Je m'apprête à vous délivrer la vidéo qui m'est demandée le plus d'investissements sur cette chaîne YouTube. Je n'ai jamais autant bossé, je n'ai jamais autant stressé sur l'écriture d'une vidéo sur un sujet qui est extrêmement complexe, sur lequel je ne pouvais clairement pas arriver avec la première étude que j'avais trouvée pour vous apporter une réponse. Le sujet est beaucoup trop tendu politiquement, beaucoup trop chargé émotionnellement.
Il ne faut pas croire, mais même dans la littérature scientifique, il y avait un véritable débat qui se menait. J'espère au maximum que cette vidéo vous plaira et qu'elle sera accessible et que vous arriverez à la comprendre. Ça m'a demandé aussi un gros travail de synthèse.
Mon pauvre caméraman en a ras-le-bol parce qu'on a froid et que je répète à chaque fois les phrases pour être exact, à la fois exact et percutant. Parce que je sais que j'ai souvent des reproches d'avoir un discours un peu monotone. Mais les gars, c'est très compliqué de vulgariser la littérature scientifique tout en étant rigoureux dans les mots utilisés et en même temps fun et sympathique.
Et voilà, il y en a qui y arrivent, mais c'est quand même quelque chose de très très compliqué. C'est pour ça que je dis tout le temps : les gars, s'ils voulaient m'entendre parler librement, venez dans le club défi. L'origine, là, il n'y a pas de souci, je m'exprime librement.
Je serai à Genève le 1er novembre. Il y aura une adresse mail qui s'affichera à l'écran. Si vous souhaitez que je vienne vous voir, ce sera l'occasion donc de faire des séances plus espacées dans le temps avec vous, avec du suivi.
Donc voilà, si ça vous intéresse, allez voir le site internet et ensuite, si vous êtes de Genève, faites-moi un e-mail sur le fil aux jeans geneve. ch@gmail. com.
J'irai à Lyon aussi dans le courant du mois de novembre, donc pareil, je vous mettrai à nouveau l'adresse Gmail pour Lyon. Et donc voilà, je reviens à la vidéo. On va donc répondre à cette fameuse question : est-ce qu'il y a une différence entre les enfants qui proviennent de familles homosexuelles et les enfants qui proviennent de familles hétérosexuelles ?
Est-ce que les enfants ont besoin d'un père et d'une mère ? Le but, c'est de répondre à cette question dans cette vidéo. À tout de suite.
La première étape pour essayer de répondre à cette question a été d'aller sur le site de l'APA, l'association américaine des psychologues. C'est quelque chose de très important pour le milieu de la recherche en psychologie. Il y a un congrès annuel chaque année, c'est aussi une maison d'édition.
Quand je dis, par exemple, que je vous mets la bibliographie, on dit que c'est sous normes APA. APA fait référence à l'American Psychological Association. Donc l'APA a publié en 2005 un communiqué pour répondre à cette question, à savoir : y a-t-il une différence entre les enfants qui sont élevés par des parents hétérosexuels et des parents homosexuels ?
La réponse est catégorique, je vous la lis : les enfants de parents lesbiennes ou gays proposent un environnement tout autant sain pour leurs enfants que les parents hétérosexuels. Cette affirmation ne l'est pas. Une seule étude n'a montré que les enfants de parents lesbiennes ou gays ne présentaient un désavantage sur quelconque aspect par rapport aux enfants issus de parents hétérosexuels.
Alors, c'est moi qui l'ai traduit de l'anglais, donc de toute façon je vous mettrai ça à l'écran. Il y a cinquante-neuf études sur lesquelles s'appuie l'APA pour émettre ses réponses. Le site est très clair, il n'y a pas de souci, il y a un abstract pour chacune des études.
Si vous regardez bien, c'est très bien organisé, ça c'est super. Mais il y a un seul truc, c'est qu'il n'y a pas une seule étude selon l'APA qui contredirait les résultats de la synthèse. Dire en sciences qu'il n'y a pas une seule étude qui contredise les résultats du consensus, c'est quand même assez inhabituel.
Donc moi, ça m'a fait tiquer et je suis allé chercher au moins une seule étude qui pourrait contredire les conclusions de l'APA. Bingo, je suis tombé sur un article de Lorraine Marx qui a proposé un réexamen de la synthèse de l'APA et de toutes les études citées par l'APA. Ce qu'il en conclut, c'est qu'il existe de nombreux biais méthodologiques dans la majorité des études qui ont été utilisées par l'APA.
La première raison, c'est que les échantillons sont beaucoup trop petits, à chaque fois. Trop, trop petits échantillons. Il y a des études où il y a cinq ou moins dix participants.
Le deuxième problème lié à l'échantillon, c'est qu'il y a un manque cruel de diversité ethnique, sexuelle et économique. Pour être très clair avec vous, la majorité des participants des études de l'APA sont des femmes blanches lesbiennes issues de catégories sociales aisées, ce qui biaise évidemment les résultats, puisque la population des parents homosexuels des États-Unis ne se résume pas à des femmes blanches lesbiennes de catégorie sociale aisée. Puisqu'il y a aussi des Noirs, des Mexicains, il y a aussi des gays, des hommes, et il y a aussi des pauvres et des personnes de classes moyennes.
Le troisième inconvénient de ces études, c'est qu'elles manquent d'un groupe contrôle, ou alors le groupe contrôle est médiocre. Quand vous étudiez une population, vous devez la comparer à ce qu'on appelle un groupe contrôle, à une sorte de deux groupes neutres. C'est comme quand vous voulez mesurer l'efficacité d'un médicament, vous le comparez à l'effet placebo.
Mais là, c'est pareil. Donc, nous, en l'occurrence, le groupe contrôle, c'est la population hétérosexuelle, puisqu'on veut comparer les enfants de parents homosexuels avec les enfants de parents hétérosexuels. Sur cinquante-neuf études, il n'y en a que trente-trois qui proposent un groupe contrôle et sur les trente-trois études qui proposent un.
. . Groupe contrôle : les chercheurs font une erreur importante, qui est de mélanger des parents hétérosexuels mariés avec des parents hétérosexuels non mariés, avec des familles monoparentales et des femmes remariées.
C'est complètement confus, quoi ! En fait, on ne peut pas inclure dans la même catégorie famille hétérosexuelle des mères célibataires et des parents hétérosexuels mariés. Vous voyez ce que je veux dire ?
Il y a un problème. Ces problèmes d'échantillons, ça ne veut pas dire que les chercheurs sont débiles, c'est sûr, ce n'est sûrement pas ça. C'est plutôt que ce sont des études pour lesquelles il manque des participants.
Ok, c'est assez compliqué de trouver des participants, et du coup, ils vont être un petit peu moins exigeants sur les échantillons pour pouvoir simplement étoffer la taille de l'échantillon et pour arriver à trouver des résultats. Il y a un truc qui est très important à comprendre. C'est parce que j'insiste sur ce point-là, parce que c'est vraiment la critique clé qui a été faite sur ces études sur les parents homosexuels.
C'est qu'en fait, on ne peut absolument pas mélanger des familles hétérosexuelles classiques mariées avec des familles monoparentales. Pourquoi ? Parce qu'il y a des études qui montrent, et là-dessus il y a un consensus, que les enfants issus des familles monoparentales sont plus désavantagés sur les problèmes émotionnels.
Il y a plus de dépression chez eux, plus de prise de drogue, plus de difficultés scolaires, plus de risques de tomber enceinte, un QI moyen qui est inférieur, des performances académiques inférieures et un statut socioéconomique plus tard qui sera à faire passer. C'est vraiment, c'est assez catégorique là-dessus : les familles monoparentales offrent à leurs enfants des conditions qui sont largement inférieures à celles qu'offrent les familles hétérosexuelles mariées. J'insiste bien sur le "mariées", ça aussi c'est un point important qu'on va voir après.
Il y a une différence entre les parents hétérosexuels mariés et les parents hétérosexuels non mariés. Je continue. L'avant-dernier argument, c'est qu'il n'y a aucune étude longitudinale dans la liste des études de l'APA qui s'intéressent à l'impact sur les enfants.
La majorité se fait sur les enfants, mais pas sur les adolescents, voire plus tard. Et c'est important. Lorraine Marque va répondre à la conclusion de l'APA en disant qu'« aucune étude n'a montré de différence ».
À noter, Singo cette année-là, lui va apporter 15 études qui réunissent un total de 9 911 participants, à comparer aux 59 études de l'APA qui réunissent un total de 7 800 participants. L'APA a plus d'études et moins de participants par étude. Là, c'est moins d'études, mais plus de participants par étude.
Et il va rentrer en profondeur sur une étude qui est celle de Sarran Tacos, menée en 1996, qui va éviter tous les biais qu'on a cités plus haut, dont l'échantillon reprend 174 enfants issus de parents homosexuels. 174, ça se positionne à la 6e place si on fait le classement des études de l'APA en fonction du nombre de participants dans les échantillons. Sarran Tacos va comparer trois groupes : les enfants issus de deux parents homosexuels mariés, les enfants issus de parents hétérosexuels non mariés, et les enfants issus de parents homosexuels.
Je rappelle qu'on est en 1996, donc il n'y a pas le mariage gay. Trois résultats importants : la première, il n'y a strictement aucune différence sur le plan émotionnel, sur le plan de la santé mentale et psychologique des enfants, physique et mentale, donc ça, ça confirme, ça va en cohérence avec les résultats de l'APA. Deuxième point, il y a des différences entre les trois groupes sur les performances académiques mesurées à l'école.
Je vous mettrai le tableau à l'écran pour le résumer très rapidement : les enfants qui s'en sortent le mieux sont ceux qui viennent de familles hétérosexuelles mariées, puis en deuxième place, les familles de parents hétérosexuels non mariés, et en troisième place, les familles de parents homosexuels. Troisième point clé, c'est qu'il y a plus d'enfants qui se déclarent homosexuels dans l'échantillon des enfants issus de familles homosexuelles que dans l'échantillon des enfants issus de familles hétérosexuelles. Avant de passer à la suite, je tiens à émettre une critique vis-à-vis de l'article de Marc Lorraine.
La première chose, c'est que Marc Lorraine va s'intéresser à des études qui ont été publiées avant 2010, or le mariage gay, la loi pour le mariage gay aux États-Unis, a été votée en 2014 et 2015 pour tous les États d'Amérique. La deuxième chose à noter, c'est que Marc Lorraine a probablement un conflit d'intérêt dans ce débat, si je puis dire, étant donné qu'en faisant une petite recherche sur lui, j'ai appris qu'il était professeur dans tout ce qui est religion et famille, et il a écrit des articles pour des revues religieuses sur les bienfaits, par exemple, des traditions. Je vous mettrai à l'écran sur les bienfaits des traditions juives.
Alors, ça n'enlève en rien la pertinence des arguments de Marc Lorraine, qui sont très bons, mais je tiens juste à préciser que cela peut le rendre peut-être un peu plus exigeant sur les arguments tenus par l'entrée, entre guillemets, « camp opposé ». La troisième étape, ça a été pour moi de trouver une nouvelle synthèse, plus récente, plus exhaustive, et je l'espérais un peu plus objective que celle de l'APA. Je suis tombé sur une synthèse, un communiqué qui se voulait fait par l'Université de Cornell, qui synthétise 79 études qui ne montrent aucune différence entre les enfants issus des familles homosexuelles et les enfants issus des familles hétérosexuelles, et qui va avoir l'honnêteté de montrer quatre études en contradiction avec ces résultats.
Ces contradictions sont contradictoires par rapport au consensus apporté par l'APA, parce que jusqu'à preuve du contraire, je pars du principe qu'il n'y a pas de différence entre les enfants homosexuels et les enfants hétérosexuels. Démontré que, sur les 236 enfants issus de parents homosexuels, il y avait une différence avec les enfants hétérosexuels sur 25 variables sur 40. Je vais vous donner cinq exemples : ils s'identifient beaucoup moins comme exclusivement hétérosexuels (61 % contre 90 %).
Donc, chez les enfants hétérosexuels, ils rapportent plus d'attouchements par un parent ou un adulte (23 % contre 2 %). Ils rapportent plus de relations sexuelles sans consentement (31 % contre 8 %). Les femmes rapportent un nombre de partenaires plus important, et il y a une prise de drogue plus importante, dépression plus importante, relations extra-conjugales plus importantes, et j'en passe.
Il y en avait vraiment un paquet. Je ne vous cache pas que l'étude a défrayé la chronique aux États-Unis : elle a été brandie d'un côté par les conservateurs, et de l'autre, elle a été incendiée, caricaturée, par les pro-mariage gay, par la communauté LGBT et même par les médias classiques qui se sont empressés de complètement insulter ce type-là, de manière émotionnelle et jamais avec des arguments concrets. Il a fallu attendre 2015 pour que des chercheurs refassent l'étude et s'intéressent vraiment au contenu de cette étude-là.
Alors, c'est Jean Gay Powell. Ces derniers ont refait l'étude, ils sont allés regarder précisément l'échantillonnage. Que concluent les chercheurs ?
C'est qu'il y a un biais d'échantillonnage. Encore une fois, les jours dédiés aux échantillonnages : sur les 236 participants, donc de familles homosexuelles, il y avait 58 qui n'avaient soit jamais grandi en tant qu'enfants avec leurs parents homosexuels, soit ils avaient grandi moins d'un an. C'est un énorme biais.
Encore une fois, ce n'est pas que la manière dont les questions sont tournées ; ce ne sont pas des chercheurs qui sont cons, c'est la manière dont les questions sont tournées et c'est le besoin de trouver des échantillons assez grands pour pouvoir faire des statistiques. La deuxième erreur qu'il y a dans l'échantillon, c'est qu'en fait, il y a des résultats qui sont ahurissants, entre guillemets. Ça veut dire des résultats complètement incohérents.
Il y a des réponses à des questions qui étaient incohérentes et qui auraient dû être retirées des statistiques pour pouvoir conclure à ce qu'a conclu Regle Russes. Ils ont donc refait les analyses sur le peu de participants qui restaient et qui étaient valides. Donc finalement, ils ont retiré deux tiers des participants et ils ont refait les études sur les participants restants.
Et ce qu'ils ont remarqué, c'est qu'il restait plus que deux différences sur les 25. Au préalable, les différences étaient l'identification comme exclusivement hétérosexuels : il y a toujours une différence à dire que les enfants d'homosexuels se considèrent moins exclusivement hétérosexuels que les autres, et ils ont un nombre de partenaires masculins plus élevé que les femmes hétérosexuelles de familles hétérosexuelles. On ne peut pas vraiment généraliser ces résultats étant donné la faible taille de l'échantillon ; ce qu'on dit d'un côté est valable pour l'autre.
Donc là, malheureusement, on sera obligé de mettre de côté cette étude. Ensuite, ce que j'ai fait, donc la quatrième étape, une fois qu'on a mis Regle Russes de côté, on a sa rente à cause qui date de 96, qui étaient de très bonnes études, mais un petit peu anciennes. Il nous reste deux grosses études, recensements nationaux, qui ont été faites aux États-Unis et au Canada, qui sont récentes (2015, 2013) et qui montrent effectivement qu'il y a des différences.
On a du côté des 79 études qui ne montrent pas de différence, on en a également deux grosses, basées sur des gros échantillons, à chaque fois de plus de 500 personnes, qui montrent qu'il n'y a pas de différence. Donc on est un petit peu à égalité. Alors d'un côté, les deux études pro-différence montrent qu'il y a plus de problèmes émotionnels, notamment liés à la dépression et à l'anxiété, que l'on appelle des problèmes internalisés.
Donc c'est lié à la dépression, à l'anxiété et à des problèmes émotionnels. Et il y a une moins forte probabilité d'être diplômé chez les adolescents canadiens issus de parents homosexuels. Donc là, on a des données sur les adolescents, ce qu'on avait, ce qu'on n'a pas beaucoup.
De l'autre côté, comme je vous dis, on a deux autres études, recensements nationaux, qui montrent, pour le coup, qu'il n'y a aucune étude sur le plan cognitif, sur le plan émotionnel, sur le plan académique. Et là, ce qui est très intéressant, c'est de lire ce que chacun des chercheurs reproche aux autres. Les méta-analystes qui ont montré des résultats différents.
Et en fait, c'est intéressant parce que, finalement, ce n'est pas un combat, c'est plus sain, c'est plus un débat. Ce qui fait qu'on avance tout doucement en utilisant les reproches faits par les autres pour faire des études de plus en plus qualitatives. Et là, on en revient, ça va conclure un peu tout ce qui s'est dit auparavant.
Et de gros, si je puis dire, reproche chacun à l'autre des problèmes d'échantillonnage. Les chercheurs du groupe « différence », c'est-à-dire ceux qui montrent des différences entre les enfants homosexuels et hétérosexuels, reprochent au deuxième groupe de choisir dans leurs échantillons de mélanger des enfants qui viennent de familles monoparentales, des enfants qui viennent de familles non mariées, et des familles mariées, ce qui biaise complètement les résultats. De l'autre côté, ceux qui montrent qu'il n'y a pas de différence reprochent au premier groupe de pareils biais d'échantillonnage : d'inclure dans leurs échantillons des enfants qui ont grandi toute leur vie avec des parents homosexuels et des enfants qui ont découvert, en milieu de leur jeunesse, que l'un des deux parents était homosexuel.
Ce qui, évidemment, n'est jamais associé à des choses positives. À tous les coups, les enfants rapportent des émotions négatives quand ils apprennent. .
. Qu'un de leurs parents est homosexuel, donc forcément ça rajoute du stress. Il y a probablement une rupture et ça fait baisser, ça fait complètement baisser la qualité de la relation parent-enfant.
La cinquième et dernière étape était pour moi de trouver l'âme et analyses qui soient les plus récentes possible, les plus exhaustives possibles et surtout celles qui ne reproduisent pas tous les biais qu'on a vus plus haut. Si possible, cela pourrait m'éclairer un peu là-dessus. Je cherchais absolument à avoir des chercheurs qui pourraient un petit peu me donner une vue d'ensemble tout ça, parce que c'est un vrai bordel, c'est un véritable bordel.
C'est très compliqué à synthétiser. J'ai trouvé cette étude, elle réunit 80 études, donc elle synthétise les résultats de 80 études. Le problème, c'est que les chercheurs ne veulent absolument pas que les résultats soient brandis par l'un ou l'autre des deux camps politiques en dehors de la science.
C'est pour cette raison qu'ils ont tous fait, j'en suis persuadé, pour rendre les études les moins accessibles possible à un public général. L'abstract, par exemple, ne permet pas de conclure à quoi que ce soit; le titre en dit long justement sur l'état d'esprit dans lequel sont les chercheurs, et c'est tout à leur honneur. C'est ce qui donne vraiment de la qualité à cette étude.
Je vais vous faire la synthèse de cette étude-là qui est, je pense, le clou de la vidéo. La première chose à dire, c'est que les chercheurs sont catégoriques là-dessus: il y a un biais de publication dans ce sujet de recherche. Il y a un biais de publication très clairement en faveur des articles qui ne montrent pas de différence.
Pourquoi? Alors ça, c'est très inhabituel, parce que normalement, dans la littérature scientifique, la plupart des chercheurs sont biaisés par les résultats positifs; ils veulent montrer des résultats positifs, ça fait vendre, ça se publie plus que les résultats négatifs. Le principe de l'effet des fonds tiroir, c'est qu'on cache les articles qui n'ont pas de résultats positifs dans le fond des tiroirs, et là c'est exactement l'inverse.
Ça montre bien qu'il y a un fort impact émotionnel et politique, même dans la science, pour ce genre de sujet. Pour la faire très simple, Showfield s'est intéressé à ce qu'on appelle les variables modératrices. Une variable modératrice, c'est une variable qui vient modérer la relation qui existe entre l'orientation sexuelle des parents, en l'occurrence, et les conséquences sur les enfants.
Elle va modérer l'impact soit en diminuant, soit en l'augmentant. Il y a plein de variables modératrices, 14 en tout, qui n'ont pas été prises en compte dans la majorité des études et qu'eux ont réussi à contrôler et dont ils ont mesuré l'impact. Je ne vais pas faire les 14 parce que c'est beaucoup trop compliqué.
Concernant les résultats, il existe des différences significatives, mais petites, entre les enfants issus de familles homosexuelles et d'hétérosexuelles. Ces différences portent sur quatre variables: la première, l'internalising, donc dépression, anxiété, troubles émotionnels; la deuxième, l'externalising, c'est-à-dire conduite, hyperactivité, prise de substances, drogue, alcool, troubles de la sexualité, grossesse; le troisième, ce qu'on pourrait appeler l'attachement secure, donc relations positives avec les pères; et le quatrième, c'est le développement de genre. Je vous expliquerai ça juste après.
Alors maintenant, les résultats, dans quel sens ils vont? Ils vont dans les deux sens. Quand on se base juste sur une population d'enfants, on remarque une petite différence, mais en faveur des enfants issus des familles homosexuelles concernant l'internalising, l'externalising et la qualité des relations positives avec les pères.
L'attachement secure veut dire que les enfants issus de familles homosexuelles ont un petit peu moins de troubles émotionnels que les enfants issus de familles hétérosexuelles. Arrivés à l'adolescence, c'est l'inverse: les adolescents de familles homos rencontrent plus de difficultés émotionnelles, de problèmes externalising, qu'on l'a vus, et une qualité de relations avec les pères plus faible. Attention, cette différence, elle n'est pas énorme, elle est significative statistiquement parlant, réplicable, mais elle n'est pas énorme, elle est petite.
Pourquoi est-ce qu'il y a une différence à l'adolescence? On ne peut pas le savoir, mais les hypothèses des chercheurs, c'est qu'arrivés à l'adolescence, l'enfant, ou plutôt l'ado, commence à se construire son identité, et on peut penser que c'est plus compliqué avec des parents homosexuels. Forcément, il y a aussi l'impact du regard des autres qui rentre en compte.
Il faut noter que je précise ici que toutes les discriminations et stigmatisations ont été évidemment contrôlées par les chercheurs. La deuxième variable modératrice est l'impact de la stabilité des parents sur l'enfant. Pour les parents homosexuels, il y a une différence entre un enfant qui découvre en plein milieu de son enfance que l'un des deux parents est homosexuel et un enfant qui a vécu toute sa vie en sachant que ses deux parents étaient homosexuels.
Ça n'a strictement rien à voir. Ce qu'on observe, c'est que plus l'enfant est arrivé tôt dans sa famille d'accueil en sachant que ses deux parents étaient homosexuels, il y a deux problèmes. Il y a une corrélation positive entre le fait d'apprendre tardivement que l'un de ses parents était homosexuel et les troubles de l'anxiété, de la dépression, comme on l'a vu, troubles de la conduite, alcool.
Il faut bien comprendre qu'il y a toujours un impact émotionnel négatif chez tous les participants lorsqu'ils apprennent que l'un de leurs parents est homosexuel. Cela s'accompagne généralement de stress, peut-être de rupture, et ça joue sur le stress, l'anxiété et la santé psychologique des enfants. Il faut noter enfin que la reconnaissance légale du statut marital des parents homosexuels favorise le bien-être de leurs enfants et diminue.
. . Les risques de dépression selon Shaw Field, c'est différent.
Ce qu'on observe là n'est absolument pas provoqué ou corrélé à des comportements parentaux différents chez les homosexuels puisque, en fait, on n'observe pas de différence. Il n'y a pas de différence significative dans la manière d'élever les enfants sur l'aspect chaleur, sur la qualité des interactions, l'implication émotionnelle, la qualité d'investissement parental, la violence. Il n'y a pas plus d'attouchements ou quoi que ce soit chez les familles homosexuelles, c'est exactement pareil.
Il y a un seul domaine où l'on observe une petite différence : c'est sur le fait que les parents homosexuels apportent une éducation plus libérale sur l'aspect sexuel et sur le développement de genre de leurs enfants. Hélas, une seule variable montre une différence qui n'est pas qualifiée de petite, mais qui est qualifiée de moyenne. Les adolescents de parents homosexuels s'identifient comme exclusivement hétérosexuels, ils rapportent plus d'expériences homoérotique.
La deuxième différence concerne les rôles et le développement des rôles de genre : les enfants issus de familles homosexuelles s'identifient, alors leur sexe, avec une plus grande diversité dans le choix des comportements sexués et des comportements de rôles de genre. En conclusion, il y a un climat politique, évidemment extrêmement tendu sur cette question-là, qui rend les recherches extrêmement difficiles. Beaucoup d'études concluent à une absence de différence entre les enfants issus de familles homosexuelles et ceux issus de familles hétérosexuelles.
Le problème, c'est que ces études se basent sur des échantillons petits et sont truffés de biais méthodologiques. Il y a de nombreuses variables modératrices qui ne sont pas contrôlées dans ces études. Il faut noter quand même que nous tendons de plus en plus vers une qualité des études scientifiques sur le sujet qui prennent de plus en plus en compte tous ces facteurs.
Si on résume les résultats, mieux vaut avoir deux parents mariés, peu importe leur sexe, même si ces parents sont de même sexe, plutôt qu'une famille monoparentale avec un seul parent. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il n'existe aucune différence en ce qui concerne la qualité des soins parentaux et de l'investissement parental auprès de leurs enfants. On peut dire qu'il existe une influence de l'attitude un peu plus libérale des parents homosexuels qui va pousser leurs enfants à se montrer plus ouverts vis-à-vis des expériences homoérotique et plus ouverts à l'idée de sortir du rôle et du sexe qui leur a été assigné à la naissance, des comportements qui vont à l'encontre de leur sexe, du moins des comportements non traditionnels.
Enfin, chez les enfants issus de parents homosexuels, quand ils ont connu leurs parents dès la plus tendre enfance et que les deux parents sont soumis à un cadre légal, savoir le mariage, alors chez les enfants, on n'observe pas de différence entre les enfants des homos et les enfants des hétéros. Chez les adolescents, on ne peut pas se prononcer sur les mêmes conclusions, c'est beaucoup plus compliqué de se prononcer là-dessus. Il faudra clairement attendre qu'il y ait plus d'études, et surtout d'études qui s'intéressent aux adolescents ayant passé toute leur enfance avec des parents homosexuels mariés.
Voilà, c'est la fin. Cela a été la vidéo peut-être la plus difficile pour moi à écrire et à tourner. Si vous souhaitez m'aider financièrement, vous pouvez me faire un don sur Tipeee.
Si le contenu vous plaît, si vous voulez voir d'autres vidéos de vulgarisation scientifique, je découvre ce thème-là un peu comme vous. Je vais continuer à m'instruire, tout ce que je veux apprendre, je vais en parler sur le club Défi Logique lors des prochaines réunions pour vraiment continuer à développer ce point-là qui est extrêmement important et qui vous concerne probablement si vous voulez fonder une famille plus tard. Ce sont des questions que l'on est en droit de se poser.
Écoutez, je vous souhaite une bonne journée et puis à la semaine prochaine pour une nouvelle vidéo qui, je l'espère, va se prendre un peu moins la tête. Ça s'écoute à février. Chacune de ces cibles avait été pratiquées en tête et je me rends compte pour cette firme à des fins publicitaires.