bonjour à tous aujourd'hui on va parler de Descartes j'aime à dire que des cartes est un philosophe contre qui la postérité c'est ligué quand on cite Descartes après le 17e siècle c'est rarement pour lui rendre hommage c'est plutôt pour le contredire voir pour dire qu'il s'était trompé surtout il se serait trompé sur Dieu en échouant à prouver son existence il se serait trompé sur la connaissance en excluant de la connaissance la perception il se serait trompé sur les passions sur l'âme et aussi c'est ce qui va nous intéresser aujourd'hui sur la liberté alors en réalité
on va le voir par la suite tous ces sujets sont étroitement liés la conception cartésienne de l'âme découle de sa conception de Dieu de même que sa conception de la liberté découle de sa conception de l'âme le fait est que quand on est en désaccord sur plusieurs points avec un philosophe il y a fort à parier que ce soit avec ses postulats qu'on est en désaccord avec sa vision du monde en tant que tel donc aujourd'hui on va s'intéresser à ce que disait Descartes à propos de la liberté et pour poser quelques bases on va
commencer par expliquer en quoi la vision cartésienne de la liberté s'oppose à celle d'un autre philosophe bien connu un philosophe qu'on apprécie beaucoup sur cette chaîne à savoir Spinoza on sait que pour Spinoza la liberté c'est une illusion la liberté au sens de pouvoir d'autodétermination pour Spinoza ça n'existe pas spinozan nous dit l'homme se croit libre parce qu'il ignore les causes qui le déterminent traduction des cartes se trompent il se trompe quand il affirme que l'homme est libre plus exactement quand il affirme que l'homme possède un libre arbitre la différence entre la liberté et le
libre arbitre c'est que le libre arbitre c'est une liberté intérieure le libre arbitre c'est la liberté de ma conscience si je vis dans une société où on m'empêche de faire ce que je veux par exemple où on m'empêche d'exprimer mes opinions je ne suis pas libre physiquement parlant pour autant ce n'est pas incompatible avec le fait de posséder un libre arbitre inversement si ma conscience est sous influence soit parce que quelqu'un exerce une emprise mentale sur moi soit parce que j'ai consommé de l'alcool ou d'autres substances à ce moment-là je peux être parfaitement libre de
mes mouvements mais ma conscience elle n'est pas libre donc quand on parle de liberté en philosophie on parle en réalité principalement du libre arbitre c'est à dire de la liberté au niveau de la conscience donc je disais Descartes croyez dans l'existence du libre arbitre et non seulement il y croyait mais il y voyait même la caractéristique essentielle de l'homme pour Descartes ce qui sépare l'homme de l'animal c'est justement le libre arbitre c'est cette aptitude proprement humaine à pouvoir s'autodéterminer dans ses pensées et dans ses agissements et qu'est-ce qui fait que Descartes croyaient dans le libre
arbitre humain et bien c'est ce qu'on va tenter de comprendre aujourd'hui la première raison pour laquelle Descartes croyait dans le libre arbitre humain c'était pas une raison philosophique qu'une raison religieuse alors sur cette chaîne on ne discute pas des options religieuses de chacun en revanche on s'interroge sur la signification philosophique de certaines options religieuses Oris se trouve que dans le catholicisme puisque Descartes étaient catholiques dans le catholicisme le libre arbitre de l'homme est une donnée fondamentale contrairement par exemple au protestantisme dans lequel le libre arbitre est nié voilà pourquoi on ne peut pas se contenter
de dire la position chrétienne en matière de libre arbitre parce que la position chrétienne ça ne veut rien dire tout dépend de si on parle du catholicisme ou du protestantisme dans le protestantisme il y a l'idée de prédestination l'homme n'est pas libre il est prédestiné prédestiné par Dieu bien sûr ça veut dire que dans une vision protestante c'est Dieu qui décide pas l'homme c'est Dieu qui décide par exemple si vous aurez la foi ou non c'est Dieu qui décide si vous ferez le bien ou le mal si vous serez heureux ou malheureux alors il y
a un passage de la Bible qui justifie en quelque sorte l'idée de prédestination ça se trouve dans l'épître aux Éphésiens il s'agit d'une lettre adressée par l'apôtre Paul à l'église des fesses et qui dit je cite en lui nous sommes aussi devenus héritiers ayant été prédestiné suivant la résolution de celui qui opère toute chose d'après le conseil de sa volonté donc on voit ici que le terme de prédestination apparaît explicitement et donc pendant plusieurs siècles il va y avoir une vie polémique au sein du christianisme pour savoir si les hommes sont effectivement prédestinés ou s'ils
sont libres et pourquoi c'est important c'est important parce que si les hommes sont prêts destinés ça signifie qu'il ne sert à rien de travailler au salut de son âme ça ne sert à rien de se réformer ça ne sert à rien de chercher à attendre vers le bien étant donné que c'est Dieu qui décide qui œuvre pour le bien et qui œuvre pour le mal donc si les hommes sont prédestinés ça revient à dire que l'Église ne sert à rien et donc c'est ce qui fait que l'Église catholique va finalement jeter la natale sur cette
idée de prédestination et qu'elle va condamner tous les religieux chrétiens qui soutiennent cette idée et au XVIème siècle on aboutira à la fameuse Réforme de Luther qui va donner lieu à la scission entre les catholiques qui croient dans le libre arbitre et les protestants qui croient en la prédestination donc à l'époque où vit Descartes la scission entre catholiques et protestants a déjà eu lieu et Descartes est profondément attachées à la doctrine catholique et dans le catholicisme on considère que l'homme possède le libre arbitre et que c'est d'ailleurs ça le sens de la phrase Dieu a
créé l'homme à son image Dieu a créé l'homme à son image ça ne veut pas dire que Dieu possède de bras de jambes et une tête ça veut dire que l'homme a reçu de Dieu l'un de ses attributs essentiels à savoir la liberté la liberté c'est l'attribut divin par excellence parce que Dieu n'est déterminé par rien d'autre que par lui-même il n'est déterminé que par sa propre volonté et à un niveau humain la liberté ça consiste à pouvoir discerner le bien et le mal et donc à pouvoir choisir entre le bien et le mal ce
qui veut dire que dans une vision catholique les hommes sont responsables du mal qu'ils font si les hommes font le mal c'est qu'ils l'ont décidé en vertu de leur pouvoir de discernement c'est donc pas Dieu qui est responsable du mal ce n'est pas à Dieu qu'il faut imputer le mal il faut l'imputer aux hommes quand on veut réfuter la croyance en Dieu je parle ici du Dieu des religions du dieu définit comme être créateur du monde et de l'humanité il y a un argument qui revient souvent qui consiste à dire oui mais votre Dieu là
il laisse faire le mal à vous nous dites que Dieu est bon qu'il est omni bénévolant donc comment se fait-il que Dieu autorise le mal s'il est supposé être bon pourquoi John intervient-il pas pour empêcher le mal puisqu'il en a le pouvoir donc de choses l'une ou bien Dieu n'existe pas ou bien Dieu existe mais il est mauvais puisqu'il laisse les hommes commettre le mal la réponse à cet argument c'est de dire que la bonté de Dieu s'exprime justement dans le fait que nous soyons libres le don de la liberté c'est ça la marque de
la générosité divine parce que la liberté est la plus haute distinction qui soit une distinction divine Dieu est bon parce qu'il nous a doté de son attribut suprême l'attribut qui donne à nos actes une valeur et un sens quelle valeur aurait nos actes si nous étions programmés à faire le bien quel enseignement retirait ton des choses quelle élévation pourrait-on espérer si tout était joué d'avance Dieu n'est pas mauvais parce qu'il laisse le mal exister Dieu est bon parce qu'il nous a donné la possibilité de connaître le bien et de le préférer au mal c'est ça
l'idée Dieu n'aurait pas été bon si il avait fait de nous des automates moraux car dans ce cas-là une pièce aux échecs aurait plus de dignité que l'être humain la dignité de l'homme réside dans sa liberté dans sa capacité à choisir et à se rectifier je rappelle que étymologiquement rectifier signifie redresser et se redresser c'est à la fois se rendre droit et s'élever la liberté nous élève donc dans cette perspective Dieu est bon parce qu'il nous laisse le choix et si Dieu nous laisse le choix ça veut dire que le mal ne vient pas de
lui mais de nous ça veut dire que nous sommes responsables du mal sur terre Dieu n'est pas responsable du mal il est responsable de la possibilité du mal et oui mais c'est pas pareil quand on fait un choix le responsable de notre choix c'est nous pas celui qui nous offre le choix quand une possibilité inclut le bien et le mal le mal ne se situe pas dans la possibilité mais dans le choix du mal donc quand des gens disent il fait quoi votre Dieu quand des innocents sont tués il fait quoi votre Dieu quand des
enfants souffrent exactement ce qu'a fait Voltaire Voltaire a écrit un poème qui s'appelle le désastre de Lisbonne dans lequel il se moque de cette croyance quel crime quelle faute ont commis ses enfants sur le sein maternel écrasé et sanglant Voltaire ne supporte pas cette idée que Dieu pourrait autoriser le mal donc à la question que fait votre Dieu quand des innocents subissent le mal la réponse est il ne fait rien il ne fait rien parce que c'est pas son rôle pas parce qu'il est méchant pas parce qu'il n'en est pas capable mais justement par choix
c'est la volonté de Dieu que les hommes soient libres de commettre le mal pour le comprendre le comète pour le connaître le connaître pour ne plus le commettre faire le bien par ignorance du mal ce n'est pas faire le bien parce qu'on a pas de mérite à ne pas faire quelque chose qu'on ne connaît pas on est conscient de ce qu'est le bien que lorsqu'on est conscient de ce qu'est le mal et c'est alors qu'on devient libre de faire le bien faire le bien par programmation faire le bien par prédestination ce n'est pas faire le
bien parce que c'est faire quelque chose sans le comprendre comme une récitation Dieu ne veut pas que nous récitions le bien il veut que nous l'assimilions on rejoint ainsi l'idée de Kant lorsqu'il disait que faire le bien par obligation faire le bien par contrainte ce n'était pas faire le bien puisque ça ne vient pas de nous si je m'empêche de faire du mal à mon voisin parce que j'ai peur des représailles ou parce que j'ai peur qu'il porte plainte je ne suis pas dans le bien je suis dans l'imitation du bien parce qu'alors je ne
fais pas le bien par volonté mais par un motif extérieur ou bien le seul bien véritable c'est le bien volontaire c'est à dire libre et bien de la même façon si le bien a une valeur c'est précisément parce qu'il ne nous est pas imposé mais proposer c'est précisément parce que nous pouvons faire le choix de lui désobéir nous sommes libres quand nous pouvons désobéir alors bien sûr si vous êtes athée si vous êtes matérialiste et que toutes ces histoires de religion ça vous rendent par une oreille et ça ressort par l'autre l'argument théologique l'idée que
nous sommes libres parce que Dieu lui-même est libre et qui nous a créé à son image cet argument là ben il y a peu de chances pour que vous le trouviez convaincant donc on va aller voir un peu les autres arguments que nous propose des cartes en espérant que certains d'entre eux seront un peu plus probants c'est dans ces principes de philosophie publiés en 1644 que Descartes exposent sa vision de la liberté humaine il expose sa vision de la liberté et il écrit je cite il est si évident que nous avons une volonté libre qui
peut donner son consentement ou ne pas le donner quand bon lui semble que cela peut être compté pour une de nos plus communes notions la liberté de notre volonté se connaît sans preuve par la seule expérience que nous en avons fin de citation donc voilà le passage le plus souvent cité en référence quand on parle de la liberté chez Descartes sauf que il y a un problème il y a un problème parce que si on résume ce que nous dit des cartes il nous dit la liberté existe parce qu'on en fait tous l'expérience on fait
tous l'expérience de notre liberté autrement dit on sait qu'on est libre parce qu'on se sent libre et bien il est là le problème parce que ça c'est pas un argument c'est pas un argument tout simplement parce que ce sentir libre ça ne veut pas dire être libre autrement dit un sentiment n'est pas une preuve et ce qui est encore plus gênant c'est que en parallèle Descartes est le premier à dire que ce n'est pas parce qu'on croit faire l'expérience de quelque chose que cette chose est réelle pourquoi Descartes est-il le plus connu il est connu
pour son cogito je pense donc je suis quelle est l'origine du cogito c'est l'idée que nos sens sont trompeurs que nos sens ne sont pas fiables on a des perceptions et que ces perceptions ne sont pas forcément le reflet de la réalité et que donc la raison doit venir corriger les données de la perception voilà un philosophe qui nous dit qu'il faut se méfier de nos perceptions il faut se méfier de l'expérience et qu'il a tout à coup nous dit que la liberté existe parce qu'on en fait l'expérience ça va pas c'est pas suffisant et
c'est d'autant moins suffisant que 30 ans après la publication de ses principes de philosophie paraissait l'Éthique de Spinoza et l'un des points majeurs de la pensée de Spinoza c'est précisément de dire que l'homme s'illusionne lorsqu'il se croit libre parce qu'il confond liberté et sentiment de liberté la liberté nous dit spinosa ce n'est pas un sentiment à fortiori qu'on se sentiment et le produit de notre ignorance on disait tout à l'heure pour Spinoza la liberté est une illusion une illusion qui provient de l'ignorance des causes qui nous déterminent on se croit libre quand on ne connaît
pas tous les éléments qui ont conduit à notre choix quand on ignore l'historique les causes et des effets qui ont concouru à notre prise de décision c'est ça le déterminisme l'idée qu'il n'y a pas d'effet sans cause et que tout action est l'effet nécessaire de cause qu'il appréciente Descartes n'est pas d'accord avec ça il n'est pas d'accord au sens où il considère qu'il y a une cause sur déterminante à nos actions une cause proprement humaine une cause qu'on ne peut pas mettre au même niveau que les autres et cette cause c'est le jugement l'être humain
est libre parce que contrairement aux choses de la nature qui sont déterminées l'être humain est capable de jugement alors expliquons un peu ça si on admet avec Spinoza que tout est déterminé aussi bien les choses de la nature que nos actions ou que nos pensées il y a malgré tout une différence entre le déterminisme des choses et le déterminisme humain pourquoi parce que les choses se comportent de manière purement mécanique pour le dire simplement un corps ne pense pas si vous lâchez un corps il va tomber automatiquement inéluctablement donc il y a un déterminisme physique
qui semble difficile à contester en revanche s'agissant de l'homme ces actions sont influencées par ces jugements l'être humain n'est pas simplement un être physique il n'est pas seulement un être de matière il est aussi un être pensant un être capable de former des jugements et pour Descartes c'est le jugement qui détermine nos actes on va tenter d'illustrer ça par la distinction que fait des cartes entre le comportement humain et le comportement animal les cartes nous dit la différence entre l'homme et l'animal c'est que les hommes agissent par jugement tandis que les animaux agissent par instinct
pour être encore plus précis les cartes nous dit les animaux agissent par la disposition de leurs organes ce qui revient en faire des êtres purement mécaniques autrement dit pour Descartes les animaux n'ont pas de volonté ils n'ont pas de volonté parce qu'ils ne forment pas de jugement parce qu'ils n'ont pas l'aptitude à la délibération intérieure or pour qu'il y ait volonté il faut qu'il y ait une délibération intérieure dont la volonté soit le résultat il faut qu'il y ait conscience des motivations de notre volonté or les animaux n'ont pas conscience de leur motivation c'est le
propre de l'instant le fait d'agir sans réfléchir le fait d'agir sans se poser la question de pourquoi on agit ainsi quand les hirondelles migral automne et qu'elle revienne au printemps elle ne le font pas parce qu'elles ont réfléchi elles le font parce que leur instinct les épousses l'instinct est par définition irraisonnée il réfléchit bien ça c'est la grande différence nous dit Descartes entre l'homme et l'animal à savoir que l'homme n'agit pas par instinct mais par jugement quand on parle de jugement on parle en réalité de deux types de jugement le jugement intellectuel et le jugement
moral le jugement moral c'est la distinction entre le bien et le mal le jugement intellectuel c'est la distinction entre le vrai et le faux on va commencer par le jugement moral chez les animaux il n'y a pas de moral il n'y a ni bien ni mal il y a ce que prescrivent les lois de la nature c'est pour ça qu'on dira jamais qu'à un fauve se comporte mal quand il dévore sa proie il se contente d'exécuter son code génétique à l'inverse l'homme est un être moral un être capable de discerner le bien et le mal
ce qui fait que l'homme à la possibilité on y revient il a la possibilité de choisir le bien ou de choisir le mal alors bien sûr dans les faits les choses sont rarement aussi binaires il est rare qu'on se dise je choisis de faire le mal et j'en suis très fier mais le fait est qu'on a tous déjà fait l'expérience du choix moral du dilemme moral c'est-à-dire de la possibilité d'agir dans un sens plutôt que dans un autre et bien pour Descartes c'est ça la liberté la liberté c'est la possibilité que nous avons à chaque
instant d'agir non pas par instinct mais par jugement moral c'est la possibilité que nous avons de délibérer intérieurement avant d'agir c'est la conscience morale alors oui on peut théoriser sur la conscience morale en disant qu'elle n'est que le produit de notre évolution biologique ou qu'elle n'est qu'une construction culturelle peu importe ce qui compte c'est le fait que la morale existe pour nous et dès lors qu'elle existe pour nous elle a un impact sur nos actions à partir du moment où vous avez une conscience morale vous êtes libre parce qu'avoir une conscience morale c'est savoir qu'à
tout moment vous pouvez choisir le bien comme vous pouvez choisir le mal si vous choisissez le mal vous choisissez le mal si vous choisissez le bien vous choisissez le bien c'est vous qui décidez parce que c'est vous qui agissez alors si vous avez bien écouté ce qu'on a dit tout à l'heure à propos de Spinoza vous aurez compris que Spinoza ne partage pas du tout cet avis Spinoza ne pense pas que lorsque nous agissons ce soit le résultat d'une délibération intérieure pour le dire autrement il ne pense pas que ce soit nos jugements qui déterminent
nos actes plutôt que ce sont nos actes qui déterminent nos jugements on rappellera sa célèbre phrase qui dit nous ne désirons pas une chose parce que nous la jugons bonne nous la jugeons bonne parce que nous la désirons si on applique cette citation au domaine de la morale ça signifie que nous n'effectuons pas une action parce que nous la jugeons moralement bonne nous la jugeons moralement bonne parce que nous effectuons pour Spinoza ce ne sont pas des considérations morales qui nous poussent à agir les considérations morales viennent après notre action pour la justifier ce qui
nous pousse à agir selon Spinoza ce sont des forces beaucoup plus difficiles à identifier ce qu'il appelle des affects alors admettons admettons l'objection de Spinoza admettons que lorsqu'on agit ce ne sont pas des paramètres moraux qui nous motivent mais des paramètres affectifs ça n'enlève rien au fait que placé face à un choix l'homme peut agir d'une certaine manière comme il peut agir d'une autre manière en d'autres termes quel que soit les causes réelles et profondes de nos choix le choix est toujours possible et la délibération morale demeure on va prendre un exemple imaginez que vous
avez un couple d'amis avec qui vous partez en vacances ou avec qui vous passez le réveillon du nouvel an et un beau jour au détour d'une rue vous surprenez l'un de ces deux amis en train d'embrasser une autre personne vous surprenez cette amie en flagrant délit d'adultère et là vous vous dites qu'est-ce que je dois faire est-ce que je dois le dire à l'ami trompé est-ce que je dois en parler à l'ami que j'ai pris en flagrant délit est-ce que je dois me taire parce qu'après tout c'est pas mes affaires c'est délicat donc vous êtes
dans une situation dans laquelle vous avez trois options et vous devez choisir entre l'une de ces trois options étant entendu que le nom choix est un choix ne rien dire c'est choisir de ne rien dire et bien la question n'est pas tant de savoir ce que vous allez faire la question est de savoir qu'est-ce qui va se passer dans votre conscience parce qu'il va s'en passer des choses dans votre conscience vous allez vous interroger vous allez passer moi l'expression vous prendre la tête et à l'issue de cette prise de tête quel que soit votre décision
vous aurez fait l'expérience de la prise de décision l'expérience du choix et que votre choix soit déterminé par votre pur volonté ou qu'il soit déterminé par tout un tas de facteurs extérieurs dans tous les cas vous devez faire un choix et bien c'est dans ce choix que vous faites l'expérience de la liberté et un spinosia peut bien venir vous dire que votre choix est déterminé vous vous en foutez parce que vous tout ce que vous voyez c'est que vous avez une décision à prendre et que personne ne la prendra à votre place même pas le
déterminisme le déterminisme viendra après coup pour expliquer votre décision mais le déterminisme ne prend pas la décision à votre place c'est vous qui prenez la décision personne d'autre c'est ça la liberté la conscience qu'il existe plusieurs options possibles face à une situation et qu'avant que vous n'ayez pris votre décision votre choix est imprévisible la liberté c'est quand on ne sait pas ce que vous allez faire quand vous même vous ne savez pas ce que vous allez faire quand personne ne sait ce que vous allez faire par conséquent le déterminisme ne s'oppose pas à la liberté
le déterminisme inclut la liberté il inclut toutes les possibilités qui se présentent à vous comme autant d'éléments que votre conscience morale va devoir tenter de démêler et aussi paradoxal que ça puisse être c'est ça qui fait de vous un être libre l'homme est capable d'hésiter il est capable de se retenir de résister de se repentir pour des raisons morales l'animal ne connaît pas le repentir parce qu'il vient en accord avec son instinct il se confond avec son instinct donc il ne sait pas ce que c'est lui d'avoir un conflit moral la différence entre l'homme et
l'animal ce n'est pas que l'homme n'est pas influencé c'est que même lorsqu'il est influencé l'homme peut agir à l'encontre de ce qu'il influence être libre c'est pouvoir agir autrement on en revient au péché d'Adam et Eve Adam et Eve avait été prévenu qu'il ne devait pas goûter le fruit défendu et l'on fait quand même ils ont agi autrement que ce que prévoyait la règle ils ont donc été puni puni parce que prévu puni parce que dès lors qu'ils ont été prévenus ils deviennent responsables de leur acte la liberté implique la responsabilité et réciproquement mais l'homme
ne possède pas seulement une conscience morale l'homme possède aussi une raison et c'est également parce qu'il possède une raison que l'homme est libre la raison c'est ce qui permet à l'homme d'évaluer une situation de l'analyser de comparer de déduire lorsque nous sommes confrontés à une situation nous pouvons prendre du recul une distance critique une distance qui va nous permettre de mieux comprendre la situation pour y réagir de manière adéquate la liberté réside dans cette faculté ce qui rejoint d'ailleurs l'idée de Spinoza selon laquelle plus on comprend plus on est libre la raison c'est ce qui
fait qu'on ne va pas se jeter dans l'action la tête la première c'est ce qui va nous permettre de nous adapter à la situation de nous y adapter beaucoup plus que ne pourrait le faire un animal car l'animal n'est pas en mesure d'identifier les médiations entre les choses ou un niveau extrêmement faible si nous ne possédions pas la raison nous serions comme des mouches à nous cogner indéfiniment la tête contre le carreau de la fenêtre alors que la fenêtre est ouverte prendre du recul [Musique] l'homme n'agit pas comme mouche en tout cas il a la
faculté de ne pas agir comme une mouche sa liberté réside dans le fait d'exercer sa pensée dans le fait que son action peut être le résultat d'un raisonnement et non pas seulement d'une impulsion elle est là la différence un enfant n'est pas libre au sens où ces facultés de raisonnement ne lui permettent pas d'avoir pleinement conscience des médiations entre les choses son jugement n'est pas éclairé par exemple si vous allez retirer de l'argent au distributeur et que votre enfant de 5 ans vous accompagne il est probable qu'il vous dise mais pourquoi tu en prends pas
plus parce que pour lui il n'y a pas de médiation il n'y a pas de lien causal entre le fait de retirer de l'argent au distributeur et le fait que cet argent soit prélevé sur votre compte raison pour laquelle on dit que les enfants sont sans filtre ils n'ont pas de filtre parce qu'ils n'ont pas accès à la série des médiations entre les choses et c'est pour cette raison là qu'ils ne sont pas autonomes et que le fonctionnement du monde reste pour eux dans une large mesure incompréhensible et cette absence d'autonomie débouche sur une absence
de responsabilité on ne va pas punir son enfant parce qu'il n'a pas compris le fonctionnement d'un distributeur de billets on va lui expliquer on va lui expliquer les médias sont jusqu'à ce qu'il les comprennent et quand ils les ont comprises il sera autonome ces jugements seront éclairés et c'est seulement à ce moment là lorsqu'il aura atteint l'âge de raison que l'enfant deviendra un être libre la liberté c'est la clairvoyance du jugement et quand les capacités de jugement sont altérés comme par exemple chez les personnes atteintes d'une déficience mentale ou chez les personnes sous emprise mentale
c'est la liberté elle-même qui est altérée le conditionnement mental ça consiste à entraver chez la personne le processus de discernement la personne croit être libre elle croit former un jugement lucide précisément parce qu'elle est inconsciente de ce qu'elle ignore elle confond son champ de connaissance avec le champ de la connaissance elle prend son ignorance pour un savoir c'est pour ça qu'on disait tout à l'heure que le sentiment de liberté n'était pas la preuve de l'existence de la liberté sinon ça reviendrait à dire qu'une personne manipulée est libre puisqu'elle se croit libre et c'est là qu'on
en revient à Spinoza Spinoza qui contrairement à une idée répandue ne disait pas que la liberté était impossible mais qu'elle était difficile et quelle résidait dans notre niveau de connaissance des choses de connaissance des causes plus on connaît plus on est libre plus on ignore plus on est esclave Spinoza n'était pas le seul à dire que la raison nous rend libre les premiers à avoir développé cette idée ce sont les stoïciens les stock des cartes à étudier en profondeur durant sa jeunesse au point qu'on pourra trouver dans certains textes de Descartes des citations qu'on croirait
emprunter à Sénèque ou à Marc Aurèle dans son Discours de la méthode Descartes écrits par exemple ma troisième Maxime était de tâcher toujours plus tôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde et il ajoute il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées en sorte qu'après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures tous ceux qui manque de nous réussir et au regard de nous absolument impossible et ceci seul me semblait être suffisant pour m’empêcher de rien désirer
à l'avenir que je naquisse et ainsi pour me rendre compte c'est ça qu'il faut comprendre la liberté c'est la conformité à la raison vouloir l'impossible ou vouloir ce qui ne dépend pas de nous ce n'est pas être libre c'est au contraire être l'esclave d'une illusion on confond souvent la liberté et l'indétermination l'indétermination c'est le pouvoir que nous aurions plutôt que nous voudrions avoir de ne pas être soumis à l'ordre des choses l'indétermination c'est le désir de s'extraire de toutes les contraintes aussi bien extérieurs qu'intérieur aussi bien physique que mentale et donc on dira nous ne
sommes pas libres parce que tout ce que nous faisons est le résultat d'un enchaînement de causes et des faits mais évidemment la liberté ce n'est pas la mort de la causalité ce n'est pas sortir de la causalité parce que dans ce cas là ça reviendrait à identifier la liberté à l'impossible la liberté ce n'est pas l'impossible ce n'est pas l'absence de cause la liberté ce n'est pas dire de plus 2 = 5 où est la liberté là-dedans ça c'est une conception fantaisiste de la liberté une conception fantaisiste qui voudrait nous faire croire que pour être
libre il faudrait pouvoir affirmer tout et son contraire qu'il faudrait pouvoir être tout et son contraire mais ça ce n'est pas de la liberté c'est d'imagination la liberté n'est pas une affaire d'imagination la liberté est une affaire de raison je cite il n'y a que la seule volonté que j'expérimente en moi être si grande que je ne conçois point l'idée d'aucune autre plus ample et plus étendue en sorte que c'est elle principalement qui me fait connaître que je porte l'image et la ressemblance de Dieu car encore qu'elle soit incomparablement plus grande dans Dieu que dans
moi soit raison de la connaissance et de la puissance qui s'y trouve en jointes la rente plus ferme et plus efficace soit à raison de l'objet d'autant qu'elle se porte et s'étend infiniment à plus de choses elle ne me semble pas toutefois plus grande si je la considère formellement et précisément en elle-même car elle consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose ou ne la faire pas c'est à dire affirmer ou nier poursuivre ou fuir ou plutôt seulement en ce que pour affirmer ou nier pour suivre ou fuir les choses que l'entendement nous
propose nous agissons en tel sorte que nous ne sentons point qu'aucune force extérieure nous y contraigne car afin que je sois libre il n'est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l'un ou l'autre des deux contraires mais plutôt d'autant plus que je penche vers l'un soit que je connaisse évidemment que le bien et le vrai s'y rencontre soit que Dieu dispose ainsi l'intérieur de ma pensée d'autant plus librement j'en fais choix et je l'embrasse et certes la grâce divine et la connaissance naturelle bien loin de diminuer ma liberté l'augmente plutôt et la fortification de
façon que cet indifférence que je sens lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d'aucune raison et le plus bas de gré de la liberté et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance qu'une perfection dans la volonté car si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon je ne serai jamais en peine de délibérer quel jugement et qu'elle soit je devrais faire et aussi je serai entièrement libre sans jamais être indifférent nous cherchons tous à être libre à nous affranchir des
contraintes des dépendances des nécessités et dans le même temps nous agissons comme si nous tenions à ces dépendances comme si nous avions peur de nous en libérer la question n'est pas de savoir si la liberté existe ou si elle est une illusion la question est de savoir que sommes-nous prêts à faire pour gagner notre liberté sommes-nous prêts à perdre ce que nous avons notre situation notre réputation reproche sommes-nous prêts à nous émanciper du regard des autres et à croire en nous et en ce que nous voulons au fond parler de liberté ne serait-ce pas le
moyen que nous avons trouvé de ne pas exercer notre liberté d'oublier qu'au-delà de tous les déterminismes à chaque fois qu'un choix se présente à nous à chaque fois que nous sommes sur le point de faire un choix nous sommes condamnés à être libre je vous remercie [Musique]