Il n'a besoin de l'argent de personne. Je n’ai besoin de l’argent de personne, tout va bien. Il aurait pu faire n'importe quel job.
Je pourrais être la personne la plus populaire d’Europe. Je pourrais me présenter à n’importe que poste si je le voulais. D'autant plus qu’il a tout fait tout seul.
J’ai construit cet empire. Et je l’ai fait moi-même. L'argent fait partie à 100 % du personnage que Donald Trump s'est construit.
Je suis très riche. Comment a-t-il fait fortune ? Est-il vraiment le boss du business comme il le prétend ?
Évaluer la richesse de Donald Trump, c'est déjà, en soi, un problème. Car s'il est en boucle sur sa fortune, il refuse de communiquer le moindre chiffre. « Qu’est-ce que tu veux… » Le journal Forbes s'est fait une spécialité de faire les comptes.
En octobre 2024, il estime sa fortune totale à 4,3 milliards de dollars. Des revenus gonflés par la participation qu'il détient dans la société mère du réseau social qu'il a fondé en 2022 : Truth Social. Même si selon Forbes, d'un point de vue financier, il s'agit de “l'un des business les plus absurdes des Etats-Unis”.
Mais Trump ne vient pas de cet univers. Historiquement, c’est dans l'immobilier qu'il a fait fortune. Pour comprendre comment, il faut remonter le temps jusqu'aux années 1900.
Voici Frederick Trump, le grand-père de Donald. D'origine Allemande, il émigre aux États-Unis. L'immigration le rebaptise d'ailleurs à l'occasion “Trumpf”.
C'est lui qui commence à faire de l'argent en créant des villes-champignon et des hôtels au moment de la ruée vers l'or de l'Alaska. Frederick Trump et sa femme Elisabeth vont avoir quatre enfants, notamment Fred. Le papa de Donald Trump nait en 1905.
C'est lui qui va faire basculer l'histoire familiale. Ça n’a pas été facile pour moi. Vous savez, j’ai commencé à Brooklyn, mon père m’avait fait un petit prêt d’1 million de dollars pour que j'aille à Manhattan.
C'est effectivement du côté de Brooklyn et du Queens que démarre officiellement la grande saga de la famille Trump. Fred, le papa, y fait fortune dans l'immobilier. D'abord en construisant de petites maisons, puis en créant de grands complexes d'appartements à destination de la classe moyenne.
C'est un businessman à l'ancienne, avec un profil très différent du chemin que va choisir Donald. Pourquoi sont-ils si différents ? Ça reste un mystère, pour nous.
Russ Buettner est journaliste d'investigation au New York Times, prix Pulitzer et auteur d'un livre sorti en 2024 sur Donald Trump. C’est vraiment un pingre, il y a une anecdote très connue à ce propos : il faisait le tour de ses chantiers en ramassant les clous qui trainaient par terre et après il les redonnait à ses menuisiers, pour, littéralement, économiser trois francs six sous. Pour le business de Fred, l'époque est parfaite.
Entre 1940 et 1970, le taux d'accession à la propriété des Américains bondit de 20 %. Le père de Donald Trump reçoit d'énormes sommes d'argent de la part du gouvernement via la Federal Housing Administration, afin de construire des résidences : Shore Haven, Beach Haven, Trump Village. .
. En tout, Papa Trump va construire 27. 000 appartements.
Merci. Et construire, c'est bien, mais transmettre, c'est mieux ! Pour ça, le père de Trump se montre très “créatif”.
Il parvient via un système de baux fonciers, à transférer peu à peu les revenus et la propriété des immeubles à ses enfants. Et ce, sans vraiment payer les droits et les taxes qui vont avec. Le système est totalement truqué et cassé.
Il est rattrapé par plusieurs scandales. En 1954, il est dénoncé pour avoir réalisé des profits malhonnêtes sur le dos de la Federal Housing Administration. En 1973, on l'accuse de refuser de louer des logements aux personnes de couleur noire.
Pendant ce temps, le jeune Donald, qui est né en 1946, bénéficie largement du business paternel. Trump, c'est vraiment ce qu'on peut appeler un gosse de riche. Nicole Bacharan est historienne et politologue, spécialiste des Etats-Unis.
Elle a consacré un livre à Trump. C'est un enfant que l'on peut qualifier de difficile, bagarreur, violent. A l'adolescence, ses parents vont le mettre dans une académie militaire, ce qui n'est pas l'armée, mais c'est, disons, un régime de lycée assez dur.
Et il n'a qu'un rêve, c'est de conquérir Manhattan. Parce qu'il pense que le Queens, finalement, c'est un peu petit. D’après une enquête du New York Times, à l'âge de trois ans, le petit garçon gagnait déjà 200.
000 dollars par an en dollars actuels, grâce aux transferts financiers du père. Le calcul est vite fait : à huit ans, il était millionnaire. Pardon.
. . Où est le hall d'entrée ?
Au bout du couloir à gauche. Merci. Dès le lycée, son profil psychologique commence à se dessiner.
C'est un menteur pathologique, Ça commence au lycée quand il va poser pour la photo du yearbook, vous savez, la photo de classe de l'année, il emprunte la veste d'un de ses camarades de classe qui a plein de médailles et de décorations diverses pour que ça fasse mieux. Après des études d'économie, Donald rejoint le business de son père. Il reprend la société, la renomme Trump Organization et se lance à Manhattan.
Et puis en 1974, il a 28 ans. Il rencontre l'avocat Roy Cohn, qui est la terreur des prétoires et ce n'est pas exagéré de le dire. Et c'est l'avocat de la mafia.
Roy Cohn, enchanté ! “Le” Roy Cohn ? Vous êtes sans pitié.
. . Je plaide coupable !
Et quand il le rencontre, en fait, les Trump, père et fils, sont pris dans un procès pour plainte par des locataires noirs américains pour discrimination. les Trump perdent leur premier procès, font appel, perdent leur deuxième procès. Ils sont obligés de payer, mais peu importe.
Trump a appris la méthode Roy Cohn qui est : on va partout en disant qu'on a gagné. Et à partir de là, il y a ce tandem assez maléfique, j'ai envie de dire entre Donald Trump et Roy Cohn, et cette application de méthodes mafieuses avec le mensonge, la calomnie et une ultra agressivité. Dans un portrait de 1976 dans lequel on apprend au passage que Donald Trump ressemble à s'y méprendre à Robert Redford, Trump évalue lui-même déjà sa fortune à plus de 200 millions de dollars.
Il s'agit pour l'essentiel d'argent qu'il a gagné grâce à son père. Mais peu importe, le personnage du self-made-man qu'il cherche à construire est déjà en route. Mais 1 million de dollars, ce n’est pas grand chose comparé à ce que j’ai construit !
Et ce mensonge sur sa fortune a commencé, et c’est lui qui l’a implanté, Susanne Craig est journaliste au New York Times, prix Pulitzer et coautrice du livre “Lucky Loser”, paru en 2024. mais ça a continué pendant des décennies, les chiffres sont devenus de plus en plus gros, et ce mensonge n’a, globalement, pas été remis en question. les chiffres ont continué à devenir de plus en plus gros et il y a eu tellement de personnes complices de ce mensonge, tout ça a été rendu possible déjà parce que c’était une entreprise privée et que seulement une poignée de gens avaient vraiment accès aux chiffres.
1976, c'est vraiment l'année charnière pour lui. Il a 30 ans. L'avenir lui tend les bras et il va s'écrire en trois mots : Grand Hyatt Hotel.
C'est son premier gros chantier, même si son père est toujours très présent. Il rénove le Commodore Hotel, l'un des plus anciens de New York, et le transforme en hôtel de luxe. Le succès est immédiat.
Trump devient l'un des promoteurs immobiliers les plus connus de New York. Il a besoin d'un projet rien qu'à lui. Parlons aujourd’hui de faits, et pas d’opinions, nous voilà au coeur du Plaza District au centre de Manhattan, à l’angle de la 56e et de la 5e avenue, pour vous offrir une visite exclusive de l’un des bâtiments-trophée les plus iconiques de New York, au n°725 de la 5e Avenue : la Trump Tower.
Les portes de la Trump Tower ouvrent le 30 novembre 1983. C'est son bébé, sa fierté, sa première réalisation tout seul. Sauf que.
. . les gens ne se bousculent pas vraiment pour y aller.
Alors Donald laisse courir le bruit que Lady Di et le prince Charles y auraient acheté un appartement. C'est faux. Mais peu importe.
Il vient de décider que la vérité n'est pas ce qui compte le plus. Comme il le dit dans son livre “The Art of the Deal”, La vente qui n'a jamais eu lieu et celle qui a le plus aidé la Trump Tower. C'est en tout cas l'opération qui a le plus aidé Trump à installer son image de businessman accompli.
Une chose qui me stupéfie toujours c’est que l’année où il écrit “The art of the Deal” c’est 1987, il claironne partout qu’il est un super bon homme d’affaires tellement bon qu’il en fait un livre, quel génie il est, et on a ses déclarations de revenus sur ces années-là, et il perd alors des dizaines de millions de dollars mais personne ne le sait, il projette une image de succès et c’est l’histoire que les gens achètent. Il débarque dans les colonnes des Échos en 1985, évoquant un article de Business Week qui le décrit comme un impitoyable businessman dont le succès repose sur l'héritage paternel, la chance, l'audace, le charme rude, et le flair. 1985, c’est vraiment une année importante dans sa vie.
il vient de terminer trois projets avec l’aide de son père son aide financière et son réseau, et avec des partenaires très expérimentés qui le cadrent. Et d’un coup, sur la base de ces petits succès, il arrête d’écouter ses partenaires. il arrête d’écouter les gens qui ont de l’expertise même ceux qui ont travaillé pour lui, et il se met à penser que son intuition est l’élément le plus important de chaque décision qu’il prend, et il devient ce genre de personne très impétueuse qu’on a vu, des années plus tard, à la Maison Blanche, et ce trait de caractère devient de plus en plus fort chez lui et le conduit à une série de très mauvaises décisions à la fin des années 1980, et même un peu plus tard.
Il semble y avoir un tournant dans la vie de Donald en 1985. Il se diversifie, décide de mettre son nom partout, déforme la réalité tout le temps. Deux ans plus tard, il donne un nom à sa méthode : l'”hyperbole véridique”.
À l'origine une forme plus ou moins innocente d'exagération, à laquelle même son auteur finit par croire. Donald s'efface, mais le personnage de Trump, lui, est en route : le gosse de riche qu'il était, soutenu par son père, puis par son avocat, va multiplier les projets. Tout le monde va croire en ses mensonges, les banques comme le public, et rien ne va être en mesure de l'arrêter.
. . Qu’est-ce qui se passe, ici ?
Mon nom est Donald Trump, et je suis le plus gros promoteur immobilier de New York. Pas même ses échecs en affaires. Vous êtes viré.