Unknown

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Unknown
Video Transcript:
Que dans cette vidéo, ça ne va pas parler de séduction, donc je le précise ici maintenant : j'ai créé des formations pour développer la créativité, plus particulièrement dans le domaine de la séduction, qui permet de développer sa tchatche. En fait, si ça vous intéresse, vous pouvez aller sur le site internet pour faire appel à moi afin d'obtenir des séances. Et si vous voulez avoir plus de contenu psychologique, comme ce que je fais là maintenant, et aussi du contenu sur la séduction, vous pouvez rejoindre le club "Défi l'Origine".
C'est pareil, c'est sur le site internet que je mettrai en barre de description. Salut, alors vous êtes nombreux à m'avoir envoyé cette fameuse vidéo d'origine, "Gueule le Hacking Social", sur la menace du stéréotype, que je vais expliquer plus tard. Évidemment, je suis obligé de faire une vidéo réponse, d'une part parce que c'est la psychologie, qui est mon domaine, je suis psychologue, et puis la vidéo de "Résine Gueule" reste quand même une source, avec des études intéressantes, donc je pense que ça permet d'élever un peu le débat et de construire un débat intéressant.
Alors, qu'est-ce que la menace du stéréotype ? C'est un concept en psychologie sociale qui part du principe que les individus s'auto-catégorisent en fonction de leur âge, de leur sexe, de leur race, et que lors de la passation d'un examen, ces personnes vont avoir une peur inconsciente de confirmer les stéréotypes qui sont associés à leur groupe. Par exemple, il existe un stéréotype connu comme quoi les filles seraient moins bonnes que les garçons en maths.
Donc, les filles, pendant qu'elles passent un examen de maths, sont sujettes à ces peurs de confirmer le stéréotype des filles qui sont moins bonnes en maths. Alors, qu'est-ce que ça implique ? La menace du stéréotype va entraver la mémoire de travail, c'est-à-dire la mémoire à court terme, pendant qu'on est en train de faire l'examen, ce qui est rarement bon en maths.
De plus, cela engendre une petite anxiété qui entrave également leur performance. Pour activer le stéréotype, il faut, que la tâche soit difficile, que la personne soit fortement identifiée à la tâche, c'est-à-dire que celle-ci soit importante pour elle, par exemple, que la fille soit fortement identifiée aux maths et qu'elle ait vraiment envie de réussir dans les maths. Il faut également que les gens aient conscience du stéréotype, et enfin, il faut que le genre soit rendu saillant.
Alors, le genre peut être rendu saillant de manière implicite, en mettant tout simplement des filles dans un groupe avec des garçons, car le simple fait de voir des garçons réactive la saillance du genre. Cela signifie qu'on se rend compte qu'on est une fille. On peut rendre le genre saillant en demandant à la personne de décrire son sexe avant de passer l'examen, donc ça c'est une façon implicite d'activer la menace du stéréotype.
On peut également l'activer de manière explicite, en expliquant aux enfants avant de passer l'examen qu'habituellement, lorsqu'on regarde les résultats à ces examens, il y a des différences entre les filles et les garçons. "Horizon Google" ou "Hacking Social" nous sortent deux études : la première de Steele et Aronson en 1999, la deuxième de Reniere en 2007. Dans la première, il s'agit d'une étude représentative d'une passation d'examens en conditions réelles.
Ça a été prouvé plus tard, on dit que l'étude est non écologique. Dans l'étude de Reniere et Huguette, il y a deux manières d'activer la menace du stéréotype de manière implicite. Dans cette étude, la première consiste à mettre les filles en présence de garçons ; cela suffit pour rendre le genre saillant et donc activer la menace du stéréotype.
Ensuite, ils ont proposé une activité dite stéréotypée masculine, à savoir en l'occurrence dans cette étude, la géométrie. En fait, il y avait deux conditions : soit les filles étaient avec des garçons, soit elles étaient seules. Dans la deuxième condition, on leur disait qu'elles allaient faire de la géométrie ou alors qu'elles allaient faire un dessin, et le dessin est supposé être une activité stéréotypée féminine.
Et c'est là, à mon avis, qu'il y a un couac dans l'expérience : on part du principe que les petits garçons et les petites filles connaissent le stéréotype selon lequel les petites filles sont moins bonnes que les petits garçons en géométrie, et inversement pour le dessin. Personnellement, je ne connais pas ces stéréotypes-là ; par contre, je sais que les stéréotypes concernant les maths existent. Mais ici, on ne parle pas de maths ; on leur dit "géométrie", ce n'est pas pareil.
Donc, dans les conditions non mixtes sur le dessin, les petites filles avaient exactement les mêmes résultats que les petits garçons. Ainsi, on peut dire que l'effet de la menace du stéréotype dans cette étude, en tout cas, était plutôt grand, la taille de l'effet étant plutôt significative. "Horizon Google" nous a sorti deux études parmi tant d'autres pour démontrer l'existence de la menace du stéréotype, tandis que je peux sortir le double d'études qui démontrent l'inverse, à savoir que la menace du stéréotype n'existe pas.
D'ailleurs, j'ai vu une ou deux études qui ont démontré que les petits garçons pouvaient être victimes, dans leurs performances, du stéréotype de la petite fille qui réussit mieux à l'école que le petit garçon. Mais on ne va pas faire une guéguerre. Avec chacun nos études pour montrer que ça existe ou que ça n'existe pas, le but, c'est de faire une synthèse de toutes les études qui ont été menées dans le domaine.
Ça prend du temps, c'est fastidieux, mais heureusement, il y a ce qu'on appelle des méta-analyses qui font ce travail à notre place. Je suis allé chercher la méta-analyse la plus récente dans le domaine de la menace du stéréotype, et l'énorme avantage, c'est que cette méta-analyse non seulement synthétise tous les articles publiés dans le domaine de la menace du stéréotype ces quinze dernières années, mais en plus, elle synthétise aussi toutes les études qui n'ont pas été publiées. Pourquoi est-ce hyper important de parler des études qui n'ont pas été publiées ?
Parce que dans la science, il existe un biais, un biais qu'on appelle le biais de publication, qui est très connu et qui consiste tout simplement à ne pas publier les études qui ne valident pas les hypothèses initiales. C'est très connu, tout le monde le fait. Pourquoi ?
Parce que c'est sexy, c'est beaucoup plus sexy, beaucoup plus vendeur de publier des études qui valident les hypothèses de base, surtout dans un milieu aussi sensible que l'égalité homme-femme, dans un milieu qui a des répercussions politiques aussi importantes et dans un domaine qu'on appelle la psychologie sociale, qui, je le rappelle, est démontrée par Lee Justin, est un milieu très politisé et très égalitaire. J'ai cherché la méta-analyse la plus récente, qui a été menée par Flore Hewitt Shirts en 2015, sur les quinze dernières années, donc celle-ci approche la plus objective possible. On ne peut pas faire plus objectif que ce que j'ai fait dans cette vidéo.
Alors, la première chose à noter, c'est qu'ils ont démontré qu'il y avait effectivement un énorme biais de publication dans ce domaine, dans le domaine de la menace du stéréotype, et qui les accable, la majorité des études qui n'étaient pas publiées, comme par hasard, démontraient que la menace du stéréotype n'existait pas. Deuxième point : il y a l'inconsistance des résultats au niveau des études. Ça veut dire qu'il y a des études qui démontrent que la menace du stéréotype n'existe pas, d'autres qui démontrent qu'elle existe, mais tout cela, c'est très hétérogène au niveau des résultats.
Pourquoi ? Parce qu'il y a des variables qu'on ne contrôle pas encore. En fait, la menace du stéréotype se produit dans un contexte très spécifique, mais on n'arrive pas encore à savoir quoi, parce qu'ils ont contrôlé un nombre incalculable de variables : ils ont contrôlé l'âge, l'anxiété, l'activation si elle était explicite ou implicite, ils ont contrôlé la culture du pays.
Troisième point : il existe effectivement un effet de la menace du stéréotype. Cet effet est significatif, mais il est petit. Donc, selon l'indicateur Cohen, là, en l'occurrence, il est de -0.
22, un effet de taille petite. Je vous rappelle tout à l'heure qu'avec Huguette et Régnier, on était sûrs du zéro pointé, ce 0. 8.
On ne peut pas dire qu'il y aurait un effet systématique de la menace du stéréotype. Ce serait faux de dire ça, parce qu'on ne connaît pas encore toutes les conditions pour pouvoir faire naître cette menace du stéréotype. Par contre, ce qui serait malhonnête, ce serait de dire que la menace du stéréotype n'existe pas et qu'il ne puisse pas y avoir des effets importants chez certaines personnes en raison de la menace du stéréotype.
Voilà la conclusion des auteurs de cette méta-analyse, et voilà ma conclusion aussi. Du coup, tu fais une énorme erreur dans son raisonnement, qui est de déduire que, puisqu'il existe une influence culturelle, une influence de la menace du stéréotype sur l'écart entre les hommes et les filles au niveau des performances en maths, alors cela voudrait dire qu'il n'y a pas d'influence biologique pour expliquer l'écart entre les hommes et les femmes en maths. C'est totalement faux !
Le monde n'est pas soit noir, soit blanc. La réalité est toujours multifactorielle, et on ne peut pas réduire un phénomène psychologique à une seule variable, qu'elles soient culturelles ou biologiques. On ne peut pas prendre au sérieux quelqu'un qui nous dit qu'un phénomène psychologique s'explique uniquement par une des deux variables.
C'est toujours une histoire d'interaction, c'est plusieurs variables qui rentrent en jeu et qui créent un phénomène, et c'est le cas pour tous les phénomènes psychologiques : c'est le cas pour l'intelligence, c'est le cas pour la personnalité, c'est le cas pour les pathologies, et c'est aussi le cas pour les différences hommes-femmes au niveau des performances en maths. Utiliser ton étude, qui a été menée sur des enfants de 5 à 8 mois et qui montre qu'il n'y a pas de différences d'aptitudes entre les petites filles et les petits garçons, pour démontrer qu'il n'y a tout simplement pas de différence entre les hommes et les femmes dans les performances cognitives en mathématiques, c'est malhonnête. C'est extrêmement malhonnête, puisque le cerveau n'a pas fini de se développer entre 5 et 10 mois.
C'est comme si tu disais : "Regardez les enfants à 5-8 mois, ils ont le même corps donc ça veut dire qu'il n'y a pas de différence corporelle entre les hommes et les femmes". C'est totalement faux et ça ne prend pas en compte les effets hormonaux sur le cerveau lors de la puberté. Cependant, puisque tu veux parler de la petite enfance, parlons-en.
À cet âge-là, à peu près, il existe déjà des différences d'intérêt et non pas d'aptitudes. C'est-à-dire que les petits garçons sont plutôt intéressés par les objets, les petites filles sont plutôt intéressées par les visages, et ça fait que cette petite différence d'intérêt, très tôt dans l'enfance, peut expliquer plus tard des écarts plus importants au niveau des performances dans certaines activités, par exemple dans les compétences visuo-spatiales pour les garçons ou dans les compétences. En pratique, pour les petites filles, dire que les petits enfants, en fait, se spécialisent dans leur activité favorite en fait, et à force de jouer à ces jeux-là, la force de l'année jeu, ça développe le cerveau et l'écart va se faire de plus en plus grand au fur et à mesure.
Donc là, on a bien un exemple très intéressant d'interaction entre l'environnement et le biologique. Mais d'ailleurs, si la menace du stéréotype était si puissante, comment est-ce qu'on pourrait expliquer qu'aujourd'hui, en médecine, il y a une majorité de filles (62 %) ? En sciences et vie de la terre, c'est pareil (60 %).
Comment m'expliquer inversement que dans les métiers de la cuisine, les grands chefs cuisiniers sont principalement des hommes alors qu'il existe le stéréotype type de la femme qui ferait la cuisine ? Pour tout dire, en fait, j'ai même du mal à comprendre l'objectif de la fin de ta vidéo, parce que la menace du stéréotype, c'est très intéressant à étudier. Moi, je parle vraiment de la fin, de la conclusion moralisatrice de ta vidéo.
J'ai du mal à comprendre pourquoi, parce qu'en fait, les filles ont de meilleures notes en maths à l'école que les petits garçons. Dehors, les filles réussissent même mieux à l'école que les petits garçons. Les filles, au double, ont donc de meilleures notes dans toutes les matières jusqu'au secondaire et ça, c'est valable en France et aux États-Unis.
Les filles arrivent au collège avec une meilleure maîtrise de la langue française que les petits garçons, et les filles sont plus nombreuses à obtenir le bac que les garçons. Alors, tu dis aussi que les filles ont besoin de modèles féminins pour prendre confiance en elles et tu le justifies par l'étude de Renier Huguette qui montre que les filles performent moins bien dans une condition mixte, quand elles sont mélangées avec les petits garçons et petites filles, parce qu'elles ont moins de représentation féminine de modèles qui réussissent. Mais tu oublies de dire que les petits garçons aussi réussissent moins bien dans la condition mixte et qu'eux aussi ont évidemment besoin de modèles pour réussir.
Or, aujourd'hui, 82 % des enseignants en école primaire sont des femmes, donc les petits garçons ont très peu de modèles masculins. Et on est en droit de se poser la question et de se demander si ça n'entrave pas la performance des petits garçons à l'école et si ça ne s'explique pas justement ; ça ne justifie pas les effets délétères que j'essayais de mentionner juste avant. Juste à un moment, je voulais faire une petite parenthèse : un moment, tu montres une étude, une seule étude qui a été menée en 90, donc c'est un petit peu faible, un petit peu léger pour démontrer qu'il existe une influence des professeurs sur la performance des élèves.
Ça, c'est ce qu'on appelle l'effet Pygmalion, qui a un effet très connu en psychologie sociale. L'effet Pygmalion consiste à dire que, tout simplement, les croyances qu'ont les professeurs vis-à-vis de leurs élèves vont avoir des répercussions sur leurs performances. Donc, il y a une excellente synthèse qui a été publiée par des chercheurs français sur l'effet Pygmalion.
C'est un effet qui s'est avéré bien moins puissant qu'on ne pensait, c'est-à-dire qu'en fait les attentes que se faisaient les professeurs vis-à-vis de leurs élèves avaient, au final, assez peu d'impact sur leurs performances. De plus, ces attentes étaient très souvent fondées, juste puisqu'elles étaient fondées sur des critères objectifs. Les professeurs, c'est leur métier, sont en général plutôt bons pour prédire et évaluer les performances des élèves.
Là, on l'a vu, les petites filles ont de meilleures notes en maths que les petits garçons à l'école. Mais lorsqu'on fait passer aux enfants des tests qui s'éloignent totalement du programme scolaire, qui ne prennent pas en compte les connaissances, les petits garçons en maths ont de meilleures notes que les petites filles. Cette différence-là, elle est notamment prouvée par 25 années de recherche aux États-Unis.
Là, ça concerne les examens que passent les étudiants après le lycée pour aller dans des facs pendant des universités. Et ça fait 25 ans que, dans les CI, les garçons ont de meilleures notes que les petites filles en maths. Alors, ce n'est pas énorme, c'est un tiers d'un écart-type, donc ce n'est pas un écart phénoménal.
De toute façon, en fait, pour être très clair, il y a assez peu de différences entre les filles et les garçons en mathématiques. Il faut le préciser : l'écart entre les petites filles et les petits garçons en mathématiques a effectivement été réduit au fur et à mesure des années. Ça veut dire que la culture a aidé à permettre aux filles de rattraper le niveau des garçons en mathématiques.
Donc il y avait une influence culturelle, il est vrai, il ne faut pas l'oublier, et c'est très bien aujourd'hui que les filles aient un niveau équivalent aux garçons en mathématiques. Par contre, il y a des écarts que la culture peine à éliminer, contrairement aux maths, notamment les compétences visuo-spatiales. Donc, les petits garçons sont meilleurs que les petites filles dans ce qui concerne les tâches de rotation mentale, et les petites filles sont meilleures que les petits garçons dans les tâches de lecture.
Ce sont des écarts qui sont assez importants, qui ont été démontrés dans de nombreuses études et qui ont même tendance à s'exacerber avec le temps. Enfin, avant de conclure, je veux juste revenir sur un petit point qui m'a titillé l'oreille dans ta conclusion. Quand tu dis que tu n'arrêtes pas de répéter que la performance n'est pas la compétence, en fait, la compétence est un concept abstrait qui n'existe que dans la mesure où elle peut être mesurée par la performance.
La performance, c'est la matérialisation de cette compétence. Donc, quand tu dis. .
. La performance n'est pas la compétence. On suit la logique, du coup il faudrait aussi, en fait, prendre en compte un millier de facteurs.
Du coup, puisqu'il faudrait prendre en compte l'anxiété des enfants avant de passer un examen, il faudrait prendre en compte son niveau de fatigue. Il faudrait prendre en compte si l'on mange un bon petit déjeuner le matin. Et donc, si tu arrives à trouver un meilleur moyen pour appréhender le concept de compétences que la notion de performance, alors dans ces cas-là, fais-moi signe, ça m'intéresse.
Donc, en conclusion, il y a beaucoup de choses à dire, mais c'est extrêmement clair : voir le monde à travers un seul prisme, c'est grave. Quand j'entends des politiciens dire que les différences hommes-femmes sont 100 % culturelles, maintenant on est sûr qu'il n'y a aucune part génétique, c'est hallucinant de dire un truc pareil. Donc, si on veut avancer dans le débat, il faut arrêter de dire que les différences hommes-femmes s'expliquent uniquement par des différences culturelles ou alors uniquement par des espèces qui se ressemblent.
C'est un mélange des deux. Il y a une interaction entre les deux qui nous intéresse, c'est la proportion de chacun. Sait-on dans quelle mesure les deux interagissent ?
C'est ça qui est intéressant. Donc voilà, je terminerai là-dessus. Pour une fois, je n'ai pas de punchline marrante pour terminer ma vidéo, pardonnez-moi.
[Musique] Non.
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