’Afrique, hormis les côtes sur lesquelles ils ont installé des comptoirs commerciaux, très peu d’européens ont osé s’aventurer à l’intérieur de ce mystérieux continent. Mais tout change à partir des années 1880.
Après s’être installés aux quatre coins du globe, seule l’Afrique restait encore à explorer. Alors Français, Britanniques, Belges, portugais ou encore Allemands se lancent dans une véritable course à la colonisation. A partir de là je n’entre pas trop dans les détails puisque j’ai déjà réalisé une vidéo spécifiquement sur la colonisation de l’Afrique.
En résumé, en moins de deux décennies, les européens s’emparent d’un continent 3x plus grand que l’Europe où chacun se crée son propre empire colonial. Mais au milieu de tout ça, il y a l’Ethiopie. Pour tout comprendre il faut que je vous raconte un peu l’histoire de l’Ethiopie, puisque si elle a échappé à la colonisation, c’est en partie grâce à son histoire particulièrement longue.
Selon la légende, le royaume d’Ethiopie remonterait à environ 1000 ans avant JC et aurait été fondé par un certain Menelik Ier, un des fils du célèbre roi de Jérusalem Salomon. Mais ça c’est probablement une légende inventée au moyen âge par les rois éthiopiens Ce dont on est sûr grâce à l’archéologie c’est que l’Empire d’Ethiopie est très ancien puisqu’on retrouve ses origines dans l’ancien royaume d’Aksoum qui est le tout preemier royaume d’Afrique à avoir été converti au christianisme dès le IVème siècle. Puis c’est au cours du XIIIe siècle que ’L'empire Ethiopien apparaît véritablement sous la dynastie des Salmonidé, une dynastie qui justement tire son nom de Salomon.
Mais pendant longtemps l’Ethiopie reste ce lointain royaume chrétien que les européens connaissent assez mal. Quand commence la colonisation de l’Afrique, les européens connaissent donc déjà l’Empire éthiopien. Ils savent que c’est un empire très ancien qui, en plus de ça, est chrétien, ce qui lui donne l’image d’un État , disons, un peu plus civilisé que les autres.
C’est sans doute la raison qui explique pourquoi l’Ethiopie est au début épargnée par la colonisation. Mais l’Ethiopie profite aussi de sa position géographique, si on regarde sur une carte on voit de suite que l’Ethiopie est enclavée, elle n’a pas d’accès à la mer, ce qui la rend encore moins intéressante pour les européens. (plan carte) Les éthiopiens vont même voir la colonisation comme une chance.
Déjà dans les années 1860, sous le règne de l’empereur Téwodros II, l’Ethiopie noue des liens commerciaux avec les occidentaux qu’elle continue d’entretenir dans les années 1880 sous Yohannes IV quand les européens commencent à s’installer sur la Corne de l’Afrique. Parmi eux, il y en a un qui jusque-là n’était pas parvenu à s’imposer comme une grande puissance coloniale, ce pays, c’est l’Italie. (REFAIRE) CHAPITRE II : Face à l’Italie L ’Italie est à cette époque un tout jeune pays, puisque ça fait à peine 10 ans que le pays a été unifié pendant le Risorgimento.
L’Italie fait figure de petit dernier et au début de la colonisation de l’Afrique elle n’a ni l’ambition, ni les moyens de concurrencer des puissances comme la France ou le Royaume-Uni. Mais une fois la période du Risorgimento passée et que l’Italie est enfin stabilisée, les italiens se disent que finalement la colonisation ça pourrait être bien pour l’économie du pays, et puis ça permet de récupérer plein de ressources et d’enfin pouvoir s’affirmer comme une grande puissance ; après tout ils sont bien les descendants de l’empire romain. Tout change donc à partir de 1881.
A partir de là l’Italie commence à s’intéresser à l’Afrique et plus particulièrement l’Afrique de l’Est, puisqu’à ce moment là les français et les anglais se disputent aussi la région. Pour l’Italie c’est l’occasion de se jeter à son tour dans la course aux colonies. Et l’endroit qui va intéresser les Italiens au tout début c’est ici, le long de la Mer Rouge.
Depuis que le canal de Suez a fini d’être creusé en 1869, l’endroit est devenu une position stratégique, il relie l’Europe au détroit de Bab-el-Mandeb, un véritable carrefour entre l’Asie, l’Océan Indien et le Moyen Orient. Mais les italiens ne sont pas les premiers à s’installer dans la corne de l’Afrique, les français se sont déjà installés à Djibouti et les britanniques ont eux colonisé une partie de la Somalie. Les italiens vont eux coloniser la région de l’Erythrée en s’emparant du port de Massawa que les britanniques venaient d’abandonner.
Le souci c’est que les éthiopiens eux aussi voulaient à se moment s’emparer de l’Erythrée pour se donner un accès à la mer. Cette situation débouche sur de premiers affrontements entre les éthiopiens et l’armée italienne. Le 26 janvier 1887, une bataille a lieu près du village de Dogali où l’entièreté du contingent italien est éliminée.
Plusieurs mois après, les Italiens lancent une contre-attaque. Commandés par le général di San Marzano, 20 000 italiens réussissent à repousser les éthiopiens et à convaincre l’empereur Yohannes IV de renoncer à l’Erythrée ce qui permet à l’Italie de faire de l’Erythrée sa première colonie. Sauf que je ne pense pas vous surprendre en vous disant que les Italiens ne veulent pas s’arrêter là.
Assez rapidement ils se mettent à convoiter la région du Tigré au nord de l’Ethiopie, une région d’une haute importance puisqu’elle est considérée comme le berceau de l’Empire d’Éthiopie. Mais maintenant les Italiens se méfient un peu, ils sont au courant que les éthiopiens peuvent leur tenir tête, c’est pourquoi ils ne repartent pas en guerre de suite. Ils vont se montrer un peu plus subtile, et pour ça ils vont profiter d’un évènement tragique, la mort de Yohannes IV.
Après avoir été battu par les italiens au nord, Yohannes IV se met à chercher le soutien des britanniques en les aidant à s’emparer du Soudan. Les Ethiopiens vont donc combattre au côté des anglais et vont les aider à s’emparer du Soudan, ce qui d’ailleurs montre la complexité de la période puisque là on a par exemple un pays africain qui par intérêt, aide un pays européen dans son projet colonial. Mais pendant cette guerre, l’empereur Yohannes IV est tué le 10 mars 1889 à la bataille de Matamma.
C’est là qu’intervient un personnage très important, sans doute la personne la plus importante de toute l’histoire Éthiopienne au vu de ce qu’il a accompli, Menelik II. Né en 1844, c’est à l’origine le Négus, c’est-à-dire le Roi du Showa (Choa), l’une des provinces qui compose l’Empire d’Ethiopie et qui s’est toujours posé en rival de l’empereur Téwodros II puis de Yohannes IV. Et autant vous dire qu’il est très ambitieux Pendant des années il s’est constitué une armée de plus en plus grande qu’il a armée grâce au soutien des britanniques.
C’est lui qui fonde en 1886 la ville d’Addis-Abeba qu’il fait relier au port de Djibouti par une ligne de chemin de fer qui permet à la ville de prendre rapidement son essor et de devenir la nouvelle capitale de l’Ethiopie. Il fait venir des ingénieurs occidentaux comme le suisse Alfred Ilg qui permettent à Addis-Abeba d’avoir l’électricité, l’eau courante ou encore le téléphone. (1886-1889) En parallèle, il continue d’étendre le Choa au sud, le but pour Menelik est d’agrandir son royaume en allant conquérir des régions riches en ressources avant que les européens ne mettent la main dessus.
Ces conquêtes permettent à Menelik de devenir le Négus le plus important d’Ethiopie, avec un Royaume du Choa moderne et une armée puissante soutenue par la majorité de la noblesse éthiopienne. C’est pourquoi quand il apprend la mort de l’empereur Yohannes IV, il se dit que c’est peut être son heure. Mais… c’est aussi à ce moment que les italiens décident de revenir dans la partie.
Tout part de l’envoi d’une émissaire, Pietro Antonelli, chargé de signer un traité avec le successeur de Yohannes IV. Il finit par trouver Menelik dans le village de Wouchalé alors qu’il est en route pour se faire couronner, et c’est là que les ennuis vont commencer. Antonelli est là pour faire signer un traité d’amitié entre l’Ethiopie et l’Italie, le souci c’est qu’il fait signer deux documents, l’un est écrit en amharique, la langue éthiopienne, et l’autre est une copie traduite en italien Et le problème c’est que les deux versions ne disent pas vraiment la même chose… En fait c’est précisément l’article 17 qui pose un vrai problème et qui sera le déclencheur de la guerre entre les deux pays.
Dans la version en amharique, il est écrit que Menelik consent à solliciter l’Italie pour soutenir sa diplomatie, c’est-à-dire qu’il accepte d’éventuellement passer par l’Italie pour dialoguer avec les autres puissances européennes. Alors que dans la version en italien c’est écrit qu’il est OBLIGÉ d’être représenté par les italiens, sans le savoir il vient de faire de l’Ethiopie un protectorat, en clair, un genre de colonie qui ne dit pas son nom. (inclure citation) Et ça les italiens ne s’en cachent pas, l’Italie va formellement interdire aux autres états de mettre un pied en Ethiopie comme si elle lui appartenait.
Sauf que le truc c’est que Menelik ne s’en rend pas compte immédiatement, le traité de Wuchalé est donc signé le 2 mai 1889 et quelques mois après Menlik est couronné Negus Negest, littéralement le « Roi des Roi », empereur d’Ethiopie le 3 novembre. Pendant ses premières années de règne, son objectif est clair : poursuivre la modernisation pour faire faire de l’Ethiopie un Etat indépendant, puissant et moderne. Menelik II est quelqu’un de rationnel, il sait que dans le contexte de l’époque son empire est vulnérable, mais il sait aussi que la colonisation peut être une chance pour l’Ethiopie de prospérer.
C’est pourquoi il va habilement nouer des liens avec les occidentaux sans jamais se soumettre à eux. Il sait aussi que l’indépendance de l’Ethiopie repose sur un rapport de force avec les européens, c’est pourquoi il achète des armes aux occidentaux et fait appel à des instructeurs militaires français et russes pour permettre à son armée de s’aligner sur les standards européens. On assiste alors vraiment à l’essor de l’Empire d’Ethiopie, qui va doubler de taille en seulement quelques années.
Tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que Menelik II découvre la vérité sur le traité de Wuchale. Il s’en rend compte lorsqu’il envoie des lettres à la France et à l’Allemagne pour négocier des traités, la seule réponse qu’il reçoit à chaque fois c’est un « désolé, on ne peut pas dialoguer avec vous sans l’accord de l’Italie ». Il se dit, « euh… pourquoi je dois passer par l’Italie, je suis pas une colo… oh wait », Eh oui, c’est comme ça qu’il réalise qu’il s’est fait avoir.
Réaction immédiate, en 1893, il décide d’envoyer une lettre aux puissances européennes dans laquelle il annonce que le traité de Wouchalé est rompu et en profite pour proclamer l’indépendance de l’Ethiopie. Le souci c’est que l’indépendance de l’Ethiopie oui, mais de quelle Ethiopie on parle. Celle avec les frontières actuelles, ou celle avec les frontières que Menelik voudrait avoir, ce qui inclut l’Erythrée italienne.
Je vous le donne en mille, il inclut dedans l’Erythrée. Et ça, ça ne va pas plaire du tout au gouvernement italien de Francesco Crispi pour qui… c’est la provocation de trop. Après une suite de disputes diplomatiques entre Addis Abeba et Rome, ce qui devait arriver arriva, la guerre est déclarée.
CHAPITRE III : La résistance éthiopienne Janvier 1895. Après plusieurs petites incursions sur le territoire éthiopien, l’armée italienne lance sa grande invasion de l’Ethiopie. En trois mois, le corps expéditionnaire mené par le général Baratieri s’empare de la symbolique région du Tigré.
Menelik II essaye dans un premier temps de mobiliser son armée mais il est ralenti par l’organisation féodale de l’empire qui nécessite d’avoir l’accord de chaque roi de chaque province pour pouvoir lever des troupes. Menelik passe donc les premiers mois de la guerre à lever une armée et finalement, au printemps 1895 on estime qu’il a réussi à mobiliser 100 000 hommes. Grâce au matériel, aux armes et aux instructeurs achetés à la France et la Russie, les italiens sont surpris par l’organisation et le commandement des éthiopiens bien plus efficaces que prévu.
Après l’été et les premiers combats les italiens se retrouvent obligés de reculer, le 9 octobre ils se sont repliés à Debra Alia, le 7 décembre ils abandonnent leur poste avancé d’Amba Alagi et le 21 janvier 1896, Menelik II reprend la forteresse de Mekele. Les plans de Baratieri sont en train de voler en éclat, les officiers italiens passent leur temps à se disputer et les chefs de guerre Erythréens qui combattaient à l’origine pour les italiens commencent à déserter pour rejoindre l’armée de Menelik. En métropole, le gouvernement italien est obligé d’envoyer en urgence des renforts pour tenter de renverser la situation.
Baratieri, désespéré, réussit quand même à réunir 18 000 hommes, dont seulement la moitié sont des italiens, et lance en mars 1896 une grande offensive surprise en direction du cœur de l’Addis Abeba. Menelik II en est informé et décide de marcher en direction des troupes de Baratieri. Le 5 mars, les deux armées se rencontrent à Adoua pour une bataille qui va devenir le symbole de la résistance des éthiopiens mais aussi pour tous les africains à la colonisation.
La bataille est d’autant plus importante puisqu’elle a lieu à environ 10 km de la ville d’Aksoum, une ville sainte pour l’église orthodoxe éthiopienne. En face d’eux, les éthiopiens ont des italiens démoralisés, commandés par des officiers divisés et désorganisés. Les troupes de Baratieri n’arrêtent pas de se perdre et de se faire surprendre parce qu’ils ont des cartes totalement fausses.
Sans véritable plan, les troupes coloniales tentent de briser la défense éthiopienne mais assez vite, la bataille tourne au carnage pour les italiens qui abandonnent rapidement le champ de bataille. On compte environ 5 000 italiens et 1 000 érythréens qui sont tués à Adoua. Menelik II s'empare d’une soixantaine de canons abandonnés par les italiens et capture environ 1 800 italiens et 1 000 érythréens.
Les survivants qui s’enfuient vers la côte évoquent une « boucherie » pour parler de la bataille d’Adoua, qui restera à jamais comme la plus sanglante défaite subie par un colonisateur. Et quand la nouvelle de la débâcle d’Adoua arrive en Italie, la population perçoit ça comme une immense humiliation. L’opinion publique commence à réclamer la fin de la colonisation qu’elle juge inutile en plus de couter un paquet d’argent.
Il y a même des manifestations d’épouses et de mères qui empêchent le départ de leurs maris ou de leur fils au service militaire. Sous la pression et à peine 5 jours après la bataille d’Adoua, Francesco Crispi démissionne et le Roi Umberto Ier rappelle son prédécesseur Antonio Starabba qui se retrouve chargé de trouver un terrain d’entente avec Menelik II. Pendant ce temps en Éthiopie, malgré la victoire, Menelik II ne crit pas victoire pour autant.
Il a gagné une bataille mais pas la guerre et il est bien conscient que les répercussions peuvent être terribles. Il sait que l’humiliation qu’il a fait subir aux italiens l’expose au risque d’une potentielle contre-attaque voire même d’une coalition européenne qui viendraient éradiquer ceux qui ont osé défier les colons européens. C’est pourquoi, lorsqu’il signe la paix avec les italiens le 26 octobre 1896 avec le , Menelik II décide de renoncer à ses prétentions territoriales, il abandonne l’idée de s’emparer du sud du Soudan, de la Somalie, de Djibouti et surtout de l’Erythrée italienne qui avait déclenché la guerre.
Le frontière entre l’Empire d’Ethiopie et l’Erythrée Italienne se retrouve tracée le long de la rivière Marab. Les prisonniers de guerre fait à Adoua sont libérés et pour être sûr qu’il n’y ai pas d’ennui, cette fois pas de traduction trompeuse en italien, il y a juste une version en amharique et en français approuvée par les deux camps. En réussissant à battre une armée occidentale et en arrivant à mettre fin à la guerre par une habile diplomatie, Menelik II et ses successeurs viennent de gagner des décennies de stabilité.
L’Ethiopie peut donc, les années suivantes, continuer librement son expansion et sa modernisation. Menelik II va poursuivre ses conquêtes vers le sud et continuer à signer des traités avec les européens jusqu’à sa mort en 1913 permettant à l’Ethiopie d’adopter les frontières qu’on lui connaît aujourd’hui. D’une certaine manière, l’Ethiopie prend donc part au redécoupage de l’Afrique, ce qui lui sera d’ailleurs beaucoup reproché dans les années 60 au moment de la décolonisation.
Mais en réalité c’est un peu le seul moyen qu’elle avait pour échapper à la colonisation tout en continuant ses conquêtes. Un véritable rôle d’équilibriste totalement unique dans l’histoire de la colonisation. On peut donc essayer de répondre à notre question et expliquer en quelques points les raisons qui ont permis à l’Ethiopie de ne pas être colonisée : - Déjà, l’Empire d’Ethiopie était un état développé et très ancien qui entretenait des liens avec les européens bien avant la colonisation, européens avec qui les éthiopiens partageait la religion du christianisme.
- Les puissances européennes comme la Russie et surtout la France ont envoyé des conseillers militaires et ont vendu beaucoup d’armes car elles avaient tout intérêt à ce que l’Italie échoue son but d’une vaste colonie qui irait de l’Erythrée à la Somalie. - Et enfin, l’arrivée sur le trône de Menelik II en 1889, qui a su moderniser, centraliser et renforcer son empire avant l’invasion italienne puis qui a su profiter du succès d’Adoua pour mener une diplomatie tout en finesse Tout ça a donc permis à l’Ethiopie de préserver son indépendance au milieu du partage de l’Afrique. Enfin ça, c’est ce qu’elle croyait, puisqu’elle va devoir faire face à un certain… Benito Mussolini.
CHAPITRE IV : La chute de l’Empire éthiopien Quand Menelik II s’éteint en 1913, l’Ethiopie joui d’un prestige si grand qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle devient en 1923 sous le règne de Haïlé Sélassié le premier pays africain à rejoindre la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU. Mais voilà… En rejoignant la SDN, l’Ethiopie se pensait à l’abri, mais ça, c’était sans compter… sur l’Italie, qui a bien envie de prendre sa revanche. Après la défaite d’Adoua, l’Italie a abandonné son rêve de conquérir l’Ethiopie et est parti fonder la Somalie italienne en 1899 puis la Lybie en 1911.
Mais au lendemain de la Grande Guerre, dans une Italie en crise, arrive au pouvoir les fascistes de Mussolini. Le dictateur italien déploie des moyens colossaux pour se tailler un empire colonial. L’Italie est d’ailleurs particulièrement frustrée sur la question coloniale puisque malgré qu’elle soit dans le camp des vainqueurs en 1918, elle ne va pas profiter du découpage des empires allemands et ottomans contrairement à la France et à la Grande-Bretagne.
Pour laver la honte d’Adoua, la première cible du Duche est sans surprise l’Ethiopie, qui dispose de terres et de ressources pour les futurs grands projets de Mussolini qui se voit déjà rallier l’Erythrée à la Somalie pour fonder une grande colonie italienne sur la Corne de l’Afrique. D’autant plus que l’armée italienne de 1935 n’est plus celle de la jeune Italie du XIXe siècle. Alors le 3 octobre 1935 Mussolini lance son invasion de l’Ethiopie.
Face à une armée bien plus moderne et dotée d’une aviation, en à peine quelques mois l’empire tombe et en mai 1936, l’empereur part en exil. Mais si l’Ethiopie est occupée, elle ne devient pas à proprement parlé une colonie, du moins elle n’a pas le temps d’en devenir une. Car quand éclate la Seconde Guerre mondiale, les rêves de Mussolini tournent court.
Quand les britanniques finissent par chasser les italiens d’Ethiopie en 1941, Hailé Sélassié récupère son trône. Quand s’achève la guerre, alors que sonne l’heure de la décolonisation, l’Empire d’Ethiopie vit ses dernières heures. Malgré le rétablissement du régime impérial et même l’accomplissement de la volonté de Menelik II avec l’annexion de l’Erythrée en 1952, l’Ethiopie s’enfonce dans une crise profonde qui voit les nombreux peuples qui furent rattaché de force à l’Ethiopie depuis le XIXe siècle réclamer eux aussi l’indépendance.
En quelques décennies, l’empire millénaire se disloque et le régime impérial s’effondre finalement en 1973, Hailé Sélassié, le dernier Negus Negest, abandonne son trône, ce qui marque la disparition de l’Empire d’Ethiopie.