FILME | O Veneno está na mesa II, 2014

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CALIBAN I cinema e conteúdo
Além de não conter agrotóxicos, o alimento agroecológico não comporta em si injustiças como expropri...
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LE POISON EST SUR LA TABLE II AGROÉCOLOGIE pour nourrir le monde, SOUVERAINETÉ pour nourrir les peuples Le PIB de 2013, divulgué en grande pompe, a annoncé que l'agrobusiness avait sauvé l'économie brésilienne. Il a réjoui ceux qui profitent politiquement de ces chiffres, ainsi que ceux qui font de bonnes affaires sans prendre en considération la vie d'autrui. Le PIB ne tient pas compte, par exemple, des personnes qui contractent des maladies, dont le cancer.
Il ne tient pas compte des coûts du traitement de ces maladies, des vies perdues, de la douleur des familles. Pour eux, seul compte le capital. Il n'est question ni de qualité de vie, ni de destruction de la nature, seul compte le monde des affaires.
Ils sont contaminés par des statistiques manipulatrices qui dissimulent une guerre contre la vie. En 2011, nous étions près de 20 organisations. Aujourd'hui, nous sommes bien plus nombreux.
Une part immense de la société lutte contre le poison qui nous tue chaque jour à petit feu, quand nous consommons des aliments contaminés par les pesticides. NOUS LUTTONS POUR LA VIE Il n'y a pas qu'une seule forme de connaissance valable, il en existe de nombreuses autres. La science moderne, d'une certaine façon, a obtenu le monopole de la connaissance valable, et c'est elle qui est enseignée à l'université.
Cette connaissance est importante, bien sûr, ne serait-ce que parce que je suis un universitaire, mais il ne peut s'agir de l'unique forme de connaissance. Pour un paysan, la productivité de la terre suit des cycles. La terre, qui produit aujourd'hui soja, maïs ou canne à sucre, peut donc être mise au repos l'année prochaine.
Elle a besoin de se reposer, comme nous le week-end, et elle continue l'année suivante. Ce traitement de la nature et cette relation avec elle se fondent sur des connaissances ancestrales, qui doivent être valorisées. Mais il y a une hégémonie politique des grands latifundiaires et des dirigeants de l'agro-industrie.
Avec les médias qu'ils financent ou possèdent, les partis politiques dont ils financent les campagnes, ils parviennent à transformer toutes ces riches connaissances sur la terre, sur l'eau, sur l'atmosphère en magie, superstitions et retard. <i>"Jusqu'à présent nous n'avons pu savoir</i> <i>s'il y a de l'or ou de l'argent</i> <i>ni aucun objet de métal ou de fer,</i> <i>et nous n'en avons pas vu. </i> <i>Mais la terre elle-même jouit d'un air excellent,</i> <i>à la fois frais et tempéré.
</i> <i>Il y a de l'eau en abondance, à profusion. </i> <i>Cette terre est si plaisante que, si l’on veut en tirer profit,</i> <i>tout pourra y être cultivé,</i> <i>grâce à la quantité d'eau qu'elle possède. "</i> Lettre au roi Manuel sur la découverte du Brésil, 1er mai 1500.
L'un des grands drames du 21ème siècle sera la lutte pour le contrôle de l'eau. Les multinationales l'appellent "blue gold", l'or bleu, et veulent la transformer en commodité, négociée sur les marchés et cotée en bourse. Pour la majorité de la population, l'eau est un bien commun qui ne peut être négocié.
Le Brésil, le Vénézuela, le Pérou, la Colombie, la Bolivie, l'Équateur, la Guyane et le Suriname sont les huit pays qui forment la région amazonienne. Ils ont le devoir de la protéger contre la rapacité des spéculateurs. Dans ce contexte de destruction, même la nature appelle à l'aide.
La nature fournit, l'homme détruit. La beauté vivante et colorée de la terre est mise en pièces par un modèle de développement prédateur. Tel un chevalier médiéval muni de son épée, l'homme a incendié les champs de canne à sucre, réduisant à néant les capacités de la terre.
La biodiversité de la faune et de la flore est détruite pour créer un vide immense, très loin de la qualité de vie pour laquelle nous luttons. Des arbres centenaires sont déracinés pour laisser place à des pâturages, les couleurs disparaissent, et la forêt est recouverte des cendres de l'incendie. Le boeuf nous voit comme un ruminant, complice impassible d'une civilisation en route vers l'abattoir.
Ces images montrent l'agonie de ceux que nous appelons "animaux". UN HOMME S'OCCUPE DE 4 MILLE PORCS Nous,qui nous considérons humains, nous l'appelons "technologie de pointe". Nous nous dirigeons à toute vitesse vers la barbarie, l'absence d'humanité et le chômage agraire.
Au creux des vieux sentiers, les oiseaux fuient, les animaux disparaissent, l'eau s'assèche. Là où il y avait de la vie surgit un désert vert. Voici le modèle que nous propose l'agrobusiness : terre rase pour le peuple, et plein de sous pour les riches.
Au contraire de ce que prédit le prophète, le sertão ne va pas devenir mer, ni la mer devenir sertão. Si l'on conserve le modèle agricole actuel, le Brésil va se transformer en un immense désert. Les barrages engloutissent des villes, des vies et des histoires.
La plaque avec le nom du poète signale une rue qui a existé. Le poète promet la revanche. <i>"Les poètes, depuis le fond des eaux,</i> <i>vont la reconstruire, la réécrire.
</i> <i>Elle fera surface avec la boue, le magma,</i> <i>et nous, pauvres mortels, nous l'arracherons aux eaux,</i> <i>comme une étoile naît d'une autre étoile. "</i> Sidónio Muralha, cité par Carlos Drmmond de Andrade dans sa chronique "Aconteceu em Rubineia" GÉNOCIDE CONSENTI LES ZONES AGRICOLES OÙ L'ON UTILISE LE PLUS DE PESTICIDES CONNAISSENT DAVANTAGE DE SUICIDES ET DE MORTS DUES AU CANCER LES BÉBÉS PEUVENT ÊTRE CONTAMINÉS VIA LE PLACENTA ET L'ALLAITEMENT MATERNEL Dans la génération qui nous a précédés, les gens souffraient de cancer à la fin de leur vie. Comme si leurs cellules, fatiguées, les rendaient plus vulnérables.
Maintenant c'est différent, des enfants de 10 ou 12 ans développent un cancer. L'agriculture industrielle ne produit pas de la nourriture et ne coopère pas avec la nature. En fait, elle fonctionne sur le principe de la guerre contre la nature.
Les produits chimiques inventés pour la guerre contre l'humain sont désormais tous utilisés en agriculture. Les pesticides, les herbicides, l'agent orange, ce sont des produits chimiques destinés à tuer. Il ne faut pas s'étonner que les gens continuent à mourir.
Nous avons décidé de répertorier les cas de cancers dans la plaine d'Apodi. Le prêtre a présenté notre équipe, puis il a dit : "S'il vous plaît, levez la main, ceux qui ont un cas de cancer dans la famille. " Là, ça a fait comme ça : "Hop, hop.
. . " C'était une scène surréaliste.
Quand les mains ont cessé de se lever, plus de la moitié de l'église avait le bras en l'air. Pourquoi y a-t-il autant de cas de cancers en zone rurale ? Parce que l'État de Rondônia utilise largement les pesticides.
Non seulement l'agrobusiness, les grandes propriétés, mais aussi les petites propriétés, et ce de façon disproportionnée. Il existe un mythe selon lequel plus le dosage est important, bien au-dessus des recommandations, plus longtemps la plantation sera protégée de ce qu'ils appellent "pestes". Celles que nous, en agroécologie, nous appelons "plantes amies".
L'Organisation mondiale de la santé comprend l'institut IARC, dédié à la recherche sur le cancer. Cet institut, qui a une méthodologie de travail très rigoureuse, presque conservatrice, reconnaît au moins 4 types de pesticides comme cancérigènes appartenant au groupe 1A, ceux au caractère cancérigène prouvé. ORANGE : Stimule la résistance de l'organisme, anti-inflammatoire, prévient la fatigue et réduit le stress.
ORANGE cultivée avec du phosmet : Toxique pour le système nerveux. ORANGE cultivée avec le trichlorfon : Peut provoquer le cancer, générer des anomalies foetales, provoquer un avortement et la stérilité. LES PESTICIDES TUENT BANANE : Énergétique, améliore la circulation, prévient la coagulation.
BANANE cultivée avec du trichlorfon : Peut provoquer le cancer et des malformations foetales. BANANE cultivée avec du carbofuran : Peut provoquer le cancer, une puberté précoce, la stérilité et un avortement. LES PESTICIDES TUENT OIGNON : Aide à contrôler le diabète, réduit le taux de cholestérol et la pression artérielle.
Favorise la santé osseuse, anti-inflammatoire, combat le rhume. OIGNON cultivé avec du parathion méthyl : Peut provoquer le cancer, une puberté précoce, la stérilité et un avortement. LES PESTICIDES TUENT POMME : Bonne pour le coeur et la mémoire, prévient le cancer.
POMME cultivée avec de l'abamectine : Peut provoquer des malformations foetales, un avortement, la stérilité et des intoxications aiguës. POMME cultivée avec de la cyhexatine : Peut provoquer le cancer. POMME cultivée avec du phosmet : Peut provoquer des dommages du système nerveux.
LES PESTICIDES TUENT LÉGUMES VERTS : Aident à combattre le cancer, le diabète, et à réguler la pression artérielle. LÉGUMES VERTS cultivés avec de l'acéphate : Peuvent provoquer le cancer, des malformations foetales, un avortement, l'infertilité, et des intoxications aiguës. LES PESTICIDES TUENT Le cancer de la vessie, celui du rein, tous ces types de cancers sont, d'une manière ou d'une autre, fortement associés à la pollution environnementale.
Ils sont liés à l'usage de pesticides, et à la contamination, en particulier par les métaux, qui sont les substances présentes dans les pesticides, et qui sont donc associées à l'apparition des cancers. Les pesticides ont pour fonction d'éliminer des organismes vivants. Ils produisent, à des échelles déterminées de contamination, des maladies, qui peuvent être à court ou à long-terme.
Nous avons donc affaire à des intoxications aiguës, allant jusqu'à différentes formes de cancer, provoquées par le processus d'accumulation. Aujourd'hui, tout cela est très répandu dans la population. La législation sur le sujet est très complexe.
Il y a d'un côté la surveillance sanitaire, liée au ministère de la santé, et de l'autre les organismes liés au ministère de l'agriculture. On a là, objectivement, un conflit d'intérêts. Au-delà de la question scientifique.
. . Les décisions gouvernementales ne reposent pas toujours sur des bases scientifiques.
Elles reposent aussi sur des bases économiques. Donc les preuves scientifiques, bien souvent, ne suffisent pas à influencer une décision économique. Dans ce conflit entre intérêts de l'agrobusiness et intérêts de la santé publique, c'est souvent la santé publique qui est sacrifiée.
LA TAILLE DE L'AFFAIRE Avec une telle consommation d'engrais et de pesticides. , une part significative de la rente revient à ces entreprises. Or, elles forment un oligopole.
Donc ce marché est contrôlé par le capital international. Par Monsanto, Syngenta, Dow, Bayer, Basf, qui acquièrent d'autres entreprises plus petites. Dans le monde entier, pas seulement au Brésil.
En 2010, elles ont dégagé un profit de 15 milliards de reais. 15 milliards de reais. Au moins 130 entreprises fabriquent des pesticides au Brésil.
Six d'entre elles concentrent 68% du marché. LES MAUX DES PESTICIDES ET LA SANTÉ DU TRAVAILLEUR Le Vale do Açu est l'endroit de l'État où l'on trouve le plus de cas de cancers. D'après une étude, les travailleurs de la région boivent une eau de très mauvaise qualité.
À deux endroits, l'eau s'est avérée contaminée aux pesticides. Le taux de suicide est très élevé, le taux de cancer aussi. Avant l'arrivée de ces entreprises, on ne savait même pas de quoi il s'agissait.
Pour les fruits, on n'utilisait que les bottes et le tablier, on n'avait ni gant ni masque. Donc j'en avais plein le visage, bien souvent. Et j'ai commencé à avoir des maux de tête, des infections urinaires, de la fièvre, et les jambes qui tremblaient.
Le Dr Fatima a diagnostiqué qu'il s'agissait des produits, car je n'étais pas un cas isolé. Plusieurs personnes de l'entreprise sont venues consulter. Et parce qu'elle avait découvert ça, elle a été éloignée d'ici.
J'ai commencé à suspecter que quelque chose n'allait pas quand j'ai constaté l'incidence très élevée de personnes présentant des symptômes psychotiques aigus. Puis j'ai remarqué que ces personnes avaient un point commun : elles travaillaient toutes dans une plantation de bananes. Il y a des gens qui sont devenus fous.
J'en faisais partie. J'avais tellement mal au crâne que je me suis jetée sous un bus. Je me suis démis ce genou.
Je suis devenue folle, dépressive, je ne voulais voir personne. Je déchirais mes vêtements, je balançais mes affaires, et à cause de ça, le patron a dit que j'étais folle. Mais ma folie, c'était la douleur que je ressentais.
Dans le cabinet de consultation, ils me racontaient des choses incroyables. J'ai tout noté dans les dossiers des patients. .
. Mais d'après ce qu'on m'a dit, les dossiers ont été perdus. Ici, nous avons une entreprise, Belo Monte, qui pulvérise.
Avec un avion pour pulvériser les produits. L'avion va à l'usine, et vient ici pulvériser. Ces produits peuvent tomber dans la rivière à proximité, d'ailleurs j'ai vu beaucoup de poissons et d'oiseaux morts.
L'employée de Del Monte est venue me voir : "Soyez assurée qu'avec Del Monte, tout est fait dans le respect de la loi. " Le jour même, par coïncidence, un patient est entré dans mon cabinet, en pleurs, disant que tout ce qui était vivant dans sa maison était mort, qu'il ne restait que sa femme et ses deux enfants. "Que s'est-il passé ?
" "Docteur, c'est que j'habite dans le virage de l'avion. Quand l'avion fait demi-tour pour asperger de produits chimiques, il en tombe sur ma maison. Tout est mort, même les crapauds.
" Si vous allez dans un commissariat, ou à la "superintendance", c'est-à-dire la direction de l'agriculture au ministère. . .
Au Brésil, nulle part vous n'allez trouver la moindre plainte concernant un agriculteur empoisonné. Nulle part. Si vous allez au ministère de la santé, c'est pareil.
La question, c'est : pourquoi ? C'est une question idéologique. Si vous cherchez à savoir combien de cancers, au Brésil, sont liés aux pesticides, vous n'obtenez pas de réponse de nos divers systèmes d'information et de santé.
Et si vous voulez rechercher, parmi les dossiers de cancers, quelle est la profession de ces personnes, là aussi, croyez-le ou non, vous allez rencontrer des difficultés. On a tendance à occulter ces problèmes de santé. Ils n'apparaissent pas.
Pour chaque cas d'intoxication rapporté au ministère de la santé ou à la fondation Oswaldo Cruz pour la santé, il y a 50 cas qui ne sont pas rapportés. Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'entre 1999 et 2009, en 11 ans, il y a eu 62 000 empoisonnements dus aux pesticides.
Soit 5600 par an, ou 15 par jour, ou si vous préférez, un toutes les 90 minutes. Toutes les 90 minutes, quelqu'un est intoxiqué au Brésil. Le poison arrive par l'air, par la terre, il est pulvérisé, il tue de toutes les façons possibles.
Il contamine et détruit les êtres humains, les oiseaux, les abeilles, il détruit la terre, il pollue l'air et l'eau. Quand on parle de combattre les "pestes", on doit savoir que la "peste" est le poison lui-même. DANGER POISON Le 3 mai 2013, l'école municipale São José do Pontal a été arrosée par une pluie d'Engeo Pleno, de la Syngenta, un poison déversé sur une plantation de maïs transgénique.
La cour est à 50 mètres de l'école, il y avait une trentaine d'écoliers dans la cour, ainsi que le bus scolaire, un van et des motos devant l'école. Donc je crois que c'était assez visible. J'ai d'abord pensé qu'il passait pour attirer l'attention.
Quand il est passé, quelques petits lui ont couru après. Tout le monde courait après, on trouvait ça chouette. On pensait même qu'il allait s'écraser, il était très proche.
Lors d'un passage, j'ai senti la chaleur du moteur de l'avion. Il passait très bas au-dessus de l'école. On pouvait sentir la chaleur de l'avion au-dessus de nous.
Puis il est repassé sans éteindre le pulvérisateur de poison. On pouvait voir les petites gouttes de poison tomber sur nous. Alors il a commencé à nous asperger de poison, et on a commencé à tousser, à avoir envie de vomir, à se gratter.
Ensuite on est allés dans la salle de classe. Les élèves ont commencé à se gratter. .
. Enlever le T-shirt, se gratter… On s'est regardés avec l'autre prof : "Les gamins ne se sentent pas bien". On s'est sentis assez désespérés.
SEULS 1% DES PRODUITS PULVÉRISÉS ATTEIGNENT LEUR CIBLE ; LES 99% RESTANTS SE RETROUVENT DANS L'AIR, L'EAU ET LE SOL. Ensuite, ils ont appelé le SAMU, ils ont mis les enfants qui étaient vraiment mal dans le bus, ils ont rejoint l'ambulance à mi-chemin. Quand on s'est croisés, on s'est arrêtés, ils ont bloqué la route, et les pompiers et les ambulanciers ont commencé à traiter les enfants, au beau milieu de la route.
Les enfants sont arrivés à l'hôpital avec des perfusions. Luana s'est évanouie plusieurs fois pendant le trajet, même dans l'ambulance. D'autres sont arrivés sous oxygène.
C'était la panique. - Calmez-vous. - Mon Dieu !
- Calmez-vous. - Doux Jésus ! Miséricorde !
L'ENFANT PARAGUAYEN ASSASSINÉ PAR UN BAIN DE PESTICIDES EN L'HONNEUR DE SILVINO TALAVERA Sa mère l'a envoyé chez le boucher. Quand il est revenu de chez le boucher, le propriétaire répandait le poison, sans aucun respect pour la voie de passage. Le lendemain matin, Silvino s'est levé et m'a dit : "Papa, j'ai mal aux pieds.
" Et moi je lui ai dit : "Eh bien. . .
" Je lui ai dit… "Ton sang a cessé de circuler. " Il est arrivé au centre de santé, et le docteur a dit : "Il est complètement intoxiqué. " Nous sommes arrivés à 13h ; à 15h mon fils était mort.
CARTE DES PLANTATIONS DE TABAC La culture du tabac utilise en moyenne 52 types de pesticides, à l'origine d'une contamination dévastatrice, tant humaine qu'environnementale. Je travaille dans le tabac depuis que j'ai 7 ans, que mon père a commencé à planter. J'ai été dans le tabac depuis ce moment, j'ai toujours fait ça, chaque année.
Et je sens bien à l'intérieur de moi que ça va de mal en pis. Ici, dans la région de la dépression centrale, la région de la vallée de Taquari, de la vallée du Jacuí, on a la plus grande production de tabac du Rio Grande do Sul. Les voisins du dessus aussi sont malades.
Ils se sentent mal, ils ont mal au ventre, ils vomissent. C'est vraiment terrible quand ils cueillent le tabac. On avait une rangée d'avocats, là-haut, il y a longtemps, mais tout est mort.
Le poison est dans l'air, dans l'eau, partout. Plus personne ne peut y échapper. Les fois où j'étais vraiment mal, je pense que c'était à cause du tabac.
Parce que je m'occupais du tabac, j'ai beaucoup vomi, je me suis sentie mal, abrutie. Je suis allée au centre de santé pour recevoir une perfusion. L'esclavage rend les planteurs de tabac totalement dépendants des entreprises de tabac.
Les familles productrices de tabac, outre tous les risques de santé qu'elles encourent, cessent de produire leurs propres aliments. Ces familles n'ont plus de vie sociale, car c'est un travail que d'aucuns qualifient de "servitude". C'est un terme fort, mais c'est une sorte de servitude, parce qu'elle n'a rien à voir avec la logique du travail paysan.
Chaque famille exploite sa propriété pour une entreprise. SAISIE MME EVA DA SILVA UN CAS EXEMPLAIRE Quand la famille ne fournit pas ce qui est attendu, ou même quand il n'y a pas de problème, quand la famille ne livre pas sa production, l'entreprise dispose d'une prérogative juridique : procéder à une saisie. Une saisie est une mesure judiciaire que l'entreprise peut légalement appliquer, en demandant au juge l'autorisation d'aller sur la terre de l'agriculteur saisir le tabac.
Ma mère a été tuée par mandat de justice. Elle ne devait rien à personne. Regardez les factures.
Voici les certificats d'absence de dette de la dernière année. Zéro ! Entrée : zéro !
Prestation pour le four : zéro ! Voici les factures. L'entreprise arrive, avec une escorte de policiers, l'huissier de justice vient, la brigade de police vient, pour accompagner les employés venus chercher le produit.
Même si Mme Eva affirmait qu'elle n'avait pas de dette, ils lui ont dit : "Non, on va prendre ton tabac. " Elle a dit : "Non, si vous prenez mon tabac, je vais me tuer". Et c'est ce qu'elle a fait.
Ils ont commencé à casser la porte du hangar, à transporter… Elle est allée. . .
Derrière la maison, il y avait une vigne et un bassin, elle a pris la corde et s'est pendue, debout. Elle est morte debout. À cause d'une entreprise de tabac.
L'huissier de justice qui était là a appelé le juge, et le juge a demandé à ce que le tabac soit livré encore plus rapidement. On voit la valeur qu'ont les planteurs de tabac dans notre pays. Il existe une autre manière de traiter la terre.
Il existe une autre qualité de vie pour tous. La campagne permanente "Contre les pesticides, pour la vie" est un instrument pour la société dans son ensemble, face au modèle hégémonique d'action du capital dans l'agriculture qu'est l'agrobusiness. L'objectif : expliquer les problèmes causés par les pesticides, pour que la population puisse se faire sa propre opinion.
Face à ça, il ne sert à rien de s'en tenir à la critique. C'est le deuxième objectif de la campagne : soumettre à la société une proposition alternative. Nous, avec les organisations qui font partie de la campagne, nous pensons que l'agroécologie est cette alternative possible.
Ce n'est pas une ferme que j'ai achetée pour la préserver. Je l'ai achetée complètement en ruines, et j'essaye petit à petit de récupérer ce qu'elle était. Avec l'idée qu'à l'avenir, ces collines seront recouvertes de forêt, et que cette forêt, avec la pluie, ramènera de la matière organique dans la plantation, enrichissant encore plus le sol.
L'avantage de l'agriculture biologique, c'est qu'avec un petit bout de terrain, plus il est fertile, plus il est productif. Pourquoi l'agrobusiness a-t-il besoin d'autant d'espace ? Parce qu'il désertifie, et doit donc ouvrir de nouveaux espaces, où il y a encore de la fertilité.
Aujourd'hui je cultive environ 30 produits, il y en a déjà eu 100, l'idée est de revenir à 60 produits. Le bétail est soigné par homéopathie et phytothérapie ; le contrôle des vers, des puces, on fait tout avec des plantes ; le lait est totalement propre ; on fait aussi un fromage de grande qualité. L'avantage, c'est que ce que je mange, ma fille peut le manger.
Dans une ferme conventionnelle, vous ne donnez pas vos produits à votre fille. Je doute qu'un producteur de fraises mange ses propres fraises. Une réunion de producteurs en agriculture biologique, on a l'habitude d'appeler ça "réunion du bien" : tout le monde se soucie de la qualité de ce qu'on va manger.
On ne veut pas devenir plus riches. Je veux laisser à ma fille quelque chose de préservé, de durable, dont elle puisse être fière. Je protège mon eau, mes arbres, mes animaux, ma forêt.
. . notre santé.
Il existe des alternatives pour bien nous alimenter, sans risque de contamination. Voici des produits biologiques cultivés à Paracambi, dans l'État de Rio de Janeiro. Dans ces fermes où la culture est bio, les animaux ne sont pas confinés, et c'est la qualité de vie qui prime.
En plus de ne pas contenir de pesticides, les produits bio ne portent pas d'injustice en eux. Pas d'expropriation, pas de travail infantile, pas de violence contre les femmes, pas de contamination environnementale, des rivières, des sols, des bassins, des gens et des aliments. Ceux qui attendent encore des terres travaillent déjà avec l'agroécologie.
On s'est retrouvés au bord de la route, à la poursuite d'un rêve : avoir une terre, comme dans les occupations. Un jour, un ami nous a parlé de cet endroit. Ça nous a intéressés, et on est venus.
Et aujourd'hui, nous voilà ici. À planter. Ici, on travaille avec l'agroécologie.
On n'utilise pas de pesticides. Malheureusement, les propriétaires autour de nous abreuvent leurs champs de produits toxiques… . .
. et automatiquement il en vient sur nos plantations. Je souhaite que le gouvernement répartisse bientôt les terres, pour que nous puissions travailler, élever nos enfants, et avoir une bonne agriculture sans pesticides.
C'est le rêve de tous ceux qui sont ici. À côté de la ferme où la verdure fleurit, nous voyons une plantation décimée par l'utilisation d'herbicides et de pesticides. Même les couleurs s'évanouissent.
LETTRE DE LA COMMUNAUTÉ DE MIRASSOL D'OESTE Le campement Roseli Nunes à Mirassol d'Oeste, Mato Grosso, travaille avec l'agroécologie, mais ne parvient pas à faire certifier sa production à cause des pesticides utilisés en monoculture de canne à sucre qui atteignent ses plantations. <i>"Nous avons demandé l'aide de tous les organismes publics</i> <i>de tous les secteurs : santé, agriculture, environnement. </i> <i>Nous luttons pour l'agroécologie,</i> <i>pour la production naturelle des aliments.
"</i> ENGRAIS NATURELS, SAVOIRS ANCESTRAUX Les vers sont l'un des meilleurs engrais naturels qui soient. Nous apprenons avec l'agroécologie à produire nous-mêmes nos propres semences. Vous êtes dans la zone de production de fruits.
On cultive aussi des plantes basses au milieu du verger. Quand la production est finie, on travaille avec du compost, on l'incorpore, pour qu'il profite aux plantes. Ensuite on plante à nouveau : citrouilles et haricots au milieu des arbres fruitiers.
Ici, c'est un biofertilisant, c'est-à-dire un compost de feuilles. On l'utilise comme insecticide, un mélange de feuilles de neem et de crottin de bétail frais. Il reste là-dedans pendant 20 jours, et ensuite on peut le pulvériser.
On en utilise deux litres avec 20 litres d'eau, et ça devient de l'insecticide et du compost de feuilles. Ça, c'est du biofertilisant. Je l'utilise en proportion d'un litre.
. . .
. . pour faire 20 litres.
Composition : crottin frais, du jour, de l'herbe hachée, un bloc de sucre brun, un litre de lait. Je ne dépense qu'un real pour le sucre brun, parce que tout le reste je l'ai déjà : le lait, le crottin. Sans aucun pesticide, produit sur votre propre terre.
L'agroforesterie est considérée comme la meilleure alternative pour garantir la diversité dans l'agriculture. L'agroforesterie est un type d'agriculture qui considère la terre comme un être vivant. Toutes les vies dépendent de cette vie.
Si cette vie est en souffrance, où sommes-nous, nous qui dépendons d'elle ? Ce qu'on mange, boit, respire, les vêtements qu'on porte, tout dépend de l'état de la terre. Je travaille ici sur un hectare de terrain.
On arrive à produire près de 3 000 kg d'aliments, sur un seul hectare de terrain. Sans compter la grande diversité de plantes qu'on y trouve. Ce système d'agriculture, on l'apprend entièrement avec la nature.
Si vous savez observer, vous allez voir des tas de choses, apprendre des tas de choses. Si vous fouillez sous les feuilles, vous verrez une grande différence entre ce sol-ci, et celui-là. J'ai reçu ce lot de terrain de 15 alqueires, 36 hectares, en héritage de mon grand-père maternel quand j'avais 15 ans.
À 15 ans j'ai commencé à planter des arbres ici. À l'époque il n'y avait aucun arbre à cet endroit. Donc ça fait… 30 ans que je plante des arbres ici.
L'idée, c'est que si dans la nature, on trouve des forêts, on va faire de l'agriculture dans les forêts. C'est ça, l'agroforesterie. On va devoir respecter les cycles de formation de la forêt pour développer des activités agricoles.
Le résultat met parfois du temps à apparaître, il faut avoir un peu de patience. Mais j'en avais marre de voir des espèces d'insectes qui apparemment créaient des problèmes, disparaître du jour au lendemain. J'ai juste continué à faire mon travail : enrichir biologiquement cet endroit, augmenter la biodiversité, et travailler le sol et la biodiversité environnementale.
C'est tout. Il y a un degré d'artisanat dans notre activité, ce qui ne veut pas dire que tout doit être fait en tout petit, seulement pour l'auto-consommation. En respectant ces fondamentaux, je parviens à avoir une productivité égale ou meilleure à celle du meilleur agriculteur conventionnel.
Je me prends à imaginer qu'une bonne partie des personnes qui sont sur ces terrains illégaux, zones à risque, etc. , sont des personnes de la campagne, qui auraient dû avoir une petite ferme comme moi. Ici, vous allez voir qu'il y a partout une espèce de protection de biomasse, de matière organique dans le sol.
Du coup toute la pluie est retenue, absorbée, et entraînée vers les nappes phréatiques. Donc toute cette pluie drue qui, ailleurs, crée des problèmes, ne nous apporte que des bénéfices. C'est presque gênant de le dire.
Mais pour nous, c'est extrêmement important : la pluie remplit mes réservoirs, pour me servir à la saison sèche. J'ai l'habitude de dire que si l'agriculture biologique est une agriculture qui respecte la nature, qui est en harmonie avec ses lois, l'agroforesterie est une radicalisation de ce concept. Elle se caractérise par la production de très nombreuses espèces végétales, de très nombreux types d'aliments de façon simultanée.
De sorte que nous aurons toujours de la nourriture au sein d'une agroforêt. Les coopératives agroécologiques améliorent l'impact de la production et la distribution de produits biologiques. Ceci est une plantation de riz pré-germé, une plantation de riz biologique.
Pour ne pas contaminer notre champ, nous avons dû construire une route et laisser pousser cette végétation. Car de l'autre côté il y a une plantation de riz conventionnel, qui utilise des pesticides, pulvérisés par avion, qui finissent par affecter notre plantation et par contaminer notre riz biologique. On contrôle les mauvaises herbes avec de l'eau et du limon.
On traite sans faire de mal à la nature, et elle ne fait pas de mal à l'environnement. Nous sommes tous issus de luttes pour la conquête des terres, pour le partage de l'utilisation des ressources naturelles. Il ne sert à rien d'avoir conquis ces ressources naturelles que sont la terre, la nature, l'eau, si on n'en prend pas soin.
Ici, on s'occupe de réceptionner le riz. Le riz est planté, cultivé, puis il vient ici. On réceptionne le riz, on l'analyse, puis il part au moulin.
Là-bas, le riz est séché, épluché. L'enveloppe du riz sert pour la litière des cochons, et la farine grossière est utilisée pour les nourrir. Le riz arrive alors ici, à la salle d'emballage, où on effectue le processus d'emballage, pour que le riz soit prêt à aller sur le marché.
Nous sommes organisés en 48 groupes, qui réunissent 428 familles de producteurs. Elles s'organisent autour de quatre coopératives, et d'un bureau central qui organise la gestion de la production, coordonne les familles, organise la production des semences, la formation des agriculteurs pour produire les semences, et fournit au consommateur final un produit sain, sans pesticides, sans conservateur chimique ni biologique. Je crois qu'il est possible, aujourd'hui, d'alimenter la population en produisant de la nourriture bio à grande échelle.
La monoculture industrielle ne produit que 30% des aliments que nous consommons dans le monde. Et c'est une nourriture de mauvaise qualité, parce qu'il y a des OGM et des pesticides. 50% de la nourriture consommée dans le monde est produite par les paysans, qui contrôlent 20% de la terre.
Imaginez maintenant que l'on donne 50% de la terre aux paysans. Il y aurait des aliments pour tous. ALIMENTS POUR L'AVENIR, ÉDUCATION DÈS LE PLUS JEUNE ÂGE.
ÉCOLE PUBLIQUE "NOVA SOCIEDADE" Nova Santa Rita, Rio Grande do Sul Pour la cantine, on reçoit de l'argent, dont un pourcentage est réservé à l'achat de produits issus de l'agriculture familiale. On achète localement, à des familles qui occupent les terres. Les aliments produits dans ces "assentamentos" sont de bonne qualité, puisque biologiques.
On essaye aussi d'intégrer au contenu des cours la question de l'importance de la santé alternative, de l'alimentation saine. . .
Il y a des cours spécifiques sur l'agroécologie, où sont évoqués le potager, l'utilisation efficace de l'eau. . .
Ceci est d'une importance prioritaire et fondamentale pour réellement parvenir à sensibiliser et aussi pour rendre les familles conscientes de l'importance d'une alimentation saine et de l'environnement. MARCHÉ BIOLOGIQUE À RECIFE Ils rapprochant le producteur du consommateur : les marchés agroécologiques. BASILIC On ne peut pas envisager une progression de l'agroécologie sans tenter de rapprocher producteurs et consommateurs.
C'est fondamental. Les expériences agroécologiques progressent davantage là où l'on trouve des marchés locaux capables d'absorber cette production. Partout où l'on trouve des marchés fermiers, des marchés d'agriculture familiale ou agroécologique, qui se sont heureusement multipliés ces derniers temps.
. . .
. . partout, cela stimule la production agroécologique.
Les agriculteurs se sentent encouragés à produire parce qu'ils savent qu'existent des canaux de commercialisation directe vers le consommateur. Je suis convaincu d'une chose - je crois qu'il existe assez d'éléments pour le prouver, et je ne suis pas le seul à penser ça. .
. Je crois que la seule solution pour produire des aliments et d'autres produits agricoles, pas forcément alimentaires, de façon durable, passe par l'agroécologie, associée à l'agriculture familiale. On est en mesure de produire la quantité d'aliments nécessaires, et d'autres produits, à des prix accessibles, et d'une qualité dont le système conventionnel est incapable.
Un mythe de ce marché veut qu'il soit impossible de produire à la fois biologique et bon marché. Ce n'est pas vrai : c'est une question d'organisation de la production et de distribution. Des expériences ont montré que la logique consistant à relocaliser l'agriculture et la consommation, à rapprocher production et consommation, répond au défi d'alimenter une population croissante.
Aujourd'hui, il existe divers documents internationaux, de l'ONU, de la FAO, qui réaffirment cela. Il ne s'agit plus d'un discours porté seulement par les mouvements sociaux. Il existe un ensemble de documents au plus haut niveau qui confirment le rôle de ces expériences.
Ils vont même plus loin : si on ne change pas, si on ne met pas en avant la transition vers l'agriculture agroécologique et paysanne, on n'aura pas de solution aux problèmes alimentaires et énergétiques majeurs, qui ne cesseront de s'accentuer. Il y avait un mythe, autrefois, selon lequel les pesticides rendaient les choses moins chères. Ce n'est pas vrai, parce qu'au marché bio où je vais, j'achète ma salade au prix où je l'achète en supermarché.
On a le droit de manger des fruits et des légumes sans poison. L'essentiel, c'est que nous soyons tous sensibilisés au fait qu'il ne faut pas utiliser de pesticides, et de passer le mot aux autres. Malheureusement, ceux qui gagnent de l'argent avec ça ne vont pas arrêter de vendre.
Cette prise de conscience doit venir de nous : arrêter d'utiliser des pesticides, et être sincères avec nous-mêmes quand nous voulons une vie plus saine. Si on ne fait pas ça maintenant, alors qu'on a encore un peu de temps, je ne sais pas si, plus tard, on arrivera à faire quelque chose. Les producteurs de semences paysannes rendent la vie plus fertile en luttant contre le monopole des semences transgéniques.
Aujourd'hui, que ce soit le soja ou autre, tout vient en paquet. Tu vas devoir mettre de l'engrais, des herbicides, pour pouvoir produire. Si tu ne fais pas ça, tu ne peux pas récolter.
L'entreprise conditionne déjà un paquet prêt à la vente. Elle vend les graines et les compléments. Notre rôle est simplement de produire des semences de qualité pour les vendre aux Brésiliens.
On a eu l'idée de produire sans faire payer trop cher. Sinon, les pauvres, ceux qui ont moins de moyens financiers, finissent par manger du poison. On doit.
. . faire quelque chose pour les aider aussi.
Ça, c'est notre chambre de stockage des semences, elles sont emmagasinées là-dedans, et après avoir été lavées, traitées, conditionnées, on les met dans des pompes qui les amènent jusqu'ici, C'est ici que se déroule l'identification, lot par lot. Les semences sont l'indépendance des pauvres. Le producteur n'est indépendant que s'il a une terre et des semences.
Les semences paysannes, les semences bio, le jardin bio sont d'une telle importance dans notre vie : c'est notre projet de liberté. Le pouvoir de ces corporations, qui ont commencé en tant qu'entreprises de produits chimiques destinés à la guerre, puis se sont mises à les vendre au monde agricole, et qui contrôlent désormais les semences, ce pouvoir-là est immense. Elles déterminent la politique agricole, les décisions des gouvernements.
Cela va à l'encontre de la démocratie. C'est un type de dictature. L'un des fronts de lutte actuels dans ce domaine est précisément la lutte pour les semences, pour les semences paysannes et la variété des semences.
Comme on sait, sur certains continents, en Inde, nommément, des milliers de variétés de maïs ont été détruites par la révolution verte. Elles sont aujourd'hui encore davantage détruites par les semences transgéniques, donc par les OGM. Ils sont nombreux, au Parlement, à connaître les risques des pesticides pour la santé.
Le problème, c'est que le groupe "ruraliste" s'intéresse davantage aux affaires qu'à la santé publique. 40 000 propriétaires ruraux contrôlent 40% des terres et élisent au minimum 120 députés fédéraux. L'agriculture familiale, avec 12 millions de personnes, élit entre 10 et 12 députés.
Une option politique. Le ministère de l'agriculture a 10 fois plus e budget pour pomponner l'agrobusiness que n'en a le ministère du développement agraire pour prendre soin des petits agriculteurs. Tandis que l'agrobusiness crée des commodités pour l'export, le petit producteur met de la nourriture sur sa table.
Ce modèle de développement mène au conflit, il génère des conflits environnementaux. C'est évident : des agriculteurs perdent leurs terres, des autochtones et des habitants de "quilombos" luttent pour la reconnaissance de leurs terres, des populations contaminées luttent pour changer et affronter les pesticides, les occupations de terres et la lutte pour la réforme agraire font face à ces forces. .
. Au cours de ce processus, en plus de la violence directe, qui est une autre question, liée aux droits humains, il y a une question de santé publique très pertinente : comment s'articule ce jeu démocratique des résistances et des conflits ? Les mouvements sociaux sont très critiqués, voire criminalisés, mais pas à la même vitesse, ni avec la même force, que devraient l'être les puissants, politiquement ou économiquement, qui ne respectent ni les droits humains, ni les populations, et font violence, assassinent, menacent.
LETTRE DE LA COMMUNAUTÉ DU CAMPEMENT DE GAMELEIRA TAPUYA KARIRI Le village de Gameleira Tapuya Kariri, à São Benedito, dans le grand massif d'Ibiapaba dans le Ceará, est composé de 130 familles. La communauté se trouve dans cette zone depuis 150 ans, est reconnue comme autochtone, et lutte pour la démarcation officielle de ses terres. <i>"Autrefois, on n'avait pas besoin des pesticides,</i> <i>parce qu'on plantait en utilisant</i> <i>les nutriments que la terre nous offrait.
</i> <i>La mère-nature nous offrait les aliments nécessaires,</i> <i>et cela nous a été retiré</i> <i>avec la déforestation pour faire des champs. </i> <i>Au secours ! Nous demandons à toutes les entités publiques</i> <i>et fédérales de nous aider à en finir avec l'utilisation des pesticides,</i> <i>parce que nous avons besoin d'air pur,</i> <i>d'eaux propres et de terres fertiles.
</i> <i>Notre plus grand rêve est d'être libres,</i> <i>et de voir nos terres reconnues. "</i> L'industrie vend des pesticides mortels pour les abeilles qui pollinisent la vie. Les abeilles sont bénéfiques, elles produisent du miel très énergétique et pollinisent les champs, reproduisant de façon saine les aliments qui parviennent à notre table.
Le phosphonométhyl, plus connu sous le nom de glyphosate, est présent dans près de 20 marques d'herbicides utilisées pour éliminer les herbes. Il tue les abeilles, mettant en péril le processus de reproduction de la nature. Ça fait trois ans qu'on est ici, on a commencé avec trois caisses.
Trois caisses ont été distribuées à chacun, et avec le temps ça se multiplie, on récupère des essaims. Aujourd'hui on une trentaine de ruches, 15 formées et 15 en formation. Autrefois, tout le monde mettait le feu, mais quand on élève des abeilles, on ne veut pas de feu.
Ça a beaucoup aidé à ce niveau. Cette abeille s'appelle "fille blanche", ou "breu", c'est le nom populaire. C'est une très bonne pollinisatrice, qu atteint presque toutes les petites fleurs de la forêt.
La "mélipone" est une abeille sans dard. Dans la nature, il y a plusieurs types de fleurs, certaines plus longues que d'autres… Chaque espèce pollinise un type de fleur. Voici une "mandaguari".
C'est une très bonne abeille. Son miel est recommandé contre les problèmes pulmonaires. Ça, ce sont les petits.
Ça, ce sont les pots de miel et le pollen. Pour moi, il vaut mieux élever des abeilles que d'élever du bétail. Pour moi, c'est mieux.
Si vous en prenez bien soin, ça marche à tous les coups. Cette année a été plutôt maigre, mais j'ai déjà tiré presque 6 barils de 200 litres de miel. C'est une chose très importante, qui valorise la propriété familiale, les petits producteurs.
Nous nous réunissons, plusieurs personnes de la haute forêt, il y a 6 municipalités qui vont participer à l'élevage d'abeilles sans dard. Ici aura lieu la reproduction des abeilles. Quand on aura un cheptel de 250 caisses d'abeilles, elles seront emmenées dans chaque propriété, où la reproduction continuera et où sera produit le miel.
C'est une chose importante, qui va fixer davantage l'homme de la campagne et éviter qu'il ne parte à la ville. Dans chacune de ces files, on va mettre 50 caisses. Il y a 5 files, donc ça fera 250 ruches.
Chaque famille va prendre ses 5 ou 10 caisses d'abeilles, et ils vont commencer la reproduction là-bas, ainsi que la production de miel. Nous avons visité des communautés, par exemple en transition agroécologique, où s'est organisée une coopérative de jeunes qui fait de l'apiculture, une activité largement compatible avec le milieu semi-aride. Ils ont une manière de travailler collectivement, qui consiste à partager, à développer le groupe.
Ils ont une très belle relation avec la nature. Ils parlent par exemple du travail que c'est, pour l'abeille, de refaire les alvéoles de la ruche. Grâce à ça, ils se sentent motivés pour prendre soin de la ruche, et quand ils extraient le miel, ils cherchent à remettre les alvéoles intactes, pour ne pas donner trop de travail à l'abeille.
Ils sont conscients qu'elle prend tellement soin d'eux, travaille tant pour produire leur miel. . .
C'est une autre conception de la relation avec la nature. Ce qui est triste, c'est de devoir, après ça, vous dire que malheureusement, cette communauté est en train d'être expropriée et relogée par le gouvernement, afin de passer le tracteur et d'offrir 4 000 hectares de plus à l'agrobusiness du fruit. AU BRÉSIL, LES MÈRES DE LA PLACE DE MAI PRENNENT SOIN DE LA NATURE ET LUTTENT POUR LA SANTÉ DE LEURS ENFANTS.
<i>"Le projet d'irrigation</i> <i>Nous plonge dans l'incompréhension</i> <i>Le récit de ce qu'on a conquis</i> <i>Sur nombre de pages s'écrit</i> <i>Écoutez bien cette histoire</i> <i>Celui qui croit tout pouvoir</i> <i>Il est temps de le faire se rasseoir</i> <i>Hormis cela nous ne possédons rien</i> <i>Qui nous a suivies le sait bien</i> <i>Nous avons lutté en continu</i> <i>Sans penser à l'imprévu</i> <i>C'est une proposition qui rend coi,</i> <i>De laisser la vie saine derrière soi</i> <i>Pour risquer on ne sait quoi. "</i> Nous vivons un dilemme, qui est le projet d'irrigation de la plaine d'Apodi. Il y a là près de 1000 familles qui vivent de l'agroécologie, sur leurs petites propriétés, leurs "assentamentos".
Et voilà que la présidente Dilma décrète d'un coup l'expropriation de 13 000 hectares. La municipalité d'Apodi est le 3ème PIB de l'État, grâce à toute cette production. Ces agriculteurs aujourd'hui, avec tous ces projets, l'assistance technique, ont un rendement introuvable ailleurs dans le milieu semi-aride.
L'AGRICULTURE FAMILIALE S'OCCUPE DÉJÀ DU DÉVELOPPEMENT À APODI ! Nos luttes quotidiennes nous l'ont enseigné. Si nous perdons nos terres, nos territoires, nous perdons non seulement notre autonomie économique, mais aussi la souveraineté sur nos corps et sur nos vies.
Il y a un projet qui fonctionne. Il y a des gens qui travaillent et qui vivent bien. Ces gens viennent à la plaine d'Apodi pour avoir de la main-d'oeuvre concentrée, pas chère, pour les entreprises.
Dilma est en train de faire quelque chose que même la dictature militaire n'a pas osé faire. Ce projet existe depuis la dictature. Beaucoup d'expériences concrètes, réussies, ont été mises en place au cours de ces 15 dernières années.
Mais ce projet vient mettre à mal tout ce qu'on a construit au fil du temps. Le syndicat ne peut pas être d'accord avec ce genre de chose. C'est offrir toutes nos terres au grand capital.
Ils prétendent que nous, les travailleurs ruraux, on ne se vend que pour être employés. Et on n'est pas d'accord avec ça. Ces communautés subissent une extraordinaire agression, non seulement de leurs moyens de vie, leurs eaux, leurs terres, leur air, mais aussi de leurs organisations.
L'AGROÉCOLOGIE EST UN MOUVEMENT SOCIAL. L'agroécologie est un mouvement social. Parce qu'elle restaure notre relation avec la terre, elle ramène l'écologie dans la conscience du travail de la terre.
L'agriculture industrialisée nous rend aveugles vis-à-vis de la terre et des processus de la nature. Mais l'agroécologie est aussi un mouvement social, parce qu'elle rassemble des gens très différents qui deviennent des agents du changement de notre manière de faire de l'agriculture et de la manière dont nous produisons notre nourriture. Ces manifestations de résistance s'articulent en réseaux.
Elle se soutiennent mutuellement, elles échangent des expériences, afin que leurs luttes se renforcent les unes les autres. Elles voient dans l'agroécologie une forme de résistance contre ce modèle dominant de l'agriculture qu'est l'agrobusiness. PROTECTION DE MINES D'EAU AVEC DU CIMENT SOL CULTURE, GESTION ET CONSERVATION DE SEMENCES PAYSANNES FAIRE DE L'ENCRE AVEC DE LA TERRE ARTISANAT TECHNIQUES DE DÉCOUPAGE CULTURE BOVINE LAITIÈRE POTAGERS ET VERGERS CIRCULAIRES ET CRÉATIFS QUE VA DEVENIR LE VIEUX CHICO ?
Je suis ici depuis 53 ans. J'ai beaucoup soutenu la transposition du fleuve, parce que je pensais. .
. Pour transposer, il faut revitaliser. Et j'espérais vraiment qu'avec la transposition viendrait la revitalisation.
Malheureusement, ce n'est pas ce qui s'est passé. Le fleuve São Francisco est tout. Le fleuve São Francisco.
. . .
. . prend soin de plus de 30 millions de personnes, le fleuve São Francisco est une mère.
. . Le fleuve São Francisco, mes amis, est un fleuve d'unité nationale, un fleuve d'intégration.
Le seul fleuve à couler vers le nord, vers le haut, c'est le fleuve qui est le salut du Nordeste. Le fleuve São Francisco subit de nombreuses interventions, c'est un fleuve aux multiples usages, dans la production d'énergie, les barrages, les déplacements des populations. Dans ces régions de culture fruitière, on a recensé de nombreuses violations des droits humains.
Des violations liées à l'exclusion des gens dans leur accès à l'eau, et à l'énergie électrique, aussi paradoxal que cela paraisse. . .
Elles sont liées aussi aux dépôts du fleuve, à des techniques de pêche, et de pisciculture, avec des rations et des produits qui contaminent l'eau, à l'utilisation qui est faite par les communautés riveraines des berges du fleuve. Mais ce qui a le plus d'impact est l'agriculture irriguée. Le gros de l'eau est destiné à l'agriculture irriguée.
L'eau qui fait toute cette irrigation vient du São Francisco, elle va dans le sous-sol et retourne au São Francisco, évidemment lestée de pesticides. Plusieurs études démontrent la contamination du fleuve São Francisco. .
. . .
. par les pesticides. Plus que toute autre activité, l'agriculture est totalement dépendante de la nature.
Sans terre, vous n'avez pas de nourriture. Sans soleil, vous n'avez pas de nourriture. Sans eau, vous n'avez pas de nourriture.
Sans semences ni biodiversité, vous n'avez pas de nourriture. Donc, le fondement de l'agriculture est la nature. Nous pouvons avoir une monoculture de l'esprit, ce qui est une dictature militaire, ou nous pouvons avoir une diversité de l'esprit et de la planète, ce qui est la liberté et la prospérité pour tous.
En fonction du chemin que prend le "complexe économico- industriel de la santé", ce dernier conditionne déjà, et induit, un modèle de développement plus égalitaire, inclusif et socialement juste, ou bien un modèle de développement pervers, inique et qui, au lieu de produire de la santé, produit des maladies. Il est désormais temps de reconnaître que la vie et la liberté, la vie et la diversité, la vie et la santé, la vie et la résilience, sont l'acte créatif ultime. Dans la mesure où nous coopérons avec la terre pour apprivoiser ces processus, nous sommes tous des artistes.
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