Washington. 13 septembre 1993. Yitzhak Rabin, premier ministre d’Israël, et Yasser Arafat, président de l’OLP – l’organisation de libération de la Palestine - se rencontrent à la Maison Blanche.
Les accords d’Oslo sont signés. Pour la première fois, autorités israélienne et palestinienne se reconnaissent mutuellement. Ces accords sont le fruit d’un processus de tractations entamé suite à la première intifada – la guerre des pierres.
En effet, en 1987, la population palestinienne de Gaza et de Cisjordanie se soulève contre Israël, qui occupe et colonise ces territoires depuis la guerre des Six jours de 1967. Les accords d’Oslo visent à reconnaitre l’autorité palestinienne sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, et en faisant le choix d’une solution à deux États, sont vus comme une source d’espoir dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Cependant, l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995 par un juif fondamentaliste opposé à cette rétrocession, freine les progrès vers la paix.
Depuis la déclaration d’indépendance de l’état d’Israël en 1948, aux accords d’Abraham de 2020, de la guerre de 6 jours à nos jours, le conflit israélo-palestinien s’endort et se réveil au gré des événements. Ce conflit aux allures insolubles prend racine au début du XIXe. siècle : sous l’impulsion de l’organisation sioniste, une stratégie est mise en place dans un objectif bien défini : établir un foyer national juif en terre palestinienne.
Revenons sur les raisons de cette implantation, et observons comment, en l’espace d’un demi-siècle, la tactique adoptée mena à la naissance d’un état hébreux au Proche-Orient. Entre la rive de la Méditerranée et de la mer Morte ; du fleuve Jourdain jusqu’au lac de Tibériade s’étend une étroite bande de terre. Elle est constituée par une région fertile - la Shéphélah, puis viennent les monts de Judée traversant la région, du désert du Néguev au sud de la Galilée.
C’est dans cette région que les premiers israélites s’installent. La première mention de ce peuple nous vient de la stèle du pharaon Mérenptah, qui mentionne la destruction d’Israël lors de sa campagne de 1208 av. J.
C. L’Egypte s’approvisionne en esclave dans ce qui est alors nommé le pays de Canaan, ce qui est probablement à l’origine du récit biblique de l’Exode qui se forge parmi les habitants des montagnes de Judée. Après l’effondrement de l’âge du Bronze, le Proche Orient se recompose.
Dans l’ancien pays de Canaan naît un puissant royaume centré sur la ville de Jérusalem qui correspond au territoire biblique occupé par les 12 tribus d’Israël. 12 tribus pour les 12 enfants de Jacob, l’un des 3 patriarches, qui est également connu sous le nom… d’Israel. C’est à cette époque que le roi Salomon fait construire le premier temple de Jérusalem.
À sa mort le royaume se scinde en deux entités rivales : au nord le royaume d’Israël et au sud le royaume de Juda. Au VIIIe siècle une autre puissance s’impose au Levant : l’Assyrie, qui conquiert le royaume d’Israël. L’ancien royaume est transformé en province assyrienne et la population de Samarie est déportée en haute Mésopotamie.
Cet événement donne naissance à l’idée des 10 tribus perdues d’Israël. Au VIe siècle les royaumes d’Israel et de Juda deviennent tributaires de l’empire babylonien. Après une révolte, le souverain mésopotamien Nabuchodonosor II détruit Jérusalem et son Temple.
Sa population est déportée en Babylonie. Cette première diaspora, la dispersion du peuple juif, constitue un moment important dans la rédaction de la bible hébraïque, le Tanakh. Une fois la région passée sous domination perse, Cyrus II autorise les judéens exilés en Babylonie à regagner leur terre et à reconstruire le Temple de Jérusalem.
Au IIe siècle, alors que la Judée est sous domination séleucide éclate la révolte des Maccabées, qui établit un royaume juif empreint d’hellénisme qui perdura jusqu’à la conquête romaine. Les romains profitent d’un conflit interne au royaume de Judée pour prendre Jérusalem. Cet événement marque le début d’une nouvelle diaspora dans l’est de l’Empire et jusqu’à Rome, où beaucoup sont réduits en esclavage.
En 66 la spoliation du Temple de Jérusalem entraine le soulèvement de toute la Judée, c’est la première grande révolte juive. Titus réprime le soulèvement. Il pose le siège devant Jérusalem qui tombe en 70.
Le second Temple est détruit et la population réduite en esclavage est déportée dans l’Empire. De nombreuses révoltes éclatent en Judée, dont la plus violente est réprimée brutalement par l’Empereur Hadrien. La population fuie ou est réduite en esclavage, Jérusalem est renommée Aelia Capitolina, et est interdite aux juifs.
La province de Judée est rebaptisée Syrie-Palestine afin d’effacer toute référence à son peuplement juif. Cette longue période antique forge et soude la population israélite autour d’une grande histoire, à la fois religieuse – par le développement progressif du judaïsme, et politique, par les différents royaumes qui se sont succédés. À partir de ce moment, les communautés juives se retrouvent disséminées à travers tout le bassin méditerranéen.
Au IVe siècle la diffusion et l’adoption du christianisme en tant que religion officielle de l’Empire romain fait désormais des Juifs une minorité, mais une minorité proche du christianisme avec lequel la frontière est parfois floue. Au VIe siècle le pape Grégoire Ier instaure une tolérance envers les juifs, qui constituent le peuple témoin des temps antérieurs. Un siècle plus tard, les conquêtes arabes font passer Jérusalem sous la domination des Califes : la ville devient alors un lieu saint de l’Islam avec la construction du dôme du Rocher et de la mosquée al-Aqsa.
Durant le Haut Moyen-Age, nombreux sont les juifs qui travaillent la terre ou se spécialisent dans les activités commerciales : grâce à la diaspora ils nouent des contacts facilitant les échanges entre monde chrétien et monde musulman. Les communautés juives prospèrent également dans le Califat de Cordoue d’Al-Andalus où ils forment un trait d’union dans la transmission des savoirs orientaux vers l’Europe chrétienne. Ces communautés forment l’une des deux branches principales de la diaspora juive en Europe : les séfarades.
Avec les croisades le rapport vis-à-vis des communautés juives change : désormais le peuple juif est vu comme un peuple déicide, responsable de la mort du Christ. Les massacres commis sur le chemin des croisades constituent la première vague de violences contre les juifs d’Europe. En 1215, le concile de Latran instaure une séparation nette avec le judaïsme.
Les juifs doivent porter une marque vestimentaire distinctive afin de les différencier des chrétiens : la rouelle. Stigmatisés et jugés inférieur, ils sont contraints de vivre dans des quartiers séparés et se voient interdire un certain nombre de professions ainsi que la possession de terre. Entre le XIe et le XVe siècle, les expulsions et les confiscations de biens se multiplient.
Les persécutions redoublent au XIVe siècle, les juifs sont accusés de répandre la peste noire qui ravage l’Europe. Nombreux sont ceux qui s’installent alors en Europe centrale et orientale. Ils forment la seconde branche de la diaspora juive en Europe : les Ashkénazes.
À l’issue de la Reconquista, les communautés séfarades sont expulsées de la péninsule ibérique. Beaucoup trouvent refuge dans l’empire ottoman, beaucoup plus tolérant. À partir du XVIIIe siècle, si à l’ouest du continent les juifs, désormais peu nombreux, voient leur émancipation s’accélérer sous l’impulsion des Lumières et de la révolution française ; à l’est, les pogroms se multiplient.
C’est dans ce contexte que naît au milieu du XIXe siècle, dans les communautés Ashkénazes, le sionisme : un mouvement national. Ce nom renvoie au mont Sion à Jérusalem. Le sionisme vise à restaurer l’indépendance sur la terre d’Israël, qui figure au cœur de l’imaginaire religieux, car selon la tradition juive, elle correspond à la terre promise à Abraham et ses descendants.
De nombreux mouvements, comme celui des Amants de Sion, voient le jour et incitent à l’installation de juifs en Palestine, faisant suite aux nombreux pogroms des années 1880 et l’adoption de lois anti-juives après l’assassinat du tsar Alexandre II. Cette vague d’antisémitisme touche toute l’Europe, notamment la France secouée par l’affaire Dryfus. Le sionisme se structure en mouvement politique sous l’impulsion de Theodor Herzl, un journaliste austro-hongrois, lors du congrès de Bâle de 1897.
Les bases d’une véritable organisation qui souhaite encourager l’installation des Juifs en Palestine sont jetées. C’est la naissance de l’Organisation sioniste. À la fin du XIXe siècle, sur une population de 470 000 habitants majoritairement de confession musulmane, la Palestine ne compte qu’environ 20 000 juifs.
Au sein des communautés juives de Palestine – que l’on nomme Yichouv -, s’éveille un sentiment national. L’Hébreux, langue liturgique, devient progressivement une langue vernaculaire, une langue parlée. La Palestine n’est pas le seul territoire envisagé par les sionistes pour une implantation juive.
En effet, une implantation en Argentine est envisagée et des terres achetées via la Jewish Colonization Association. Mais l’Organisation sionistes lui préfèrent la Palestine. Deux vagues successives d’immigrations ont lieu entre 1881 et 1914 : ce sont les première et deuxième alya.
Près de 70 000 juifs originaires du Yémen et de l’Empire russe s’y installent. Lors de la première alya, les conditions difficiles de ses pionniers conduisent à de nombreux retour vers l’Europe ou des départs vers les Etats-Unis. De plus, l’empire ottoman, en pleine crise et en recul territoriale en Europe mène une politique plus agressive envers les populations non musulmanes.
La crainte est celle d’une immigration juive massive en Palestine, l’achat de terre par des juifs est donc restreint, mais non interdit. Face au blocage ottoman, les britanniques et une partie des sionistes proposent un projet d’implantation juive en Ouganda en 1903. Le projet est finalement rejeté.
La deuxième alya marque un changement de stratégie. Dès 1901, un Fonds national juif destiné à acheter des terres en Palestine est créé afin de constituer une réserve foncière inaliénable. Le schéma colonial adopté par la première vague d’immigrés est abandonné au profit d’un schéma national, qui prône une mise en valeur de la terre par les Juifs eux-mêmes en refusant de recourir à la main-d’œuvre locale.
Cette deuxième vague imprégnée des idéaux du socialisme crée les premiers kibboutz, des villages collectivistes autogérés à vocation agricole. C’est aussi dans ce contexte qu’en 1909 est décidé, dans les faubourgs de Jaffa, de fonder une nouvelle ville : Tel-Aviv. En 1914, on compte désormais 80 000 juifs pour 720 000 habitants dans la région.
Face au sionisme, le nationalisme palestinien prend forme et s’enracine parmi les élites qui s’opposent aux ventes de terres consenties à des juifs. Les tensions s’enveniment et conduisent à de nombreux incidents violents. En conséquence, les premiers groupes juifs d’autodéfenses se mettent en place : en 1909 le groupe Hashomer, dont l’armement est financé par l’Organisation sioniste, assure la protection des premières implantations en Palestine.
Durant la Première Guerre Mondiale, l’Empire ottoman entre en guerre au côté des empires centraux, et décide d’abolir toutes les protections juridiques des étrangers, faisant des juifs nouvellement arrivés des ennemis de l’intérieur. Afin d’éviter toute sécession, un régime de terreur s’applique en Palestine à base de répression et de famine. Les Britanniques parviennent à atteindre la Palestine et à prendre Jérusalem.
Durant la guerre, le projet sioniste se voit validé par le Royaume-Uni. En effet, le 2 novembre 1917 la déclaration Balfour, du nom du ministre britannique des affaires étrangères, annonce que le gouvernement britannique reconnait l’existence d’un « peuple juif » et est favorable à l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine, mais sans porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives qui s’y trouvent. Cette première reconnaissance internationale est une victoire pour les sionistes.
Suite au Traité de Sèvres, la Palestine, passe sous mandat britannique, du fait de sa position stratégique pour le contrôle du canal de Suez voisin. La société des nations, ancêtre de l’ONU, donne pour objectifs aux britanniques de mettre en place un foyer national pour le peuple juif, reprenant les termes de la déclaration Balfour. L’organisation sioniste établit alors l’armature économique et institutionnelle de ce foyer national.
Sont progressivement mis en place le premier syndicat, un service de sécurité sociale, un service de soins d'urgence et une organisation de défense : la Haganah. En 1922, Churchill alors secrétaire d’État aux colonies, dévoile l’orientation politique du mandat britannique : c’est le Premier Livre Blanc. Il y réaffirme que « le peuple juif … est en Palestine de droit et non par tolérance ».
Dans les années 20, les troisième et quatrième alya (1919-1923 &1924-28) voient plus de 100 000 Juifs arrivés en Palestine, majoritairement depuis l’Europe de l’est pour fuir les pogroms. Au sein du Yichouv, des forces politiques apparaissent, avec 2 visions sur la constitution du futur état : le courant sioniste travailliste de David Ben Gourion, favorables à un partage de la Palestine en 2 états, juifs et palestiniens ; et le courant sioniste révisionniste de Vladimir Jabotinsky qui prône un État juif intégrant la Transjordanie. Le mouvement nationaliste palestinien se structure et adresse de nombreuses pétitions et plaintes à l’administration britannique.
Des violences éclatent entre juifs et musulmans dans les années 20 sur la question de l’accès aux Lieux Saints et font plusieurs centaines de morts sur le territoire. La répression britannique est féroce vis-à-vis de la population arabe. Considérant la situation intenable, les britanniques publient alors un second livre blanc dans lequel il remettent en question la poursuite de l’implantation juive, provoquant l’ire de l’Organisation sioniste.
A partir de 1929, l’Agence juive est créée. Elle constitue en véritable gouvernement parallèle à l’administration britannique. Cette agence incarne le pouvoir exécutif de ce foyer pré-étatique pour les populations juives.
Ben Gourion en devient le président. Sous l’impulsion de l’Agence juive, l’immigration s’accélère. Accélération qui s’accentue à partir de 1933, lorsqu’en Allemagne Hitler arrive au pouvoir et que les persécutions s’intensifient.
Dans les années 30 se sont environ 180 000 juifs qui arrivent en Palestine. La situation se radicalise. La mort en 1935 du prédicateur Ezzedine el Qassam, qui mène une révolte contre l’implantation juive, fédère la cause palestinienne autour d’un sentiment religieux.
Le Haut-Comité arabe qui réunit pour la première fois les différentes tendances et partis palestiniens lance une grève générale l’année suivante. Une commission d’enquête britannique préconise alors une solution à deux États avec Jérusalem sous mandat du Royaume-Uni. Indigné, le camp palestinien prend les armes.
Plusieurs implantations juives sont attaquées, en réponse l’Irgoun - le groupe armée du mouvement révisionniste - mène une série d’attentats contre la population arabe. En septembre 1937, le commissaire britannique pour la Galilée est assassiné. En réponse le Royaume-Uni interdit le Haut Comité arabe.
Plusieurs milliers de soldats britanniques sont envoyés en Palestine où la loi martiale est décrétée. Une police juive, le Notrim est également créée par les britanniques, et la Haganah reçoit l’appui d’officiers pour l’entrainement de ses unités. L’insurrection fini par s’éteindre en 1939.
Face à la menace de la guerre qui se profile en Europe, Londres, dans un nouveau livre blanc, infléchit sa doctrine est restreint l’immigration juive, afin d’obtenir le soutien arabe dans le conflit à venir. Lâché par Londres, les sionistes emmenés par Ben Gourion se tournent vers une autre puissance : les États-Unis d’Amérique, qui compte une importante communauté juive. En 1942 se tient à New York un Congrès sioniste qui appelle à la création d’un État juif en Palestine.
Un basculement s’opère : le sionisme américain devient central. La diaspora juive américaine, longtemps divisée et réticente à l’idée d’un retour juif en Palestine, devient la première donatrice du mouvement sioniste. Dans le même temps, les juifs d’Europe sont pris dans la tourmente de la guerre.
L’Allemagne nazi entreprend son projet de « Solution finale », visant à exterminer les Juifs. La Shoah se met alors en place. Les rafles se multiplient et la déportation vers les camps de la mort s’organise.
Ils feront 6 millions de morts. Au lendemain de la guerre, avec la libération des camps de concentrations et d’exterminations, le monde découvre les atrocités commises. Nombreux sont les survivants de la Shoah souhaitant quitter l’Europe pour la Palestine.
Mais Londres maintient ses restrictions, creusant toujours plus le fossé avec le mouvement sioniste. Désormais, l’immigration juive se fait clandestinement : 70 000 juifs entrent illégalement en Palestine entre 1945 et 1948. Les britanniques organisent un véritable blocus, arraisonnant les bateaux en provenance d’Europe.
Dès 1946, les migrants stoppés sont internés dans des camps de réfugiés sur l’île de Chypre. En réponse, les organisations armées juives enlèvent six officiers anglais, puis mènent un attentat contre l’hôtel King David à Jérusalem - le quartier général militaire et administratif britannique. Il fait une centaine de morts, et acte la dégradation des relations entre l’armée anglaise et la population juive.
La Grande-Bretagne décide de porter la question de la Palestine devant les Nations unies. Une commission se rend en Palestine. Elle y découvre un pays paralysé par la révolte.
Les commissaires entendent différents acteurs, des sionistes favorables à un état juif aux partisans d’un état judéo-arabe. Les organisations arabes boycottent la commission. En novembre 1947, elle conclue sur la nécessité de mettre fin au mandat britannique, et préconise la division de la Palestine en deux États avec Jérusalem sous tutelle internationale.
Le plan est soumis à l’Assemblée général des Nations unies, et après d’âpres négociations, le résultat tombe : 33 voix favorable au partage, 13 contre, et 10 abstention. Le 14 mai 1948, le Royaume-Uni qui s’est abstenu lors du vote de l’ONU, met fin à son mandat en Palestine. Ben Gourion, chef du gouvernement provisoire, annonce dès lors la création de l’État d’Israël.
Dès le lendemain l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie et l’Irak entre en guerre contre l’état hébreux et envahissent la Palestine. Sur le papier la supériorité des forces arabes est écrasante face à la toute jeune Tsahal, l’armée israélienne qui intègre les combattants des différents groupes paramilitaires déjà constitués. Si le nombre profite à la coalition, leur manque de coordination permet à Israël de sortir victorieux en juillet 1949.
Des armistices sont signés séparément avec chacun des belligérants et redessinent les frontières établies initialement par le plan de partage. C’est la « ligne verte » : l’état d’Israël s’agrandit et intègre des territoires palestiniens, ainsi que Jérusalem Ouest. La bande Gaza passe quant à elle sous contrôle égyptien, la Cisjordanie et Jérusalem Est sont annexés par le voisin Jordanien.
La guerre déplace près de 750 000 réfugiés palestiniens qui s’exilent de gré ou de force dans les pays voisins pour fuir les violences : c’est la nakba, la catastrophe. Le massacre de Deir Yassin (9 avril 1948) fait une centaine de morts et illustre ce climat de terreur. La paix de 1949, n’en fut pas vraiment une, Israël se contenta d’un statu quo fondé sur les armistices signés avec ses voisins.
Dans ces conditions les milliers de réfugiés palestiniens ne peuvent retourner chez eux. Les autorités israéliennes s’opposent à leur retour par crainte qu’ils ne forment une « cinquième colonne », des ennemis de l’intérieurs hostiles dans le pays. De l’autre côté, le discours arabe condamne à la fois l’exode et un potentiel retour des réfugiés qui signifierait de facto la reconnaissance de l’État d’Israël.
Le conflit se fige. Aucune constitution n’est rédigée, et les institutions de l’État d’Israël se mettent en place à travers une série de lois fondamentales, qui sont progressivement adoptées. Le pouvoir législatif est confié à un Parlement, la Knesset, élu au suffrage universel avec un mode de scrutin proportionnel.
La Knesset élit le Président, qui n’a qu’un rôle symbolique. Il nomme le chef du gouvernement : le premier ministre, par convention le chef du parti ou de la coalition qui détient le plus de siège au Parlement. C’est ce premier ministre qui détient le pouvoir exécutif.
En mars 1949, Ben Gourion, leader du parti Mapaï - le parti des travailleurs - majoritaire au parlement, présente son gouvernement de coalition. Jérusalem est choisi comme capitale, malgré l’absence d’accord international sur le statut de la ville. Officiellement Israël n’a pas de religion d’État, la liberté de culte est proclamée.
Par « État juif » on ne renvoie pas à une définition religieuse mais bien ethno-nationale. Cependant, l’influence du Judaïsme reste importante dans la vie civile comme politique. Ni laïque, ni théocratique, Israël reste divisé entre un sentiment national juif, d’appartenance à une même confession, et un sentiment national israélien, d’appartenance à une identité dont la confession n’est qu’un élément parmi d’autres.
Le livre blanc est abolit dès 1948, levant toutes les restrictions à l’immigration juive. En 1950, Israël adopte la « loi du retour » qui permet à tout juif de venir s’installer sur le territoire israélien. En l’espace de trois années un véritable exode a lieu avec l’arrivé de près de 600 000 juifs : des rescapés de la Shoah, mais aussi des Juifs venus des pays arabes quittant tout pour s’installer en Israël.
Le processus ne se fit pas sans heurt puisqu’une rivalité ethnique se dessine entre une communauté à prédominance ashkénaze, anciennement établie et plus riche, et des émigrés « orientaux », majoritairement d’ethnie séfarade, nouveaux et plus pauvres. De nombreux kibboutz sont créés : on en compte plus de 200 dans les années 50. L’état hébreux connaît entre 1955 et 1965 une période faste : le versement des réparations allemandes depuis 1952, ainsi qu’une industrie et une agriculture fleurissantes, font que le pays atteint un taux de croissance de presque 10%.
En 1952, Gamal Abdel Nasser, prend le pouvoir en Egypte et nationalise le canal de Suez entrainant une intervention conjointe des britanniques, des français et des israélien. Sortie vainqueur de la crise de Suez, l’Egypte jouit d’un grand prestige auprès du monde arabe et devient un acteur clé de la région, tandis que la participation d’Israël aux opérations contribue à tendre les relations entre les deux États. Parallèlement, les exilés palestiniens s’organisent avec les pays arabes voisins.
En 1964, l’OLP - l’Organisation de libération de la Palestine - est fondée lors du premier congrès palestinien qui se tient à Jérusalem. L’Organisation, sous tutelle des pays arabe, intègre différents mouvements, dont le plus important est le Fatah de Yasser Arafat, qui mène plusieurs actions de guérilla et de sabotage contre Israël. Après un énième incident frontalier, cette fois-ci à la frontière syrienne, les relations entre Israël et la Syrie se dégradent rapidement.
Damas, craignant une invasion, prévient l’état-major égyptien. Immédiatement des mouvements de troupes égyptiens ont lieu dans le Sinaï et le blocus du détroit de Tiran est décrété, qui est un point de passage essentiel à l’approvisionnement en pétrole, Israël décide alors d’entrer en guerre le 5 Juin 1967. La surprise est totale, seulement une demi-heure après le décollage de l’aviation israélienne, la moitié de l’aviation égyptienne est détruite.
L’Egypte est rejoint dans la foulé par la Jordanie et la Syrie qui entrent dans le conflit. La maitrise des cieux assuré, parachutistes, fantassins et chars israéliens s’assure le contrôle de la péninsule du Sinaï jusqu’au canal de Suez le 8 Juin. À l’est, l’armée jordanienne est mise en déroute, Jérusalem-Est est prise et la Cisjordanie conquise, tout comme la bande de Gaza.
Au nord, en moins de 24h le plateau du Golan est enlevé à la Syrie. En seulement 6 jours, l’état hébreux écrase ses rivaux et repousse ses frontières. L’équilibre de la région vient de basculer : de l’image d’un pays assiégé, Israël devient une puissance régionale.
Plus de 250 000 palestiniens sont déracinés fuyant vers la Jordanie, la Syrie et l’Egypte voisines bouleversant les équilibres démographiques et politiques. En effet, la défaite de l’Egypte de Nasser met fin à son grand projet d’unité arabe. Le Fatah devient dominant au sein de l’OLP qui est désormais dirigé par Yasser Arafat.
Il fait de la Jordanie une base arrière pour sa guérilla contre Israël. Dans les territoires occupés, la colonisation israélienne débute… En 1973, la guerre du Kippour éclate : l’Egypte et la Syrie lancent une attaque surprise sur Israël. Après une phase de recul, l’armée israélienne reprend le dessus grâce aux soutien des Etats-Unis.
Sous pression international et afin de rétablir le dialogue avec ses voisins, Israël rend une partie du Golan à la Syrie dès 1974, puis le Sinaï à l’Egypte avec les accords de Camp David 4 ans plus tard. A ces frontières extérieures, le territoire israélien est dorénavant stabilisé. Mais la question de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, occupés et qui vont être peu à peu colonisés, restes-en suspend.
Les oppositions, d’abord israélo- arabe, changent de dimension et deviennent israélo-palestiniennes, ouvrant une nouvelle séquence de ce conflit insoluble. Alors comment expliquer la réussite de l’implantation d’un foyer national juif en terre palestinienne ? Plusieurs facteurs peuvent expliquent cela : la création d’un mouvement structuré autour de l’organisation sioniste fut le premier préalable.
En levant des fonds pour l’achat de terres et en mobilisant la communauté juive à l’international, les sionistes ont facilité l’immigration en Palestine. Les tensions qui en ont découlé avec les populations sur place ont mené à la création de groupes paramilitaires pour la défense des communautés juives. Ces groupes, formés et entrainés, parfois terroristes, sont à l’origine de Tsahal, qui réussit à remporter la guerre qui a suivi la proclamation de l’état d’Israël en 1948.
Surtout, le lobbying auprès des puissances occidentales a mené à la déclaration Balfour puis à la création de l’Agence juive, gouvernement parallèle à l’administration britannique à la tête d’un véritable proto-état. La vague d’immigration suivant la guerre et le regain de tensions qu’il provoqua n’ont fait qu’accélérer un processus finement pensé depuis un demi-siècle : dessiner les contours d’un état, avec son territoire, sa population, ses institutions et son armée, de façon à créer une situation de fait qui ne visait qu’à être internationalement validée. Voilà j’espère que cette vidéo vous a plu !
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