Albert Camus, entretien et lecture d'un fragment de L'Homme révolté

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Rien ne veut rien dire
Entretien de Camus avec Jean Mogin, enregistré le 13 septembre 1955. “Je marche du même pas comme a...
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on a on sit plus trop souvent je crois à confondre en Albert Camu l'artiste le moraliste et même et surtout le philosophe Monsieur Albert Camu je voudrais vous demander tout d'abord que pensez-vous de cette confusion dont vous êtes souvent victime et bien c'est une confusion inévitable mais si tenté que le point de vue d'un artiste sur lui-même soit le bon je voudrais insister sur le fait que personnellement je me sens et je me considère d'abord comme un artiste évidemment pardon je voudrais pas vous interrompre mais je crois que vous pensez que votre cheminement d'homme et
votre cheminement d'artiste vont de père oui il me semble que je suis incapable de parler d'autre chose que de ce que j'ai éprouvé et même j'irai plus loin il y a au moins une sorte d'incapacité que je ne présente pas avec avec gloire mais d'incapacité en tout cas à parler d'autre chose que de ce que j'ai longtemps éprouvé et il m'arrive souvent dans mon travail d'artiste d'exprimer de parvenir à donner une forme à des sentiments ou à des idées qu'au fond j'éprouve depuis longtemps sans avoir osé jusque-l leur donner cette forme et cette expression mais
donc on peut dire que chez vous les maîtres mots les mots clés qui sont dans votre œuvre et que surtout on a extrait de votre œuvre pour les mettre en exerg les mots absurdes et les mots révolt ne sont pas du tout le résultat d'une détermination intellectuelle et surtout pas cérébrale mais le résultat d'une expérience sentimentale presque affective on peut le dire évidemment c'est le destin de tout artiste que d'être enterré sous les formules qu'il a trouvé et je ne vois pas pourquoi j'échapperaai personnellement à ce destin il n'empêche que dans la mesure toujours où
je puis avoir une opinion sur moi-même les notion d'absurde et de révolte dont j'ai parlé dans mon œuvre et dont on a parlé à mon propos sont des notions vécues pour moi je veux dire que au fond je parle de ce que tout le monde connaît et je ne peux pas parler d'autre chose pour la raison excellente que je ne me sens pas une sensibilité originale à part je me sens une sensibilité semblable à celle des gens qui m'entourent je ne me suis jamais senti séparé en ce qui concerne l'absurde c'est une expérience que tout
le monde peut faire dans le tramou dans un taxi enfin c'est un un sentiment de séparation et d'étrangeté que j'ai essayé d'analyser et naturellement un sentiment ne peut pas tout recouvrir on ne peut pas tout expliquer par ce sentiment et j'ai toujours fait la critique de ce ces impressions qui étaient les miennes si bien que j'étais amené à faire la critique de la notion d'absurde bien que ce fut une notion profonde en moi de même que j'étais amené à faire la critique de la notion de révolte bien que ce fut aussi une notion profonde en
moi en somme je pourrais dire que je je marche du même pasas comme artiste et comme homme et que cela peut expliquer ce qu'on a appelé mes évolutions en fait ça n'est pas mon œuvre qui évolue c'est ma vie nous ne sommes pas ici Monsieur Camu bien entendu pour faire de la philosophie mais je crois que justement avant de quitter ce terrain de l'absurde et de la révolte dans les mots il faudrait tout de même que vous nous donniez votre formule on a dit certains de vos commentateurs ont dit que pour vous l'absurde c'était une
espèce de relation que c'était la relation du monde tel qu'il est tel qu'il nous apparaît du monde irrationnel et de la conscience humaine que l'absurde c'était ce qui résultait de l'affrontement du confrontement je crois que vous dites quelque part le confrontement de ce monde irrationnel et de la conscience de l'homme est-ce que ça vous paraît valable comme définition ça me paraît d'autant plus valable que je n'en suis pas la inventeur et qu'en somme depuis Pascal c'est un thème qui a été largement exploité et pour la révolte alors le mot révolte évidemment implique à première vue
dans l'esprit de qui que ce soit un sentiment pas d'orgueil mais enfin d'insurrection complète or je crois que ça c'est à travers votre œuvre infiniment nuancé que si on cherchait dans votre œuvre à reprendre les diverses définitions que vous donnez de la révolte on aurait un spectre on dit dans les sciences physiques on aurait en effet un spectre et pour la raison excellente que la révolte comme toutes les comme tous les mouvements de l'esprit ou du cœur humain c'est à la fois la pire et la meilleure des choses et il est tout à fait naturel
que un écrivain qui s'intéresse aux passions de l'homme autant que de son intelligence essaie de donner à ses patients la plus grande efficacité la la plus grande utilité possible sur le plan de la vie la plus simple comme sur le plan de la vie sociale et j'ai essayer de tirer en effet de la révolte les éléments d'une attitude qui ne soit pas une attitude de pure destruction de pur niilisme ce qui s'explique assez si on veut bien considérer que je ne m'intéresse pas au nilisme contemporain par goût esthétique ou personnel je m'y intéresse dans la
mesure où il est possible de le dépasser je crois que c'est parfaitement clair je voudrais vous demander encore puisque vous avez dit très bien que chez vous le sentiment de l'absurde ne vous séparit pas du tout des autres hommes mais qu'au contraire vous le considériez comme une des données essentielles à la conscience de tout homme pourquoi cependant l'homme d'aujourd'hui serait-il plus sensible à l'absurde j'entends il me semble enfin qu'on ne trouve pas dans la littérature classique par exemple de grandes marques de ce sentiment pourquoi l'homme d'aujourd'hui est-il plus sensible à l'absurde que l'homme du 17e
par exemple et naturellement il y est plus sensible puisqu'il a perdu à la fois ses racines et ses cadres il est bien certain que l'Europe a perdu aussi bien ses religions que sa foi sociale du moins en ce qui concerne l'Occident et aussi que ses racines morales si vous voulez euh naturellement l'homme se sent plus solitaire plus exposé en quelque sorte et il n'y a rien d'étonnant à ce que un sentiment de désarrois profond s'installe au cœur même de son être en somme je rendrai ce que je veux dire clair en rappelant ce que j'ai
dit d'ailleurs dans un de mes livres que l'Europe qui en 50 ans a tuer déraciné ou déportter 70 millions d'êtres humains euh n'est évidemment pas une terre où peut s'installer le confort et la satisfaction de soi pour le moment au moins et on s'explique assez que l'homme européen aujourd'hui hésite et tourne de tous les côtés ne voyant à choisir apparemment qu'entre la servitude ou la folie mais je pense pour ma part qu'il y a un chemin qui passe entre la servitude et la folie et qui est celui que les intellectuels en particulier ont pour mission
de repérer au moins il y a un dernier point que je voudrais éclaircir avant d'aborder ce qui importe le plus c'est-à-dire votre œuvre elle-même ce qui est charnellement le résultat de toutes ces préoccupation euh spirituelle et c'est ce point que l'absurde pour vous ne détermine pas dans l'homme la stérilisation mais que au contraire il est une espèce de révélation je crois qui n'interdit par exemple pas du tout la joie ni l'intervention politique dans une certaine mesure ni l'amour ni tous ces sentimentsl mais qui les renouvelle au fond on pourrait dire dans un style un peu
pédant que l'absurde intervient ici comme une espèce de catarcis en fa oui pour moi l'absurde est a été un point de départ et naturellement je trouve que loin d'être un élément de stérilisation euh le confort le sommeil la satisfaction de soi l'embourgeoisement du cœur sont des facteurs de stérilisation infiniment plus vivace et dynamique et je n'ai jamais pensé que on pu rester sur l'attitude absurde comme sur une position de négation pure il me semble au contraire que cette insatisfaction profonde qu'il peut réveiller chez l'être humain est susceptible de donner naissance à des actions à des
passions à des joies et c'est un peu l'effort que j'ai poursuivi dans mes livres que d'essayer de donner une expression des couleurs une illustration à ces conquêtes de l'absurde justement venons-en à vos livres dont vous parlez ces livres il fallait naturellement leur donner une forme et il fallait sans doute que cette forme soit singulièrement coriass en face de ce monde de l'absurde qui vous a été révélé de façon si éclatant je crois qu'une des choses qui plus tard vous distinguera des écrivains d'aujourd'hui c'est le style je pense que pour vous le style est absolument inséparable
de toute œuvre contrairement au concept trop souvent admis aujourd'hui oui je sais que la mode aujourd'hui est de considérer que mal écrire est une condition pour bien penser c'est un principe qui n'est pas le mien je le dis sans hésiter et je trouve d'ailleurs qu'avant de faire de faire le procès du style il convient que les écrivains fassent leur preuves ensuite ils pourront le faire en tout cas pour moi puisque vous me demandez mon opinion je la dirai catégoriquement en dehors du style et de la composition il n'y a pour moi que des écrivains secondaires
des polygraphes des des tacherons qui peuvent être utiles dans leur métier dans leur dans leur recherche mais qui en tant qu'artiste reste au second plan je crois que c'est là une déclaration dont il importe tout de même de souigner l'importance parce que on se sert trop souvent de votre nom comme celui de quelquesuns de vos grands contemporains pour autoriser l'édition de toute une série d'œuvres que l'on couvre du titre trop facile de témoignage alors puisque vous avez parlé non seulement de l'écriture mais aussi de la composition je voudrais vous demander de nous parler de la
composition de la peste il est certain que dans la peste apparaît une succession et plus exactement une alternance de styles très différents est-ce que cela est volontaire chez vous oui je suis plus à l'aise dans ces problèmes que dans les grandes questions que vous me posez tout à l'heure j'ai en effet en ce qui concerne la peste travaillé assez profondément la composition de ce livre d'une part pour que parce que ce livre demandait une composition et je vais dire laquelle et d'autre part j'ai travaillé aussi à ce que cette composition Fû invisible en ce qui
concerne le second point j assez bien réussi car je n'ai vu nulle part signaler ce que je vais vous dire la peste pour le la résumer grossièrement et l'histoire d'une épidémie qui s'abat sur une ville ou des gens qui vivaient individuellement de la manière la plus banale et la plus simple sont peu à peu entraînés dans cette épidémie dans cette dans ce cette tragédie collective et finissent par ne faire qu'un amalgame enfin sous la domination de la maladie et ensuite la maladie recul et peu à peu ces individus reprennent leur activité comme ils peuvent euh
j'ai immédiatement pensé qu'il fallait avoir en somme deux styles l'un qui aurait concerné justement les actions individuelles et l'autre au contraire qui aurait concerné la tragédie collective l'établissement du Fléau et si vous pouvez vous reporter au livre un jour vous constaterez que la paste est composée de cinq parties la première est écrite dans le style que je dirais individuel ce style individuel retrace les aventures des des citoyens d'Oran puisque c'est à Oran que se passe cette épidémie et les montres évoluant dans leur univers naturel dans la deuxème partie la paste est déjà arrivée elle n'a
pas encore fait son travail d'amalgame vous trouverez donc dans la deuxème partie les deux styles le style individuel plus un style propre à retracer les étapes de la maladie dans la troisième partie qui est au sommet du livre la peste règne sur la ville immédiatement le style individuel disparaît et on ne trouvera que le style collectif dans cette troisème partie à partir du moment où la peste recule dans la 4e partie au contraire le style individuel commence à faire son apparition et à la fin du livre c'est lui qui s'imposera puisque la peste est partie
et vous vous souvenez peut-être que le livre se termine sur l'image d'un homme seul dominant la ville et se livrant à une méditation solitaire il y a donc là dans la composition du livre un entrelacement extrêmement étroit des deux styles qui me paraissait convenir euh aussi bien que je pouvais le faire à l'intention du livre et à son sujet à proprement parler je crois que là évidemment vous donnerz par l'exemple une preuve de ce que vous venez de dire touchant l'importance du style il y a une véritable orchestration littéraire puisque nous allons faire entendre au
cours de cette émission des extraits de votre théâtre je voudrais vous demander aussi comment vous avez été amené à donner dans l'état de siège un style aussi différent de celui que l'on peut voir dans vos autres pièces et bien euh une préoccupation semblable m' euh provoqué à ce choix dont vous parlez car pour moi l'état de siège est le premier essai de théâtre populaire comme on dit maintenant mais je n'aime pas beaucoup ce mot enfin de théâtre de grand public et je me proposais de montrer en somme un fléo mais cette fois sous la forme
administrative et guerrière venant brider la vie d'une population extrêmement vivante et noble comme pouvait être une population espagnol j'ai donc choisi de m'exprimer en de langues enfin d'u de style l'un qui est parlé par le personnel et les fonctionnaires de du fléo qui vient dominer la ville et qui est un style sec un style administratif et l'autre qui est parlé au contraire par le peuple qui représentait pour moi les forces de la liberté et de la poésie et qui est au contraire un style extrêmement lyrique le lyrisme qu'on trouve dans l'état de siège c'est un
lyrisme qui correspond selon moi exactement à ce qu'il s'agit de défendre contre les forces du de la dictature et du totalitarisme je crois que si on permettait aux auteurs de s'expliquer ainsi de temps en temps les critiques serait amené à écrire parfois moins d'allerie sur certaines pièces de théâtre une dernière question monsieur Camu et c'est celle de Camu homme de vertu on veut à la lecture de vos livres que vous soyez dans le panorama de la littérature contemporaine l'homme de vertu et bien ça prouve qu'on les lit mal les livres en question car il serait
facile d'y trouver au contraire laaveu d'une je ne dirais pas d'une faiblesse pourquoi ça ne pe pas appeler ça une faiblesse mais enfin laaveu d'une parenté est extrêmement fidèle et extrêmement consciente avec ce qui dans tous les hommes se trouvent aussi éloigné de la vertu que possible si une expérience m étrangère c'est certainement celle de la vertu toute pure et je vous remercie de me donner occasion de le dire je vous demanderis d'avoir la gentillesse de lire quelques pages de votre œuvre on peut faire l'homme refuse le monde tel qu'il est et pourtant il n'accepte
pas de lui échapper en fait les hommes tiennent au monde et dans leur immense majorité ils ne désirent pas le quitter loin de vouloir toujours l'oublier il souffrent au contraire de ne point le posséder racé étrangees citoyens du monde exilés dans leur propre sauf aux instants fulgurants de la plénitude toute réalité est pour eux inachevée leurs actes leur échappent dans d'autres actes reviennent les juger sous des visages inattendus fuit comme l'eau de tental vers une embouchure encore ignorée connaître l'embouchure dominer le cours du fleuve saisir enfin la vie comme destin voilà leur vraie nostalgie au
plus épais de leur patrie mais cette vision qui dans la con naissance au moins les réconcilierit enfin avec eux-même ne peut apparaître si elle apparaît qu'à ce moment fugitif qu'elle Meur tout s'y achève pour être une fois au monde il faut à jamais ne plus être ici née cette malheureuse envie que tant d'hommes portent à la vie des autres apercevant ses existences du dehors on leur prête une cohérence et une unité qu'elles ne peuvent avoir en vérité mais qui paraissent évident à l'observateur il ne voit que la ligne de fête de ses vies sans prendre
conscience du détail qui les ronge nous faisons alors de l'art sur ses existences de façon élémentaire nous les rançons chacun dans ce sens cherche à faire de sa vie une œuvre d'art nous désirons que l'amour dure et nous savons qu'il ne dure pas si même par miracle il devait durit toute une vie il serait encore inachevé peut-être dans cet insatiable besoin de durer comprendrions-nous mieux la souffrance terrestre si nous la savions éternelle il semble que les grandes âmes parfois soient moins épouvanté par la douleur que par le fait qu'elle ne dure pas à défaut d'un
bonheur inlassable une longue souffrance ferait au moins un destin un matin on reprend en arrière à défaut d'un bonheur inlassable une longue souffrance ferait au moins un destin mais non et nos pires tortures cesseront un jour un matin après tant de désespoir une irrépressible envie de vivre nous annoncera que tout est fini et que la souffrance n'a pas plus de sens que le bonheur le goût de la possession n'est qu'une autre forme du désir de durer c'est lui qui fait le délire impuissant de l'amour aucun être même le plus aimé et qui nous le rende
le mieux n'est jamais en notre possession sur la terre cruelle où les amants meurent parfois séparés naissent toujours divisés la possession totale d'un être la communion absolue dans le temps entier de la vie est une impossible exigence le goût de la possession est à ce point insatiable qu'il peut survivre l'amour même aimer alors c'est stériliser l'aimer la honteuse souffrance de l'ament désormais solitaire n'est point temps de ne plus être aimé que de savoir que l'autre peut et doit aimer encore à la limite tout homme dévoré par le désir est perdu de durer de posséder soit
aux êtres qu'il a aimé la stérilité ou la mort ceci est la vraie révolte ceux qui n'ont pas exigé un jour au moins la virginité absolue des êtres et du monde tremblé de nostalgie et d'impuissance devant son impossibilité ceux qui alors sans cesse renvoyés à leur nostalgie d'absolu ne se sont pas détruit à essayer d'aimer à mi-hauteur ceuxlà ne peuvent comprendre la réalité de la révolte et sa f ur de destruction mais les êtres s'échappent toujours et nous leur échappons aussi ils sont sans contour ferme la vie de ce point de vue est sans style
elle n'est qu'un mouvement qui court après sa forme sans la trouver jamais l'homme ainsi déchiré cherche en vain cette forme qui lui donnerait les limites entre lesquelles il serait roi qu'une seule chose vivante est sa forme en ce monde et il sera réconcilié il y a donc pour l'homme une action et une pensée possible au niveau moyen qui est le sien toute entreprise plus ambitieuse se révèle contradictoire l'Absolu ne s'atteint ni surtout ne se crée à travers l'histoire la politique n'est pas la religion ou alors elle est Inquisition comment la société définit comment la société
définirait-elle un absolu chacun peut-être cherche pour tous cet absolu mais la société et la politique ont seulement la charge de régler les affaires de tous pour que chacun ait le loisir et la liberté de cette commune recherche l'histoire ne peut plus être dressée alors en objet de culte elle n'est qu'une occasion qu'il s'agit de rendre féconde par une révolte vigilante l'obsession de la moisson et l'indifférence à l'histoire écrit admirablement René charard sont les deux extrémités de mon arc si le temps de la si le temps de l'histoire en effet n'est pas fait du temps de
la moisson l'histoire n'est qu'une ombre fugace et cruelle où l'homme n'a plus sa part qui se donne à cette histoire ne se donne à rien et à son tour n'est rien mais qui se donne autant de sa vie à la maison qu'il défend à la dignité des vivants celui-là se donne à la terre et en reçoit la moisson qui et nourrit à nouveau pour finir ceuxlà font avancer l'histoire qui savent au moment voulu se révolter contre elle aussi cela suppose une interminable tension et la sérénité crispée dont parle le même poète mais la vraie vie
est présente au cœur de ce déchirement elle est ce déchirement lui-même l'esprit qui plane sur des volcan de lumière la folie de l'équité l'intransigence exténuante de la mesure ce qui retentit pour nous au confin de cette longue aventure révoltée ce ne sont pas des formules d'optimisme dont nous n'avons que faire dans l'extrémité de notre malheur mais des paroles de courage et d'intelligence qui près de la mer sont même vertu aucune sagesse aujourd'hui ne peut prétendre à donner plus la révolte bute inlassablement contre le mal à partir duquel il ne lui reste qu'apprendre un nouvel élan
l'homme peut maîtriser en lui tout ce qui doit l'être il doit réparer dans la création tout ce qui peut l'être après quoi les enfants mourront toujours injustement même dans la société parfaite dans son plus grand effort l'homme ne peut que se proposer de diminuer arithmétiquement la douleur du monde mais l'injustice et la souffrance demeureront et si limité soit-ell elles ne cesseront pas d'être le scandale le pourquoi de Dmitri Karamazov continuera de retentir l'art et la révolte ne mourront qu'avec le dernier homme
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