ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT : MON INCROYABLE EXPÉRIENCE MYSTIQUE

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Les Lueurs
“Au début, je n'avais pas les mots pour le dire, et je dirais même, le courage d’en parler”. Il suf...
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Hello les amis, cette semaine on reçoit Éric Emmanuel Schmitt. Si je vous dis "Oscar et la Dame rose", "Odette", "Tout le monde", ou "L'Évangile selon Pilate", vous reconnaissez forcément l'un de ces ouvrages tirés à plus de 24 millions d'exemplaires. Pour nous, il revient sur les expériences mystiques et spirituelles qui ont marqué sa vie. Avant, quand je ne comprenais pas, j'accusais le monde de ses limites. Maintenant, quand je ne comprends pas, j'accuse mon esprit de ses limites. Parce qu'on est dans un monde matérialiste, on a l'air d'un abruti ou d'un illuminé quand on parle de
ces choses-là. C'est par les failles que ça s'introduit, ce n'est pas par la volonté, ça, ça ne se mérite pas. Avec lui, on se pose cette question : suffit-il d'un coup de téléphone pour devenir croyant ? Bon épisode ! Bonjour à tous, je suis Jonathan Langlois, et je suis très heureux de vous retrouver pour un nouvel épisode des Lueurs, le média qui éclaire votre vie intérieure. Toutes les semaines, vous le savez, on part à la rencontre d'un invité dont le parcours personnel peut transformer notre vie. Mais juste avant de commencer, n'oubliez pas de vous abonner,
c'est la seule manière qu'on a de savoir si ce contenu vous plaît et qu'on doit continuer d'exister. Bonjour Éric Emmanuel Schmitt. Bonjour, je suis très heureux de vous recevoir, c'est une vraie joie pour moi. Vous êtes dramaturge, auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, réalisateur. Vous avez vendu des livres à des milliers d'exemplaires, et on pourrait même parler de millions. Votre nouveau livre, "L'yrival", vient de paraître aux éditions Albin Michel, et votre ouvrage justement peint une facette méconnue de la célèbre cantatrice Maria Callas. Même dans ce nouveau roman, qu'on pourrait croire assez loin
du "Défi de Jérusalem" qui est sorti en avril dernier, vous parlez encore de son chemin d'âme dans le milieu artistique. Dans chacune de vos œuvres, vous allez justement chercher la trajectoire intérieure des personnages. Est-ce que c'est ce que vous vivez vous aussi intérieurement ? Moi, je n'ai aucune opinion sur moi-même et je crois que j'ai assez peu de connaissance de moi-même. Être écrivain, c'est avoir la possibilité justement d'explorer le champ de l'humanité, le champ des possibles humains. C'est changer d'âme, c'est changer de corps, c'est changer de sexe, c'est changer d'époque, c'est changer de place sur
la terre. L'écriture me permet tout ça. Mais vous avez quand même vécu aussi dans votre vie, on va y revenir aujourd'hui, des expériences sensibles, des expériences spirituelles, des expériences mystiques qui viennent travailler l'être, qui viennent travailler l'humain, ou plus que le travailler, le métamorphoser. J'ai subi plusieurs modifications de ma chimie intérieure. Oui, parce que moi, je suis né athée dans une famille athée. Rien ne vous prédestine à commencer une quête personnelle et spirituelle. En fait, si, ce n'est pas parce qu'on est athée qu'on n'est pas en quête. Mais disons que, voilà, on m'avait, je dirais,
gavé de certitudes athées. Et puis c'est ce garçon qui, à 28 ans, rentre dans le désert, le Sahara, qui entre athée dans le désert et qui en ressort croyant. Justement, on va en parler, c'était votre livre "La Nuit de feu" et puis il y a eu d'autres expériences après, dont "Le Défi de Jérusalem", qui est sorti en avril 2023. Juste avant, qu'on comprenne comment tout ça, en fait, a un sens, a une trajectoire pour vous, comme pour vos personnages, on a une habitude chez Lueurs. Je vous propose de prendre la fiche qui est juste devant
vous, de la retourner et de lire la phrase à haute voix et de la compléter. La question existentielle qui me travaille encore aujourd'hui, c'est : est-ce que je sais aimer ? Est-ce que je sais aimer ? Est-ce que j'aime bien ? Est-ce que j'aime mal ? Je pense qu'il y a des manières mauvaises d'aimer. Quelles sont les plus courantes ? Ça ressemblerait à quoi ? Eh bien, on aime par confort, on aime par égoïsme individuel, on aime en exigeant une réciprocité absolue. Donc c'est un contrat, c'est un échange, ce n'est plus de l'amour. Ou alors,
ce qu'il faut, c'est utiliser les raisons mauvaises d'aimer pour faire du bon amour. Parce que tous les aliments ne sont pas nobles pour arriver à faire du feu, mais ce qui compte, c'est de faire le feu. Et voilà, moi, c'est... j'ai toujours ça : est-ce que j'aime bien ? Est-ce que j'aime mal ? Est-ce que je suis suffisamment disponible ? Est-ce que je suis suffisamment généreux ? Est-ce que je suis suffisamment attentif ? Ça, ça me traverse tout le temps. Je vous laisse prendre une deuxième fiche. Ma première expérience d'une vie spirituelle à explorer, c'est,
oui, c'est bien évidemment "La Nuit au désert", on va en reparler. Je vous laisse prendre une troisième fiche. La personne qui m'a le plus marqué, et comme ça je vais vous dire ce qui me vient spontanément, c'est une grande actrice qui fut une vedette de cinéma dans les années 30-40, et ensuite une immense vedette du théâtre. Elle s'appelait Vichy Feuillère. Cette femme, parce que je l'admirais et parce que j'avais eu son adresse par un copain du service militaire, je lui ai envoyé ma première pièce, "La Nuit de Valogne", et elle l'a lue. Elle m'a appelé
et elle m'a ouvert toutes les portes, les portes des théâtres. Elle m'a fait rencontrer mon agent. Elle a appelé la Comédie des Champs-Élysées. C'est une personne qui a cru en vous. Elle a cru en moi, voilà. Et après, elle s'est beaucoup occupée de moi en me disant : "Éric, vous êtes trop doué, il faut travailler." Et elle prenait mes textes sur un pupitre qu'elle avait sur son bureau et elle me les lisait, et elle se tournait vers moi et disait : "Oui, EDV !" Voici le texte parfaitement ponctué : « Compris, voilà. J'ai adoré cette
femme. Je l'ai même vue sur son lit de mort. On a eu une amitié après, et elle me laissait toujours un mot que j'adorais sur mon répondeur, parce qu'à l'époque, on avait des répondeurs avec une bande qui enregistrait. Quand elle appelait à la maison, elle me disait : "R. Emmanuel, vous êtes là ? Vous n'êtes pas là ? Ah, vous n'êtes pas là. Vous n'êtes pas au fond de l'appartement ? Non, vous n'êtes pas là. Oh, j'aurais tellement aimé parler avec vous. Vous ne décrochez pas, donc vraiment vous n'êtes pas là. Eh bien, tant pis
pour vous, je vous [Musique] aime." Alors, je vous propose qu'on rembobine un petit peu votre histoire personnelle. Elle est jalonnée justement d'un athéisme, d'expérience mystique, d'un désir de transmission d'amour. Vous êtes donc un magnifique témoin de ces questions, et j'aimerais qu'on rembobine en repartant de l'enfant que vous étiez. Est-ce que vous pouvez nous redire ce que vous avez reçu comme éducation, les valeurs qu'on vous a inculquées ? On vous a dit que la vie, c'était quoi ? Mes parents avaient une conception très positive de la vie. Comme dirait mon ami André Comte-Sponville, ils étaient dans
la fidélité et non pas dans la foi. Ils étaient dans la fidélité aux valeurs chrétiennes, c'est-à-dire l'amour, la générosité, le soin de la vie, le respect des autres. Donc, ils avaient adopté toutes ces valeurs chrétiennes, mais sans avoir la foi. C'était comme un code de bonne conduite. Oui, c'étaient des valeurs qui étaient partagées, quand même, dans l'ensemble de la société. Après, c'est respecté ou pas. Mais donc, valeur chrétienne, ça veut dire que vous alliez à la messe ? Ah non, pas du tout ! Non, non, on était une famille poisson rouge, hein ? C'est-à-dire que
quand on était obligé d'aller à la messe pour un mariage, un enterrement, un baptême, une communion, on était au fond, au dernier rang, tous les quatre. On ouvrait la bouche et on faisait semblant, du playback, quoi. On faisait du playback, parce qu'on ne savait absolument pas ce qu'il fallait dire, chanter, etc. Mes parents étaient des grands sportifs. Le temps était leur ami, et ça, ils me l'ont appris en s'entraînant. Le temps nous permet d'être meilleurs, puisque le temps nous permet de nous entraîner, de dépasser nos limites, de nous améliorer. Il y a cette idée que
le temps n'est pas quelque chose qu'on subit et dont on est victime, mais c'est quelque chose dont on peut se servir et qui est un agent de notre réussite. Ce rapport au temps, il est très, très important. Vous grandissez donc dans une famille athée, mais aux valeurs chrétiennes. On vous inculque le travail, le temps. Comment l'écriture arrive-t-elle ? Comment la quête de sens un petit peu arrive, même s'il n'y a pas du tout encore de spiritualité ? Comment vous commencez à ? C'est quand même l'écriture, c'est quand même déjà une réflexion intérieure. Mais oui. Alors,
je sais, j'ai aucun souvenir de la première fois. Je sais que dès que j'ai su écrire, et ça, je l'ai su très vite, j'ai su lire très vite aussi. Eh bien, le soir, en rentrant de l'école, j'écrivais des histoires. Que vous inventiez ? Oui, j'ai longtemps cru que tout le monde était pareil, hein. C'était pour s'échapper un petit peu ou c'était juste par ? Non, alors j'ai horreur de cette théorie de s'échapper, s'évader. L'imagination pour s'évader ? Non. L'imagination, ce n'est pas une compensation, ce n'est pas une consolation. L'imagination, c'est une exploration et un enrichissement
du monde. Imaginer, c'est rajouter de l'être à l'être, c'est rajouter des histoires aux histoires. C'est finalement constituer un millefeuille avec une réalité qui serait plate s'il n'y avait pas toute l'imagination. Et je pense que dès l'enfance, j'exerçais ça. Et la quête grandit, parce que si je ne me trompe pas, vous allez faire des études de philosophie. Alors ça, c'est parce que d'abord ça me passionnait, mais je pensais que j'en avais un besoin existentiel. Elle vient d'où cette quête de l'existence, dès votre plus jeune âge ? D'abord de la peur. Vous aviez peur de quoi ?
J'avais la peur d'être détruit par les émotions que j'éprouvais, parce que je suis... ça ne se voit pas, mais je suis extrêmement émotif. Et voilà, les émotions de toutes sortes, pas seulement les plus grandes, c'est-à-dire le chagrin, le deuil, etc., mais une surprise, même les émotions artistiques, etc. Ça me détruisait. Je me suis dit : il faut que je me donne une colonne vertébrale. Je me suis très vite pensé que ça serait la pensée pour se rassurer, en fait, pour se structurer, pour ne pas être détruit par les émotions. Parce que c'est bon, les émotions
? Ça répond à vos attentes ? Ah oui ! Alors, il y a une attente qui est déçue. C'est-à-dire, quand je commence mes études de philosophie, je me dis que la vérité est quelque part. Grâce à mes études, je vais enfin la trouver, ou alors j'aurai les outils pour la trouver moi-même. Je ne me doutais de rien, et puis effectivement, j'ai dû faire le deuil de la vérité sur beaucoup de sujets. Parce que plus on fait des études de philosophie, plus on se rend compte qu'au fond, les philosophes nous proposent des théories, des hypothèses, plus
ou moins séduisantes, plus ou moins complètes, qui absorbent plus ou moins le réel ou qui en rendent compte. Mais bon, on ne peut pas savoir véritablement. Au fond, tout ce qui est intéressant reste un mystère. Les grandes questions : pourquoi est-ce que je suis là ? Pourquoi est-ce qu'un jour je partirai ? Pourquoi j'ai besoin d'aimer ou d'être aimé ? » Des réponses, mais il y en a plusieurs. Vous cherchez pas encore aujourd'hui des réponses à ces questions ? Vous les avez mises de côté ? Non, pas du tout. C'est-à-dire que j'ai accepté la présence
de la question comme question et pas comme quelque chose, mais je ne veux pas le mettre un pansement en disant : "Voilà, j'ai la réponse." Les questions sont béantes. Donc vous avez quand même toujours été, dès le début, un chercheur. Ah oui, oui, complètement. Mais ce qu'il y a, c'est qu'avec le temps, j'ai accepté de chercher sans trouver. Vous allez avoir 26, 27 ans. Vous allez commencer à être publié, donc l'écriture va prendre de plus en plus de place. Et en fait, quand je préparais l'interview, je me disais : "C'est quand même génial ! Eric
Emmanuel Schmitt, à chaque fois qu'une expérience mystique veut lui faire faire un bond en avant, on lui passe un coup de fil." Ben c'est la forme moderne du destin, le téléphone. Ouais, franchement, ils sont vachement à l'heure là-haut, parce qu'eux, ils vous appellent quoi. Moi, je cherche encore la ligne. Donc vous, ils vous appellent. Qui vous appelle à 28 ans ? Qu'est-ce qui va se passer à 28 ans ? On me propose d'écrire un scénario sur Charles de Foucauld, qui donc est un ermite mystique du désert du Sahara. D'ailleurs, moi, quand on m'appelle, je dis
: "Foucauld, lequel ? Charles ou Michel ?" On me dit : "Lequel préférez-vous ?" Je connais les deux, ce n'est pas la même chose. Je ne pense pas que ce soit le même voyage. Voilà, et c'était Charles de Foucauld. J'écris ce scénario à partir de l'endroit où je suis à cette époque, c'est-à-dire de la théologie, mais fasciné par le courage de cet homme, par son chemin, etc. Et puis le metteur en scène dit : "Viens, on va faire un voyage de repérage dans le désert." Pour en prévision du film, qui, je le précise, ne s'est
jamais fait. Donc je pars dans le désert avec une dizaine de personnes. On marche, on couche à la belle étoile dans des oueds chaque soir. Et puis un jour, on fait l'ascension du Montat, qui est le plus haut sommet du haut-Atlas montagneux. Arrivé en haut, je suis assez exalté. Je dis : "Je passe devant pour descendre." Alors, quand on me connaît, il ne faut jamais me laisser passer devant, quel que soit l'endroit, je n'ai aucun sens de l'orientation. Mais personne ne me connaissait, donc je me retrouve devant, et on me laisse faire. Je me retourne
jamais. Je suis très sûr de moi, un peu exalté, un peu peut-être travaillé par le pressentiment d'un rendez-vous. Et quelques heures plus tard, quand j'arrive au bas de la montagne, je crois que le campement est derrière ce rocher. Non, il n'est pas du tout derrière ce rocher. Je me rends compte que je me suis perdu. J'appelle, personne ne me répond. La nuit tombe, le froid arrive, on est en février. J'ai rien à boire, rien à manger, il fait froid la nuit là-bas en plus. Je m'ensevelis dans le sable pour garder un peu de chaleur, pas
longtemps, pour me protéger du vent, derrière des rochers aussi. Et puis je me dis que je vais passer une nuit atroce. Vous pensez que c'est la fin ? Non, à ce moment-là, je ne pense pas ça. Je pense d'une façon très abstraite : "Je vais passer une nuit horrible, je vais avoir peur." Donc vous êtes vraiment dans l'action. De façon très concrète, c'est le contraire qui arrive. Qu'est-ce qui se passe ? Je passe une nuit absolument extraordinaire. Je vis une extase. Vous savez, extase ça veut dire sortir de soi. Je vis ce moment de vraiment
de la rencontre avec l'absolu, avec la lumière, avec la certitude du sens. C'est une émotion, c'est une idée, c'est une expérience de tout l'être, une expérience de tout l'être au-delà du langage, quelque chose qui s'expérimente. Et puis s'approcher d'un espèce de foyer de chaleur et de sens qui vous fait comprendre que tout a un sens, même si on ne le comprend pas exactement, que tout est justifié. Ce qui fait que depuis, quand je ne comprends pas, je fais crédit. Avant, quand je ne comprenais pas, j'accusais le monde de ses limites. Maintenant, quand je ne comprends
pas, j'accuse mon esprit de ses limites. Et je me dis : "Il y a quelque chose à comprendre que je ne comprends pas." C'est-à-dire que je suis passé d'une philosophie de l'absurde, quand j'étais athée, à une philosophie du mystère. C'est-à-dire qu'il y a une promesse de sens et je dois avoir confiance dans cette promesse. Ça veut dire que si aujourd'hui, il vous arrive des problèmes ou des épreuves, comme tout le monde, des choses que vous ne comprenez pas, très souvent ? Oui, comme tout le monde, j'imagine. Ou dans le travail, je ne sais rien de
plus que les autres, ou dans votre vie privée, je ne sais rien de plus. Mais j'habite l'ignorance d'une façon différente. Ça a été difficile de passer dans cette posture d'humilité, parce qu'il faut être très humble. Qu'est-ce que c'est bon, cette posture-là ? Parce qu'on baigne dans la confiance. Donc ce n'est pas difficile à tenir, cette posture d'humilité. Cette rencontre que vous faites, elle vous dit quoi ? Elle vous dit : "Tout a un sens." Est-ce qu'elle vous dit : "Je t'aime" ? Non. Est-ce qu'elle vous dit : "Et confiance" ? Oui, et confiance dans le
sens : "Tout a un sens même si tu ne le vois pas." L'amour ? Non. C'est une dimension qui va venir plus tard dans ma spiritualité. Non, non, l'amour, non. Et donc, bah cette expérience mystique, elle n'est pas religieuse. C'est une expérience spirituelle. C'est quoi la différence entre les deux ? Bah, c'est-à-dire que, n'ayant pas de cadre religieux, je ne me mets pas à reconnaître le Dieu de Jésus ou, si j'avais été juif, le Dieu de Moïse, ou, si j'avais été musulman, le Dieu de Mahomet. C'est Dieu, c'est l'absolu, c'est l'infini. Et d'ailleurs, je pense
que le Dieu des trois monothéismes existe. Vous avez tout d'un coup la révélation, quand même, qu'il existe. Oui, oui, tout à fait ! C'est incroyable, vous imaginez le nombre de personnes qui se demandent s'il existe ? Vous, il reste mystérieux, mais aujourd'hui, arrêtez-moi si je me trompe, il existe. Ah oui, mais c'est, c'est, c'est... j'ai la certitude de l'expérience. Tout à fait. C'est-à-dire que si vous me posez la question : « Est-ce que Dieu existe ? », je vous réponds : « Je ne sais pas, mais je crois que oui. » Je ne sais pas,
parce que je ne peux pas vous le démontrer comme deux et deux font quatre, mais je crois que oui. Et dans le domaine de la croyance, je n'ai aucun doute. Et puis, vous posez la question à un athée, il vous répond : « Je ne sais pas, mais je crois que non. » Et puis, l'indifférent vous dira : « Je ne sais pas, je m'en fous. » Mais on est tous frères en ignorance, personne ne sait. Après, il y a la façon dont on habite cette ignorance. Soit on prête la possibilité du sens, parce qu'on
baigne dans une confiance qui s'appelle la foi et on croit. Soit on est douloureusement jeté dans le monde sans apercevoir le sens et en refusant la possibilité qu'il y en ait, et on est athée. Soit on vit proprement dans l'instant, avec ses valeurs et ses sentiments, et on est indifférent. Mais aujourd'hui, quand vous croisez des personnes qui vivent des deuils, qui vivent des problèmes de couple, qui vivent des maladies, des souffrances, et qui viennent peut-être vous voir ou qui échangent avec vous et qui disent : « Mais comment tu peux dire que Dieu existe ?
Comment tu peux me dire que je dois avoir confiance quand tu vois ce que je vis ? » Est-ce que vous arrivez quand même à leur transmettre ce que vous êtes en train de nous dire, ou ça reste aussi pour vous un mystère ? Et vous n'essayez pas de les convaincre, en fait ? Non, alors tout dépend de quel mal on parle. Si on parle, par exemple, d'horreurs comme le XXe siècle en a été traversé, mais enfin ça continue en ce moment dans plusieurs pays, en Ukraine, en Syrie, etc. Ce mal-là, on ne va pas
l'imputer à Dieu. C'est les hommes. C'est les hommes qui inventent le nazisme, c'est les hommes qui inventent le système bolchévique. Mais beaucoup de gens diraient : « Oui, mais si Dieu est Dieu, il pourrait intervenir quand même. » Mais non, mais ça c'est une conception naïve de Dieu. Je veux dire, Dieu, c'est pas... c'est c'est c'est pas le syndic de l'immeuble. Je veux dire, Dieu, c'est... il crée, et après, il laisse sa créature. On aimerait bien... moi, j'aimerais bien parfois que Dieu me dise : « Là, ça va aller mieux, là je m'occupe de toi.
» Ouais, non, c'est pas son truc. C'est pas son truc. Je vous pose la question : comme vous l'avez rencontré, vous êtes libre. Vous êtes libre et vous êtes même libre de ne pas croire à une expérience mystique ou d'y croire. Vous êtes totalement libre. Donc là, c'est le mal humain. On a la faculté de faire le bien comme le mal, et quand le mal nous tombe dessus, je ne parle pas de la guerre, je parle de la souffrance. Après, le mal, je veux dire, quelqu'un meurt. Oui, mais enfin, avec le cadeau de la vie,
nous est donné le cadeau de la mort. C'est le même. La mort, la mort n'est pas une punition. Vous pouvez développer un peu ça, juste pour comprendre ? C'est-à-dire qu'il y a souvent une naïveté qui consiste à penser que la maladie, c'est une punition. Non, c'est un fait matériel, physiologique, biologique. Ou à penser aussi que la mort, c'est une punition. Non, parce qu'il y a une seule égalité, c'est l'égalité devant la mort. Mais aujourd'hui, vous, Éric Emmanuel Schmitt, vous êtes malade aujourd'hui et vous êtes malade avant cette nuit. Est-ce que vous avez changé votre manière
d'appréhender vos maladies, vos épreuves ? Oui, oui, oui. Ça, parfois, je souffre de ne pas pouvoir le communiquer. J'aimerais être contagieux dans ma façon d'affronter les épreuves, et je ne raconterai jamais toute ma vie, mais elles n'ont pas manqué. Non, je vais me nourrir dans cette force que j'ai reçue pour affronter le lendemain, pour aider, comme une source. Aider, oui, c'est une source. Alors, il y a des moments où cette source me paraît ténue, un tout petit filet, parce que je suis un peu brisé par les violences du monde, ou je suis scandalisé par ce
qui arrive. Je me dis : « Mais comment est-ce que je peux encore arriver à croire au milieu de toutes ces horreurs ? » Et puis, à ce moment-là, je me rapproche de la source, et oui, je retrouve la force de faire, moi, ma tâche, de donner confiance, comme je le peux, etc. Vous faites cette expérience que vous racontez dans *La Nuit de Feu*. On vous retrouve le lendemain matin. Oui, vous leur dites quoi ? Rien, rien, surtout rien. J'ai passé une nuit... mais non, mais vous imaginez le groupe, ils avaient passé la nuit à
m'appeler. À travers la montagne, il ne savait pas que j'étais de l'autre côté de la montagne, et le guide touareg avait même fait de grands feux, pas des feux de touareg, des feux d'Américain, bien visibles pour que je les voie faire du feu dans le désert où il n'y a pas de bois. Il avait déterré des racines et, euh, eux étaient dans une inquiétude totale. En plus, Tamanrasset était à plusieurs heures de marche. Donc, il se disait : « Le temps qu'on arrive à Tamanrasset et qu'on commande des hélicoptères, ce sera déjà trop tard, il
sera mort », etc. Et effectivement, quand moi je remonte cette montagne toute la journée et qu'avant le soir j'arrive à descendre vers l'ouest, cette fois-ci c'était le bon, et que le guide touareg vient à ma rencontre et me serre contre lui, là je sens la disproportion entre ce que j'ai vécu, moi, et ce qu'ils ont vécu, eux. Ça veut dire que l'amour des hommes, même hyper heureux de vous retrouver avec un câlin qui vous fait « oui, oui », n'est rien par rapport à ce que vous avez expérimenté l'année précédente. Non, ce n'est pas rien
du tout, mais j'allais pas leur dire : « Bah non, tout va bien, moi, vous vous inquiétez. Moi, je faisais une expérience mystique. » Puis, je vous dirai la vérité : quand ça m'est arrivé, je n'avais pas les mots pour le dire. J'ai mis très longtemps à les trouver, ces mots, pour le dire. Et je vous dirai même le courage de le dire, parce qu'on est dans un monde matérialiste. On a l'air d'un abruti ou d'un illuminé quand on parle de ces choses-là. Je peux vous dire que, voilà, vous rentrez à Paris et vous mettez
ça sous le tapis. Alors, ouvertement, par rapport aux autres, oui, je mets ça sous le tapis, mais le travail alchimique se fait à l'intérieur de moi. Comment il se fait ? Juste en, dans les grandes lignes, comment vous cultivez ce travail pendant quelques années ? Parce que juste avant qu'on aille plus loin, il va s'écouler 35 ans, si mes calculs sont bons, pour que le téléphone sonne à nouveau et qu'on vous envoie faire un carnet de voyage, oui, euh, en Terre sainte. Oui, donc qu'est-ce qui se passe pendant ces deux grandes expériences ? La première
chose, c'est que je reviens en France, modifié de l'intérieur, et je me mets à lire tous les grands mystiques. Mais attention, de toutes les religions. Donc, un mystique, c'est une personne qui a fait une expérience un peu comme vous, exactement. Donc, il y en a en Orient, il y en a en Asie, il y en a dans toutes les religions. Bah oui, bien sûr, mystique juive, mystique chrétienne, mystique musulmane. Et je me rends compte que j'ai des frères et des sœurs partout, à toutes les époques : que vous n'êtes pas seul. Ouais, donc ça, c'est
une première grande émotion. Et puis, du coup, ça me donne aussi une grande ouverture aux différentes spiritualités, puisque j'y rentre toujours par le cœur, mystique qui est le même. Et est-ce que tous les mystiques racontent la même chose que vous, une expérience d'extase ? Ils racontent tous la même chose, mais pas de la même façon, et moi non plus. Mais donc, ça doit vous rassurer, parce que j'imagine qu'on peut se dire intérieurement : « Non, mais j'ai pas vécu ça, je me raconte des histoires. » Oh, j'ai pas besoin de me rassurer. À ce moment-là,
vous êtes sûr ? Ah oui, oui, vous êtes sûr de ce que vous avez vécu ? Ah oui, oui, oui, non, non, j'ai pas besoin de me rassurer, j'ai besoin de voir comment ils arrivaient, eux, à le dire. Je suis quand même un homme de parole et d'écriture, et je me rends compte que, bah, le langage a été inventé pour décrire le monde visible, pas l'expérience de l'invisible. Et donc, je me rends compte qu'on est condamné à la poésie, condamné à la métaphore, condamné aux images. Et donc, vous commencez à écrire ? Non, mais le
jour où je le ferai, j'avais mûri ma réflexion. Et dans la nuit de feu, j'en parle en termes extrêmement physiques, de même que pour « Tard, le défi de Jérusalem », j'en parle en termes extrêmement physiques. Alors justement, il y a tout un chemin intérieur qui se fait pendant ces années. Moi, ce que je trouve dingue, c'est que, euh, je me mets à votre place, je me mets à la place de Dieu, ce qu'il ne faut pas faire, mais je me dis : si une personne vit une telle expérience, moi, j'aimerais qu'elle aille la crier
au monde derrière. Et vous, vous la gardez pour vous pendant 35 ans. Euh, oui, à regard humain, c'est incompréhensible. Je pensais avoir fait une erreur, c'est-à-dire j'ai pensé seulement que ça ne regardait que moi, que c'était un événement privé. En fait, je pensais comme notre époque, hein, à l'époque, et puis comme un Français de notre époque, c'est-à-dire la laïcité. On laisse dans le champ de l'intime tout ce qui relève de la spiritualité ou de la religion, etc. Ça m'est arrivé, mais ça m'est arrivé à moi, j'ai pas à en faire état, etc., etc. Puis, en
fait, je commençais à en faire état auprès de mes proches et je me rendais compte que ça déclenchait des passions et des interrogations. Puis, après, j'ai commencé à faire un tout petit peu état dans certaines interviews, parce qu'on me disait comment vous pouvez parler de choses extrêmement graves, terribles, tragiques, la mort d'un enfant dans "Oscar et la Dame Rose" ou "La part de l'autre", mon roman sur Hitler, en gardant toujours une lumière. Ne déprimant pas vos contemporains, vous répondiez quoi ? Bah, un jour, j'ai lâché le morceau. J'ai dit : « Parce que je parle
d'un lieu où il y a de la confiance. » Évidemment, personne n'a compris ce que je voulais dire, et donc j'étais obligé d'aller plus loin. J'ai dit : « Non, mais tout simplement parce que j'ai la foi, et quand on a la lumière de la foi, on peut explorer les ténèbres. » Je dis : « Regardez, c'est toujours les écrivains qui ont la foi qui écrivent les choses sur les sujets les plus terribles, mais parce qu'ils ont une lumière pour éclairer, une lumière, c'est comme une espérance, un auteur de vue, une confiance. » Exactement, exactement.
Il se passe donc... J'allais dire, toutes ces années, et le téléphone sonne à nouveau : qui est au bout du fil ? Lorenzo Faccini, qui dirige les Éditions du Vatican. Et Lorenzo Faccini me dit : « On vous aime beaucoup ici, on aime votre foi et la liberté avec laquelle vous l'exprimez. On a un rêve pour vous. On sait que vous n'êtes pas allé en Terre Sainte, alors on voudrait vous y envoyer, vous permettre de rencontrer qui vous voulez, et on rêve que vous reveniez avec un livre qui serait le récit d'un pèlerin d'aujourd'hui dans
la Terre Sainte d'aujourd'hui. » Mais ça veut dire que le Vatican sait que vous êtes devenu un catholique pratiquant pendant toutes ces années. Je ne suis pas catholique pratiquant, hein. Alors pourquoi il vous appelle ? Vous ! Ah, mais ça, c'est justement toute la nouveauté de ce pape-là, du pape François. Il veut rendre l'Église aux Évangiles, et il veut rendre les Évangiles aux gens. Vous êtes quand même devenu, on pourrait dire, chrétien pendant toutes ces années, oui, par la lecture des Évangiles, par la lecture donc d'un christianisme intellectuel qui m'a fait d'ailleurs écrire "L'Évangile selon
Pilate", qui raconte un peu mon chemin ou ma façon d'appréhender le mystère chrétien. Et vous ne vous êtes pas dit : « C'est des fables » quand vous avez lu les Évangiles ? Donc, ces apôtres qui racontent la vie de Jésus, vous ne vous êtes pas dit : « Bon, c'est de belles histoires, mais ça n'a rien à voir avec ce que moi j'ai vécu. » Euh... Ah oui, non, mais clairement, ça n'avait rien à voir avec ce que moi j'ai vécu. Alors, comment vous l'avez connecté tout ça ? Ben, parce que ça ajoutait quelque
chose de différent à ce que j'avais vécu. La notion d'amour... Tout à l'heure, vous m'aviez posé la question : dans mon expérience mystique au désert, elle n'était pas là, et là, tout d'un coup, lisant les Évangiles, je vois que la valeur numéro un, celle qui est mise en avant, c'est la notion d'amour, mais d'une façon folle. C'est-à-dire : « Aimez vos ennemis, » c'est pas réalisable. Aimez l'assassin de vos parents ou l'assassin de votre fils, c'est le contrainte de notre monde. C'est le contrainte de notre monde, mais en même temps, c'est-à-dire que c'est un appel
à la sainteté. Il n'y a pas d'autres chemins dans le christianisme, et personne ne peut y arriver à part certains. Et en même temps, cette suscitation folle me fascine, et elle commence à me modifier. Puis, quand je lis les quatre Évangiles, parce qu'il faut lire les quatre à la suite, je me rends compte que si c’étaient des menteurs, ils auraient tous dit la même chose. Or, les Évangiles sont très différents. Ils se seraient mis d'accord, quoi ! Ils se seraient mis d'accord. Les faux témoins sont toujours d'accord. Et en fait, les Évangiles sont très, très
différents. L'un raconte ceci, l'autre raconte cela, etc. Euh... Et donc, je me suis dit, finalement, le fait que ces textes n'aillent pas ensemble, c'est quand même un facteur d'authenticité. Et je me suis mis à beaucoup travailler donc votre spiritualité pendant toutes ces années. On va revenir au christianisme. Elle se rapproche du christianisme, et elle finit par me faire dire, au bout de quelques années : « Oui, je me considère comme chrétien. » Le Vatican vous appelle, c'est que vous êtes chrétien, d'une spiritualité chrétienne. Voilà ! Mais pas du tout pratiquant. Et vous dit : «
Est-ce que vous acceptez de partir en Terre Sainte et nous raconter le voyage ? » Et il vous donne aucune règle. Alors, je vais vous dire tout de suite : j'accepte le voyage, je refuse la commande d'un livre. Donc, vous ne discutez pas avec eux du défi de Jérusalem avant de partir ? Non, du tout. Vous n'avez pas pour objectif de faire un peu la promo de la religion, quoi ? Non, non, du tout. Je dis : « Je ne ferai un livre que si je reviens avec la matière pour faire un livre, mais je
ne m'engage pas du tout à faire un livre. » Et je finance mon voyage moi-même. Donc, ce n’est pas eux qui vous organisent tout le voyage avec l'organisme. Je veux être libre. Ma liberté, c'est vraiment une chose à laquelle je suis attaché. Ce n'est pas un accès VIP à chaque endroit pour aller voir mieux que les autres. Alors, si après... Non, parce que j'étais pèlerin avec les pèlerins. Mais après, dans ma période de solitude à Jérusalem, oui, j'ai pu rencontrer des personnalités extraordinaires grâce au Vatican, bien sûr. Vous arrivez en Terre Sainte, il dure combien
de temps le voyage ? Il dure un mois. Qu'est-ce qu'on ressent en Terre Sainte ? Est-ce que vous arrivez et vous avez absolument envie de revivre l'expérience mystique 35 ans plus tôt ? Ou est-ce que vous arrivez, vous êtes déçu, un peu comme si on avait regardé sur Instagram un lieu incroyable pendant hyper longtemps, puis on arrive et on dit : « Mais c'est ça le truc ? En fait, sur Insta, c'est pas du tout ce qu'on m'a vendu. » C'est quoi un peu votre réaction ? Alors d'abord, j'arrive profondément dubitatif. C'est-à-dire que dans l'avion
et dans... Du jour qui précède, et même en posant les pieds en Israël, j'arrive très dubitatif en me disant : « Mais quel sens ça a, ce voyage ? Qu'est-ce que mes pieds vont rajouter à mon esprit ? Je veux dire, genre, j'ai déjà vécu dans ma tête, quoi, pas besoin d'y aller. Mon christianisme, il est là, il est spirituellement construit. Qu'est-ce que ça va me faire d'aller sur les endroits où les anecdotes se sont passées ? » Donc, j'arrive vraiment très, très dubitatif. Et puis après, il y a plusieurs étapes. Effectivement, tout d'un coup,
ça commence. Pas par Jérusalem. Je commence par le lac de Tiberiade, Nazareth, Bethléem, et là, tout d'un coup, je mets en situation les évangiles. Ça me fait complètement, dans le livre, je le raconte, totalement réinterpréter certains moments, par exemple le discours des Béatitudes, etc. Je vois tout ce que cette religion a tiré comme racine de cette terre et du contexte. Et je vois quelque chose de beaucoup plus, comment dire, pastoral, joyeux, tendre, que ce que j'avais aperçu dans nos églises, toutes sombres, du Nord de l'UR. Quelque chose de plus vivant, en fait. Oui, déjà, et
on ne va pas dévoiler tout le livre pour ceux qui le liront, "Le Défi de Jérusalem", mais vous allez quand même réussir à un moment. Est-ce que vous pouvez juste nous partager ? Il y a quand même un moment dans le voyage où vous allez revivre une deuxième rencontre. On pourrait dire... — Ah oui, bah oui. C'est à quel endroit ? Alors, c'est au Saint-Sépulcre, qui est un endroit quand même très, très laid. En plus, que se disputent, en même temps, Jésus est né dans une étable, dans un bled paumé. Donc, j'aurais préféré ça. Oui,
d'accord. Tandis que là, ça veut être fastueux. C'est moche. — Ah oui, très. Et en plus, c'est le lieu de dispute [Musique] entre les orthodoxes, entre eux, les orthodoxes, avec les catholiques. Enfin, c'est la guerre des messes. Parce que, pour un Dieu d'amour, il y a tout le monde qui se tire, là. — Exactement, c'est ridicule. Ce qui, pour moi, peut être aussi un contre-témoignage, quoi. — Ah, mais complètement. Il n'arrive même pas à faire la paix entre tout le monde, là où il est apparu. — Non, non. Mais la paix, c'est à nous de
la faire, ce n'est pas lui. Encore une fois, je... ce n'est pas votre syndique, hein, Dieu, mais il peut nous aider quand même. — Non, à faire la paix, oui. C'est si, si on trouve le chemin en nous. Ça part de nous. — Mais bien sûr, on y reviendra juste après. Pardon, je vous laisse continuer. Au Saint-Sépulcre, qu'est-ce qui se passe ? — Oui, alors, au Saint-Sépulcre, je vois toutes les bondieuseries, là : les gens qui embrassent la terre, qui huilent le sol, qui allument des bougies, et franchement, je ne me retrouve pas là-dedans. Vous
savez, l'autre, c'est l'effet miroir. Je dis : « Non, ce n'est pas, ce n'est pas moi, ça. Qu'est-ce que je fais là ? » Et j'en peux plus, je suis vraiment fatigué. Et puis, je m'agrège à une file sans me rendre compte exactement de ce que je fais, parce que je suis là, bon. Et en fait, je comprends, en m'approchant de l'endroit où les gens s'agenouillent, que c'est le Golgotha, c'est-à-dire le mont du crâne. Il s'est passé quoi sur le mont du crâne ? Eh bien, c'est là où Ponce Pilate envoyait les condamnés à mort.
C'est là qu'avaient lieu les exécutions. Enfin, la crucifixion n'est pas une exécution, mais un supplice, parce qu'on met en général trois jours à mourir d'asphyxie cloué sur une croix. C'est une souffrance extrême. — Ah oui, le raffinement des hommes en cruauté. Et donc, je comprends que c'est ça. Et puis, alors, je regarde ce qu'il faut faire. Je vois la gymnastique du pèlerin : on s'agenouille, on reste 20 secondes, on fait un signe de croix, et hop, on repart, un peu comme les footballeurs, quoi. Voilà. Je me dis : « Bon, je vais faire la mécanique
du pèlerinage. » Et puis, c'est mon tour de m'agenouiller. — Ouais. Et je me mets à cet endroit-là, et là, il se passe quelque chose que je ne comprends pas. Je perçois par mes sens une odeur, une odeur de corps, et je perçois une chaleur. Vous savez, quand on s'approche de l'autre. Et un regard sur moi. Alors, je résiste, évidemment. D'abord parce que je suis... je suis voltairien à ce moment-là. J'ai vraiment envie de quitter tout ça. Et alors, je résiste et je dis : « Bah, d'où elle vient, cette odeur ? » Et je
cherche. Et d'où elle vient, cette chaleur ? Et je cherche. Et ce regard, évidemment, je ne le trouve pas. Et donc, l'expérience grandit en moi. J'y cède. — Vous l'acceptez comme une violence qu'on me fait. Ce n'est pas agréable, ce n'est ni voulu, ni imaginé, ni souhaité. Ça me tombe dessus. — Elle vous dit quoi, cette présence ? Bah, ce moment, je ne comprends pas. Je résiste, puis en même temps, je suis envahi. Et puis là, il y a le moine qui me signifie que, suivant ça m'arrange, parce que je ne sais pas ce qui
se passe. Je me mets derrière un pilastre. Et puis là, vraiment, je me suis effondré. Parce que, effondré, en pleurs, d'émotion, de ce que vous avez vécu. Alors d'abord, en pleurs, en disant : « Non, non, non », en résistante, ouais. Et puis après, en me rendant compte qu'effectivement, j'avais eu un privilège extraordinaire, c'est de sentir la présence vivante d'un mort. C'est exactement ça, le christianisme : il est vivant. Voilà, il est vivant. Et là, c'était une expérience d'amour, à ce moment-là. Oui, complètement. À la différence de la première fois à Taman, rass, ouais, complètement.
Et après, je me suis effondré. Je ne sais plus ce qui s'est passé après. Vous rejoignez le pèlerinage ? Bah, je... je... oui, visiblement, oui, puisque le lendemain matin, je me suis réveillé dans ma petite chambre avec mon lit qui faisait 25 cm. Et le lendemain, je fais le chemin de croix et là, tout d'un coup, évidemment, habité par les sentiments océaniques et humains que j'avais reçus. Évidemment, le chemin de croix, je le visualise tout, je ressens tout. Je le raconte dans le livre. Et c'est quoi cette deuxième étape dans votre vie ? La deuxième
étape, c'est vraiment l'étape chrétienne. De toute façon, Jérusalem est une ville qui vous somme de dire qui vous êtes. Est-ce que tu es juif ? Est-ce que tu es chrétien ? Est-ce que tu es...? Pourquoi vous n'êtes pas juif ? Pourquoi vous n'êtes pas juif ? Parce qu'on ne choisit pas d'être juif. Oui, mais vous pourriez vous dire que le Dieu amour juif, ça... Jésus était juif. Alors, Jésus était juif, mais la valeur principale du judaïsme, c'est une valeur essentielle, c'est le respect. Et c'est quelque chose qu'on peut plaider rationnellement. Vous voyez, respecter les uns
les autres, vous voulez dire ? Oui, oui, c'est plaidable rationnellement, on peut y mettre de la raison. Oui, l'amour, c'est la dimension christique, c'est la dimension chrétienne. Rationnellement, c'est pas plaidable, c'est impossible tout seul. C'est beaucoup. La proposition chrétienne est totalement folle et c'est pour ça que vous y adhérez en partie ? Oui. Et aussi parce que vous l'avez expérimenté ? J'y adhère aussi parce que je consens à la réalité exactement de ce que j'ai vécu. Pour moi, la foi maintenant n'est plus l'objet d'un choix, d'une tendance ou d'un désir, c'est juste un consentement à
la réalité de ce que j'ai vécu. Là, vous vous dites : "Je vais écrire Le Défi de Jérusalem juste après." Oui, il faut que je raconte ce que j'ai vécu. Oui, et tout de suite. Et alors que j'avais attendu tellement d'années pour raconter La Nuit de Feu. Dieu a le temps, hein ? Oui, mais moi, en mûrissant, j'ai appris que j'avais moins le temps que quand j'étais jeune, où évidemment, je pensais que l'autoroute était ouverte à l'infini. Et puis, maintenant, j'ai, entre-temps, aussi compris que quand on est témoin, on doit témoigner. Quand on a la
chance de recevoir, il faut tout de suite redonner. Oui, mais quitte à être un peu provoquant, pourquoi vous et pas moi ? Pourquoi moi ? Tous mes potes qui cherchent un sens à leur vie, qui veulent bien croire à une vie spirituelle, moi, ils me disent : "Bah ouais, quand je vois un chrétien, un juif qui croit, je suis très heureux pour lui." Moi, la foi, je ne l'ai pas, je n'ai jamais rien ressenti. C'est très bien pour Éric et Emmanuel Schmidt, mais moi, ça ne m'arrive pas, quoi ! Pourquoi vous, vous avez un truc
en plus que nous ? Non, non, j'en sais rien du tout. Vous ne savez pas ? Non, je ne sais pas. Et vous pensez qu'on peut, nous aussi, emprunter votre chemin spirituel sans vivre une telle expérience comme vous ? Tout le monde n'a pas besoin d'autant de validation que moi. Il y a des gens qui ont une foi spontanée ou il y a des gens qui ont une foi qui s'est reçue culturellement. Moi, j'étais tellement hábité qu'il me fallait tout ça. Mais je vais vous dire une chose : je crois que, en fait, beaucoup d'entre
nous éprouvent des sensations qui pourraient les amener à la foi. Mais on est dans un siècle tellement matérialiste où j'ai été prof de philo. Alors, je peux vous dire, je connais les explications pour réduire une expérience dite à autre chose, c'est-à-dire relever de l'ordre du corps, des hormones. Psychanalytiquement, vous cherchez un père ? Ça va, j'ai payé pour donner ce genre d'explication, je sais faire. Et ce que j'ai vécu résiste à tous ces rabaissements matérialistes. Donc, je pense que j'ai eu la force d'accepter la révolution de la révélation. Vous diriez : "Qui cherche trouve." Non,
parce que je dirais que qui cherche trop ne trouve pas. Il ne faut pas... Souvent, les gens me disent : "Vous savez, je cherche, je cherche." Je dis : "Non, calmez-vous. Moi, je connais plein de gens qui prient en se disant : 'Il y a bien un moment, il va me répondre.' Et puis, s'il ne me répond pas, c'est qu'il n'existe pas." Ils cherchent le sens, on cherche, on cherche. Mais oui, mais il ne faut pas chercher volontairement. Il ne faut pas chercher en y mettant toute sa force, toute sa volonté. C'est par les failles
que ça s'introduit. Ce n'est pas par la volonté, ça, ça ne se mérite pas. Ça ne se mérite pas. Alors, comment on fait ? Moi, si demain matin, je veux arrêter de faire absolument une expérience de Dieu pour renforcer ma croyance en Jésus, qu'est-ce que je dois faire ? Non, mais moi, je ne vais pas vous faire un livre pratique à mettre dans les librairies sur que faire si vous voulez attraper la foi. Il y a peut-être une prédisposition à voir quelque chose. Non, je pense. Pour moi, je peux juste témoigner de ce que j'ai
vécu. C'est la rupture. D'abord, la rupture. Partir. À chaque fois, vous avez remarqué que je suis parti. C'est-à-dire rompre. Moi, j'aime mon cadre de vie. J'aime les gens avec qui je vis. J'aime ma vie profondément. Mais à chaque fois, je suis parti. Vous avez accepté de larguer les amarres ? Exactement. Prendre le large pour peut-être être différent, pour peut-être être neuf, un homme neuf qui s'ouvre à des expériences différentes. Fragile parce que loin de ses certitudes, de son confort, de ses habitudes, etc. Retravailler la fragilité, c'est pour ça que le travail en force pour dire
« je vais trouver la foi », non surtout pas retrouver la fragilité, rendre la faille par laquelle passera la lumière possible. C'est ça qui nous manque aujourd'hui : c'est qu'on veut tellement se rassurer nous-mêmes qu'on n'accepte pas. On est en maîtrise. Moi, je peux dire, le jeune homme de 28 ans qui est rentré dans le Sahara athée, quand il est ressorti chrétien, il était en idéal de maîtrise. Je pensais maîtriser mes pensées, mes émotions, je voulais tout maîtriser. Et il a fallu que je perde la maîtrise. Et donc aujourd'hui, vous diriez que ça veut dire
quoi, réussir sa vie ? Parce que je vous parle de ça, parce que pour les jeunes de 25 à 35 ans, on travaille, on nous apprend à réussir, à travailler, à s'accrocher, à maîtriser, à coordonner, à tout régler. Il faut même réussir son burnout aujourd'hui, il faut réussir son handicap, il faut réussir son couple, il faut réussir ses enfants. Et alors, c'est quoi l'autre sens qui pourrait exister ? Non, mais je crois qu'il faut avoir la conscience qu'une vie, c'est un chemin entre des tensions contradictoires. C'est bien cette contrainte de la réussite, mais ce n'est
pas le dernier mot de l'humanité et ce n'est pas le dernier mot de ce que doit être votre vie. Je veux dire, il faut aussi réussir à contempler, réussir à rêver, réussir à être ému, réussir à ne rien faire. Moi, j'ai du mal et c'est voilà, il faut avoir la souplesse d'avancer entre ces tensions. Faut vraiment, c'est pour ça que moi, je n'aime pas donner des conseils. Vous essayez de me faire en sorte que j'en donne, mais justement je ne veux pas, parce que je crois que c'est au contraire en trouvant sa façon de godiller
entre les impératifs de l'existence, entre les grandes tensions qui nous fabriquent le savoir, la foi ou le savoir et l'absence de foi, entre l'amour qui nous vient spontanément et l'amour qu'on doit construire et réfléchir. Enfin, il faut toujours être entre les deux. Mais quand même, moi, ce que je trouve intéressant, en tout cas en vous écoutant, vous me direz si vous êtes d'accord, c'est que vous parlez de la vie spirituelle. Aujourd'hui, on parle très peu de la dimension spirituelle. On parle de la santé mentale, oui, c'est on parle de la santé physique, terrible. Et vous,
vous nous dites quand même qu'il y a une dimension spirituelle à notre vie. Là-dessus, on est d'accord ? Ah oui, complètement. Pour moi, l'ouverture à la transcendance, c'est-à-dire rester ouvert à l'idée qu'il puisse y avoir une transcendance, rester ouvert à l'idée que nous ne sommes pas simplement un entêtement confus des atomes, une espèce de bizarrerie des molécules, ça me paraît extrêmement important. Parce que pour moi, en plus dans cette ouverture à la transcendance, pour moi, il y a les arts, il y a la volonté de transmettre à autrui, il y a l'amour, etc. Donc non,
non, mais on... Comment dirais-je ? C'est normal que notre époque soit totalement matérialiste, parce que jamais le matérialisme n'a donné autant de preuves de son efficacité. C'est concret, c'est rapide, je veux dire on soigne des maladies qu'on ne soignait pas, on trouve des médicaments, on évite la douleur. Enfin, beaucoup par rapport à nos ancêtres, à nos vies, on peut communiquer d'une façon extraordinaire à travers le monde entier. Enfin, l'univers matériel a fait un saut, même si c'était une progression, mais extraordinaire. Alors forcément, on a envie de ne plus avoir confiance que dans l'univers matériel et
technologique, tellement il est puissant et tellement il nous aide à vivre. Mais il nous aide à vivre pas totalement, c'est-à-dire que sans la dimension de l'interrogation, de la contemplation, peut-être du rassemblement sur soi que permet la prière, la prière ou la caresse, ce que je veux dire c'est : voilà, échappons-nous ! Profitons-en, prenez chaque jour un moment pour entretenir votre vie spirituelle. Je ne sais pas, un moment de silence, de lecture. Mais en tout cas, est-ce que ça se cultive ? Oui, la santé mentale, par exemple, ça s'entretient. La santé physique, on fait du sport.
Alors moi, c'est clair. Je veux dire dans une journée, il y a de toute façon une heure de marche dans la nature, et connecté au vivant, au silence, à vous, complètement. Et puis le soir, l'écoute de la musique. Et puis, après, la prière. Et la prière, juste ça consiste en quoi pour vous après les expériences que vous avez vécues ? Eh bien, la prière, ce n'est pas demander. C'est se débarrasser de la demande. Vous pouvez aller un tout petit peu plus loin ? Pour... Eh bien, c'est-à-dire qu'il peut m'arriver de commencer une prière en demandant
quelque chose et, en fait, la prière me lave de la demande, de l'exigence, de mon égoïsme, de mon égocentrisme, ou même de mon altruisme précis sur X, Y et Z, et je finis par... Dans une oblation, dans un remerciement, par lâcher, en fait. Oui, complètement, c'est plutôt se délester que gueuler, quoi. Voilà, c'est ça. Parle-moi de moi, et ça finit sans le mot "moi". Je reviens à Jérusalem. Vous allez rentrer, vous allez écrire "Le défi de Jérusalem", qui est sorti en avril dernier, vous allez l'envoyer au Vatican ? Non... Alors, c'est plus compliqué que ça,
parce qu'ils vous ont quand même fait la commande au départ, là ? Non, mais j'ai comme je vous dis... eux, voulaient faire une commande, mais... J'aurais dû écrire dans le livre ça, parce que tout le monde me pose la question : "C'est VI ?". Bah, forcément, ça interroge. Oui, mais je trouvais que ça faisait prétentieux de le dire. Alors maintenant, du coup, je suis obligé d'être prétentieux en interview. Euh, j'ai refusé la commande, comme je vous l'avais dit, euh, mais par contre, j'ai fait le livre, voilà. Mais je suis, je suis amoureux de ma liberté.
J'ai, c'est presque un défaut, euh, et parfois je le paye cher. Donc, vous êtes venu librement nous voir ce matin, c'est sympa, exactement. Voilà. Et euh, oui, il se trouve que quand j'étais en train d'achever le livre que je rendais à mon éditeur, et non pas à la presse du Vatican, Lorenzo Faatzini, avec qui je suis devenu ami entre-temps, m'appelle en me disant : "Alors, où tu en es de ton livre ?" Je dis : "Je le rends demain à mon éditeur." Et il me dit : "Est-ce que tu m'autorises à le lire ?" Je
dis : "Oui, bien sûr, je te l'envoie." Et : "Est-ce que tu m'autorises à le passer au pape François ?" C'est une question qu'on ne m'avait jamais posée quand je finissais un livre. Et je lui dis : "Oui, c'est la classe, quand même !" Oui, en me disant : "Mais il revient d'Afrique. Je sais que c'est un voyage qu'il avait remis à cause de ses ennuis de santé. Il doit être épuisé, il a quand même autre chose à faire que à lire mon livre." Et puis, il se trouve que 4 jours après, Lorenzo Facini m'appelle
en disant : "Il a beaucoup apprécié ton livre, il a même postfacé votre livre." Et voilà, et il t'a écrit une lettre. Et le lendemain, je reçois, alors que j'allais monter sur scène pour jouer un de mes textes, un WhatsApp du pape avec cette magnifique lettre. Et le lendemain, j'ai appelé le Vatican en demandant si on pouvait mettre cette lettre en postface. Vous aimeriez qu'il y ait plusieurs récits, Emmanuel Schmitt qui parle de leur expérience mystique ? Évidemment pas plusieurs, vous hein, mais plusieurs personnes qui partagent une expérience comme vous, et qu'on fasse un sujet
de discussion. Oui, mais j'aurais peur que ça devienne une idéologie. J'aurais peur que certains en passent pour prendre le pouvoir sur les autres, qu'on manipule. Ouais, moi, je veux juste témoigner avec les mots les plus proches de mon cœur et de ma pensée. Et je suis très, très méfiant dès que ça peut être utilisé comme une influence sur l'autre, comme un pouvoir sur l'autre. Alors justement, je termine souvent mes interviews avec deux questions. La première, c'est : avec tout ce parcours que vous nous avez partagé ce matin, non pas un conseil parce que je sais
que vous n'aimez pas ça, mais est-ce que vous auriez une petite lueur, une petite lumière, quelque chose que vous aimeriez dire à chaque personne qui nous écoute, aux dizaines de milliers de personnes qui ont suivi cet échange ? Vous aimeriez leur dire à l'oreille comme un petit secret que vous avez découvert sur votre route et que vous aimeriez pouvoir témoigner au monde ? Eh bien, je crois que beaucoup d'entre nous éprouvent des moments d'adhésion à l'univers avec confiance. Alors ne mettez pas ça dans votre poche, mais construisez avec ça. Il vaut mieux se construire sur
des éblouissements que sur des négations. Donc, allez toujours dans les éblouissements qui vous ont traversé et construisez-vous à partir de ces éblouissements. Et voyez, il faut sortir de l'idéologie du moi, qui est l'idéologie contemporaine : "Moi", alors "mon égo", "mon enfance", "mon ceci", "mon cela". Non, non, non, laissez-vous traverser, laissez-vous traverser aussi par des valeurs, même si ce n'est pas Dieu. Et puis, prenez la force de ces valeurs pour faire votre chemin. Merci infiniment, Eric Emmanuel Schmitt, d'être venu nous voir ce matin. C'est un beau cadeau que cet échange qu'on a eu ensemble. Je rappelle
parmi tous vos projets, justement toutes vos actions qui vous donnent la force de vivre, ce nouveau livre "L'Arrival" qui vient de sortir aux Éditions Albin Michel, où vous retracez justement la facette assez méconnue de Maria Callas, en nous partageant un petit peu son chemin, son cœur humain, le parcours de son âme, tout ce qu'elle a vécu. On va fêter l'anniversaire de sa naissance au centenaire le 2 décembre. Et puis, on en a beaucoup parlé aujourd'hui : "La Nuit de Feu", l'expérience de Taman Rasset, "Le Défi de Jérusalem" qui est sorti en avril. Et puis encore,
vous êtes au théâtre, au Théâtre de la Madeleine, dans la pièce "Bangalo 21". Je pourrais continuer comme ça, parce que j'ai l'impression que vous n'êtes pas prêt d'arrêter les projets qui vous rendent vivant ! Donc, j'espère qu'on pourra continuer d'en parler ensemble avec plaisir. Vraiment, merci beaucoup. Merci à vous, les amis, d'avoir suivi cet épisode jusqu'au bout. Mais juste avant de partir, n'oubliez pas de vous abonner, c'est notre seul indicateur pour savoir si ce média doit continuer d'exister. On se retrouve dès la semaine prochaine pour un nouvel épisode, je compte sur vous. À très vite
! [Applaudissements]
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