S'en battre les couilles comme Tyler Durden (Fight Club)

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Les Philogynes
Essayons de rentrer dans la tête de Tyler Durden pour comprendre comment il fait pour s'en battre le...
Transcripción del Video:
Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler du film *Fight Club*. Alors, si vous êtes un gars, il y a de grandes probabilités que vous ayez adoré ce film, que vous ayez été fan de Tyler Durden incarné par Brad Pitt. Et c'est vrai qu'il est cool, il a un certain charisme.
Je pense que ce qui fait son charisme, ce n'est pas tant ses abdos, ses biceps, ou sa manière de se battre, et son fils Bob. Même son langage corporel, ça joue évidemment, mais je considère que ce qui le rend vraiment stylé, c'est son valet quiz, même intense, qui découle de sa philosophie de vie. Sa vision de la vie est très intéressante parce qu'on est loin du message superficiel de développement personnel à base de « Profitez de votre vie, carpe diem, tout est possible, soyez heureux !
» Non, là, c'est quelque chose de beaucoup plus profond, notamment parce qu'on touche pas mal de principes bouddhistes, un mélange de bouddhisme et de philosophie stoïcienne. C'est pour cette raison qu'aujourd'hui, j'aimerais entrer dans la tête de Tyler Durden pour mieux comprendre pourquoi et comment il fait pour s'en battre les couilles. Je considère que tout part de l'état d'esprit, tout parle des croyances.
Je pense que sa vision pourra être intéressante, notamment pour les gens perfectionnistes. Je ne dis pas qu'elle pourra aider n'importe qui, je ne dis pas non plus qu'il faudrait l'avoir comme quelque chose d'universel. Je ne dis surtout pas que je partage forcément tout ce qu'il dit.
J'avais envie de m'amuser à rentrer dans sa tête, mais ça ne veut pas forcément dire que moi-même je pense comme Tyler Durden ou que j'ai envie de penser comme Tyler Durden. Voilà donc, avant de commencer, je veux juste préciser que *Fight Club* est un film qui est compliqué à comprendre parce qu'il y a différentes couches d'interprétation. Alors, vous avez dans un premier temps l'histoire d'amour entre Marla Singer et le héros.
Vous avez une interprétation psychologique, donc la personnalité dissociée du héros. Bon, ces deux points-là, déjà, je ne souhaite pas en parler. Vous avez ensuite une interprétation sociologique avec la société Ikea des hordes d'hommes qui sont paumés à cause du féminisme et du capitalisme.
Enfin, vous avez une interprétation spirituelle qui répond notamment aux problèmes sociologiques situés juste au-dessus et qui concerne la philosophie bouddhiste et stoïcienne de Tyler Durden, que j'aime bien appeler du bouddhisme viril. [Musique] Oui, beaucoup de gars ont trop d'ego pour aborder une fille. Ils ont trop de fierté pour se rendre vulnérables et laisser une femme décider si oui ou non elle a envie de continuer avec eux, d'entamer quelque chose avec eux.
Et c'est d'ailleurs, je pense, même cette fierté qui les empêche de prospecter des potentiels clients dans le dur au téléphone ou alors de prendre le risque de monter un business. Ils ont peur de se retrouver à terre. Or, Tyler Durden, lui, n'a pas peur de se retrouver à terre.
Est-ce que vous avez déjà remarqué que durant tout le film, Tyler Durden va se retrouver dans des situations cocasses, parfois battu, voire humilié ? Alors, il va se faire tabasser par un mafioso dans la cave où ils font les combats. Il va se faire tabasser et se retrouver le visage complètement en sang devant tous ses élèves, devant tous ses admirateurs, ce qui est une humiliation assez importante.
Il va régulièrement chercher de la graisse dans un local poubelle du Nick Leake, plus d'une clinique de liposuccion, et on le retrouve dans une poubelle ou alors en train de se faire asperger de graisse, s'en prenant plein la gueule. On le voit en train de tomber dans son appartement sur son vélo, avoir un accident de voiture, son appartement est dégueulasse, il est rarement bien habillé, il a la gueule cassée, et à un moment, il a le nez cassé. C'est une très belle leçon d'ailleurs que va nous donner Tyler Durden partout, qui va donner à ses élèves lorsqu'ils leur donnent leur devoir : cesser d'aller provoquer un combat dans la rue et de perdre ce combat.
C'est un message très fort pour les aider à [__] leur ego, tout comme lui [__] avec son propre ego. On pourrait dire pareil dans la drague de rue : aller draguer une fille et provoquer un râteau, faire tout pour qu'elle vous envoie promener. Aller rencontrer un client ou prospecter un client au téléphone et faire tout pour qu'il vous envoie balader, vous faire rejeter.
Être capable de se mettre dans une position vulnérable comme celle-ci, de savoir prendre volontairement des coups, déjà ça, c'est un indicateur d'une confiance élevée mais c'est aussi un symbole d'une destruction de son ego pour mieux renaître derrière cela. C'est un principe du bouddhisme : la renaissance. C'est ce même message que Tyler Durden va véhiculer dans le bus quand il dit au personnage principal.
Ce qu'il veut dire par là, c'est que vouloir toujours briller, vouloir rester intact aux yeux des gens, c'est de la branlette. C'est un plaisir qui ne durera pas, c'est pour les petits joueurs. Alors que l'autodestruction, la destruction de son ego, ça, c'est le sexe, ça, c'est la liberté.
Et Tyler Durden est un grand pédagogue, il n'a pas peur de se mettre dans des situations bizarres ou malaisantes pour faire passer un message. Beaucoup d'entre vous ne supportent pas le malaise, pourtant, vous voulez être cool. Or, pour être cool comme Tyler Durden, il faudrait supporter ce malaise, il faudrait l'embrasser, il faudrait le provoquer.
C'est ça, le « je m'en bats les couilles ». Et Tyler Durden est peut-être fou, mais il est libre. Drguer à prospecter les clients au téléphone, comme Tyler Durden se traîne dans un local poubelles pour récupérer de la graisse News Corp qualité.
Alors, il est impossible de parler de Fight Club sans mentionner la douleur et le combat. C'est leur méditation. La douleur, c'est ce qui nous ramène au moment présent.
Lorsqu'on a une douleur physique, on n'a plus le temps de réfléchir à ces problèmes, à sa petite vie de merde ; on est entièrement centré sur la souffrance physique. Il n'y a plus de réflexion, plus de jugement, juste du ressenti, de l'action. Les châtiments corporels qui s'infligent ne sont absolument pas des actes de sadisme ; au final, il s'agit d'actes de compassion pour les aider à revenir dans le moment présent.
Ainsi, celui qui frappe l'autre l'aide à mieux se centrer sur le moment présent. C'est une sorte de groupe thérapeutique, une sorte de groupe d'entre elles viril. D'ailleurs, il est bien connu que les moines bouddhistes avaient pour habitude de frapper leurs élèves avec des bâtons pour les ramener dans le moment présent lors de leurs séances de méditation, lorsqu'ils commençaient à divaguer ou à se déconcentrer du fil de leur respiration.
Tyler Durden explique au héros, lorsqu'il lui inflige la brûlure chimique, qu'il s'agit du plus beau moment de sa vie. Il entend par là le seul moment de sa vie où enfin il est centré sur le moment présent. Alors, il y a aussi la notion de sacrifice, mais ça, je n'en parle pas aujourd'hui.
Il faut accepter la souffrance, l'embrasser, accepter qu'on n'a plus aucun contrôle et laisser couler. On pourrait alors s'approcher du nirvana, selon Tyler Durden. [Musique] [Musique] [Musique] Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le héros, le personnage principal, qui est incarné par Edward Norton, n'a pas vraiment de personnalité, du moins au départ.
Il doit ainsi s'acheter une existence et il se définit à travers ses possessions. Ikea Boy, comme l'appelle Tyler Durden, lui donne un petit clin d'œil. Son immeuble s'appelle la Person Towers, et il est écrit en dessous : "Place to be somebody", ce qui signifie qu'on pourrait penser que la Person Towers est un endroit pour devenir quelqu'un.
C'est-à-dire qu'il faudrait s'acheter cet appartement, il faudrait payer ce loyer pour avoir une existence, pour être quelqu'un. Tyler Durden lui explique, durant tout le film, comment y parvenir en détruisant tout ce qui le rattache, dans un premier temps, au monde matériel : sa valise, ensuite ces fournitures Ikea, son appartement, son boulot, son apparence physique. Il va lui apprendre à se détacher de son image.
C'est à ça que servent aussi les combats : on va le voir perdre une dent, se raser les cheveux, ce qui est un symbole fort de liberté, notamment quand on sait qu'une grande phobie chez les hommes, c'est de perdre leurs cheveux. Et bien là, on laisse couler, on le provoque, et il va même lui apprendre à se détacher des femmes, Marla Singer notamment. Alors après, on rentre plus dans l'interprétation sociologique et la critique de la société : féministe, ça je ne vais pas en parler dans cette vidéo.
Et le personnage principal va se détacher de tout. Celui-ci va même pousser la logique jusqu'au bout, puisqu'il va en arriver à se détacher de son propre maître, c'est-à-dire qu'il va tuer Tyler Durden, tout comme le bouddhiste doit tuer Bouddha. Il y a beaucoup de gains qui s'acharnent à draguer dans la rue, qui s'acharnent à essayer d'avoir des résultats, à être performants, mais qui n'ont pas les résultats qu'ils souhaitent et ils ne comprennent pas pourquoi.
Ils ne comprennent pas pourquoi, parce qu'ils font plein d'approches, ils travaillent beaucoup, ils se sacrifient pour ça. En plus, ce sont des gars bien ; ils savent qu'ils sont gentils, qu'ils ont de bonnes intentions, et ils ne comprennent pas pourquoi les femmes ne veulent pas d'eux. Pourquoi est-ce que, malgré tous les efforts qu'ils investissent, ils ne sont pas récompensés ?
Pourquoi les femmes se retrouvent-elles avec des connards qui, eux, n'ont même pas fait d'effort pour les obtenir ? Ils pensent consciemment ou inconsciemment que chaque effort qu'ils investissent devrait recevoir une quantité équivalente de réussite, comme s'ils devaient être récompensés, mais récompensés par qui ? Pourquoi, dès lors, certains croient en Dieu mais ne croient pas exactement au même Dieu ?
Donc, on a l'habitude de parler : ils croient en un Dieu différent et avec un système de valeurs qui seraient inconnues d'un autre. Selon lui, comment être sûr que Dieu partage nos valeurs, que sont la bonté et l'amour ? Comment être sûr que Dieu nous aime ?
Dieu est parfait, nous sommes imparfaits : comment nos cerveaux imparfaits pourraient-ils comprendre un être parfait, comprendre la logique et le projet d'un être parfait ? Pourquoi est-ce que Dieu voudrait que je réussisse ma vie ? Pourquoi est-ce que Dieu voudrait que je trouve la femme de ma vie ?
Pourquoi moi plus qu'un autre ? Pourquoi devrais-je être récompensé ? Selon Tyler Durden, contrairement à ce qu'on nous a fait croire, nous ne sommes pas spéciaux, nous ne sommes pas des petits flocons.
Pour beaucoup d'entre nous, nous ne deviendrons ni des dieux de la télé, ni des rock stars, ni des millionnaires. Nous ne sommes que de la matière organique en décomposition, et nous retournerons bientôt à la terre. Selon Tyler Durden, Dieu posséderait ainsi un mode de valeurs complètement différent du nôtre.
Ce mode de valeurs pourrait peut-être se rapprocher de ce que nous appelons le hasard ou l'aléatoire. Ainsi, pour mieux vénérer ce Dieu, il faudra accepter que l'on contrôle peu de choses, y compris l'amour de Dieu, y compris la mort. Accepter l'idée de la mort, qui est un principe clé du stoïcisme.
Accepter que l'on ne contrôle pas toujours les râteaux qu'on peut se prendre dans la rue lorsqu'on drague, puisqu'il y a tant de. . .
D'autres facteurs que l'on ne contrôle pas. Accepter qu'en business on ne peut pas tout contrôler non plus, et il y a des râteaux d'Hergé que l'on peut se prendre de la part de clients, qui ne relèvent pas forcément de nous. Accepter que rien ne nous est dû, peu importe à quel point on a travaillé.
Ce n'est pas parce que vous êtes bon, gentil, et que vous avez fait 150 approches dans la rue qu'il faudrait que vous receviez une récompense. Donc, laissez aller la tête chaude, sport ou année. Mais comme dit Tyler Durden, lâchez le volant de la voiture comme il le fait avant son accident.
Apprenez à accepter que vous ne contrôlez pas tout, que ce soient vos échecs, les mêmes, vos réussites. Soyez plus humbles face à votre impuissance et ainsi vous deviendrez libres. N'oubliez pas que toucher le fond, quand il n'y a plus d'espoir, c'est le meilleur moyen d'être libre, parce que nous n'attendons plus rien, ni des gens, ni de la vie.
Tout ce qui pourrait nous arriver ne serait que du bonus.
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