A loucura entre nos- Filme Completo- Direção Fernanda Vareille

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Fernanda Vareille
Quais os limites da nossa sanidade? O que nos define como “normais”? A loucura entre nós, filme di...
Video Transcript:
Hey Jude. . .
regarde-moi ! Tu le sais. .
. la vie est belle Oublie tout ce qui s’est passé ! Demain sera.
. . un autre jour.
La vie est belle ! La folie entre nous Edilson. .
. Depuis ce matin. .
. Elle crie comme ça ! Elle n'a même pas mal à la gorge.
Rien que le cri, c’est déjà bizarre, non ? C’est un mélange de douleur, d’horreur et de désespoir. Je veux entrer dans le Criamundo.
Monsieur, je veux entrer dans le Criamundo. Je suis schizophrène. C'est.
. . F.
. . FG 20.
0. Pour moi être fou, c'est ne pas se contrôler psychologiquement. C'est ne pas pouvoir se contenir.
. . s'aider soi-même.
. . et aider les autres.
Je ne me considère pas comme un malade mental. J'ai même peur des malades mentaux ! J'en ai peur !
Alors d'autres peuvent aussi avoir peur de moi. Ces plantes viennent de chez ma mère, je ne me souviens plus de leur nom. Ces pierres viennent de ma jardinière, de chez moi et celles-là sont du mur.
C'est pas mal, non ? J’ai eu l’idée de faire un triangle, comme ça. Avec un centre.
Ici, ce n’est pas un endroit ordinaire. On est au milieu d'un hôpital psychiatrique, pour arriver jusqu'ici, il faut croiser les patients, les gens qui sont internés. Certains sont agressifs, et ce n’est pas toujours possible d'entrer ici.
Et venir toute seule, c’est encore plus dangereux. On peut se faire agresser. Je me suis déjà habituée.
Mais au début ça m'a un peu choquée. Quand je suis à Criamundo, et que je vois les internés, je ne me sens pas différente d’eux. Parce que moi aussi j’ai déjà été internée plusieurs fois.
J’ai été internée 8 fois. Donc je les vois. .
. . .
. comme les autres me voient. Comme des personnes normales.
Elisangela ! Oui ! Elisangela !
J'arrive ! Je connais mes limites. Mais je sais aussi jusqu’où je peux aller.
Il y en a beaucoup qui ne croient pas en mon potentiel. Je ne peux pas travailler sous pression. Ça ne me fait pas du bien travailler sous pression.
Pour mon père c'est pareil. Il me dit qu’il ne peut pas travailler sous pression. C’est vraiment désagréable de travailler sous pression.
" Fais ceci, fais cela, etc… " Si le patron met trop de pression, moi, je ne fais rien ! J'ai besoin qu'on me laisse faire. On me dit que je suis lent.
Mais je ne suis pas lent. Je vais à mon rythme. Je veux faire ce qui me plaît.
Mon objectif ici est d'apprendre des choses, un métier. . .
gagner ma vie. Être occupé pour ne pas rester à ne rien faire. Pour ne pas penser à des bêtises.
C'est à dire : trop penser à ma femme, ou à ma fille. Ce ne sont pas des mauvaises pensées. .
. mais parfois en y pensant trop, la confusion s'installe. Allo, Elisangela ?
Marcelo à l’appareil. J’ai appris que tu avais des problèmes. J’ai appris que tu avais des problèmes.
A la maison. Et les médicaments, tu les prends ? Pourquoi n’es-tu pas venue à Criamundo ?
Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu viens demain ? Bien, viens ici demain, je voudrais te voir.
. . .
. . pour que tu me racontes tout plus calmement.
D’accord ? Quand un bandit prend une balle dans la tête, ce sont les médecins qui lui sauvent la vie. J'ai besoin d’un médecin.
Oui j’ai besoin d’un médecin. . .
ou alors de repos. Pas de tourment. Pas de tout le cirque, pas de toutes les intrigues que ma mère invente parce qu’elle est femme au foyer.
. . Mariée avec mon père qui était contrôleur de bus à la BTU Il a pris deux balles sur l’avenue Bonocô.
C’est pour ça qu’il a quitté cette entreprise. Aujourd’hui il ne travaille plus à cause de son invalidité Donc je viens ici à pied parce qu’il n’a jamais d’argent. Quand j’avais ma carte de bus, je venais tranquillement.
Je pouvais aller et venir. Et quand je n’ai pas d’argent, je viens à pied quand même. Et mes collègues me prêtent leur carte pour que je puisse rentrer.
Pour que je ne rentre pas à pied. Mais s'il faut que je rentre à pied je le fais. Parce que la seule chose que je veux dans la vie, c’est travailler.
Tout le monde veut travailler. Être digne. Il vaut mieux mourir.
. . Il vaut mieux mourir en toute dignité que mourir avec la réputation de.
. . Faut que je me taise !
Si l'hôpital vous dit qu'elle peut rentrer à la maison, il faut demander aux médecins de poursuivre le traitement. Elle doit se soigner. Ça ne sert à rien de venir ici pour une courte période puis de rentrer chez soi, pour tout recommencer.
. . L’assistante sociale m’a dit qu'à chaque fois que je rends visite, je dois apporter des vêtements, au cas où on lui donnerait l’autorisation de quitter l’hôpital.
Mais l'infirmière m’a dit que c'est impossible, elle est trop agitée. Sincèrement, j’espère qu’on ne lui permettra pas de sortir de l’hôpital. Il y a des moments où elle va bien, et d'autres où ça ne va pas.
Ne la laissez pas sortir, elle a besoin de paix elle a besoin de ce médicament, de le prendre à heures fixes. Et si elle rentre à la maison, elle ne le prendra pas. Elle ne prendra pas le médicament.
On sait qu'elle ne le prendra pas. Ce sera pire pour elle. Chanson populaire Asseyez-vous un peu !
Raimunda. . .
Oui. . .
On t'appelle. . .
Ce n’est pas facile de voir sa fille attachée, agitée c’est une scène qui n’est vraiment pas agréable. Mais il faut garder courage. J’ai pris du Diazépam, du Largactil et du Fluoxétine.
Et du Carbolite. Je suis innocente. Je suis comme un enfant car j'ai Jésus dans mon cœur.
Tous ceux qui ont Jésus dans leur cœur sont comme des enfants. Ils sont comme des enfants. Je me pisse dessus.
Tous les jours je me pisse dessus de peur. Peur de quoi ? De la mort.
Peur de la mort. Que la mort me poursuive. Elle les replantera plus tard.
C’est une véritable malédiction. Elle n'aura qu'à les replanter Le nom de cet arbre, c’est. .
. . .
. une figue. C'est quelqu'un à qui je donne des cigarettes, quand elle me demande, je lui donne.
Elle dit que ça, c’est de la macumba. Mais ça vient de Dieu. Ça n’a pas été fait par hasard.
Je suis triste de voir une personne comme elle dans cet état. Elle a une petite fille de 5 ans, C’est une personne qui est perdue. Tu comprends Fernanda ?
Il faut qu’elle se retrouve, n’est-ce pas ? C’est son obligation à elle, se retrouver. Je fais partie d’une campagne pour combattre la jalousie envers l’Église Universelle du Royaume de Dieu.
Avec l’évêque Jadson. C’est pour cela que je suis ici. Parce que ma mère est venue m’interner et m'a dit que je n'en sortirai plus.
On me drogue, mais je suis lucide. Je ne conspire pas contre la vie des gens. Ça ne m’intéresse pas.
Ce qui m’intéresse, c’est ma vie à moi. C’est ce que je fais, c’est ce que je veux. Et ce que je veux dans la vie, c’est travailler.
Je sais faire des paniers, je sais recycler, je sais faire du crochet, Je ne panique pas. Je ne suis pas désespérée. Il y quelque chose en moi qui a changé.
Parce que je suis beaucoup plus calme. Au fond, je suis quelqu’un de calme. Je déteste être stressée.
Même si parfois je suis nerveuse, impatiente ou stressée. Mais je n’aime pas quand je suis comme ça, Fernanda. Je suis calme de nature moi j’aime la paix, la tranquillité.
J’aime le calme. Je n’aime pas les personnes agitées. Pas à côté de moi.
Regarde, ne viens pas tout gâcher ! Sinon, il y aura une bagarre ici. Je te le dis tout de suite !
Tu as dit que c’était de la macumba. Je ne fait pas de macumba, d'accord Elisangela ? Ce n’est pas de la macumba.
Je l’ai arraché de là simplement. . .
pour pouvoir le planter à nouveau et l’arroser et pour que ça repousse de plus belle. Ah, d'accord ! Tu peux m'allumer ?
Je n'ai pas de feu. Il est où l'autre micro ? J’ai snifé de la cocaïne, j'ai fumé du cannabis, j’ai mélangé du Red Bull avec de la vodka, du Capeta et aussi un cocktail et c’est pour ça que je suis comme ça.
Dis à Anderson que les livres qui sont là-bas sont à moi ! C’était une donation. C’était une donation pour la bibliothèque d'ici.
Anderson, ce n’est pas l’Anderson du quartier, Pas l’Anderson Conceição Rocha qui devrait mourir. C’est Anderson d’ici et qui doit être protégé par le Saint Esprit et par la Divine Colline Sacrée qui monte vers Notre Seigneur du Bonfim. Où on peut faire ce qu'on veut sans que personne ne s'en plaigne.
C’est bon, je vais me taire. Je suis fatiguée. Je vais descendre.
et je vais attendre que l’assistante sociale arrive. Regarde ta mère ! Viens ici me faire un bisou.
Tu viens d'où ? C'est ta fille ? Oui.
Fais attention de ne pas tomber Mila ! Profite bien de ta promenade ! Ça va maman ?
Tu as parlé aux psychologues et aux psychiatres, mais tu n'es même pas venue me voir. Tu dois savoir qu'on abandonne jamais sa mère et qu'on n'oublie jamais son enfant. Tu étais très agitée !
La mère on l'abandonne jamais, et un enfant on n'oublie jamais. Ca se passait bien puis tu es devenue agitée et agressive. .
. Tu m'as dit des choses que je n'aimais pas. Ça m'a énervée !
Je n'ai pas supporté de te voir comme ça ! Je suis devenue impatiente. Tu sais que je suis bipolaire.
Je suis bipolaire. Je peux vivre en société comme n'importe quelle autre personne. Il n'y avait pas besoin de me placer 10dans le module C.
Les patientes les plus dangereuses sont ici. Mais c'est le seul module qui n'accepte que des femmes. Au moins il n'y a que de femmes.
C'est bien ça. Oui. Il n'y a que de femmes.
Dans les autres modules on mélange les femmes et les hommes. Que Dieu veille sur toi ! Amen.
On va se balader un peu. Va te balader ma belle ! Pourquoi la vie ?
Pourquoi être en vie ? Pourquoi être ? Des questions qui ne sont pas simples Je ne sais pas ce qu'est la vie.
Parfois je l'imagine mais. . .
Je ne sais pas ce qu'elle est. Je sais que la vie. .
. Je sais plus que jamais. .
. J'ai toujours vu ma vie comme. .
. Je ne sais pas si c'est important mais. .
. comme une grande illusion un grand fantasme un grand délire. Tout à coup la vie est vraie !
La vie exige de nous Et je sens cela. Je sens cette exigence maintenant, tu comprends ? " Qu'est ce que tu fais ?
" " Pourquoi ? " " Pourquoi tu n'as pas fait ? " La vie est exigeante.
J'aurais aimé être un garçon, tu sais ? Pourquoi tu aurais voulu être un garçon ? Pour avoir les cheveux coupés à la mode.
Et pour porter des jeans. Ma mère doit savoir que je veux mettre des jeans pas de robe ou de jupe. .
. Parce que Gilberto Gil et Caetano Veloso ont été arrêtés aux Etats-Unis en jupe ! Encore aujourd’hui madame Canô ne l’a pas digéré.
Et en plus, il est sorti sans slip. Elle ne supporte pas Il a été arrêté, il était en prison. De telle sorte que la chanson a… J’oublie la chanson qu’ils ont écrite.
Oh, oh, mama no fly. . .
Mama no fly, c'est ça. . .
C’est pour ça qu’ils ont composé cette chanson en prison. Des vrai amis. .
. amis qui t'ont arrêté. .
. Il vaut mieux pleurer là-bas. Il vaut mieux pleurer là-bas, dans leur pays.
Et non aux USA. Est-ce que tu as une feuille ? Pour que je puisse dessiner.
Une feuille de cahier ? N’importe quel bout de papier fera l'affaire Si, là-bas, il y a des feuilles de cahier. Va ouvrir là-bas.
Elle ne m’en donne pas, et ils me frappent là-bas. Ils en donnent là-bas. Ils me frappent là-bas, et ici non.
Ouvre ! Personne ne te frappe ! J'ai pris un coup là, regarde.
Les Malades ! Ce sont eux qui me frappent. J'ai pris ce crayon là-bas.
Ils se reposent. Ça ne sert à rien. On m'a prêté ce crayon.
Pour que je dessine. J’adore dessiner ! J'adore la forêt aussi !
Qu’est-ce que tu dessines comme ça ? Je dessine des sirènes. .
. Je dessine toutes les divinités. Sirènes.
. . Orixas.
. . J'ai été élevée dans une maison de Candomblé, mon ami.
Je veux. . .
Je connais la magie noire. Je veux voir les Beatles. Je rêve de connaitre Xuxa.
Fais célébrer une messe ! Je rêve de connaître Xuxa. Allumez une bougie !
Je m’appelle Lourdes Francisca dos Santos. Oh mon Dieu ! Lurdes Francisca dos Santos.
Soyez avec Dieu. Je l’aime bien, je l’aime bien et je t’aime aussi. Comme ami !
Ah ! Celle-ci, elle exagère. Je vais m'en aller !
Elle est agaçante ! Elle a de l’argent qu'elle reçoit de ses enfants. Tu le savais, non ?
Sans-gêne Le bonheur et l'amour c'est pour ceux qui l'ont dans le cœur. Juillet et Août. .
. Je m'en vais. .
. João ! Le bonheur fait mal.
Adieu ! Le bonheur règne parfois, parfois il germe, d’autres fois non. La douleur est une grande fureur, une épine, ça blesse, ça fait mal.
Mon cœur n'est pas cassé. Ça fait mal. Quelle joie si je rencontre mon père et ma mère aux Etats-Unis.
Je suis la fille d’un Colonel aux Etats-Unis et je m’appelle Lourdes Francisca dos Santos. J’ai été. .
. J'ai été. .
. J’ai été abandonnée à Daniel Lisboas à Daniel Lisboas en septembre 1978. Je souffre encore aujourd'hui.
Septembre 1978 ! Je suis malheureuse. J'attends qu'on écrive un livre sur ma vie.
A l'âge de 3 ans j'ai été abandonnée aux Etats-Unis. Mon père est colonel aux Etats-Unis. Laisse-moi parler !
J’ai été abandonnée ! En septembre de 1978 a l'âge de 3 ans avec de belles chaussures en plus elles protègent les pieds. J’ai souffert de la faim.
Je suis la souffrance en personne. Je connais la souffrance comme personne d'autre ici. Tu te vantes tellement.
La souffrance fait mal. Tu pourrais raconter des belles choses. Mon père était malade mental, il est mort pour nous.
Pour une personne de mon âge qui a tellement rêvé d’indépendance, être ici en train de recommencer sa vie, quelque chose de tellement… tellement fragile. Ce n’est pas que je pense que le Criamundo soit fragile, mais, par rapport à ma vie, il est fragile Fernanda, mon indépendance, mon amélioration, à ma. .
. à ma survie. .
. à ma vie. .
. II y a des gens ici, qui acquièrent des compétences, et qui ensuite trouvent un travail en fonction de qu'ils ont appris, ou pas. .
. J’entends parler de ces personnes qui ont trouvé du travail, elles ont toutes quitté Criamundo. Pour le moment, je ne vois pas encore cette perspective.
Pas que je veuille quitter Criamundo. . .
mais c'est ma perspective. Imagine toi. .
. A l'âge de 50 ans. .
. recommençant à zéro. .
. . .
. vraiment à zéro. Donc, c'est triste.
C'est difficile à supporter. Je suis partie 3 jours, parce que je me suis disputée avec ma famille. J'ai quitté la maison, agitée.
Je suis allée à la station de bus proche du centre commercial. J'ai perdu le contrôle de moi-même. Les agents de sécurité m'ont attrapée, ils m'ont plaquée à terre, J'ai réussi à m'échapper.
J'ai blessé un policier avec une bouteille. Je ne voulais pas le blesser. Je visais l'agent de sécurité, mais j'ai blessé le policier.
Le SAMU m'a emmenée. Et m'a laissée à l'Hôpital Mario Leal, qui n'accepte pas les femmes. Et donc j'ai été hospitalisée.
Le médecin m'a fait une piqûre, et m'a renvoyée chez moi. Je suis rentrée chez moi. Après ma mère m'a emmenée ici.
J'ai passé trois jours ici aux urgences. Filmez-moi ! Trois jours ici.
Et après je suis rentrée chez moi. Et là, j'ai eu un trouble. .
. J'ai eu une crise qui n'était ni émotionnelle, ni bipolaire. C'était une crise de nerfs J'ai détruit tout dans ma chambre.
Ma mère m'a fait interner ici. Je me trouve maintenant dans le module C. Ça fait plus de douze jours que je suis hospitalisée ici.
Et maintenant, je veux en sortir. Parce que ce n'est pas un endroit pour rester. C'est juste un endroit pour suivre un traitement.
Filmez-moi ! Je connais Nadir. Nadir est dans le même module que moi.
C'est mon amie, et je l'aime ! Je l'aime ! Mon amie !
Les gens me manquent ! Je ne supporte plus ! Tout le monde me manque.
Moi aussi ! Ma famille me manque. Ça me fait mal au cœur !
Tout le monde me manque. Ça c'est une caméra ? Ça c'est une caméra ?
Excuse moi. Excuse moi. Excuse moi !
Il ne fait pas partie de notre groupe. Comment vous êtes vous rencontrées ? Ici dans le module C.
On s'est rencontrées parce qu'elle fait partie du module C. Je lui donne des cigarettes. Je la trouve belle.
Je suis moche maintenant car je n'ai plus de dents. J'aime prendre soin de moi. Je suis toujours belle et bien habillée.
J'ai plein d'amis ici. Je sens toujours bon. Je suis chic.
Mais je suis humble. Je suis à la retraite. J'ai mon argent.
Ma famille est simple, mais grâce à Dieu, on n'a jamais manqué de rien. On n'a jamais manqué de rien. Attendez !
Les infirmières ici sont très bien ! C'est mon petit copain celui-là. Elles nous traitent bien.
Même si c'est un module très agité. Ce module est très agité. Les patientes sont très agitées.
Les infirmières sont bien. Baisse toi ! Baisse toi encore !
Je n'aime pas trop les caméras ! Mais s'il faut filmer. .
. Venez voir le module où je dors ! Où nous dormons.
Là c'est l'infirmerie. J'ai passé douze jours ici. Normalement je dors dans cette chambre, et mes collègues sont dans la dernière chambre.
Hier soir, on a papoté toute la nuit pour que le jour arrive vite ! et que je puisse être libérée. Je prends soin de la dame âgée, je lui donne des cigarettes.
C'est l'infirmière Aline. Elle est très sympa ! Celle-là c'est Aline, je l'aime.
Aline a même été professeur de ma nièce. . .
Hymne brésilien Donc c'est ça Fernanda, l'hôpital psychiatrique. Nous sommes tous fous les uns des autres ! On est là.
. . dans cette situation, essayant de trouver une sortie, de vivre à l'extérieur, de s'intégrer avec la société.
C'est le plus important. S'intégrer avec la société c'est le plus important. C'est comme ça ici, on fume une cigarette après l'autre.
. . à cause des médicaments.
Pour apaiser la douleur, le manque de la famille. Elles nous abandonnent ici. C'est mal, car la famille doit nous rendre visite !
Il y a moins de deux mois que je suis ici. C'est une thérapie incroyable pour moi. Vraiment incroyable !
J'ai fait presque 300 petites fleurs comme ça. Donc dans ce travail. .
. J'écoute les conversations des gens. .
. Et je me suis ouverte au fur et à mesure. .
. naturellement. Je suis encore en évolution.
. . Mais j'arrive à voir la fin du tunnel Ce n'est que le début.
Parce qu'il y a encore beaucoup de choses à venir. Je le crois et j'ai beaucoup de foi en Dieu ! Il y a déjà plein de changements dans le lieu de travail.
On va déménager bientôt ! Il y a tout ça ! Criamundo !
Criamundo ! Laissez passer les médecins internes ! J'ai une photo de moi !
Je t'aime mon amour ! Mon roi ! Elle ne peut pas entrer.
Si elle peut ! Je vais vous frapper si vous ne me laissez pas entrer ! Ici Rose c'est le Criamundo.
C'est un lieu. . .
Ici ce n'est pas un module. C'est une ONG qui fonctionne dans l'hôpital. Un projet.
. . C'est un projet social.
Ce sont les patients internés qui y participent ? Non, non. Ceux qui sont ici habitent chez eux, ont leur vie privée et viennent toute la semaine pour participer aux ateliers.
Notre objectif principal est leur insertion dans la société. J'habite ici depuis 26 ans. Ma mère m'a emmenée ici quand j'avais deux ans.
Salut Dea ! C'est ici Monsieur ! C'est là ?
Entrez ! Viens ! Tu viens d'arriver !
Je vous rejoins bientôt Je peux les mettre ici ? Bonne journée ! Au revoir !
Ce travail date de 2003. Sur toile. Il fait un peu peur.
. . Mais je l'adore.
Là c'est moi, dans une auberge, en 1999. Avec une Arara sur mon bras. Ces photos ont été prises par mon ex compagnon.
Regarde moi ma belle ! C'est une de mes premières œuvres. Celle-ci aussi date de 1972.
J'avais 17 ans quand je l'ai faite. Celle-là est spéciale. Elle s'appelle " Femme enceinte ".
C'est une idée magnifique que j'ai eue. . .
Et que j'ai donc réalisée. Mon monde. .
. Ici c'est la table basse de mon salon, avec quelques photos liées à mon enfance. Avec mes frères et soeurs.
. . Je suis la petite avec la broche dans les cheveux.
Mon père, et ma mère, quand ils étaient jeunes. Mon portrait tiré de la photo de famille. Ma petite fleur toute belle !
Fleur. . .
Celle-là c'est ma chatte Maria Jasmine. Un peu du paysage nocturne. .
. Au fond on voit la mer. Je vais bien, je reste à la maison.
Tu dors beaucoup ! Je prends le médicament et je dors. Tu dors beaucoup !
Je fais un peu de crochet aussi. C'est bien quand elle dort, car elle ne sort pas. Je ne me dispute pas avec ma mère.
C'est juste quand je ne suis pas bien dans ma tête que la maladie se manifeste. Je me dispute avec tout le quartier. C'est horrible.
La maladie a plusieurs moments difficiles. Il est difficile de savoir pourquoi et comment elle commence. Quand je me rends compte de mon état, j'ai déjà fait plein de bêtises.
Mais je vais faire appel à Dieu, je vais être forte, je vais me battre pour ne plus tomber malade. Prendre tous mes médicaments. Ce n'est pas facile !
Une vie comme ça ce n'est pas facile ! On détruit tout ce qu'on a, même les vêtements. Je brûle mes vêtements.
Si on est agressifs, ils nous attachent. Mais Dieu merci, ça ne m'est pas arrivé un seul jour dans ce module. J'ai rencontré quelques amies seulement.
Parce que les autres filles, étaient un peu. . .
hors-contrôle, donc on ne pouvait pas trop être amies. Elles étaient bien pires que moi. C'est difficile de rester longtemps hospitalisé au Juliano Moreira.
Elisangela a déjà eu douze hospitalisations là-bas. Je pense qu'elle va beaucoup mieux. Son expression a changé.
Après l'avoir hospitalisée un peu, ils voulaient la laisser repartir mais j'ai dit non. Vous allez la laisser sortir, avec la semaine sainte qui arrive. .
. elle va boire et rechuter. Donc elle est restée là-bas en traitement et grâce à Dieu elle va mieux.
Elle se repose. Elle est tranquille. Elle est calme.
Elle va travailler au Criamundo faire ses activités. Elle a fini par se ressaisir. La réunion d'aujourd'hui a plusieurs objectifs mais je vais essayer d'être concis à cause de l'heure.
L'objectif numéro 1 est d'emménager la semaine prochaine dans les nouveaux locaux Je pense qu'il n'existe pas de bon moment pour sortir. . .
Ça fait déjà deux ou trois ans qu'on aurait dû déménager. Mais on repousse toujours. Aujourd'hui on en a l'opportunité.
Bonjour, ça va ? Ça va. Merci !
Tu m'as manqué ! Où sont les autres ? Ils sont tous là en train de faire du savon.
Je vais participer ! Ça me fait plaisir de te voir. Je pense que c'est une bonne ambiance pour la transition.
Ca va nous rendre plus forts, pour aller se battre au dehors. . .
Les changements sont bons. On va en finir avec cette ambiance de l'hôpital psychiatrique. Ca fait 4 ans que je suis dans ce groupe mais on va retrouver une meilleure ambiance.
On pourra être plus libres. Parce qu'ici quand tu travailles, tu entends les patients d'à côté qui crient. Donc c'est un peu stressant.
Toujours faire attention à la porte pour ne pas laisser entrer les autres patients. Tu es repassée chez Criamundo ? Oui, je travaille ici de nouveau.
C'est bien ! Il n'y en a pas ! Pas aujourd'hui en tout cas !
Tu veux un savon ? Oui. Il faut en acheter ici !
Acheter leur art. . .
Elle est très rebelle, pas vrai, Elisangela ? Mais il faut en acheter ! Tu rentres chez toi tous les jours ?
Tu viens tous les jours et tu rentres après ? Oui ! Tu ne viens ni samedi ni dimanche n'est-ce pas ?
Je ne viens ni samedi ni dimanche. Dieu te bénisse ! Ta mère et ton père vont bien ?
Ils vont bien, grâce à Dieu. Tu vas à l'église ? Oui !
Amen. Je vais laisser un morceau de moi ici quand on va partir. Quand tu perds un bras, ça te manque non ?
ça va me manquer ici. Ce n'est pas facile. Je suis devenu ami avec tout le monde.
Même ceux qui sont dans les autres secteurs. Ils vont me manquer aussi. Tout l'hôpital va me manquer.
Là-bas on sera situés au cœur de la ville. D'autres personnes vont nous voir. Sans préjugés.
Parce que quand on invite les gens à nous rendre visite à Criamundo Il y a des gens qui ont peur parce qu'ils doivent traverser la zone des autres patients. Là-bas il n'y a pas de porte, mais où qu'on me mette. .
. Je ferai de mon mieux, avec tout mon cœur. .
. Et dans la fonction à laquelle on m'affectera j'y mettrai tout mon cœur et je travaillerai encore mieux qu'ici. Quand on partira, il faudra rendre les clefs.
. . de la porte.
Cette clé ne t'appartient plus ! Je suis Sylvester Stallone. Qui sait, un jour peut-être Par une allée du zoo, elle arrivera Elle qui aimait aussi les animaux Elle entrera Vous filmez ?
Elle entrera souriante Le trentième siècle vaincra Le cœur tout déchiré par les mesquineries Nous allons enfin aimer de la vie ce que nous ne pouvions aimer avant Comme le ciel étoilé des nuits indénombrables Ressuscitez-moi ! Même si je ne suis qu'un poète aspirant au futur Ressuscitez-moi ! Pour que personne n’ait plus besoin de se crucifierpour une maison, un coin Ressuscitez-moi !
Pour qu’à partir d’aujourd’hui la famille se transforme Et que le père soit au moins l’Univers Et la mère, au moins la Terre la Terre Ressuscitez-moi ! C'est beau, n'est-ce pas ? Ce fils de pute est parti en courant.
Une fois j'ai vu une forme. . .
Sinon, je ne vois rien d'anormal. Je n'entends rien d'anormal. Je ne pense rien d'anormal.
Je ne fais rien d'anormal. Je suis normal. Je prends trois types de médicaments, trois comprimés le matin, et cinq le soir.
Je prends 2 Haldol le matin avec du Phenergan. Et le soir 2 Largactil, 2 Phenergan et 1 Haldol. Attendez.
. . 2 Largactil le soir, 2 Haldol et 1 Phenergan.
C'est bon ! Je l'ai bien dit ! Je sais que ces médicaments sont forts.
Mais je me sens bien. Ce médicament. .
. Je peux tout dire ? Je peux ?
Ce médicament m'assèche Je pense que c'est le Largactil Chaque médicament a son bon côte. . .
Mais il a aussi son mauvais côté, comme les effets collatéraux. On devient un peu accru. Je prends un médicament.
. . Si vous en preniez madame, vous auriez des contorsions.
Alors que je ne sens rien. Je suis née le jour que l'Eglise catholique a choisi. .
. comme date de naissance de Jésus Christ, le 25 décembre. Je m'en sentais même coupable !
J'avais si peu d'amour-propre. Tu vois Fernandinha ? Maintenant j'ai une haute estime de moi !
Je ne suis pas Jésus ! Attention tout le monde ! Je suis une femme, je ne vais pas me crucifier.
J'ai été déjà crucifiée plusieurs fois Fernandinha. par moi-même, et par les autres. Mais je ne suis pas Jésus, mais je le respecte et je crois à son esprit.
Je crois à son esprit et à sa chair. Et Jésus Christ va revenir ! Il va revenir avec des armes, des mitraillettes et il va tuer cette race humaine, qui est mauvaise.
L'humanité est mauvaise Fernandinha ! C'est le pire déchet que Dieu ait produit. Dieu pardonnez moi !
Dieu pardonnez-moi ces bêtises ! D'accord Fernandinha ? Les beautés s’allument toujours de l’intérieur La tristesse est une beauté que la souffrance éteint Les larmes noires coulent, tombent, blessent C’est l'astronaute du temps perdu Sa bouche est toute rouge Et toi, mon bébé qui va, revient, repart Du pied droit, entrez du pied droit !
Et maintenant, il va falloir s'acclimater. . .
Mais ça va être rapide ! Je ne me considère pas folle. (accent espagnol) Mais la société m'a estampillée " folle " Je suis un sous-produit de la société, un déchet.
Je suis bipolaire, tu comprends le mot ? Parfois, je suis en haut, parfois je suis en bas. .
. Je ne suis pas souvent au milieu Je prends des médicaments, et j'y tiens, pour rester au milieu, la moyenne. .
. Ni en haut, ni en bas, mais au milieu, tu comprends Fernanda ? Bien sûr que je ne vais pas sortir dans la rue avec un masque.
Parce que sinon ils m'emprisonneraient, bien sûr. Donc je prends soin de ma vie Je demande à Dieu de ne pas me la prendre de suite Je ressemble à un clown, non ? Je peux me le permettre car je suis folle, j'ai ce luxe.
Un divin clown. Un clown, c'est quelqu'un de triste, non ? Ça fait un an et quelques jours que je suis dehors que je ne suis plus hospitalisée.
Mais c'est difficile. Bonjour ! Je suis venue chercher des médicaments.
Vous vous appelez comment ? Elisangela. Du Haldol.
. . Carbolite Une minute s'il vous plaît.
Vous avez déjà pris votre injection ? Je ne veux plus prendre d'injection. Mais il faut la prendre au moins une fois par mois Elisangela, c'est important pour votre santé.
D'accord. C'est une de mes œuvres que j'apprécie. Elle date de 1998.
" Femme nue et pensive " C'est un auto-portrait ? Oui, et non. Tout a commencé avec ce regard.
Et c'est pour ça que je l'ai nommé ainsi. Je ne dirais pas qui c'est la même femme. .
. Mais elles se ressemblent. J'adore l'expression de celui-ci.
Il date de 2003. Je l'aime beaucoup. Il n'a rien de parfait, rien de beau, ni le nez, ni la bouche.
Rien de parfait. Mais il a une expression ! Encore la force du regard, n'est-ce pas Dimitri ?
C'est un thème qui vous répétez assez souvent, le regard. J'aime beaucoup. Celui-là date de 1993, et s'appelle " L'œil de Dieu ".
Qu'est-ce que vous en pensez Dimitri ? Vous n'avez pas beaucoup d'œuvres récentes ? Non, j'ai peu de choses.
Vous n'avez rien de 2013 ? En 2013, j'ai fait quelques petits choses, mais plus associées à ma crise de dépression. Justement ça doit être intéressant comme expression.
Je pense que vous devriez travailler plus ! Oui. Mon projet est de recommencer.
Vous travaillez ? Oui. Combien de temps êtes-vous restée sans travailler ?
Huit ans. Il faut juste prendre les médicaments et vous pouvez faire n'importe quelle activité. Je ne veux plus prendre les injections de Haldol C'est possible ?
On va voir. Ça fait un moment que vous allez bien, n'est-ce pas ? Oui.
Le Fluoxétine me manque. Mon travail me stresse, et j'ai peur de tomber en dépression. Mais vous ne pourrez le prendre que quand vous serez très triste.
Quand vous serez triste, pas quand vous serez agitée. Je vais vous passer un médicament pour vous calmer. Mais vous ne pouvez le prendre que quand vous serez très triste.
Si vous sentez que vous n'allez pas bien, vous venez me voir. Ok ? D'accord.
J'ai enlevé l'aiguille, j'ai coupé, pour le coudre. Je pense que c'est mieux de toujours attacher l'aiguille. Je l'ai fait, regarde.
Ah, elle est attachée ? C'est très bien. Moi j'aime bien aussi coudre avec l'aiguille attachée.
Comme ça elle ne tombe pas. Et là, Elisangela ? Là, tu passes par là.
. . Une nuit d'avril 2014, un mois après la fin de ce tournage, Leonor s'est donnée la mort.
Parfois je pense qu'il y a des caméras chez moi. Dans la salle de bain, dans la cuisine, dans la chambre. Une sensation d'être surveillée.
A partir de là, c'est facile de devenir paranoïaque. J'ai la sensation que la société, les gens, que le monde entier veut m'interner. M'enfermer.
Ils veulent m'empêcher d'être, de vivre et de me réaliser. Peut-être la paranoïa vient de là. Je ne sais pas !
Quand je ne suis pas bien la ligne c'est comme si tout le monde savait que j'ai cette fragilité psychologique. Parfois je vois des gens qui parlent et me regardent j'ai l'impression qu'ils parlent de moi négativement et j'entre en panique. Ces choses là font tout détonner.
Je ne m'aime pas quand j'ai la tête dans les nuages hallucinée, et béate pensant que tout est merveilleux. Je ne m'aime pas ainsi. Car ça aussi, c'est un déséquilibre en moi.
J'aime quand je suis comme ça, centrée regardant vers le haut. faisant des projets. Quand je recommence à faire des projets dans ma vie, C'est que je suis en train de guérir.
. . Librement inspiré du livre " La folie entre nous " de Marcelo Veras.
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